La face cachée du Great Reset

samedi 21 novembre 2020, par Karel Vereycken

The Great Reset (La grande réinitialisation). Au moment où la pandémie a ajouté sa dose de peur à la crainte qu’une crise systémique et climatique nous plonge dans un grand effondrement, l’expression « Great Reset » est sur toutes les lèvres et dans tous les esprits.

Nous démontrons ici que cette nouvelle campagne de propagande ne vise qu’un seul objectif : imposer, grâce à une dictature de banques centrales et leurs cryptomonnaies, un monde vert et malthusien. Son grand reset n’est rien d’autre qu’une nouvelle tentative de hold-up mortel sur nos vies pour sauver une nouvelle fois un système financier trans-atlantique voué à la faillite.

Avant de traiter des origines et des protagonistes à l’oeuvre de ce « Great Reset », retour sur la bataille historique qui fonde l’action de Solidarité & Progrès. Car le Great Reset est avant tout un détournement, au profit de Wall Street et de la City, de cette mise en banqueroute organisée de la finance internationale pour laquelle nous sommes engagés.

Une vraie grande réinitialisation pour sauver l’économie réelle : le vrai combat à mener

En avril 1975, de retour d’un voyage en Irak, le penseur et économiste américain Lyndon LaRouche (1922-2019 tient une série de conférences de presse à Bonn, Paris et Milan, pour présenter sa proposition révolutionnaire d’une « Banque internationale pour le développement » (BID).

Il ne s’agit pas de créer une banque de plus ni une énième structure bureaucratique de l’ONU, mais de mettre sur pied, d’un commun accord avec plusieurs grands pays, une institution publique devant jouer le rôle à la fois de clef de voûte et de catalyseur d’une réforme globale du système financier mondial.

Spécialiste de l’interaction entre processus financiers et monétaires et économie réelle (démographie, infrastructure, énergie, ressources, recherche, LaRouche, un outsider considéré à l’époque comme un extra-terrestre par ses pairs, prévoit alors, en tirant les conclusions de la décision de Nixon de suspendre la convertibilité de l’or (15 août 1971), que si le système capitaliste occidental se montre incapable de se réformer, il se condamne à aller dans le mur.

En cause, selon lui, un processus d’auto-cannibalisation de l’économie mondiale, provoqué par la croissance cancéreuse d’une sphère financière hypertrophiée (dette et spéculation, très rentables à court terme), phénomène identifié par Rosa Luxemburg en son temps comme le « capital fictif » , au détriment de la production de biens et services essentiels au développement et à la survie même de la population mondiale. Quelques années plus tard, en travaillant sur l’évolution de la biosphère, LaRouche ajouta qu’un tel processus ne pouvait que créer les conditions favorables au retour d’anciennes pandémies et à l’émergence de nouvelles.

Le penseur et économiste américain, Lyndon LaRouche (1922-2019).

En 1975, LaRouche constate qu’on se retrouve devant le même choix qu’à l’époque de la grande dépression des années 1930 :
— d’un côté, l’austérité fasciste à la Brüning et à la Hjalmar Schacht (le ministre des Finances d’Adolf Hitler opérant avec la bénédiction du gouverneur de la Banque d’Angleterre, Montagu Norman) ;
— de l’autre, les politiques de relance incarnées par le New Deal de Franklin Delano Roosevelt (Glass-Steagall Act, investissement productif et protection sociale pour tous), que FDR et son vice-président Henry Wallace envisageaient de généraliser à l’échelle mondiale après-guerre, comme en témoignent les documents exhumés des archives concernant les préparatifs de la Conférence de Bretton Woods en 1944.

A cette conférence, c’est l’envoyé spécial de FDR, Dexter White, qui s’imposa contre John Maynard Keynes, ardent défenseur de la « préférence impériale » britannique.

Alors que White, avec le soutien du secrétaire américain au Trésor Henry Morgenthau, disposant d’une liste noire des intérêts américains ayant collaboré avec le nazisme (dont la famille Bush), exigeait la dissolution de la Banque des règlements internationaux (BRI), véritable dictature des banques centrales mise sur pied par Schacht et ses protecteurs britanniques, elle ne dut sa survie qu’à l’intervention véhémente de Keynes.

Dictature des banques centrales, le précédent de la BRI

On prétend parfois que le krach d’octobre 1929 fut un événement local. Il n’en est rien. En réalité, il s’agissait d’une crise systémique à l’image de celle de 2008, à laquelle nos dirigeants refusèrent de faire face. Comme souvent dans ce genre de crise, la question posée est relativement simple : doit-on sauver les titres financiers ou les gens ?

La crise est grave. Parmi les innombrables victimes que provoque la Première Guerre mondiale, le système financier international. Pour l’effort de guerre, Français, Britanniques, Belges, Italiens et autres Européens se sont lourdement endettés auprès des banques américaines, en particulier la banque JP Morgan. Cette dernière, en planifiant en secret la mise sur pied, sous son contrôle, de la Réserve fédérale en 1913, préempta toute tentative des législateurs américains de créer une nouvelle Banque nationale. L’argent qu’empruntent les Européens ne quitte pas les Etats-Unis car ils y achètent les armes dont ils ont besoin pour s’entre-massacrer. Avec la fin du conflit, vient l’heure de l’addition. A la question de savoir qui va payer les dettes, « L’Allemagne paiera », répond Clemenceau en 1919, au Traité de Versailles. Avec les « réparations de guerre », les Européens, et surtout la France, rembourseront leurs dettes et ce faisant, éviteront la faillite du système financier mondial.

Or, la dette imposée à l’Allemagne, qu’on dépouille de ses colonies, dépasse largement sa capacité de rembourser. Elle subit alors le pillage de ses ressources en fer et en charbon par les « vainqueurs » et se met à imprimer de l’argent à tout va. L’humiliation, et le soutien apporté par certaines banques anglo-américaines à ses dirigeants, feront le lit du nazisme et favoriseront la mise en selle d’Hitler.

Après avoir dépêché plusieurs représentants du clan Morgan (Dawes en 1924 et Young en 1929), la dette est réduite à 38 milliards de reichsmarks, payables en 59 annuités jusqu’en… 1988. La vente d’obligations, garanties par ces annuités, permet au système de tenir.

Comprenant que la dette allemande peut faire sauter tout le système, Hjalmar Schacht, le futur ministre des Finances d’Hitler, la transforme en arme politique. Si l’Allemagne n’obtient pas ce dont elle a besoin, elle ne paiera pas et tout le montage s’effondrera.

Schacht propose de « dépolitiser » la question de la dette en appelant à créer, avec l’aide de son ami, le gouverneur de la Banque d’Angleterre Montagu Norman, une « Banque des règlements internationaux », justement pour régler le problème de la dette.

Créée en 1930 à Bâle, en Suisse, et dotée d’une immunité juridique absolue (car sinon, cela mettrait en cause son efficacité…), la BRI est présidée par un Américain et jouera le rôle de « Banque centrale des banques centrales ». Se réunissant une fois par mois dans le plus grand secret, ce gouvernement au-dessus des gouvernements, véritable synarchie financière, fixe avec une main de fer, le cadre qui définit la liberté de chacun.

Dans l’intérêt de tous, prétend-elle, il faut tout faire pour que l’Allemagne puisse payer sa dette en temps et en heure. La BRI accepte donc que Berlin lui apporte l’or qu’elle confisque dans les pays conquis et l’or dentaire (transformé au préalable au sein de la Reichsbank) des victimes de l’holocauste, pour lui fournir les liquidités et les devises, notamment du franc suisse, pour son fonctionnement et ses achats à l’étranger. Bien qu’« apolitique », la BRI accepte au sein de son conseil d’administration des gouverneurs de banques centrales, comme Schacht, qui cumulent cette fonction avec celle de ministres (rien d’apolitique) au service de régimes criminels comme celui d’Hitler !

A la conférence de Bretton Woods de 1944, l’envoyé de Roosevelt, Harry Dexter White (à gauche) n’a pas cédé aux demandes du très impérial John Maynard Keynes.

Cette duplicité criminelle de la BRI fut largement constatée, et même dénoncée par Pierre Mendès France. Au point qu’en 1944, à la conférence de Bretton Woods, l’envoyé spécial de Roosevelt, Dexter White, soutient la proposition de la Norvège de dissoudre la BRI. Cette proposition fut violemment combattue par un certain économiste du nom de John Maynard Keynes, qui estimait que la BRI allait, à l’avenir, être utile pour l’économie mondiale.

Il est vrai qu’avant de venir s’installer dans la tour de la BCE à Francfort, les premières équipes ayant élaboré l’euro travaillaient au siège de la BRI à Bâle. La BRI a également travaillé pour définir les contours la fameuse Monnaie Digitale de Banque centrale (MDBC) que nous promet la BCE pour janvier 2021.

Le précédent criminel de la BRI devrait nous faire réfléchir avant d’attribuer à nouveau à nos fausses banques centrales un rôle plus prédominant, que ce soit par leur statut ou par une monnaie digitale.

Lire notre dossier : La Banque des règlements internationaux (BRI) et la solution finale.

Pour casser cette logique d’autodestruction, LaRouche défend alors des moratoires négociés sur les dettes odieuses et illégitimes (qu’il voit comme l’expression manifeste d’une volonté de réduire la démographie mondiale, de la part d’élites gagnées au fanatisme malthusien et eugéniste, souvent repeint en « vert »), et une politique de « marchés organisés » assurant des transferts technologiques, y compris la technologie de l’atome, aux pays du Sud.

Le 5e sommet des dirigeants des pays non-alignés de 1976, à Colombo, Sri Lanka.

Cette politique de LaRouche, résumée dans sa proposition pour une « Banque internationale de développement », rencontre alors un écho très positif auprès des dirigeants du Mouvement des non-alignés. Le 16 août 1976, lors du 5e sommet des non-alignés à Colombo, au Sri Lanka, cherchant à échapper à la logique des blocs et à s’affranchir de toute forme de colonialisme et d’impérialisme, reprenant en grande partie la proposition de LaRouche, les non-alignés réclament un « Nouvel ordre économique mondial (NOEM) », des moratoires négociés sur les dettes illégitimes et les transferts de technologies avancées que leur refusent le FMI et la Banque mondiale.

Depuis, au lieu du « Grand Reset » imaginé et défendu par Lyndon LaRouche et les non-alignés depuis 1975, on nous sert à intervalles réguliers, sous de belles étiquettes, des produits totalement frelatés. Car les multiples appels (voir ici) à un « Nouveau Bretton Woods » lancés par Tony Blair, Lionel Jospin et Nicolas Sarkozy, signifiaient généralement, non pas le retour au Bretton Woods original de Roosevelt, basé sur des Etats-Nations souverains disposant d’une véritable banque nationale, mais l’instauration d’un Bretton Woods « nouveau », basé au contraire sur les principes proposés par Keynes à la conférence de 1944, sans y avoir été adoptés.

Or, cette fameuse oligarchie financière que Roosevelt et De Gaulle ont combattue de toutes leurs forces sans réellement parvenir à l’abattre, ne pense qu’à prendre sa revanche.

Ainsi, bien avant l’apparition de la crise sanitaire du Covid-19, voyant venir une nouvelle implosion du système financier international bien pire que celle de 2008, banquiers centraux, milliardaires et fonds de gestion ont ressorti leurs vieilles « idées nouvelles », grâce auxquelles ils pensent pouvoir se refaire une santé.

Great Reset et Green New Deal

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Dans les faits, depuis au moins 2005, les équipes de la Banque d’Angleterre, sous le label du « New Green Deal », sont au cœur d’une offensive mondiale pour le « verdissement de la finance », initiative à laquelle s’est associée plus récemment la Banque de France. (Voir notre dossier spécial.)

Prenant prétexte de « l’urgence climatique », cette politique doit permettre, non pas un développement plus harmonieux pour tous, mais un renflouement « vert » (bail-out) du système financier spéculatif actuel. En clair, on « déménage » nos profits vers la nouvelle bulle verte, tout en laissant imploser la bulle actuelle, et tout cela, grâce à une bonne synchronisation, sans trop de pertes, du moins pour ceux qui sont au sommet de la pyramide. Ça peut marcher, car les grandes banques et sociétés multinationales ne rechigneront pas à payer de très lourdes taxes carbones, à condition de pouvoir les régler avec les liquidités que continueront à leur avancer nos banques centrales…

C’est à ce scénario que travaille depuis 2015, avec beaucoup d’énergie, Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre de l’époque et président du Financial Stability Board (FSB) mis en selle par la BRI et le G20.

Invité le 29 septembre 2015, à la veille de la COP21 de Paris, pour s’exprimer devant les cadres de l’assureur britannique Lloyds à Londres, Carney estima que, bien que ce ne soit pas aux banques centrales d’imposer des choix politiques, elles doivent être prêtes à toute éventualité. Car, si les gouvernements décident soudainement de bannir le CO2 de leur économie, le monde pourrait connaître « un moment Minsky du climat », c’est-à-dire un retournement brutal des valeurs d’un tiers de l’économie mondiale, soit la partie liée aux hydrocarbures (lignite, charbon, gaz, pétrole, etc.) et l’écosystème qu’elles entretiennent (exploitation minière, pétrochimie, plastique, etc.). Mieux vaut donc prendre les devants et organiser le verdissement de la finance mondiale, afin de limiter les frais et surtout les secousses.

A cet effet, dès janvier 2016, la Banque d’Angleterre, la City et le gouvernement anglais lancent le Green Finance Initiative (GFI), dont JP Morgan, Barclays et Amundi font évidemment partie. Sur son site internet, il est dit :

La City of London Corporation, l’entité en charge de gérer le Square Mile de Londres, considère la finance verte comme prudente, profitable et l’un des meilleurs outils disponibles dans la course pour éliminer le carbone.

Pour réussir ce tour de force, la stratégie est simple. Une fois que les grands acteurs publics des marchés mondiaux, en particulier les banques centrales, auront affiché publiquement leur volonté de prioriser les « actifs » verts dans leurs bilans, le secteur privé en fera autant. Avec une Ursula von der Leyen faisant du « New Green Deal » la charpente de la politique de l’Union européenne, la Banque centrale européenne et la Banque européenne d’investissement (BEI) ne pouvaient que s’aligner sur cette politique.

Dictature des banques centrales

Rendue publique avant la rencontre des banquiers centraux à Jackson Hole (Etats-Unis) en 2019, une note du BlackRock Finance Institute (BFI) annonçait le programme : si l’on veut faire face à la crise qui vient, il faut un « changement de régime ». On ne peut plus laisser la gestion des Etats aux mains de gouvernements, trop proches du peuple et donc trop assujettis à des préoccupations électorales et aux exigences irrationnelles de leurs électeurs. A la place, il faut, comme avec la BRI en 1930, accroître le pouvoir des banques centrales de façon à leur permettre, le cas échéant, d’injecter directement des milliards dans le système, y compris en versant des liquidités directement sur les comptes des entreprises et des individus, une politique qu’Alan Greenspan avait qualifiée d’« argent hélicoptère ».

Défendu par Mark Carney, à l’époque gouverneur de la Banque d’Angleterre, il s’agit de remplacer le dollar comme principale monnaie de réserve par une « monnaie hégémonique synthétique », nouveau nom pour le fameux « bancor », cette nouvelle monnaie proposée par Keynes, dont l’adoption fut rejetée à la conférence de Bretton Woods.

Great Reset et Covid-19

S’il en fait grand cas aujourd’hui, rappelons qu’en 2019, pour le Forum économique mondial de Davos (World Economic Forum), ce sommet annuel où les élites économiques et financières mondiales réinventent le monde et analysent les risques, la santé et l’émergence de nouvelles épidémies étaient clairement le dernier de leurs soucis, classées en fin de peloton. Pas étonnant pour ce cénacle regroupant de nombreux milliardaires pour qui « le privé fera forcément mieux que le public ». Or, avec l’arrivée de la pandémie de Covid en 2020, le WEF « découvre » soudainement à quel point c’est primordial.

Alors qu’avec la crise sanitaire, beaucoup de responsables se rendent à l’évidence que la mondialisation financière a rongé la substance productive de nos économies et fragilisé nos secteurs publics, l’oligarchie voit comme une énorme menace le retour aux recettes économiques élémentaires ayant fait leurs preuves lors de la reconstruction d’après-guerre : effacement des dettes, séparation stricte des banques, banque et crédit national, relocalisation de secteurs stratégiques, Etat-stratège capable d’anticiper l’avenir, notamment dans le domaine biomédical et alimentaire.

Klaus Schwab, le fondateur et président exécutif du WEF, pour qui « le néolibéralisme a fait son temps », et Thierry Malleret, fondateur du Monthly Barometer pour le WEF, résumeront leur thèse sous forme d’un petit livre de 213 pages intitulé Covid-19, The Great Reset, qui fait les gros titres des médias internationaux. Les conspirationnistes apprécieront le fait que la femme de Thierry Malleret, Mary Anne Malleret, fait partie du cabinet privé du Prince Charles.

Nous sommes à la croisée des chemins, affirment les auteurs. Une seule voie nous mènera à un monde meilleur, plus inclusif, plus équitable et plus respectueux de la nature. L’autre nous mènera vers un monde qui ressemble à celui que nous venons de quitter – mais en pire et constamment assailli de mauvaises surprises. Nous devons donc faire les choses correctement.

Pour les élites de Davos, il s’agit de saisir la formidable occasion que leur offre la peur suscitée par la crise sanitaire mondiale, pour imposer une dictature de banques centrales en position, grâce à la monnaie digitale, de contrôler directement le portefeuille de chaque citoyen. Grâce aux cryptomonnaies, elles feront en sorte que l’essentiel des investissements soit affecté exclusivement au fameux New Green Deal et que les citoyens se comportent « comme il faut ».

Pour cette finance-là, faute d’une réelle opposition de la part de gouvernants obéissant à l’intérêt général et non aux lobbies, la crise pandémique de Covid-19 offre une fenêtre de tir pour mettre en place le type de société totalitaire et de surveillance dont elle rêve depuis longtemps. Prétendre que l’oligarchie a créé de toutes pièces cette maladie et qu’elle compte, en nous vaccinant de force, nous implanter des puces électroniques pour mieux nous contrôler (comme l’affirment ceux qui cherchent avant tout à blâmer la Chine et sa politique de gestion sociale), ne fait pas partie de mon propos.

S’il s’agit, officiellement, de sauver le climat et désormais votre santé, en réalité, ce n’est que l’ultime bouée de sauvetage de la bulle des « actifs verts » et un moyen efficace pour la faire gonfler.

Voilà comment s’est opéré, cet été, un véritable hold-up sur un thème que l’oligarchie considère comme un sujet fondamental où elle doit occuper le terrain (surtout mental) sans partage. Le danger pour elle, en effet, c’est que la crise sanitaire, qui pose des exigences énormes et immédiates, ne remise la « finance climatique » et autres fantaisies environnementales au placard et même aux poubelles de l’histoire.

La réunion de janvier 2021

C’est pour cela que le WEF a décidé de consacrer sa 51e réunion, prévue en janvier 2021, au thème du « Great Reset », supposément une réinitialisation complète du système actuel mondial, en concertation avec les grandes entreprises, les chefs d’États, les banques centrales et le FMI, afin de construire les bases du monde de demain. C’est précisément dans ce cadre et dans ce but qu’en zone euro, sera lancé un euro numérique, en réalité une Monnaie digitale de banque centrale (MDBC), géré par des blockchains. Hormis d’éviter, le cas échéant, des chocs financiers, grâce à de « l’argent hélicoptère » qu’on accordera directement aux entrepreneurs et aux citoyens disposant d’un compte à la BCE, il s’agit également de contrôler, plus ou moins subtilement, l’usage qu’ils en feront.

Et comme le précise, sur son site, l’analyste financier indépendant Philippe Béchade, cette monnaie digitale, permettra potentiellement un contrôle sans précédent de la vie privée des individus. Par exemple :

Si vous détenez du cash et ne réalisez que peu de transactions « traçables », vous serez potentiellement suspect puisque vous chercherez à échapper à la surveillance du « système qui voit presque tout » et qui se méfie légitimement de ce qu’il ne voit pas.

A partir du moment où l’épargne et les flux financiers personnels (les revenus et salaires, le remboursement des mensualités de crédit etc.) seront « fondus » dans le système numérique global, et non plus atomisés entre de multiples établissements financiers, il suffira à la banque centrale d’appuyer sur la touche « Enter » pour créer de l’argent à volonté ou d’appuyer sur « Suppr. » pour figer les comptes, bloquer tous les virements et toutes sortes d’opérations financières imaginables.

C’est le Graal pour des autorités monétaires qui rêvaient depuis 1929 de rendre impossible un « bank run » et, ces dernières années, de généraliser un scénario chypriote dont Christine Lagarde a expliqué qu’il constituait « une source d’inspiration », un exemple pour l’avenir. Nous voici lancés à pleine vitesse vers une éradication du risque de retrait massif de l’épargne bancaire ou de son exportation vers d’autres cieux.

La visioconférence du 3 juin 2020

Le 3 juin 2020, en avant-première, une visioconférence du WEF a réuni un aréopage de personnalités de haut rang, dont le prince de Galles, Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, Gina Gopinath, économiste en chef au Fonds monétaire international, et António Guterres, secrétaire général des Nations unies. Les PDG et présidents de grandes entreprises internationales, telles que Microsoft et British Petroleum (un des plus grands acteurs dans le domaine des énergies renouvelables), ont rejoint Schwab au WEF. Des militants de groupes tels que Greenpeace International et divers universitaires assistaient également à l’événement ou ont exprimé leur soutien au projet de Great Reset.

Pour Klaus Schwab, « le sommet [de janvier 2021] à Davos, qui se tiendra à la fois en présentiel et virtuellement, mettra en relation les principaux dirigeants gouvernementaux et chefs d’entreprises avec un réseau mondial de participants présents dans 400 villes du monde entier, pour un dialogue tourné vers l’avenir et animé par la jeune génération. »

Greta Thunberg, au World Economic Forum.

Le fondateur du WEF, qui avait accueilli Greta Thunberg à Davos en janvier 2020, fait ici allusion à la Global Shapers Community, un vaste réseau de jeunes activistes climatiques opérant dans 400 villes, qui a été impliqué dans les « grèves climatiques » de 2019. Il pense également aux 1300 personnes déjà formées par le Climate Reality Project, une organisation militante pour le climat très influente et bien financée, dirigée par l’ancien vice-président Al Gore, qui siège au conseil d’administration du WEF.

Pour Schwab, « afin d’assurer notre avenir et de prospérer, nous devons faire évoluer notre modèle économique et placer les humains et la planète au cœur d’une création de valeur mondiale. (…) Nous n’avons qu’une seule planète et nous savons que le changement climatique [après la Covid] pourrait être la prochaine catastrophe mondiale ayant des conséquences encore plus dramatiques pour l’humanité. Nous devons décarboner l’économie dans la courte fenêtre d’action qui nous reste et mettre à nouveau notre pensée et notre comportement en harmonie avec la nature. (…) Chaque pays, des États-Unis à la Chine, doit participer, et chaque industrie, du pétrole et du gaz jusqu’à la technologie, doit être transformée. ». Pour y arriver, « tous les aspects de nos sociétés et de nos économies [doivent être] revus, de l’éducation aux contrats sociaux et aux conditions de travail », a-t-il conclu.

« Nous devons concevoir des politiques qui s’alignent sur l’investissement dans les personnes et l’environnement », a déclaré pour sa part la secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, Sharan Burrow, membre du Global Future Council du WEF et du Conseil de surveillance de la Fondation européenne du Climat (ECF), une « œuvre de bienfaisance » par laquelle les fonds des milliardaires verts anglo-américains transitent vers la nébuleuse écologiste européenne.

Améliorer le climat des affaires grâce aux affaires du climat. Christine Lagarde recevant le milliardaire Michael Bloomberg, désormais le grand argentier de la campagne de Joe Biden.

Qui pouvait mieux annoncer cette grande réinitialisation du monde que Son Altesse le Prince de Galles dont l’obsession climatique est bien connue ? Ségolène Royal l’avait d’ailleurs fait venir chez nous, en décembre 2015, pour trôner aux côtés de Michael Bloomberg (un des mécènes de Joe Biden), Al Gore et Arnold Schwarzenegger, au sommet de la COP21 aboutissant aux fameux « Accords de Paris ».

« Nous avons une occasion en or de tirer quelque chose de bon de cette crise – ses ondes de choc sans précédent pourraient bien rendre les gens plus réceptifs aux grandes visions de changement », a déclaré le prince Charles, ajoutant que « c’est une occasion que nous n’avons jamais eue auparavant et que nous n’aurons peut-être plus jamais (...) La menace du changement climatique a été plus progressive que la COVID-19, mais sa réalité dévastatrice pour de nombreuses personnes dans le monde entier et leurs moyens de subsistance, et son potentiel de perturbation toujours plus grand, dépassent même ceux de la COVID-19 ».

Le « Green Horizon Summit » de Londres

Enfin, du 9 au 11 novembre 2020, s’est tenue une rencontre de haut niveau, baptisée « Green Horizon summit », réunissant une centaine de décideurs financiers et économiques de haut vol, tous avides d’examiner comment passer de la théorie climatique à la spéculation verte : le Great Reset de leur portefeuille au détriment de la planète.

La rencontre, organisée conjointement par le Green Finance Institute (financé par le gouvernement de sa Majesté, la City de Londres et la Quadrature Climate Foundation, une fondation charitable enregistrée au Royaume-Uni sous le N° 1187301 et alimentée par les dons du hedge fund Quadrature Capital) et le WEF de Davos, s’est ouverte le jour où aurait dû débuter à Glasgow la conférence internationale sur le climat COP26, reportée à 2021 en raison de l’épidémie de coronavirus.

Selon les organisateurs, le sommet avait pour but d’accélérer « l’innovation financière » dans le climat, en promouvant des initiatives semblables à celles des « obligations vertes », auxquelles les entreprises ont déjà pu souscrire pour tirer profit de projets environnementaux dans le monde entier.

Atteindre les objectifs de « zéro émission nette » de CO2 « nécessitera une transition économique complète, impliquant chaque entreprise, banque, assureur et investisseur », a renchéri dans un communiqué l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, qui y voit « la plus grande opportunité commerciale de notre temps ».

Désormais envoyé spécial de l’ONU pour le climat et conseiller du Premier ministre Boris Johnson, Carney a présenté les progrès réalisés par le secteur financier pour aider à résoudre la crise climatique et ce qui doit encore être fait en amont de la COP26 (reportée à novembre 2021, toujours à Glasgow, selon un communiqué commun du Green Finance Institute et de la City of London Corporation, l’organisme qui gère la City de Londres).

Parmi les autres intervenants, on a pu entendre le patron de l’ONU Antonio Guterres, la présidente de la BCE Christine Lagarde ou encore le prince Charles.

Parmi la centaine des orateurs du Green Horizon Summit.

Du côté des investisseurs, on pouvait y trouver les directeurs des banques BNP-Paribas, HSBC, Barclays et Standard Chartered, le co-fondateur de Microsoft Bill Gates, le milliardaire Mike Bloomberg, le partenaire en affaires d’Al Gore, David Blood, ou encore Larry Fink, responsable de BlackRock, qui s’est engagé, une fois de plus, à ce que ce colossal fonds de gestion d’actifs donne la priorité au changement climatique et réduise sa participation aux projets exploitant des hydrocarbures, que ce soit le charbon, le pétrole ou le gaz. Le dernier jour, 11 novembre, tout ce beau monde a pu savourer la bande-annonce du film de Greenpeace « Our Planet, Too Big too fail », dont le titre est merveilleusement en phase avec l’oligarchie financière qui finance cette ONG, « trop grosse pour faire faillite ».

Conclusion

Une fois de plus, la City de Londres, qui a toujours une guerre financière d’avance, se positionne clairement au centre de l’opération. Le Royaume-Uni organisera d’ailleurs avec l’ONU une autre réunion politique le 12 décembre, afin d’exhorter les gouvernements à redoubler d’efforts pour réduire les émissions de CO2, comme prévu dans l’accord de Paris. Il est presque certain que Biden y enverra un de ses conseillers climatiques, éventuellement John Kerry, l’un des auteurs des accords de Paris.

Le nouvel empire financier mondial, avec son centre à la City et Wall Street, sera donc vert et digital, et son grand reset n’est rien d’autre qu’une nouvelle tentative de hold-up mortel sur nos vies.

Si LaRouche nous a quittés en février 2019, son mouvement, avec qui il a élaboré, mais dans un sens humaniste, un véritable plan de réinitialisation de l’économie mondiale, continue à inspirer de nombreux mouvements de résistance aux quatre coins de la planète. Il vous attend !
 
 

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