Un 9 juin pour le salut commun

Par Jacques Cheminade, président de Solidarité & Progrès

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Le 12 mars 2024 - Un grand peuple comme le nôtre doit avoir un grand devoir envers son avenir et celui de toute l’humanité. C’est ce qui doit déterminer l’enjeu des élections européennes, à l’heure où cet avenir est menacé par la guerre. En évitant deux écueils : ou bien sombrer dans une Union européenne qui trahit tout ce que l’Europe s’est donné à elle-même et a transmis au monde, ou bien se réfugier derrière une ligne Maginot identitaire et illusoire.

Bref, la France doit retrouver son rang de médiatrice, de catalyseur et d’inspiratrice des forces de la paix, qui est aujourd’hui le sujet majeur, sans servitude volontaire vis-à-vis d’une puissance extérieure ni confort patriotard identitaire. C’est notre souveraineté qui est au cœur du défi et dont il faut, pour qu’elle ait un sens, fixer les conditions sans paroles gelées.

J’appelle à l’union tous ceux qui se reconnaissent dans le principe de cet engagement, en mettant cartes sur table les conditions suivantes :

1) D’abord combattre le principal ennemi de la paix et de notre pays. Ce n’est aucune nation ni aucun peuple, c’est cette oligarchie militaro-financière, avec son relais médiatique, qui est une puissance occupante. Il s’agit du monde de la City, de Wall Street, de BlackRock et de son extension dans tous les secteurs de la société. Ce sont ceux qui, chez nous, collaborent. Ils portent la guerre en ne se gênant plus pour le dire.

2) Ne pas commencer par les combattre revient à déserter. L’alternative : une nouvelle architecture de sécurité commune et de développement économique mutuel, en Europe et dans le monde. C’est voir du haut de la montagne, sans préjugés, qui permet de sauver la paix dans la plaine.

3) Cela signifie coopérer avec tous ceux qui partagent cette ambition, essentiellement les Etats du Sud global qui exigent leur droit au développement et entendent mettre ainsi fin à l’ère du colonialisme et de la géopolitique.

4) Cela signifie ne plus participer à des opérations militaires hors sol et, par conséquent, exiger la dissolution de l’OTAN, qui n’est plus un moyen de protection mais constitue une menace pour la paix.

5) Constatant que ces choix politiques sont rejetés au sein de l’Union européenne, devenue instrument d’une OTAN « globale », avec un euro auxiliaire du dollar, il faut en sortir, en négociant les fondements d’une vraie Europe autour de projets communs, sans complaisance ni angélisme, dans le contexte d’une détente, d’une entente et d’une coopération de l’Atlantique à la mer de Chine. Demeurer au sein d’une organisation dont de nombreux responsables ont admis qu’elle ne pouvait respecter la démocratie, tout en la prêchant aux autres, serait admettre un double langage comme aux pires moments de notre histoire.

6) Dans ce cadre ainsi défini, pour étayer notre souveraineté nationale, nous devons jouer sans complexes nos atouts, notamment en matière d’énergie, d’aérospatial et d’alimentaire. En nous souvenant que nous sommes le seul pays d’Europe à siéger en tant que membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et à disposer de l’arme nucléaire. Nous ne devons en aucun cas les partager. En faire meilleur usage pour la paix et la défense de nos intérêts vitaux nous oblige, d’autant plus que nous n’avons aucune force de défense étrangère sur notre sol.

Cet engagement ne sera pas un défi facile à relever. Ne pas le faire revient cependant à entrer en somnambule dans une logique d’anéantissement. Se prétendre souverainiste et ignorer les conditions ci-dessus est se mentir à soi-même et mentir aux autres. S’il est essentiel de constituer une liste souverainiste, encore faut-il qu’elle le soit réellement. L’union est nécessaire pourvu qu’elle soit fondée sur des principes.

Les Français sont un peuple fort mais ils ne le savent pas. Il faut les convaincre qu’ils peuvent surmonter leurs difficultés et faire des bonds en avant. Alors surviennent ces lumineux réveils qui viennent heureusement, quoique à de trop longs intervalles, sauver notre pays. Charles de Gaulle et Jean Jaurès en étaient convaincus et agirent en conséquence. En vue de ce 9 juin, voici venu le temps de dire : ramassons enfin, ensemble, le tronçon du glaive.