Déclaration de Jacques Cheminade, président de Solidarité & Progrès
La condamnation de Marine Le Pen pour des faits avérés n’est pas une surprise. Cependant, le caractère immédiatement exécutoire de sa peine d’inéligibilité, avant même sa possibilité de faire appel, revêt toutes les apparences d’une intervention de juges dans la vie politique. Le comportement précédent du Parquet national financier dans l’inculpation et la condamnation de François Fillon avait créé le même malaise. De plus, nous voyons à l’œuvre, dans de nombreux pays occidentaux, non pas un gouvernement des juges mais plutôt un comportement de juges exhibant un opportunisme en rapport avec les échéances électorales. Marine Le Pen, qui selon les sondages réunirait environ 37 % des voix dans une élection présidentielle, ne pourrait donc pas, théoriquement, faire acte de candidature. Un profond doute apparaît ainsi sur le principe de la séparation des pouvoirs, ce qui constitue un danger pour la démocratie.
Je ne partage pas les convictions de Marine Le Pen, de Nicolas Sarkozy ou de Jean-Luc Mélenchon, mais sauf appels manifestes à la haine et menaces contre la vie humaine, il n’appartient pas aux tribunaux de servir l’un ou l’autre camp. Il appartient de même au peuple de décider si Emmanuel Macron réunit les conditions d’une légitimité présidentielle.
Enfin, le candidat du Rassemblement national qui se substituerait à Marine Le Pen serait sans doute Jordan Bardella, aujourd’hui retour d’Israël. Que les doutes sur son antisémitisme se dissipent serait une excellente chose, cependant les circonstances de son voyage le situent dans le camp de Netanyahou et de ses comparses voyous messianiques. « Vous avez le même ennemi que nous », a-t-il assuré à Amichai Chikli, ministre de la diaspora israélienne, qui s’est affiché à de nombreuses reprises relayant les thèses d’un nettoyage ethnique à Gaza et de sa recolonisation. M. Bardella a eu une heure trente d’échanges sans filtre avec Benjamin Netanyahou, qui s’est achevée par une ferme poignée de mains. Je pense que dans ces conditions, ce voyage disqualifie celui qui l’a effectué.
Mon intime conviction est que c’est sur le terrain politique que les batailles doivent être menées, sans complaisance. Notre cause doit être partout celle de la justice et du droit des peuples à l’autodétermination. Chez nous, nous devons protection à tous ceux qui se trouvent sur notre territoire, au nom de la République.