
Chronique stratégique du 13 septembre 2023 (pour s’abonner c’est PAR ICI)
Fait majeur, le G20 s’est abstenu de condamner explicitement l’invasion russe de l’Ukraine. Dans le communiqué final, il n’est plus fait explicitement mention de « l’agression » russe qui avait été mentionnée dans la déclaration du G20 l’an dernier de Bali.
Pour les représentants des gouvernements occidentaux, il s’agissait d’obtenir une ferme condamnation de la Russie, et ainsi de renforcer la soumission – pardon, la confiance — dans leur cher « ordre fondé sur des règles ». Échec sur toute la ligne. Et cet échec s’ajoute à une longue série où, aveuglés par leur mentalité de nouvelle guerre froide et de néocolonialisme, ils viennent se cogner contre l’éléphant de 15 tonnes appelé réalité qui se tient au milieu de la pièce.
Et en effet, tandis que le sherpa du G20, l’Indien Amitabh Kant, a annoncé que les 200 heures de négociations ont abouti à la Déclaration finale et 15 projets, la plupart des pays occidentaux ont considéré le texte final comme une déception majeure, à l’image du Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui a qualifié le G20 de « groupe extrêmement disparate ».
Les Russes, les Indiens, les Chinois et les Brésiliens, d’autre part, ont été enthousiasmés par les résultats et l’ont proclamé comme un succès pour les problèmes réellement importants auxquels l’humanité est confrontée. Au moment de la transmission de la présidence du G20, le président brésilien Lula da Silva l’a exprimé en déclarant : « nous ne pouvons pas laisser les questions géopolitiques bloquer l’agenda de discussion du G20. Nous n’avons aucun intérêt à ce que le G20 soit divisé. Nous avons besoin de paix et de coopération plutôt que de conflits ». Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a même souligné que cela montrait que l’Occident n’était pas parvenu à « ‘ukrainiser’ l’ordre du jour au détriment du débat sur les problèmes urgents auxquels sont confrontés les pays en développement ».
L’autre fait significatif de ce G20 est le refus, bien que moins largement rapporté, de prendre des engagements en matière de « décarbonisation » lors du sommet. En effet, si les discours louant l’énergie « verte » ont été de mise, les pays de la « majorité planétaire » sont de moins en moins disposés à se suicider au nom de la transition énergétique, et le communiqué final s’est contenté d’un engagement à sortir progressivement du charbon « conformément aux circonstances nationales ». Il faut dire que la Russie et la Chine prévoient d’importants investissements dans des centrales à charbon en Afghanistan, et que d’un autre côté la bulle de construction de parcs éoliens est en train d’imploser aux États-Unis.
Le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, interrogé lors d’une interview à propos des plaintes occidentales sur la déclaration finale du G20, a simplement répondu : « Ces gens ne comprennent pas vraiment ce qui se passe dans le monde ».
Pour ceux qui se sentiraient comme nos dirigeants largués face à ces changements tectoniques, nous vous invitons à suivre le débat de haut niveau qui a eu lieu samedi dernier lors de la visio-conférence de l’Institut Schiller, sous le thème « De concert avec la Majorité planétaire, écrivons un nouveau chapitre de l’histoire mondiale ». La présidente-fondatrice Helga Zepp-LaRouche a notamment souligné que les six siècles de colonialisme et de néocolonialisme qui ont dominé le monde jusqu’à aujourd’hui parviennent enfin à leur terme, étant de plus en plus rejetés par un Sud planétaire demandeur d’un monde qui garantisse à chaque nation sa souveraineté et son plein développement.
Visio-conférence de l’Institut Schiller - Samedi 9 septembre 2023
Panel 1 : La situation stratégique après le sommet historique des BRICS en Afrique du Sud
Panel 2 : Un nouveau paradigme dans l’histoire de l’humanité
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