La European Climate Foundation (ECF), porte-avion de la mafia climatique

jeudi 5 décembre 2019, par Karel Vereycken

[sommaire]

Christine Lagarde accueillant le milliardaire américain Michael Bloomberg, un acteur majeur de la société civile...
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Le contexte et les circonstances tendent à nous convaincre qu’au cœur de la vaste campagne mondiale visant à « hystériser » le sujet climatique se trouve l’Environmental Funders Network (EFN) (Réseau de donateurs pour les causes environnementales), basé au Royaume-Uni. Fondé en 2003, ce « Club des millionnaires » coordonne l’action de quelque 170 organisations publiques et donateurs privés. (Voir la liste partielle des membres de l’EFN)

Cependant, le site de l’EFN souligne que « Pour bon nombre de donateurs répertoriés, les questions environnementales ne sont pas leur seule et unique priorité ». On peut soupçonner que les priorités dont ces aristocrates discutent lors de leurs rencontres trimestrielles dans un des châteaux ou une des demeures luxueuses de leurs membres, sont la « surpopulation », la « finance verte » et la « géopolitique climatique ».

Parmi les membres de l’EFN, la très prestigieuse European Climate Foundation (ECF, en français « Fondation européenne pour le climat »). Relais bien financé et structuré au service des grandes fondations avant tout anglo-américaines, l’ECF, par la « surface » et l’influence des personnalités dans la sphère financière et politique qu’elle met en réseau, pourrait être qualifiée de « gouvernement vert mondial ».

Des objectifs dissimulés car inavouables

Avant de décortiquer les ramifications de cette « pieuvre verte », quelques mots sur sa finalité. Comme nous l’avons documenté ailleurs, pour l’oligarchie financière que nous combattons, l’environnement, le climat, la biodiversité, la pollution des océans, le sur-emballage, etc., ne sont que des prétextes permettant d’imposer des objectifs inavoués, car peu avouables. Ces objectifs ne sont pas cachés pour celles et ceux qui veulent bien y prêter attention. Il ne s’agit pas d’un complot, mais de ce que H.G. Wells et la Fabian Society appelaient la « Conspiration ouverte ». [1]

Soulignons enfin que si certains milliardaires se battent en toute sincérité pour préserver les grands fauves (éléphants, tigres, lions, rhinocéros, girafes, etc.), qu’ils adorent chasser lors d’une tournée dans tel ou tel beau pays du Sud, cette oligarchie, en tant que caste défendant son intérêt tout au long des siècles, ne fait que se servir de l’environnement comme un prétexte et un outil de manipulation pour trois de ses objectifs majeurs :

  1. Faire accepter l’impératif absolu d’un gouvernement mondial. Etant donné que le sort du climat, de l’eau, de l’air, de la paix, etc. ne dépendent pas de l’action d’un seul gouvernement, ces sujets permettent de forcer des Etats-nations relativement souverains à se soumettre à différentes formes de gouvernement supranational : UE, OMC, ONU, etc. ;
  2. Sauver et faire grandir la « bulle verte ». Dans un contexte où les marchés habituels sont en fin de cycle et condamnés à s’effondrer, la « finance verte » représente le nouveau cycle possédant un potentiel d’avenir ;
  3. Arrêter, réduire ou du moins ralentir la croissance démographique mondiale, en commençant, non pas par le sommet, mais par la base ; non pas par les élites « blanches » des pays du Nord, mais par les autres. L’horrible vérité est que les mesures « vertes », en particulier la sortie du carbone, du méthane et de l’azote, vont priver une grande partie de l’humanité des ressources indispensables à sa croissance.

Plan d’article

Ce qui suit provient essentiellement du site internet de l’ECF dont nous avons conservé la novlangue et le style « m’as-tu vu ».

Nous avons choisi ici de ne pas aborder le débat autour du CO2 et les agissements du GIEC. D’excellents documents sur notre site vous répondrons amplement sur cette question.

Nous parlerons ici de l’European Climate Foundation (ECF) ou Fondation européenne du climat :

  • Après un bref historique, un résumé de ces objectifs officiels, nous analyserons son dernier document stratégique : le programme Net-Zero 2050.
  • Nous montrerons que l’ECF est un faux nez pour l’action de grandes « fondations caritatives », avant tout Anglo-américaines.
  • Nous identifierons leurs fondateurs et certains destinataires de leurs bourses.
  • Enfin, nous regarderons comment tout cela s’inscrit dans la perspective de la finance verte.

European Climate Foundation :
histoire, mission officielle et stratégie

Fondée en 2008 comme une fondation de droit privé néerlandais, l’European Climate Foundation se présente comme une ONG et donc « à but non lucratif ».

Son siège est à La Haye aux Pays-bas. Son but officiel est de promouvoir des politiques climatiques et énergétiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre en Europe et « d’aider l’Europe à jouer un rôle dirigeant plus important » dans la lutte contre le changement climatique dans le monde.

L’ECF affiche trois objectifs :

  1. « soutenir le développement d’une société à faibles émissions de carbone ;
  2. « maintenir la température du climat mondial en-dessous d’une hausse de 2°C., c’est-à-dire au niveau de l’ère pré-industrielle ;
  3. « protéger le climat en assurant la sécurité énergétique ainsi que la croissance économique. »

Pour les atteindre, l’ECF déploie une « stratégie philanthropique » consistant à promouvoir la recherche et les analyses, la formulation d’hypothèses, ainsi que l’application des résultats obtenus et la publication de rapports. Concrètement, il s’agit de financer trois types d’initiatives :

  • « des initiatives sectorielles (efficacité énergétique, productivité énergétique, transports) ;
  • « des initiatives transversales (union énergétique, externalités, finance, économie, gouvernance et innovation) ;
  • « des initiatives régionales (UE, Allemagne, Royaume-Uni, Pologne, France et international). »

Décarboner la planète, et nous avec, d’ici 2050

En 2018, l’ECF a annoncé un vaste programme intitulé « Transformation industrielle 2050 », rebaptisé plus explicitement « Zéro Net 2050, du peut-être au comment. Les voies zéro émission vers l’Europe que nous voulons ».

Ce projet détaille comment une économie zéro carbone peut être mise en œuvre d’ici 2050 et a été élaboré par « un consortium d’experts et d’organisations », un mélange d’écologistes fondamentalistes et de technocrates verts, tous financés par la l’ECF. [2]

Net-Zero 2050

Avec son initiative Net-Zero 2050, le but est bel et bien de « décarboner » la quasi-totalité de l’économie mondiale. Sur dix scénarios possibles, trois parcours cauchemardesques sont retenus :

  1. le scénario « Efforts partagés » : un niveau d’effort de réduction comparable est maintenu dans tous les secteurs, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’accent mis sur une option d’atténuation spécifique ;
  2. le scénario « Technologie » : met l’accent sur l’efficacité et les options technologiques innovantes en élevant leur ambition au plus haut niveau possible : efficacité énergétique, électrification, hydrogène, captage et stockage de carbone (CSC). Il en résulterait une baisse de la demande d’énergie de 41 % d’ici 2050 ;
  3. le scénario dit « Axé sur la Demande » : les leviers de la demande sont utilisés pour réduire davantage la demande globale, par exemple pour l’énergie (- 64 % d’ici 2050), mais aussi pour celle des produits de consommation courante, notamment la viande.

D’après le sommaire exécutif, le rapport Net-Zero 2050 propose :

La décarbonatation dans un scénario contenant la température en-dessous d’une hausse de 1,5° Celsius.
  • En matière d’énergie :« L’élimination presque complète du charbon. L’éolien et le solaire devraient fournir au moins 50 % de la production d’électricité d’ici 2030 et environ 60 % d’ici 2050. (…) Environ la moitié de la flexibilité nécessaire pour compenser l’intermittence saisonnière et quotidienne est couverte par un ensemble d’options flexibles à zéro carbone (stockage, interconnexions, combustion de la biomasse), ce qui réduit le rôle du gaz même lorsque le charbon est éliminé. »
  • En matière d’agriculture, de sylviculture et d’utilisation des sols :
    « Avant 2030, l’utilisation des terres doit prendre en compte toutes les considérations liées au changement climatique : les politiques et les modèles économiques doivent inciter à la restauration des forêts dégradées et à la reforestation de la plupart des terres abandonnées ou en jachère. Les incitations devraient soutenir efficacement un changement des pratiques agricoles afin de stimuler l’utilisation diversifiée des sols et enrayer la dégradation des terres. En moyenne, en 2030, la consommation de viande doit être réduite de 25 % (et au moins divisée par deux d’ici 2050) sans augmenter la consommation de produits laitiers. Les tendances vont déjà dans ce sens. »
  • En matière de transport :
    « D’ici 2030, l’objectif doit être de s’assurer que la demande de transport soit stabilisée aux niveaux actuels et que l’abandon progressif de la voiture individuelle ait bien commencé. Le pourcentage de voitures devrait baisser d’environ 70 à 80 % par rapport à aujourd’hui. Après la stabilisation de la demande et la transition modale, l’efficacité énergétique des véhicules est le troisième levier fondamental à court terme, cette dernière devant s’améliorer d’au moins 15 % pour les voitures et même au-delà de 20 % pour les camions. Le soutien aux véhicules à émission zéro (VEZ) doit être renforcé de manière à ce que l’Europe innove en matière de production de VEZ et que la pénétration effective du marché commence à augmenter rapidement après 2030. A noter que plusieurs pays, y compris ceux qui possèdent un secteur automobile performant, ont annoncé l’interdiction des ventes de voitures neuves à combustion interne conventionnelle, notamment l’Irlande et la Slovénie (2030), ainsi que la France et le Royaume-Uni (2040). Les Pays-Bas visent à faire en sorte que toutes leurs voitures neuves soient exemptes d’émissions d’ici 2030. Ces mesures peuvent être des politiques efficaces pour mener ce changement. L’investissement dans les infrastructures et leur bon déploiement sont également essentiels pour favoriser la transition vers les VEZ. » ;
  • En matière de politique industrielle :
    « D’ici 2030, il s’agit de réduire considérablement la demande de matériaux et de biens (de 5 à 10 % d’ici 2030, et de plus de 40 % d’ici 2050) en stimulant l’économie fonctionnelle (augmenter la durée de vie des produits de 5 %), les innovations et l’économie circulaire (augmenter de 5 % l’utilisation des produits), passer à des matériaux plus efficaces (par exemple, remplacer 8 % de l’acier utilisé pour l’automobile par des fibres de carbone), réduire l’intensité des matériaux, augmenter la part de matériaux recyclés. Alors que le déploiement de meilleures pratiques dans les processus industriels (électrification, changement de combustible) devrait commencer prochainement, l’adoption de nouvelles technologies innovantes est actuellement prévue à l’horizon 2030-2050 ».

Stratégie philanthropique

L’European Climate Foundation finance principalement des ONG, des activistes du climat et des groupes de réflexion pour atteindre ces objectifs. En 2012, elle aurait distribué plus de 25 millions d’euros à 102 organisations. Selon Lobbyfacts.eu, en 2018 son budget global s’est élevé à 37 612 188 €, dont 600 000 € dépensés en lobbying auprès de la Commission et du Parlement européens.

L’ECF a des représentants au sein des organisations suivantes :

  • le groupe en charge de formater les argumentaires de la Coalition pour les économies d’énergies ;
  • le Conseil d’administration de l’Alliance pour économiser de l’énergie de l’Union Européenne ;
  • l’European Foundation Centre, un centre de communication au service des fondations caritatives auprès des institutions européennes à Bruxelles ;
  • la Commission sur les Transitions Energétiques (CTE) ;
  • le Conseil d’administration de l’Institut des performances immobilières.

Bourses :
En France, parmi les bénéficiaires des fonds de l’ECF, il y a le WWF et ses 4 500 employés mais aussi, plus important, le Réseau Action Climat (RAC-F), la branche française du Climate Action Network (CAN), « un réseau mondial (basé à Bonn, Allemagne) regroupant plus de 1 300 organisations non gouvernementales (ONG) dans plus de 120 pays, œuvrant à la promotion d’une action gouvernementale et individuelle visant à limiter le changement climatique induit par l’homme à des niveaux écologiquement durables ».

Page 35 du rapport d’activités pour 2017 du Climate Action Network Europe. Les dons de ses membres (env. 100 000 euros, représentent 1/17e de ses recettes. Le reste provient essentiellement de l’European Climate Foundation, de grandes fondations charitables, de la Commission européenne et de "Gouvernements européens".

Rien que le CAN Europe, financé en grande partie par la Commission Européenne, la Fondation Oak et la Fondation KR, et l’European Climate Foundation, irriguent quelque 160 groupuscules écologistes de terrain. Noyés dans cette multitude on découvre bizarrement parmi ses membres le Conseil Mondial des Eglises et l’Islamic Relief Worldwide, des organisations respectables mais dont la raison d’être semble assez éloignée du sujet climatique...

Au conseil d’administration du CAN Europe, le « climatologue » belge, le professeur Jean-Pascal Van Ypersele de Strihou de l’Université Catholique de Louvain (UCL). Van Ypersele était vice-président du groupe de travail du GIEC lorsque celui-ci a obtenu en même temps qu’Al Gore, le prix Nobel de la Paix 2007 pour ses travaux sur les changements climatiques.

En France, le Réseau Action Climat (RAC-F) est composé d’un groupe de 22 organisations militantes nationales et 10 organisations locales. Parmi elles, on trouve Les Amis de la Terre, Greenpeace, le WWF, le Réseau Sortir du nucléaire ainsi que 350.org, une organisation américaine de défense du climat très impliquée dans les grèves scolaires pour le climat mettant en scène Greta Thunberg, (« Friday’s for Future »).

Dans son rapport annuel de 2018, l’ECF exhibe plusieurs « scalps » :

  • en Allemagne, 50 000 personnes se sont mobilisées pour défendre la forêt de Hambach contre l’extension des activités charbonnières ;
  • au Royaume-Uni, plus de 160 députés, y compris 50 députés conservateurs, ont écrit au Premier Ministre pour lui demander de traduire dans la loi la réduction des émissions de CO2 ;
  • en France, la pétition « l’Affaire du siècle » contre l’État français pour inaction climatique est devenue la plus importante de l’histoire du pays avec 2 millions de signataires.
Parmi les bénéficiaires français des donations de l’ECF en 2018.
ECF, rapport d’activités 2018.

Parmi les bénéficiaires directs de l’ECF en France (en 2018) :

  • Oxfam France, à ce jour présidée par l’ancienne eurodéputé d’EELV Cécile Duflot ;
  • la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme ;
  • Les Amis de la Terre ;
  • le Comité de Liaison pour les Energies Renouvelabes (CLER) rebaptisé « Réseau pour la transition énergétique » qui fédère un réseau de plus de 300 structures professionnelles réparties sur l’ensemble du territoire ;
  • l’Initiative « Rénovons ! ». Il s’agit d’une « vaste alliance regroupant les forces vives de la société civile en France, au sens large, engagées en faveur de l’efficacité énergétique grâce à la rénovation énergétique des logements en France. La rénovation des logements, particulièrement les moins performants sur le plan énergétique, doit permettre de résorber structurellement la précarité énergétique » ;
  • l’I4CE (Institute for Climate Economics), fondé en juillet 2015 par la Caisse des Dépôts et l’Agence française de développement, Paris ;
  • l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI), Paris.

Fondation de Fondations

L’European Climate Foundation est un peu l’arbre qui cache la forêt. Car à l’origine, l’ECF a été conçue comme « une Fondation de Fondations », c’est-à-dire le réceptacle entonnoir permettant de rediffuser de façon ciblée les capitaux fournis par une poignée de grandes Fondations caritatives internationales (voir ci-dessous), très souvent n’ayant d’européen que le nom.

D’autres fondations, moins opulentes, ont également apporté leur contribution, sans être associées de façon directe à la gouvernance de l’ECF. Bien que cette dernière « a l’oreille » de Bruxelles, la Commission, à ce jour, ne la finance pas, n’en voyant de façon évidente pas trop la nécessité.

La gouvernance de l’ECF, dans ce qu’il faut bien appeler un conflit d’intérêt structurel, mobilise une petite armée de d’experts et de personnalités au carnet d’adresses bien rempli, provenant essentiellement du monde de la finance et de la politique :

  • un conseil consultatif composé d’experts (banquiers, économistes, anciens patrons) ;
  • une présidente (une politique et ex-prof) ;
  • des « Fellows » (personnalités méritantes) et des « conseillers stratégiques » (rémunérés en fonction de missions spécifiques) ;
  • un conseil de surveillance composé de représentants des donateurs (en quelque sorte les « actionnaires » de la boîte).

A. Le conseil consultatif de l’European Climate Foundation

Caio Koch-Weser

En mai 2019, l’ECF a ajouté à son conseil de surveillance, un conseil consultatif afin de ne pas s’enfermer dans son profil de club de milliardaires et d’augmenter sa crédibilité « scientifique ». Il s’agirait, selon l’ECF d’un « illustre groupe de dirigeants issus des gouvernements, des universités, de l’industrie et de la société civile, chargé de conseiller en permanence le directeur général et le Conseil d’administration de l’ECF sur les sujets et les orientations stratégiques ».

Le président de ce conseil consultatif est l’allemand Caio Koch-Weser. Par sa carrière et ses connaissances, il dispose d’un carnet d’adresses hors pair. Il a été :

  • directeur général et membre du comité exécutif de la Banque mondiale (1995-1999) ;
  • vice-président du groupe Deutsche Bank (2006 à 2016), une banque systémique en quasi faillite et par qui la crise risque d’arriver ;
  • ministre-adjoint des Finances en Allemagne (1999 à 2005) ;
  • président du conseil de surveillance de la BaFin (le gendarme de la bourse allemande) ;
  • membre de la Fondation Bertelsmann, illustre cartel médiatique connu pour son goût pour la propagande.

A ce jour, Koch-Weser demeure :

  • senior advisor du Chatham House, c’est-à-dire du think-tank principal de l’Empire britannique ;
  • membre des conseils d’administration de la ClimateWorks Foundation (voir ci-dessous) à San Francisco, émanation de la Hewlett Foundation (voir ci-dessous) ;
  • membre du World Ressources Institute (WRI) de Washington DC, proche du parti démocrate, créé et financé par la très riche Fondation McArthur, basée à Chicago. ;
  • membre du think-tank britannique Center for European Reform (CER) à Londres ;
  • membre du conseil consultatif de l’Institut MERICS de Berlin, connu pour ses études systématiquement hostiles à la Chine ;
  • membre de la Commission mondiale sur l’économie et le climat (CME) ;
  • membre du Conseil européen des relations étrangères (ECFR), groupe de réflexion financé par George Soros ;
  • membre du groupe consultatif sur les affaires et l’économie de l’Atlantic Council ;
    membre du conseil d’administration du think-tank Brussels European and Global Economic Laboratory (Bruegel).
Nicholas Stern

Les trois autres « illustres » membres de ce Conseil Consultatif de l’ECF sont tout aussi ragoûtants :

  • Le Professeur Lord Nicholas Stern, titulaire de la chaire IG Patel en Economie et Gouvernement au département des sciences économiques de la London School of Economics (LSE) ; ancien responsable de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) et à la Banque Mondiale (BM). Il fut directeur du service économique du gouvernement britannique de 2003 à 2007 et il fut l’auteur, en 2006 du « Stern Review », un rapport de 600 pages sur l’économie du changement climatique (affirmant déjà qu’il existait 75 % de chances que les températures allaient monter de 2 à 3°C. au-dessus de la normale). Lord Stern a été fait chevalier pour services rendus à l’économie en 2004, ennobli « Pair » à vie en 2007 et nommé Compagnon d’honneur pour services rendus à l’économie, aux relations internationales et à la lutte contre le changement climatique en 2017.
    The Stern Review

    En 2016, suite à sa participation en décembre 2015 à la COP21 à Paris, il augmenta la pression sur le secteur pétrolier et sur Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre.

    Considérant les accords de Paris comme son bébé à lui, Stern accusa le groupe de travail de Carney sur le changement climatique de ne pas en faire assez pour qu’ils soient appliqués, déclarant : « Du point de vue d’un investisseur [financier], c’est une chose que les entreprises [d’exploitation de combustibles fossiles] croient que les gouvernements n’ont pas été sérieux à Paris, mais c’en est une autre que [ces entreprises] basent toute leur stratégie sur cette supposition » ;

  • Mary Robinson, ancienne présidente d’Irlande, présidente des Elders (club d’anciens chefs d’Etats fondé par Nelson Mandela), ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies en charge des Droits de l’homme, ancienne membre du conseil de surveillance de l’ECF et membre du Club de Madrid. Robinson a obtenu de nombreux honneurs et récompenses, notamment la médaille présidentielle de la Liberté de la part du président des Etats-Unis, Barack Obama. Entre 2013 et 2016, elle a occupé différents postes d’envoyée spéciale du secrétaire général des Nations Unies, chargée successivement de la région des Grands Lacs africains, du changement climatique, puis en mai 2016, de la tornade El Niño ;
  • Paul Polman, président de la Chambre de commerce internationale, vice-président du Pacte mondial des Nations Unies, président et cofondateur d’Imagine et ancien PDG d’Unilever. Pour le Financial Times il s’agit du « PDG le plus remarquable de la dernière décennie ». En raison de sa passion pour un business modèle écologiquement et socialement responsable, Polman a été nommé au groupe de haut niveau du Secrétaire général des Nations Unies pour élaborer les Objectifs du développement durable (ODD). Il a reçu de nombreuses récompenses, y compris en France où il a été fait Chevalier de la Légion d’honneur pour son rôle dans l’Accord de Paris, ainsi qu’au Royaume-Uni, où il a été nommé Honorary Knight Commander of the Order of the British Empire (KBE).

B. La présidente de l’European Climate Foundation

Laurence Tubiana

La française Laurence Tubiana, actuellement présidente de l’ECF, a déclaré : « Le Conseil Consultatif fournira un service inestimable à l’ECF, en l’aidant à scruter l’horizon des problématiques à venir et des thèmes qui aideront à définir le travail de notre organisation et de la communauté du climat au sens large. Je suis ravie que Caio (Koch-Weser) ait accepté de présider le groupe et de poursuivre son association avec l’ECF ».

Laurence Tubiana est également présidente du conseil des gouverneurs de l’Agence française de développement (AFD), souvent hostile aux grands projets dans les pays en développement, notamment au projet Transaqua qui permettrait la remise en eau du lac Tchad. Avant de rejoindre l’ECF, Tubiana était, pour la France, ambassadrice du changement climatique et son envoyée spéciale à la COP21. Elle fut même présentée comme « l’architecte clé de l’accord historique de Paris ».

Après la COP21, elle a été nommée High Level Champion for Climate Action par l’ONU. De 1997 à 2002, elle a été conseillère principale pour l’environnement auprès du Premier ministre socialiste Lionel Jospin. Rappelons qu’au cours de son mandat, Jospin, afin d’obtenir la participation des Verts à son gouvernement, a accepté de fermer et de démanteler Superphénix, le prototype d’un réacteurs à neutrons rapides (RNR), et d’abandonner le projet de canal de jonction à grand gabarit qui aurait permis de relier le couloir du Rhône à celui du Rhin.

En 2013, Tubiana a présidé le débat national sur la transition énergétique. En 2018, le président Macron, sans doute mal conseillé sur la question climatique, a consenti à la nommer au Conseil supérieur du changement climatique. Tubiana a également été membre de nombreux conseils et comités scientifiques, notamment du Comité Chinois sur l’Environnement et le Développement International (CCEDI).

C. Les « Fellows » de l’European Climate Foundation

Dans le monde universitaire, on attribue parfois le titre de « Fellow » à des institutions ou des « personnalités méritantes », élues ou invitées. A part des « conseillers stratégiques », l’ECF rémunère donc des Fellows. Voici trois CV qu’on trouve sur son site :

  • Le Hollandais Bert Metz, ancien vice-président du Groupe de travail sur l’atténuation du changement climatique au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU de 1997 à 2008. Il a également été coordonnateur sur le changement climatique au ministère de l’Environnement des Pays-Bas et négociateur en chef pour les Pays-Bas et l’Union Européenne au sujet de la convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique et au sujet du protocole de Kyoto ;
  • John E. Morton, expert en « finance climatique », nommé par Barack Obama comme directeur principal à la Maison Blanche pour l’énergie et le changement climatique.
    John E. Morton, monsieur climat de l’Administration Obama.

    Auparavant, toujours au sein de l’Administration américaine, il était directeur d’exploitation de la Société d’investissements privés outre-mer (OPIC) où il gérait les 250 employés de l’Agence et un portefeuille d’investissements de 20 milliards de dollars dans plus de 100 pays. Avant de siéger au gouvernement, Morton a occupé des postes de direction au sein des Pew Charitable Trusts, l’une des principales organisations philanthropiques des Etats-Unis ; il a été directeur de la politique de sécurité nationale pour la campagne présidentielle de John Kerry ; il a été investisseur au Global Environment Fund ; il a été un haut responsable de Mercer, le plus grand cabinet de conseil en ressources humaines du monde et il a travaillé à la Banque Mondiale pour gérer des projets environnementaux dans l’ex-Union Soviétique ;

  • Julian Popov, qui a mis en place un réseau de militants aguerris pour le climat dans huit nouveaux Etats membres de l’UE, a dirigé un projet visant à former les rédacteurs-en-chef des principaux médias sur la politique climatique, ainsi qu’un projet visant à attirer l’attention des décideurs politiques sur les conséquences du changement climatique pour la santé et la sécurité. Popov est actuellement à la tête de l’Initiative pour le réseau électrique de l’Europe du Sud-Est, qui catalyse une coopération de haut niveau des politiques énergétiques des pays de l’Europe du Sud-Est au sens large, y compris la Turquie et l’ouest des Balkans. Popov a été Ministre de l’environnement en Bulgarie, membre fondateur du Comité de direction de la Plateforme de Sofia, membre du Comité de pilotage du Forum Oriental des Philanthropes, et trésorier honoraire et directeur de l’association caritative britannique des Amis de la Bulgarie.

D. Le conseil de surveillance de l’ECF :
Les fondations « caritatives »

A part les représentants des grandes fondations caritatives, il y a quelques autres personnalités qui font partie du conseil de surveillance :

  • Stephen Brenninkmeijer préside de conseil de surveillance de l’ECF. Brenninkmeijer est le fondateur et le patron de la société d’investissement Willows Investment. En mars 2019, il a été nommé au conseil d’administration du World Ressources Institute (WRI) de Washington ;
  • Pascal Lamy, ancien commissaire européen pour le commerce de 1999 à 2004 et directeur général de l’Organisation mondiale du commerce du 1er septembre 2005 au 31 août 2013. Membre éminent du Parti socialiste, Pascal Lamy a été président de l’Institut Jacques Delors de 2004 à 2005 puis président émérite depuis 2013. Il est président du Forum de Paris sur la paix depuis 2019 ;
  • Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale Internationale (CSI), et l’ancienne présidente du Conseil australien des syndicats (ACTU) de 2000 à 2010.

Regardons maintenant les grandes fondations caritatives disposant chacune d’un représentant au conseil de surveillance de l’European Climate Foundation. Avant de les regarder un par un, voici la liste :

Enfin, voici plusieurs autres fondations ayant joué un rôle clé en tant que fondateurs ou partenaires de l’ECF :

Examinons maintenant quelques uns de ces mécènes :

1. CHILDREN’S INVESTMENT FUND FOUNDATION

Logo CIFF

Date de création : 2002, Royaume-Uni.
Sièges : Londres, Nairobi, New Delhi.
Type : organisme caritatif enregistré sous le n° 1091043 au Royaume-Uni.
Fondateurs : le milliardaire britannique Chris Hohn et son ex-épouse Jamie Cooper. Hohn est le PDG du hedge fund TCI (The Children’s Investment Fund Management).

Chris Hohn, le mécène de Extinction Rebellion

Sa fortune personnelle est estimée à 3,1 milliards de dollars. Pour 2018, son revenu était de 54 millions de livres, ses dépenses de 600 millions de livres.

Mission : la Children’s Investment Fund Foundation (CIFF) affirme être « la plus grande association caritative au monde axée spécifiquement sur l’amélioration de la vie des enfants ». Chaque année la CIFF distribue environ 590 millions d’euros « pour améliorer le sort des enfants vivant dans la pauvreté dans les pays en développement grâce à des stratégies qui ont un impact durable ». Travaillant avec des partenaires, la fondation affirme avoir joué « un rôle de catalyseur dans l’augmentation du nombre d’enfants correctement traités pour le VIH ». Au fil des ans, son centre d’intérêt s’est étendu aux questions climatiques.

Bourses :
Les bourses pluriannuelles attribuées par la CIFF s’élèvent à 730,8 millions de dollars, dont 436,5 millions de dollars pour le bien-être des enfants, 271,2 millions de dollars pour le climat et 23,1 millions pour la protection de l’enfance. Parmi les bénéficiaires :

  • l’European Climate Foundation ;
  • en 2015, la Fondation Clinton a classé la CIFF parmi les 7 organisations dont elle a reçu plus de 25 millions de dollars américains ;
  • en 2019, Chris Hohn a personnellement fait un don de 50 000 livres sterling à Extinction Rebellion (XR), tandis que la CIFF a débloqué 150 000 livres supplémentaires.

Représentante de la CCIF au conseil de surveillance de l’ECF :

Kate Hampton, PDG du Children’s Investment Fund Foundation (CIFF)

Kate Hampton, la PDG de la CIFF, est actuellement vice-présidente du conseil d’administration de l’European Climate Foundation. A la tête de la CIFF depuis mars 2016, Hampton en a d’abord été le premier directeur exécutif pour le changement climatique. Au cours de ses sept années à ce poste, elle a mis en place un portefeuille mondial de bourses pour des programmes juridiques et d’assistance technique. Selon le site internet de l’ECF, « la CIFF est désormais au niveau mondial l’une des principales organisations caritatives pour le climat, ayant joué un rôle important dans le renforcement de la société civile et le soutien à des politiques gouvernementales ambitieuses en Chine, en Europe, en Amérique latine et dans les mégapoles mondiales au cours de la période ayant mené à l’accord historique de Paris en 2015 ». Hampton siège dans plusieurs conseils d’administration, par exemple au Carbon Disclosure Project (CDP) et à la Fundacion Climática de México. Avant de rejoindre la CIFF, elle était responsable des politiques chez Climate Change Capital (CCC) – un cabinet de conseil en investissement gérant 1,5 milliard de dollars – et conseillait les gestionnaires d’actifs et les multinationales sur les opportunités en matière d’énergie propre. Elle a été conseillère principale de la présidence britannique du G8 et de l’UE en 2005, et sherpa du groupe de haut niveau de l’UE sur la Compétitivité, l’énergie et l’environnement en 2007. Elle a également été responsable de la campagne sur le changement climatique pour l’organisation internationale Les Amis de la Terre, et elle a dirigé le Green Alliance (GA) Green Globe Network, un groupe consultatif de la société civile auprès du ministère britannique des Affaires étrangères.

2. FONDATION KR

Date de création : 1971-2015, Danemark.
Siège : Copenhague.
Fondateur : En 1971 et 1981, l’entrepreneur danois Villum Kann Rasmussen (VKR) , qui notamment commercialisé les fenêtres VELUX, a mis sur pied deux fondations danoises pour mener des activités bénéfiques à la société. La Fondation V. Kann Rasmussen (VKRF) a elle été créée en 1991 pour financer la recherche environnementale. La VKRF travaille en étroite collaboration avec une nouvelle fondation de la famille Kann Rasmussen, la Fondation KR, créée en 2015.
Mission : Le travail de la fondation « est basé sur le principe que les activités humaines sont au cœur de la plupart des problèmes environnementaux, et que la créativité humaine et la collaboration sont au cœur de la résolution des problèmes créés par ces activités. »

L’inventeur des VELUX, Villum Kahnn Rasmussen.

Direction : Astrid Kann-Rasmussen, petite-fille de VKR, est actuellement vice-présidente et cofondatrice de la Fondation KR.

Bourses : Les montants des bourses accordées par la Fondation KR atteignent généralement entre 2 et 5 millions de couronnes danoises (5 millions de couronnes = 667 000 euros) pour une durée allant jusqu’à 3 ans.

Sur la liste des bourses attribués par la Fondation KR de janvier à octobre 2019 :

  • 3,3 millions de couronnes danoises pour l’European Climate Foundation ;
  • 3 millions de couronnes danoises pour le bureau européen du WWF ;
  • 1,3 million de couronnes danoises pour la Fondation ClimateWorks ;
  • 2 millions de couronnes danoises pour 350.org, avec Extinction Rebellion, l’une des principaux organisatrices des « Fridays for Future » de Greta Thunberg ;
  • 2,2 millions de couronnes danoises pour le Carbon Tracker Initiative ;
  • 3 millions de couronnes danoises pour le think-tank néerlandais Adelphi qui a récemment écrit un rapport affirmant que le lac Tchad ne disparaissait pas...

Représentante de la Fondation KR au Conseil de Surveillance de l’EFC :

Connie Hedegaard, première présidente du conseil d’administration de la Fondation KR, est journaliste et a été commissaire européenne de 2010 à 2014, chargée de l’action pour le climat. Au cours de son mandat, elle a dirigé les négociations en vue de l’adoption de l’Agenda Européen 2030 pour le climat et l’énergie ; elle a été responsable du Plan 2050 pour une économie sobre en carbone ; et elle a représenté l’UE dans les négociations internationales sur le climat. Elle est actuellement chargée à l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique) de la table ronde sur le développement durable ; elle est présidente du conseil d’administration du groupe de réflexion écologique danois CONCITO et du conseil d’administration de l’Université d’Aarhus. De plus, Hedegaard est membre du conseil d’administration de Danfoss, du conseil d’administration de Nordex, du conseil d’administration de l’Institut technologique danois et membre du comité de développement durable chez Volkswagen.

3. FONDATION OAK

Logo Oak Foundation

Date de création : 1983, Suisse.
Siège : Genève.
Fondateur : la fortune d’Alan Parker, un homme d’affaires britannique né en 1939 qui s’est enrichi avec le commerce Duty Free, s’élève à 2,34 milliards de dollars.

Alan et Jette Parker Oak Foundation

Direction : Kristian Parker, fils d’Alan et administrateur de la Fondation Oak, est diplômé en biologie marine.
Mission : environnement, maltraitance des enfants, logement et aide aux sans-abris, droits humains, enjeux féministes. Dans un entretien Kristian Parker a déclaré : « le climat n’est pas un problème environnemental, c’est un problème humain ». A propos de l’argent qu’il injecte dans l’ECF, il dit : « L’exemple d’un projet qui nous satisfait, c’est l’investissement dans l’European Climate Foundation et son projet visant à remplacer le charbon avec de l’énergie propre. La plus grande partie du travail de l’ECF, c’est d’attribuer des bourses à un réseau d’ONG écologistes pour plaider en faveur de sources d’énergie plus propres et plus sûres. Par exemple, un des partenaires de l’ECF est une équipe de juristes qui a assisté le gouvernement polonais à se mettre en conformité avec ses engagements pour la qualité de l’air ».

Cible spéciale : la Chine.
Un article publié le 10 septembre 2019 par Capital Research.org, indique que la Fondation OAK soutient pleinement et même finance l’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la soie, avant tout pour tenter de les « verdir ».

Après avoir souligné la réussite de cette politique chinoise, l’article précise :
« Ces plans ont un coût - et qui est difficile à concilier avec l’environnement. Selon la Brookings Institution, l’Initiative une Ceinture, une Route (ICR) pourrait être la plus grande source d’émissions de CO2 au cours des prochaines décennies, car plus de la moitié des nouvelles sources d’émissions à l’avenir proviendra des infrastructures ; l’ICR représentera environ 60 % du développement des infrastructures mondiales. Il est singulier qu’Oak finance un projet aussi lourd en carbone en Eurasie alors qu’il dépense tellement d’argent pour poursuivre juridiquement les groupes énergétiques occidentaux. Naturellement, Oak explique ses bourses comme un effort visant à réduire les émissions de carbone prévues par l’ICR, en essayant de les ‘verdir’. Beaucoup d’autres acteurs sont impliqués dans ce verdissement de l’ICR. En novembre 2018, le Comité pour la finance verte, au sein de la Société chinoise de finance et de banque, s’est associé à la Green Finance Initiative de la City de Londres pour dresser une liste de principes environnementaux qu’ils se sont engagés à respecter dans le financement du projet. En 2018, l’ONU s’est jointe à l’effort, notamment pour ‘envisager une collaboration renforcée entre différents services de l’ONU en vue de réduire l’impact de l’ICR sur l’environnement. En collaboration avec l’agence environnementale de l’ONU et 20 autres agences de l’ONU, la Chine a annoncé la création de la Coalition Internationale pour le Développement Vert de l’Initiative une Ceinture, une Route (Belt and Road Initiative International Green Development Coalition - BRIGC), qui vise à ‘aider les pays bénéficiaires à utiliser les investissements de la Ceinture et la Route pour atteindre les Objectifs de développement durable.’ ». La Fondation ClimateWorks, œuvrant de concert avec la Fondation Oak pour l’ICR, explique aussi qu’ils ont accepté de contribuer au financement de l’ICR car celle-ci pourrait ‘potentiellement’ être ‘un moteur de développement à faible émission de carbone.’ Mais les critiques sont sceptiques quant à la manière dont ces mesures sont réellement ou pourraient réellement être écologiques. Les pays participant à l’lCR ne contribuent actuellement qu’à 15 % des émissions mondiales. En supposant que tous les pays ne participant pas à l’ICR réduisent considérablement leurs émissions (conformément au plan de réduction des émissions connu sous le nom Scénario 2 Degrés (S2D) proposé par la Conférence sur le climat à Paris en 2015), les pays de l’ICR prendraient alors leur place, dépassant de loin la limite de carbone fixée par le S2D et contribuant pour 50 % des émissions mondiales d’ici 2050. Les pays développés émettraient beaucoup moins, mais les émissions mondiales ne changeraient pas beaucoup car l’ICR amènera les pays en développement à émettre presque autant que les pays développés auparavant. »

Bourses : en 2017, la Oak Foundation a octroyé 330 bourses d’un montant total de 211,55 millions de dollars au profit de 308 organisations basées dans 35 pays. Le montant moyen des bourses était de 600 000 dollars. Parmi les 330 bénéficiaires (d’après le compte rendu téléchargeable sous forme de fichier PDF ICI) :

  • WWF International Suisse : 695 000 dollars ;
  • 350.org : 1,5 million de dollars ;
  • C40 Cities Climate Leadership Group (Dirigé par le milliardaire Michael Bloomberg, ex-maire de New York et présidé par Anne Hidalgo, maire de Paris, voir ci-dessous) : 3 millions de dollars ;
  • Fondation ClimateWorks (Etats-Unis) : 77 millions de dollars (voir ci-dessous) ;
  • Climate Bonds Initiative (lobby promouvant les obligations vertes) : 750 000 dollars (voir ci-dessous) ;
  • European Climate Foundation : 1,7 million million de dollars ;
  • WWF International Chine : 1,36 million de dollars ;
  • Projet Voices (projet en soutien, à partir du Royaume-Uni, de la Syria Campaign qui œuvre pour la défense des « héros syriens »…) : 2 millions de dollars.

Représentant de la Fondation Oak au Conseil de Surveillance de l’ECF :

Leonardo Lacerda de la Oak Foundation.

Leonardo Lacerda, directeur du programme environnement de la Oak Foundation. Le programme qu’il supervise est axé sur trois domaines prioritaires : le changement climatique, la protection de la mer et le commerce illégal d’espèces sauvages. Soutenant quelques centaines de bénéficiaires dans le monde entier et menant des efforts de collaboration entre des fondations partenaires, des gouvernements et le secteur privé, le programme vise à créer une économie mondiale sobre en carbone, à restaurer les habitats marins et à mettre fin au commerce des espèces menacées. Plus précisément, le sous-programme sur le changement climatique se concentre sur l’atténuation des gaz à effet de serre dans les secteurs de l’énergie, du développement urbain et des transports, principalement en Europe, en Chine, en Inde, en Amérique du Nord, au Brésil et en Asie du Sud-Est. Avant de rejoindre la Fondation Oak, Lacerda a travaillé pendant 14 ans au sein du réseau international du WWF, notamment en Espagne, au Brésil, en Grèce ainsi qu’en Suisse où il a coordonné le programme pour l’Amérique latine et les Caraïbes. En Italie il a été directeur du programme Méditerranée et au Brésil directeur de la protection de l’environnement. Toujours pour le WWF, il a été en charge en Suisse du Programme Mondial pour la Protection de la Forêt. Il a joué un rôle central dans la construction et le déploiement d’un réseau global de distribution de bourses climatiques. A part être un membre du conseil de surveillance de l’ECF, il est également membre du conseil d’administration de l’Instituto Clima e Sociedade (ICS, Brésil). Il est aussi un membre fondateur de l’European Environment Funders Network basé en Belgique, du Latin America Regional Climate Initiative et du Fundação Vitória Amazônica.

4. FONDATION MCCALL MACBAIN

Création : 2007, Suisse.
Siège : Genève.
Fondateurs : le capital de la fondation (1,4 milliard de dollars) provient de la vente, par les Canadiens John et Marcy McCall MacBain, de la société Trader Classified Media (TCM), leader mondial des petites annonces, dont le fondateur John, était PDG entre 1987 et 2006, année de la vente. Depuis, McCall MacBain a fondé la société luxembourgeoise Pamoja Capital Group, une société privée d’investissements dont la mission est « de créer de la valeur par le biais d’investissements mondiaux à long terme et socialement responsables, dans les secteurs de l’industrie, l’éducation, les sciences de la vie, les technologies de l’information, l’immobilier et les médias et communications. En plus de gérer les fonds de John McCall MacBain, Pamoja place les fonds de la Fondation McCall MacBain. Les investissements du fonds sont conséquents et reflètent son intérêt pour l’éducation, l’environnement et la santé ». La fondation réside à la même adresse que la société d’investissements.

John and Marcy McCall MacBain

Mission : « Nous soutenons la préservation et le développement économique durable par le biais de ‘Nature United’ (la filiale canadienne de The Nature Conservancy (nature.org), la plus grande organisation de préservation au monde, avec plus de 3 600 collaborateurs dans le monde, 400 scientifiques et un million de sympathisants), ainsi que la recherche politique et la réforme de la réglementation par l’intermédiaire du Centre pour la réglementation et la politique environnementales de Yale. La Fondation élabore actuellement un nouveau plan stratégique pour le Fonds du changement climatique et de l’environnement, en prévoyant que le processus sera terminé d’ici fin 2019. »

Bourses :

  • Selon des rumeurs persistantes, John McCall MacBain aurait offert près d’un million pour l’élection du candidat Justin Trudeau. Ce dernier a effectivement placé la politique climatique au cœur de sa campagne de réélection, s’engageant à atteindre le but du zéro net d’émissions d’ici 2050 et fixant des objectifs juridiquement contraignants sur cinq ans. Trudeau a battu le candidat conservateur Andrew Scheer qui s’était engagé à démanteler les politiques climatiques du pays et à supprimer sa taxe sur le carbone ;
  • La Fondation a consacré plus de 400 millions de dollars à des initiatives dans les domaines de l’éducation, du changement climatique et de la santé ;
  • En février 2019, la fondation a fait le plus important don philanthropique de l’histoire du Canada, un don de 200 millions de dollars à l’Université McGill pour y fonder les bourses d’études McCall MacBain.

Représentant de la Fondation McCall MacBain au Conseil de Surveillance de l’ECF en tant que « président fondateur » :

John H. McCall MacBain, titulaire d’une bourse Rhodes (Oxford, Master en Droit) puis d’un MBA de Harvard, il est président fondateur de l’ECF ainsi que président du Conseil consultatif international de l’Université McGill, fondateur du Second Siècle pour le cercle de Rhodes, directeur de la Fondation Mandela Rhodes au Cap et enfin Officier de l’Ordre du Canada.

5. BLOOMBERG PHILANTHROPIES (BLOOMBERG FAMILY FOUNDATION)

Logo Bloomberg Philanthropies

Date de création : 2006, Etats-Unis.
Siège : New York.
Fondateur : Michael Bloomberg, milliardaire, ancien maire de New York, candidat à l’investiture démocrate pour 2020 et homme d’affaires richissime qui tire sa fortune de Bloomberg LP, un cartel médiatique centré sur les informations financières fondée en 1981. En octobre 2019, sa valeur nette était estimée à 51,1 milliards de dollars, ce qui faisait de Michael Bloomberg la douzième personne la plus riche des Etats-Unis et la dix-septième personne la plus riche au monde. Bloomberg s’est engagé à donner la plus grande partie de sa fortune du vivant de ses filles. En 2010, il a été rapporté que la fondation avait investi près de 300 millions de dollars dans des investissements à l’étranger, y compris dans le paradis fiscal des îles Caïmans.

Au niveau politique, Michael Bloomberg, qui en 2016 avait soutenu la candidate Hillary Clinton, est désormais dans la course pour l’investiture démocrate pour les présidentielles américaines de 2020. D’apparence de gauche, il est le parfait candidat de Wall Street et du complexe militaro-financier. Comme le souligne Adrien Jaulmes, dans Le Figaro : « Sa défense des banques, qui n’auraient pas été responsables, selon lui, de la crise de 2008, son soutien à l’invasion de l’Irak, et à la thèse farfelue selon laquelle Saddam Hussein aurait été responsable des attentats du 11 septembre, le rendent difficile à accepter pour beaucoup d’électeurs démocrates. »

En 2015, la « Bloomberg Family Foundation », connue comme « Bloomberg Philanthropies » affichait 7,15 milliards d’actifs, un chiffre d’affaires de 1,19 milliard de dollars et 457 millions de dollars de dépenses.

Mission : « Bloomberg Philanthropies se concentre sur cinq domaines clés pour créer un changement durable : la santé publique, l’environnement, l’éducation, l’innovation gouvernementale, et les arts et la culture. »
En ce moment, Michael Bloomberg est l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’action pour le climat et président du groupe de travail de l’ONU sur la transparence financière relative au climat.

Bourses : Selon Influencewatch.org, « jusqu’à présent, la Bloomberg Family Foundation a versé plus de 1,7 milliard de dollars à diverses causes qui concordent avec les priorités politiques de Bloomberg ».

Ainsi, Bloomberg Philanthropies :

  • a consacré plus de 100 millions de dollars au programme environnemental de Bloomberg, notamment un don de 50 millions de dollars au Sierra Club pour obtenir qu’on mette fin à l’exploitation du charbon aux Etats-Unis ;
  • a donné 50 millions de dollars à une organisation anti-armes à feu ;
  • a établi un partenariat avec le Planning familial pour fournir 50 millions de dollars à des organisations de planning familial et des cliniques d’avortement dans les pays en voie de développement ;
  • s’est associé au milliardaire américain George Soros pour financer à hauteur de 60 millions de dollars divers programmes sociaux, axés sur les communautés afro-américaines, qui ont servi de modèle à un plan national présenté par le président Barack Obama ;
  • a octroyé une subvention de 6 millions de dollars au Fonds de défense de l’environnement en faveur d’une réglementation stricte de la fracturation des huiles et gaz de schiste dans quatorze Etats américains ;
  • a lancé, en octobre 2013, avec l’ancien ministre de l’économie Hank Paulson, l’ancien secrétaire d’Etat George Schultz et le trader écolo milliardaire Tom Steyer, le « Risky Business Initiative ». Cet initiative vise « à convaincre les milieux d’affaires de la nécessité d’énergies et de politiques de développement plus durables, en quantifiant et en faisant connaître les risques économiques auxquels les Etats-Unis sont confrontés face aux effets du changement climatique » ;
  • a financé, en janvier 2015, à hauteur de 48 millions de dollars et en partenariat avec la famille Heising-Simons, la Clean Energy Initiative ;

Depuis 2010, le rôle personnel de Michael Bloomberg dans lutte climatique n’a cessé de grandir :

  • De 2010 à 2013 il a présidé le C40 Cities Climate Leadership Group, réseau des quarante plus grandes villes du monde travaillant ensemble pour réduire les émissions de carbone. Si Anne Hidalgo, maire de Paris en est la présidente, c’est Bloomberg qui en préside le conseil d’administration. Parmi les membres de ce conseil, Antha Williams de Bloomberg Philanthropies (membre du conseil de surveillance de l’ECF) et Justin Johnson, responsable environnement du Children’s Investment Fund Foundation (CIFF), un autre grand mécène de l’ECF (voir ci-dessus). Pendant son mandat de président de cette association, Bloomberg a travaillé avec le président Bill Clinton pour fusionner le C40 avec le Clinton Climate Initiative, afin de conjuguer leurs efforts. La Fondation Clinton est aujourd’hui représentée au C40 par Bruce Lindsay ;
  • En janvier 2014, Bloomberg Philanthropies, qui est associé avec Oceana, Rare et Encourage Capital, a offert 53 millions de dollars à Vibrant Oceans Initiative. Il s’agit de promouvoir la pêche durable au niveau mondial ;
  • En 2018, Bloomberg s’est associé à Ray Dalio pour débloquer 185 millions de dollars pour la protection de nos océans ;
  • Le 31 janvier 2014, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a nommé Michael Bloomberg comme son premier représentant spécial pour les villes et le changement climatique ;
  • En septembre 2014, Bloomberg s’est retrouvé à New York avec Ban et les dirigeants mondiaux au sommet de l’ONU sur le climat. C’est là que s’est préparée la COP21 qui a eu lieu un an plus tard, en 2015, à Paris ;
  • Fin 2014, Bloomberg, Ban Ki-moon et l’« International Council of Local Environmental Initiatives (ICLEC) – Local Governments for Sustainability » (un réseau de plus de 1 750 collectivités territoriales engagées dans le développement durable et dont le siège est à Bonn), le C40 et l’association « United Cities and Local Governments » (Cités et gouvernements locaux unis (CGLU), ont mis sur pied une coalition globale de maires et de villes pour le climat. A ce jour, plus de 250 villes, représentant plus de 300 millions d’habitants dans le monde et représentant 4,1 % de la population mondiale, se sont engagées dans un pacte devenu en juin 2016, le Covenant of Mayors ;
  • Le 30 juin 2015, Michael Bloomberg et la maire de Paris, Anne Hidalgo, ont annoncé la tenue d’un Sommet du climat des dirigeants locaux. Ce « sommet des maires », a réuni plus de mille maires à l’Hôtel de Ville de Paris le 4 décembre 2015, c’est-à-dire à la veille de la COP21 au Bourget. La rencontre s’est conclue avec l’engagement de réduire les émissions de CO2 des villes de 3,7 gigatonnes par an d’ici 2030 ;
  • Lors de la COP21 à Paris, Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre et président du Financial Stability Board (FSB) de la Banque des règlements internationaux (BRI) de Bâle (la « banque centrale des banques centrales ») a annoncé que Bloomberg dirigera un nouveau groupe de travail international conçu pour aider l’industrie et les marchés financiers à évaluer les risques croissants du changement climatique ;
    En 2016, Bloomberg apporta son soutien à Hillary Clinton.
  • En 2016, Bloomberg a endossé la campagne présidentielle d’Hillary Clinton ;
  • Bloomberg et l’ancien directeur général de l’organisation écologiste américaine Sierra Club, Carl Pope, ont publié un livre qu’ils ont écrit ensemble sur le changement climatique : « Climat d’espoir : comment les villes, les entreprises et les citoyens peuvent sauver la planète ». Le livre a été publié le 18 avril 2017 et figure au sommet de la liste des best-sellers du New York Times ;
  • Dès que Donald Trump annonça que les Etats-Unis allaient rompre avec les accords de Paris, Michael Bloomberg et Anne Hidalgo furent reçus à l’Elysée par le président Emmanuel Macron.

    Bloomberg annonça aussitôt la création d’une coalition de villes, d’Etats, d’Universités et d’entreprises, déterminée coûte que coûte à honorer l’engagement américain. Via Bloomberg Philanthropies, le milliardaire a offert 15 millions de dollars pour soutenir l’agence onusienne en charge d’accompagner les pays à la mise en œuvre des accords de Paris. Environ un mois plus tard, Bloomberg et le gouverneur de la Californie, Jerry Brown, ont annoncé que l’« American Pledge » (Engagement américain) s’emploierait à quantifier les mesures prises par les Etats américains, les villes et les entreprises pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, conformément aux objectifs de l’Accord de Paris. En annonçant cette initiative, Bloomberg a déclaré que « le gouvernement américain a peut-être renoncé à l’Accord de Paris, mais la société américaine y reste fermement attachée ».

  • Deux groupes de réflexion, le World Ressources Institute (WRI) et le Rocky Mountain Institute, collaboreront avec American Pledge pour analyser le travail accompli par les villes, les Etats et les entreprises afin de respecter l’engagement pris par les Etats-Unis lors de l’Accord de Paris ;
  • Constatant, en mars 2018, que « le changement climatique va plus vite que nous », António Guterres, successeur de M. Ban, a nommé Bloomberg représentant de l’ONU pour l’action climatique ;
  • Début juin 2019, Bloomberg a offert 500 millions de dollars pour obtenir la fermeture des centrales à charbon américaines d’ici 2030 dans le cadre de la nouvelle offensive du Sierra Club, le « Beyond Carbon Initiative » ;
  • Le 24 novembre 2019, Bloomberg a officialisé sa candidature à la présidentielle américaine de 2020 pour l’investiture démocrate.
  • Début décembre 2019, Bloomberg, convaincu que l’élection présidentielle américaine de 2020 se jouera sur ce thème, a acheté 840 expressions liés au mot clé climat sur Google pour pouvoir promouvoir sa campagne présidentielle via les réseaux sociaux (Facebook, YouTube, etc.).

Représentante de Bloomberg Philanthropies au Conseil de Surveillance de l’ECF :

Antha N. Williams, dirigeant le Programme Environnement chez Bloomberg Philanthropies. « Sous la direction d’Antha, Bloomberg Philanthropies soutient des initiatives environnementales visant à améliorer la durabilité de villes du monde entier, à accélérer la transition vers des énergies propres et à lutter contre la surpêche. Le programme environnemental de Bloomberg Philanthropies sert également de pivot aux efforts personnels de Michael Bloomberg pour lutter contre le changement climatique – notamment en tant qu’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les villes et le changement climatique. Antha était productrice et consultante du long métrage ’From the Ashes’ sur les communautés d’Amérique confrontées à l’héritage de l’industrie du charbon. Auparavant, Antha a occupé le poste de vice-présidente principale chez Corridor Partners, une société de conseil en mécénat axée sur le climat et les énergies durables. Antha a également travaillé comme porte-parole chez Atlantic Philanthropies, où elle supervisait les bourses destinées à soutenir les soins médicaux et la réforme globale de l’immigration. En tant que responsable de programme du Beldon Fund, Antha a suscité l’appui des décideurs en matière de protection de l’environnement par une coordination de terrain au niveau étatique. En dehors de la philanthropie, Antha a travaillé comme militante et organisatrice, dirigeant de considérables efforts de protection des électeurs et occupant des postes de direction pendant cinq ans chez Green Corps, un programme de formation pour de futurs animateurs environnementaux. Elle siège actuellement au conseil d’administration du C40 Cities Climate Leadership Group, Oceans5, et la League of Conservation Voters. »

6. FONDATION WILLIAM ET FLORA HEWLETT

Logo Hewlett Foundation

Date de création : 1966.
Siège : Menlo Park, Californie.
Fondateurs : William Hewlett (et sa femme Flora), avec David Packard, sont les fondateurs d’un des géants du matériel informatique Hewlett-Packard (HP). Leur fortune personnelle est environ de 2,3 milliards de dollars.

William et Flora Hewlett.

Mission : 2018 est la première année où la Fondation Hewlett consacre un budget spécifique à l’environnement. L’objectif, à l’horizon 2050, c’est de moiliser « au moins 1 000 milliards de dollars par an » à la mise en œuvre des Accords de Paris. La fondation espère des progrès substantiels au cours des cinq prochaines années. Pour cela, elle soutient le développement massif d’instruments d’investissement vert et leur émergence dans les grandes régions géographiques (Chine, Etats-Unis, Union Européenne et Inde).

A souligner : en 2018, la Fondation Hewlett, sur son site se déclarait « très emballée » par sa nouvelle initiative appelée Climate Finance Partnership (partenariat financier climatique), où elle, de pair avec « les fondations Grantham et IKEA, mais aussi les gouvernements français et allemand, et des actifs sous gestion de BlackRock, combineront leurs efforts pour former un nouveau instrument financier ». Avec cet argent « BlackRock anticipe se servir de ce nouvel instrument pour générer des investissements dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, le stockage de l’énergie, et les infrastructures pour les voitures électriques. La clé, dit la Fondation, c’est que l’argent public et celui des fondations charitables ne soit pas utilisé pour investir de façon directe dans les projets, mais sert à baisser le taux de risque pour les investissements privés, augmentant tout autant l’effet de levier. Si cela fonctionne, l’emploi de cet instrument financier pourrait être généralisé à une échelle beaucoup plus vaste – mobilisant des milliards plutôt que des millions d’investissements publics catalysant des centaines de milliards de capitaux privés ».

Bourses : la Fondation Hewlett accorde des subventions à un large éventail d’institutions et d’organisations, dont :

  • des universités de recherche contribuant à former l’opinion publique ;
  • des centres des Arts de la scène et du spectacle vivant mobilisant des communautés locales diverses ;
  • des organisations citoyennes représentant des millions de particuliers et des groupes de travail multilatéraux œuvrant au développement international.

« Plus de 1 750 de nos bourses sont actives en même temps. En 2018, la fondation a attribué des bourses pour un total de 416,822 millions de dollars et versé plus de 465 millions de dollars pour celles déjà attribuées. Au 31 décembre 2018, les actifs de la Fondation s’élevaient à environ 9,8 milliards de dollars. »

Quelques bénéficiaires en 2019 :

  • European Climate Foundation : 5,25 millions de dollars pour le transport ;
  • Fondation ClimateWorks : 4,8 millions de dollars ;
  • Rockefeller Brother Fund : 3 millions de dollars pour des recherches climatiques en Chine ;
  • Energy Foundation : 17 millions de dollars.

Représentant de la Fondation Hewlett au Conseil de Surveillance de l’ECF :

Jonathan Pershing est un des deux vice-présidents du conseil de surveillance de l’ECF. Il est le directeur du programme environnement de la Fondation Hewlett. Il dirige une équipe de mécènes centrés sur le changement climatique aux Etats-Unis, en Chine, en Inde, en Europe et en Amérique latine, et sur la préservation de l’Ouest de l’Amérique du Nord. Auparavant, Pershing a été représentant spécial du Département d’Etat américain pour le changement climatique et a dirigé les négociations américaines à la convention-cadre de l’ONU sur le changement climatique. Pershing a joué un rôle clé dans la négociation d’accords climatiques avec des pays tels que la Chine, l’Inde, l’UE, le Canada et le Mexique. A ce titre, il a contribué à la conclusion de l’Accord de Paris sur le climat en 2015 et a ensuite été chargé de superviser sa mise en œuvre rapide en tant que haut conseiller international pour le climat auprès de la Maison-Blanche et du Département d’Etat. Pershing a été pendant six ans directeur du Programme Climat, Energie et Pollution auprès du World Ressources Institute et pendant cinq ans à la tête du secteur environnement à l’Agence internationale de l’énergie à Paris (AIE)  ; pendant les années 1990 il a exercé les fonctions de conseiller scientifique et de directeur adjoint à l’Office of Global Change du Département d’Etat américain.

7. FONDATION CLIMATEWORKS

L’organigramme de la Foundation ClimateWorks présente bizarrement l’European Climate Foundation comme une simple division de son propre dispositif.
CWF

Date de création : 2008.
Siège : San Francisco, Etats-Unis.
Fondateur : La Fondation ClimateWorks a été lancée par l’Américain Hal Harvey, ancien directeur du programme environnement chez Hewlett Packard. Harvey a participé à la création de l’European Climate Foundation. La Fondation ClimateWorks, créée bien avant l’ECF, est elle-même, comme l’ECF, une « Fondation de Fondations ». Sans surprise, au Conseil d’administration de la Fondation ClimateWorks, on retrouve :

  • Caio Koch-Weser (président du Conseil Consultatif de l’ECF) ;
  • Larry Kramer de la Fondation Hewlett ;
  • Carol Larson de la Fondation Packard ;
  • Kristian Parker de la Fondation Oak ;
  • Charlotta Pera, qui représente la Fondation ClimateWorks au Conseil de Surveillance de l’ECF ;
  • John Podesta, président du Center for American Progress de Washington, ex-chef de cabinet du président Bill Clinton et directeur de la campagne présidentielle d’Hillary Clinton en 2016.
    John Podesta, l’ancien chef de la campagne présidentielle de Hillary Clinton.

    Il a occupé plusieurs fonctions officielles sous l’Administration Obama. Ses mails auraient été piratés par des agents russes au service de Poutine, une accusation faisant partie du dossier Russiagate soupçonnant Donald Trump de collusion avec Poutine, une accusation prouvée sans fondement par l’ancien directeur technique de le National Security Agency (NSA), William Binney..

Mission : « Ralentir le réchauffement global en finançant d’autres organisations internationales afin d’aider à trouver les meilleures solutions pratiques en vue de réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ». D’après Wikipedia : « ClimateWorks a été associée à d’autres organisations, par le biais de dons ponctuels et de parrainage continu. Par exemple, la fondation Oak a doté la fondation ClimateWorks de 75 millions de dollars pour la mise en place de ‘mécanismes de gouvernance responsables aux niveaux mondial et local, qui auront d’importantes ramifications sur les plans social et environnemental’. ClimateWorks a été fondée principalement par [les Fondations] Hewlett et Packard et la Fondation McKnight du Minnesota. »

Bourses :
ClimateWorks :

  • a fourni des fonds à Greenpeace Inde ; en parallèle du financement par Greenpeace international, le mécénat de ClimateWorks au profit de cette organisation a représenté environ 30 % de son financement en juin 2015 ;
  • a versé environ 170 millions de dollars à l’Energy Foundation et 1,52 million de dollars à Green Tech.

Représentante de la Fondation ClimateWorks au Conseil de Surveillance de l’ECF :

Charlotte Pera « a rejoint la Fondation ClimateWorks en tant que présidente et chef de direction en 2012. Auparavant, Mme Pera était vice-présidente principale et directrice des programmes américains à l’Energy Foundation. Mme Pera a participé au lancement du programme de transport de la Fondation de l’Energie en Chine, et a été conseillère spéciale lors de la création de l’European Climate Foundation. Par le passé, Pera a travaillé de 1991 à 1999 au sein du cabinet de conseil en ingénierie Acurex Environmental, où elle a analysé les technologies de pointe des véhicules, mis au point de nouveaux modèles de relevé des émissions des navires et des équipements non routiers, et mis au point des programmes publics innovants visant à réduire la pollution des véhicules. Mme Pera siège également au Comité International pour des Transports Propres (CITP). »

Les autres mécènes

Voici quelques autres bailleurs de fonds de l’European Climate Foundation, ne disposant pas forcément de représentants au sein de sa gouvernance :

1. NATIONALE POSTCODE LOTERIJ

La Loterie Nationale Postcode est la plus grande loterie de charité aux Pays-Bas. Elle a été fondée en 1989 par Novamedia, une agence de marketing qui crée et gère des loteries de bienfaisance. 50 % des bénéfices de cette loterie sont reversés à 81 associations caritatives, ce qui représentait plus de 270 millions d’euros en 2010.

Parmi les bénéficiaires :

  • l’European Climate Foundation ;
  • Greenpeace ;
  • la Fondation Clinton (Bill Clinton étant un « ambassadeur » de la Loterie Nationale Postcode) ;
  • la Carbon War Room ;
  • Sea Shepherd Protection.

2. FONDATION GOOD ENERGIES

Créé en 2007 à Amsterdam, la Fondation Good Energies fait partie intégrante de Good Energies, Inc., une société de capital-investissement spécialisée dans le financement des entreprises d’énergies renouvelables et d’optimisation énergétique.
Mission : « La Fondation Good Energies finance des organisations et des entreprises sociales qui œuvrent pour atténuer le changement climatique. Nous soutenons des programmes dans deux domaines : l’accès à une énergie propre et la protection des forêts tropicales ».

Bourses : « Nous travaillons en partenariat avec Porticus, l’organisation internationale qui gère et développe les programmes philanthropiques d’entités caritatives créées par les entrepreneurs de la famille Brenninkmeijer. (Brenninkmeijer est le président du Conseil de Surveillance de l’ECF). »

3. FONDATION GRANTHAM POUR LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

Logo Grantham Foundation

Fondée en 1997 par le financier britannique Jeremy Grantham et sa femme Hannelore, la Fondation Grantham pour la protection de l’environnement a son siège à Boston aux Etats-Unis. La fortune personnelle de Grantham est estimée à 1 milliard de dollars. Il veut en consacrer 98 % à l’environnement et désormais à la cause climatique qui conditionne selon lui la précédente.

Hannelore et Jeremy Grantham

Nommé Commandant de l’Empire britannique (CBE) en 2016 à l’occasion du 90e anniversaire de la Reine Elisabeth II pour son action en faveur du climat, Grantham est cofondateur et conseiller stratégique de Grantham, Mayo, & Van Otterloo (GMO), un cabinet de gestion de fortune ayant quelque 118 milliards de dollars d’actifs sous sa gestion. Grantham a été un pionnier dans la spéculation sur indices. Ayant prédit l’explosion de plusieurs bulles financières, Grantham fait figure d’insider financier de premier ordre.

Jeremy Grantham, dans The Guardian, s’inquiète de la Chine, car « un gouffre se creuse entre ceux disposants de quelque chose et ceux dépourvus de tout. Il ne s’agit pas de la mondialisation gagnant-gagnant qu’on apprend en classe. L’ironie, c’est qu’au fur et à mesure que la Chine s’enrichie, elle brûle du charbon. Elle augmente donc la pression sur l’environnement planétaire et par conséquent sur les prix mondiaux du blé. Ainsi, en offrant une alimentation plus variée, avec plus de végétaux, à une belle classe moyenne, elle risque de faire mourir des Asiatiques et des Africains plus pauvres. Aucun mécanisme ne permet de l’empêcher... »

There is a stretching disparity between the haves and have nots. It’s not the win-win of globalisation that we all grew up with studying in Econ 101. The irony is that as China gets richer, it burns more coal. They put pressure on the global environment and on global grain prices. So in order to give them a nice middle class, variegated diet, they could cause poorer Asians and Africans to starve. There is no mechanism to prevent that.

Mission : Une entreprise londonienne, dite « Unité de renseignement énergétique et climatique », qui fournit « des informations précises et accessibles sur des questions clés et qui travaille avec des personnes et des organisations qui ont des histoires intéressantes à raconter, en les aidant à se connecter au discours national », a avoué : « Tout notre financement provient de fondations philanthropiques. Nous remercions chaleureusement l’European Climate Foundation, la Fondation Grantham pour la protection de l’environnement, la Fondation Oak, la Climate Change Collaboration et, auparavant, la Fondation Tellus Mater. En 2018, nous avons reçu 132 000 £ de l’ECF, 88 000 £ de Grantham, 116 000 £ de Oak et 10 000 £ de la Climate Change Collaboration ».

Grantham donations 2005 - 2015

Parmi les bénéficiaires officiels de la Fondation Grantham :

  • l’Institut Grantham pour le Changement Climatique à l’Imperial College de Londres ;
  • l’Institut Grantham de recherche sur le changement climatique et l’environnement au sein de la London School of Economics (LSE). Le président de cet institut fut, dès sa création en 2008, Lord Nicolas Stern, désormais « Fellow » de l’ECF ;
  • le Centre Divecha pour le changement climatique à l’Institut indien des sciences de Bangalore en Inde ;
  • l’Institut Metcalf pour l’information sur les enjeux maritimes et environnementaux ;
  • le Center for Public Integrity (CPI), centre de journalisme d’enquête sur les questions environnementales ;
  • le Forum de Yale sur le changement climatique et les médias, à l’Université de Yale ;
  • le Proyecto Mirador pour des fourneaux de cuisine moins polluants au Honduras ;
  • l’Environmental Defense Fund œuvrant pour des partenariats d’entreprises, des programmes d’assainissement de l’air et la promotion des réseaux intelligents de transport d’électricité ;
  • le WWF (Fond mondial pour la nature) ;
  • la Nature Conservancy, grande organisation environnementale.

Le World Ressources Institute

Pour finir, un petit mot sur le World Ressources Institute (WRI). Fondé en 1982, ce think-tank prestigieux, basé à Washington mais avec des antennes dans de nombreux pays, dispose de quelques 700 conseillers énergétiques et climatiques et a souvent été appelé à travailler pour l’ONU. Le WRI, réputé proche du Parti démocrate, a été lancé avec une grosse subvention de la Fondation MacArthur. Pascal Canfin, ex eurodéputé EELV et aujourd’hui eurodéputé LREM en était le conseiller climatique sénior.

A sa direction, l’on retrouve l’inévitable Caio Koch-Weser, mais également un certain David Blood. Après avoir passé 18 ans à la tête de Goldman Sachs Asset Management, Blood est devenu en 2004 l’associé principal d’Al Gore, le président de Generation Investment Management, une société de conseil en finance verte et gouvernance durable.

Comme le montre la liste ci-dessous, on retrouve les mêmes donateurs :

Mécènes du World Ressource Institute (WRI)
WRI

Obligation vertes mais pas vertueuses

Ce qui nous frappe dans toute cette histoire, c’est l’hypocrisie émanent du mélange douteux, qui cache difficilement le conflit d’intérêt manifeste, entre d’un coté des intérêts cupides, des ambitions égotiques, des carrières politiques, des manœuvres géo-climatiques, des officines peu transparentes ; et de l’autre, ces causes désintéressées et très nobles que sont l’homme, l’intérêt général et la défense de la nature.

Logo Climate Bonds Initiative

Par exemple, la Climate Bonds Initiative (CBI), la plus importante plateforme promouvant les « obligations vertes ». La CBI ne manque pas de toupet lorsqu’elle se présente sur son site comme une organisation internationale « à but non lucratif », mais « centrée sur les investisseurs » et « la seule organisation à se consacrer exclusivement à la mobilisation du marché obligataire mondial (100 000 milliards de dollars) au service des solutions climatiques ». Le cofondateur et PDG actuel de Climate Bonds Initiative est un certain Sean Kidney, ancien membre du groupe d’experts techniques sur la finance durable au sein de la Commission européenne. Auparavant, il a été consultant sur les obligations vertes auprès du secrétaire général de l’ONU, membre du groupe de travail sur la finance verte auprès de la Banque populaire de Chine, et membre du comité d’experts en finance climatique travaillant au secrétariat du Commonwealth britannique.
Sean Kidney est :
• le coprésident de l’India Green Bonds Council ;
• conseiller en finance verte auprès de différentes institutions en Chine, en Inde, au Mexique et au Kazakhstan ;
• membre du groupe de référence du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) chargé de soutenir la mise en place, à titre d’objectifs de développement durable, des normes d’impact environnemental ;
• membre du groupe consultatif supérieur du Groupe de conseil pour l’économie maritime durable.

Parmi les bailleurs de fonds de la Climate Bonds Initiative :
• la Hong Kong et Shanghai Banking Corporation (HSBC), une banque britannique épinglée par des enquêtes parlementaires américaines pour son rôle historique et actuel dans le blanchiment d’argent au profit du terrorisme et du narcotrafic ;
• le Foreign Office britannique (c’est-à-dire le Ministère britannique des Affaires étrangères) ;
l’European Climate Foundation ;
• la KR Foundation ;
• la ClimateWorks Foundation ;
• l’Oak Foundation ;
Bloomberg Philanthropies.

CQFD…

Mécènes du Climate Bonds Initiative (CBI). En première position : le Foreign Office anglais.

[1(Alors que notre époque s’obsède sur le « complotisme », ces Messieurs, qui se retrouvaient entre eux au sein de la Société Fabienne de Sydney et Beatrice Webb, comme des loups déguisés en brebis, avançaient leurs pions pour défendre leurs intérêts comptant avant tout sur des peuples trop aveuglés par leur condition sociale et leur culture défaillante.

[2Les organisations ayant collaboré avec l’European Climate Foundation sont : Agora-Energiewende ; Climate strategy ; la Coalition pour les économies d’énergie ; Les Amis de la Terre, Royaume-Uni ; l’Institut de Recherche Grantham sur les questions climatiques – London School of Economics (voir ci-dessous) ; Iberdrola ; l’Institut pour la Politique Environnementale Européenne (IPEE) ; l’Institut pour le développement durable et les relations internationales (IDDRI) ; la Troisième génération pour l’environnementalisme (E3G) ; le ministère britannique pour les entreprises, le Bureau pour l’énergie et la stratégie industrielle (BEIS) ; le Fonds mondial pour la nature (WWF), et particulièrement la cellule en charge de la politique Européenne.