Le slow des milliardaires avec les écolos au Forum de Davos

mardi 28 janvier 2020

Chronique stratégique du 28 janvier 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le spectacle de la danse à laquelle se sont livrés les milliardaires et les militants écolos lors du Forum de Davos a de quoi laisser pantois…. les dupes, du moins. Car ce n’est pas la première fois que les grandes puissances du capitalisme financier, prêtes à tout pour sauver un système en banqueroute, s’associent au pessimisme (catastrophiste, aujourd’hui) vert. Bulle financière verte et dénigrement de la créativité humaine à la clé. Cette fois-ci, ne soyons pas les dindons verts de la farce financière !

Le Forum économique mondial de Davos, qui s’est déroulé du 21 au 24 janvier, a donné l’occasion comme chaque année d’un défilé de 120 milliardaires, dignes représentants de la caste des 1 % d’accapareurs, qui concentre entre ses mains deux fois la richesse de 6,9 milliards d’individus. Cette année, ces chers philanthropes, qui ont débarqué dans la station helvète avec 1500 jets privés, hélicoptères ou autres limousines, se sont fait les défenseurs enthousiastes de la décarbonation de l’économie. Les mots « vert », « changement climatique » et « développement durable » étaient sur toutes les bouches – « durable » prenant dans ce cas le sens de promesses de profits juteux générés en faisant payer davantage aux 6,9 milliards d’individus… pour le bien de la planète, bien entendu.

Les collabos, la prêtresse et le prince

C’est ainsi qu’une alliance apparemment contre nature entre milliardaires et écologistes s’est affiché au grand jour à Davos. Des militants « anti-système », en versions modernes de Pierre Laval, n’ont pas hésité à s’y rendre pour louer les efforts des grands patrons. Dans une interview à la BBC, le fondateur du mouvement Occupy Wall Street, Micah White, a expliqué par exemple que passer son temps à « dénoncer les élites » n’aide pas le combat contre le changement climatique, et qu’il fallait plutôt envisager une alliance « entre activistes et élites ». C’est dit.

Le discours d’ouverture du Forum a été prononcé par Greta Thunberg, dans le rôle qu’on lui connaît désormais de prêtresse accusatrice, rôle taillé sur mesure par ses parents, les riches familles suédoises et l’Open Society de George Soros. « Soyons clair. Ce qu’il faut, ce n’est pas une économie bas-carbone. Il ne s’agit pas de diminuer les émissions, mais de les arrêter, afin de rester, si nous avons de la chance, en-dessous de l’objectif des 1,5°C », a-t-elle tonné, avant de demander aux participants du Forum, entreprises, institutions et gouvernements, de cesser tout investissement dans l’exploration et l’extraction des combustibles fossiles.

De son côté, le Prince Charles, en porte-parole des héritiers du malthusianisme de la couronne britannique, a déclaré le 23 janvier : « Nous ne pouvons plus continuer ainsi, avec chaque mois de nouveaux records de températures. Si nous attendons trop longtemps, comme nous l’avons fait, nous ne ferons qu’aggraver le problème. (…) La nature est en réalité le sang de la vie de nos marchés financiers et nous devons – rapidement – repenser notre propre économie afin d’imiter l’économie de la nature et de travailler en harmonie avec elle ».

La grande escroquerie de la « bulle verte »

À Davos, parmi les chauds partisans du refroidissement économique, en parfaite osmose avec les discours de Greta et du Prince Charles, se trouvaient entre autres Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, ainsi que Larry Fink et Philipp Hildebrand, respectivement PDG et vice-président de BlackRock (ce fameux géant de la gestion d’actifs qui lorgne sur les retraites des Français). En août dernier, ces mêmes personnages étaient présent à la réunion des banquiers centraux à Jackson Hole, aux États-Unis, pour proposer un plan de renflouement du système financier via une « bulle verte » géante, créée par la reconversion de l’économie mondiale en mode « bas carbone », et mise en place via une dictature malthusienne pilotée par la City de Londres.

Carney, qui a été nommé en décembre dernier envoyé spécial des Nations unies pour le climat et depuis peu conseiller environnement de Boris Johnson, a déclaré le 23 septembre : « Un système financier nouveau et durable s’établit, qui place les risques climatiques et la résilience au cœur des décisions.(…) Les entreprises qui alignent leurs modes modes de fonctionnement sur la transition vers un monde à carbone net zéro seront généreusement récompensées. Celles qui ne parviendront pas à s’adapter disparaîtront ».

Lors de son discours à Davos, l’ancien patron de la Banque nationale suisse Hildebrand est allé plus loin, soulignant la nécessité de forcer la main des gouvernements : « Il y aura des lois, il y aura des régulations. (…) C’est un problème de gouvernement. Nous ne pourrons pas atteindre les objectifs de Paris sans politique gouvernementale coordonnée et durable ».

Avec un portefeuille de plus de 7400 milliards d’actifs à gérer, BlackRock peut compter utiliser ce capital pour forcer les entreprises à abandonner le carbone, le pétrole et le nucléaire, et à acheter des obligations vertes. Comme nous l’avons montré dans un article du 2 janvier 2020, BlackRock travaille de concert avec la Fondation Hewlett pour créer un « nouvel instrument financier » qui permettra de mobiliser la bagatelle de 1000 milliards de dollars pour tout projet permettant « la mise en œuvre de l’accord de Paris ».

Rejeter le pessimisme culturel

La dernière fois qu’une telle alliance des banquiers milliardaires avec les écologistes a vu le jour remonte à l’époque où le banquier central britannique Montagu Norman et le banquier central allemand Hjalmar Schacht créèrent la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle, en Suisse, et porté au pouvoir le hippie en képi Adolf Hitler et son parti national socialiste (lire notre document de fond Comment Londres et Wall Street ont mis Hitler au pouvoir).

A l’époque comme aujourd’hui, les milieux financiers, qui voyaient dans le nazisme le moyen de maintenir les États sous leur coupe, avaient exploité le pessimisme culturel, qui rongeait alors l’Allemagne et le reste de l’Europe, afin d’induire la population à accepter un système réduisant l’être humain à un objet, voire même à une bouche inutile à éliminer.

C’est pourquoi, en ce 250e anniversaire de la naissance de Beethoven, nous devons nous battre pour faire valoir une belle idée de l’être humain, que les quatre décennies d’ultra-libéralisme et d’écologie malthusienne ont systématiquement dégradé. En 1983, dans son livre « Il n’y a pas de limites à la croissance », publié pour réfuter le catastrophisme du Club de Rome, l’économiste américain Lyndon LaRouche écrivait :

L’homme est fondamentalement différent des bêtes. (…) Il a le pouvoir de raison, le pouvoir de faire des découvertes qui font progresser sa connaissance scientifique, et de convertir ce progrès en avancée technologique. (…) Toute société assez folle pour cesser le progrès technologique se condamne elle-même à mourir.

À Davos, le président Trump a prononcé un discours qui, bien que pollué par une mécompréhension totale de l’économie, a évoqué cette question de l’optimisme, prenant le contre-pied des Carney, Hildebrand, Prince Charles et autres Greta :

Ce n’est pas une époque pour le pessimisme, mais pour l’optimisme. La peur et le doute ne sont pas de bons conseils car notre époque appelle à l’espoir et la joie de l’optimisme et de l’action. Mais pour réaliser le potentiel de demain, nous devons rejeter les prophètes de malheur et leurs prédictions d’apocalypse. Ils avaient prédit une crise de surpopulation dans les années 1960, une famine massive dans les années 1970 et la fin du pétrole dans les années 1980. Ils veulent toujours dominer, transformer et contrôler tous les aspects de nos vies.

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