Mon ami Lyndon LaRouche est l’homme politique américain le plus controversé et le plus diffamé de notre temps et, sans doute, de tous les temps : ceux qui ne l’ont ni lu, ni entendu, ni connu ne sont pas les moins acharnés. Ils répètent le plus souvent des segments de phrase colportés par ses ennemis ou le contenu de rapports qui leur ont été fournis par des « experts » toujours intéressés.
Notre objectif, ici, est de permettre aux lecteurs de langue française de juger sur pièces. En même temps, ils se familiariseront avec une conception de l’économie qui permet de faire face à l’horreur financière, par des actes et un engagement politiques, non par des mots demeurant nécessairement vains.
Il est en effet particulièrement important qu’un homme prenne le parti de dénoncer toute conception de la valeur fondée sur des critères étrangers à l’homme – terre, profit financier ou marché, travail brut, information, etc. – et refonde du même élan les éléments d’une économie physique basée, elle, sur les pouvoirs créateurs propres aux êtres humains.
Alors, vous voulez tout savoir sur l’économie ? nous interpelle à l’américaine, sans façons ni manières inutiles. Celui qui vous parle a payé de cinq ans de prison sa hardiesse qui le fit défier, aux Etats-Unis, les modernes « dieux de l’Olympe ». Ces tristes dieux, au moment où ce livre a été écrit, se nommaient Margaret Thatcher, François Mitterrand, et George Bush. L’Olympe était – et demeure – la grande maison de l’oligarchie financière.
Il s’agit donc ici d’un effort pour faire face, au nom de la passion de comprendre, de créer et d’entreprendre, et de la volonté de faire partager ce qu’elle permet de découvrir.
Encore un mot. Une immense majorité de Français tiennent leur formation « économique » du manuel de Raymond Barre. Certes, chacun affirme ses positions de « droite » ou de « gauche », mais le plus grand nombre, dans notre nomenklatura, admet les principes de base dont part ce manuel, auxquels il a été soumis et qu’il a dû répéter pour réussir ses examens et ses concours, c’est-à-dire sa carrière.
Or M. Barre, qui n’est pas une exception mais a le mérite d’être le plus cohérent de son espèce, part d’une conception selon laquelle « l’activité humaine présente un aspect économique lorsqu’il y a lutte contre la rareté ». Dans L’objet de la science économique, il décrit l’homme comme une somme algébrique de plaisirs et de douleurs : « Tout homme a des besoins, c’est-à-dire des désirs de disposer de moyens capables de prévenir ou de faire cesser des sensations de peine ou d’insatisfaction, ou de moyens aptes à provoquer et à accroître des sensations agréables. »
Dans cet univers fragmenté en individus hétérogènes (« le besoin varie d’un individu à l’autre »), les « désirs » précèdent la raison, les connaissances humaines et leurs créations. L’homme se trouve ainsi réduit à un animal domestiqué qui ne respecte les règles de la vie sociale que par intérêt. Les ressources, n’étant que celles de l’univers matériel, sont nécessairement rares et la « science économique » est donc la science de l’administration de cette rareté. Cette science est ainsi par définition amorale : « La science économique étudie les relations entre les fins de l’activité humaine et les moyens utilisés, mais elle est neutre à l’égard des fins. »
Tout LaRouche est une insurrection contre cette conception pessimiste de l’homme qui, en ne partant pas de ses pouvoirs créateurs, le réduit à un pion comptable.
La conception du Barre et de ses épigones – de « droite » ou de « gauche » – ne peut pas rendre compte de l’histoire de l’homme, marquée d’inventions, de percées technologiques qui lui ont toujours permis de briser les limites d’un « état de choses » existant et d’accroître son potentiel de densité démographique, de croître et de se multiplier.
Pire encore, cette conception est en accord avec un monde de ressources fixes, limitées, que les hommes se disputent, et conduit donc fatalement au chaos ou à la lutte de tous contre tous, à l’effondrement et, finalement, aux crimes des idéologies du sol, du sang et de la race.
Certes, M. Barre ne peut en aucun cas être soupçonné de le vouloir, mais force est de reconnaître que sa conception du monde et de l’économie n’est pas de nature à l’empêcher. Hélas, cette conception du monde rencontre l’adhésion, consciente ou inconsciente, de l’immense majorité de nos élites et de celles qui partout promeuvent la mondialisation, à Davos ou ailleurs.
Alors, vous voulez tout savoir sur l’économie ? nous pose sa question insistante et irritante. Il est temps de commencer, de partir du bon pas de la création humaine partagée, en sachant que lire ce texte, c’est prendre le risque de changer, de se transformer, de passer à un autre ordre de compréhension. C’est-à-dire de faire quelque chose d’interdit et d’impossible dans l’univers de M. Barre ou de tous ceux qui portent aujourd’hui livrée d’« économistes ».
Lisez, circulez, il y a quelque chose à voir.
Paris, le 25 juin 1998