L’UE et la Chine signent un accord important pour la paix et la stabilité mondiale

jeudi 7 janvier 2021

Chronique stratégique du 7 janvier 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Après 7 ans de négociation, l’UE et la Chine ont conclu le 30 décembre un accord bilatéral sur les investissements qui représente une percée pour ces deux grands partenaires, même s’il doit encore être validé juridiquement et techniquement par les parlements de chaque État membre. C’est aussi une victoire historique pour le multilatéralisme et pour la paix dans le monde car, en signant cet accord, l’UE a carrément osé tourner le dos à la nouvelle politique de guerre froide contre la Chine lancée par l’administration Trump et que le président élu Joe Biden ne devrait pas remettre en cause.

Qualifiée de victoire pour la présidence allemande, elle l’est tout autant pour la France, comme l’a confirmé la présence d’Emmanuel Macron lors de la signature de l’accord. On se rappelle encore de cette rencontre organisée à Paris par Emmanuel Macron, le 26 mars 2019, entre Angela Merkel, le Président de l’UE, Jean Claude Junker, et le Président Xi Jinping. M. Macron avait alors convaincu le président chinois de traiter avec l’UE comme un tout ; et les dirigeants de l’UE de saisir les bonnes opportunités ouvertes par la coopération avec le projet des Nouvelles routes de la soie de la Chine.

Notons aussi la clairvoyance du président Xi Jinping, qui a compris les difficultés économiques dans lesquelles l’Europe se débat suite à la Covid-19 et à la crise économique et financière de 2008. Devenue deuxième puissance économique mondiale, la Chine a saisi cette occasion pour faire un certain nombre de compromis qu’elle n’aurait pu faire auparavant.

Le traité offre aux entreprises européennes un accès élargi au marché intérieur chinois, notamment dans la manufacture, l’automobile et l’aéronautique. Les services de « Cloud » dans les télécommunications seront accessibles aux étrangers pour la première fois, ainsi que ceux dans la santé, où les Européens pourront investir dans les villes chinoises de plus de 10 millions d’habitants. A ces secteurs s’ajoutent ceux de l’environnement, des services et de la finance. La Chine a fait plusieurs concessions en ouvrant ces secteurs, et en s’engageant à lever l’obligation pour les étrangers, dans certains domaines précis, de former des co-entreprises avec des groupes Chinois pour pouvoir s’installer dans le pays ; elle s’est également engagée à garantir la transparence et le respect de la propriété industrielle.

La Chine est devenue incontournable

Alors que les pays occidentaux sombrent sans exception dans la désintégration économique et sociale, et que les intérêts dominants attisent les tensions, cet accord sera d’une aide non négligeable. Car l’économie chinoise a mieux résisté au choc de la pandémie ; elle renoue même avec une forte croissance et apparaît plus que jamais comme le moteur économique incontournable dans le monde. Rappelons que l’UE est désormais le deuxième partenaire commercial de la Chine, tandis que celle-ci est le premier partenaire de l’UE ; et les stocks d’investissements chinois en Europe sont de 113 milliards d’euros, et ceux des Européens en Chine de 150 milliards.

A cela s’ajoute le fait qu’au travers de cet accord, l’UE pourra avoir accès à l’énorme marché asiatique qui s’est crée le 15 novembre dernier avec le Partenariat économique régional global (RCEP), qui rassemble les 15 principaux pays de l’Asie de l’Est, dont la Chine, le Japon et le Vietnam. Cet accord rassemblera près de 30 % de la population mondiale, et selon certaines prévisions il pourrait ajouter 209 milliards de dollars annuels aux revenus mondiaux, et 500 milliards au commerce mondial d’ici 2030.

Bien que l’on ne connaisse pas encore les détails de l’accord UE-Chine, les réactions des chiens de garde de l’ordre financier néolibéral, très majoritairement négatives dans les médias des deux côtés de l’Atlantique, sont en soi révélatrices de son importance. Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, qui incarne actuellement le nouveau maccarthysme anti-chinois (avant de passer le flambeau aux faucons de la future administration Biden), a dénoncé un « accord faible », qui « ne protège pas les travailleurs européens face à la prédation du Parti communiste chinois ». Partout, on réchauffe l’histoire du « travail forcé » des Ouïgours qui, comme nous l’avons montré sur ce site, a été écrite dans les bureaux de la CIA et de la NED (National Endowment for Democracy).

« Une percée majeure pour le monde »

Pour Michele Geraci, économiste italien et ancien sous-secrétaire d’État, l’accord UE-Chine est avantageux pour tout le monde, car il établit une nouvelle référence pour les investissements étrangers en Chine. « Le mérite principal de cet accord est qu’il aidera la Chine à adopter les normes occidentales, en particulier en ce qui concerne leur politique d’accès au marché et de respect de la propriété intellectuelle », a-t-il expliqué à l’agence de presse AGI. Quant aux États-Unis, « Washington doit comprendre que l’accord offre sur un plateau d’argent une base pour de nouveaux accords avec la Chine, car cela rapproche la Chine des niveaux occidentaux. Tout accord entre l’UE et la Chine, ou les États-Unis et la Chine, est bon aussi bien pour l’Europe que pour l’Amérique ».

De son côté, tout en soulignant que l’accord est « extrêmement avantageux pour les multinationales », et qu’il devrait être élargi aux entreprises de tailles moyenne et petite, la présidente internationale de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche y voit une « percée majeure pour le monde », comme elle l’a dit sur China Radio International (CRI). « Le monde fait face à de grands défis. J’espère que les dirigeants européens sont se tourner vers Leibniz », a-t-elle ajouté, en référence au philosophe allemand du XVIIe siècle qui défendait l’idée de rapprocher les forces humanistes des deux extrémités du continent eurasiatique, l’Europe et la Chine.

Bien sûr, la meilleure expression d’un tel rapprochement Est-Ouest est la Route de la soie, que la Chine a remis au goût du jour à travers son Initiative de la Ceinture et la Route (ICR). « L’Europe devrait être davantage favorable à l’ICR, a dit Mme LaRouche. Cela impliquerait aussi de promouvoir le développement des pays du Tiers-monde. (…) La Chine et les pays européens devraient aider le développement de l’Afrique ». Selon elle, les objections américaines sont « purement idéologiques et motivées par la géopolitique. Il y a une campagne hystérique contre la Chine aux États-Unis (…). La Chine émerge comme le pays le plus important du monde, et l’on devrait s’en estimer heureux ! »

L’enjeu est de bâtir un nouvel ordre économique mondial, dans lequel les nations seront amenées à coopérer autour des objectifs communs de l’humanité — y compris les États-Unis, la Chine, et les pays d’Europe. Parmi ces objectifs communs, il y a bien sûr la question urgente de la crise sanitaire, ainsi que la situation de famine en Afrique et dans d’autres parties du monde, qui a été accélérée par la pandémie. Seul un nouveau système monétaire et financier international, basé sur le bien commun et non sur le profit, permettra de résoudre ces défis.

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