Destitution de Trump : le rapport Horowitz blanchit le FBI tout en détaillant ses fautes

mercredi 11 décembre 2019

Chronique stratégique du 11 décembre 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

L’oligarchie anglo-américaine veut se débarrasser du président Trump coûte que coûte. Au Congrès, les Démocrates accélèrent la procédure d’impeachment, de façon à obtenir un vote de la Chambre avant Noël. Pendant ce temps, la contre-offensive se poursuit. Lundi 9 décembre, l’Inspecteur général du Département de la Justice (DOJ) a rendu un rapport sur les agissements du FBI dans l’enquête sur la prétendue collusion entre Trump et la Russie.

Mardi matin, les élus démocrates de la Commission ont dévoilé, sous le masque d’une solennité surjouée, les deux chefs d’accusation à l’encontre du Président Trump : abus de pouvoir et obstruction à l’enquête du Congrès. La Commission judiciaire devrait voter en début de semaine prochaine, afin que la Chambre vote la destitution en séance plénière avant les fêtes. Le rythme imposé est sans précédent. Suite à cela, la procédure sera renvoyée au Sénat, seul à pouvoir, ce qui reste hautement improbable, entamer une procédure juridique de destitution.

« Le bon vieux temps de J. Edgar Hoover »

L’Inspecteur général du DOJ Michael Horowitz a rendu lundi un rapport de près de 500 pages concernant les agissements du FBI dans l’enquête lancée en 2016 contre Trump et son équipe de campagne. Comme on pouvait s’y attendre, la presse fait tout son possible pour en minimiser l’impact médiatique, prétendant que le rapport prouverait que l’enquête du FBI n’était pas motivée politiquement, contrairement à ce qu’affirmait Trump. Ce qu’elle ne précise pas, c’est que Horowitz n’avait pas pour mission de poser ce type de jugement. Son travail devait se borner à vérifier si les comportements des personnes au sein du FBI impliquées dans l’obtention des mandats d’écoute contre des membres de l’équipe de campagne de Trump étaient conformes à la charte du DOJ, où s’ils en ont dévié.

The Hill, le journal du Capitol, a publié le 9 décembre une tribune prenant le contre-pied de cette propagande, sous le titre « Le rapport Horowitz est accablant pour le FBI et troublant pour nous tous ». « Horowitz a trouvé une série d’affirmations biaisées voire même volontairement trompeuses utilisées afin de poursuivre les enquêtes secrètes contre le staff de campagne de Trump et ses associés », écrit Jonathan Turley. Le journaliste mentionne notamment le fait que la CIA a fait savoir au FBI que Carter Page, l’un des membres de l’équipe de campagne de Trump placé sous écoute, travaillait pour elle en Russie en tant que « contact opérationnel » collectant des renseignements. Alors que la CIA l’a répété à plusieurs reprises au FBI, ce dernier n’en a jamais fait part à la cour FISA, habilitée pour délivrer les mandats d’écoute.

Rien n’a été trouvé pour étayer la moindre des allégations [contre Trump], poursuit Turley, et le procureur spécial Robert Mueller a également confirmé qu’il n’y avait pas d’élément confirmant l’existence d’une quelconque collusion ou d’une prétendue conspiration tel que cela a été continuellement affirmé pendant deux ans par de nombreux experts et membres du Congrès. Autrement dit, quand le Titanic a coulé, il n’y avait aucune raison pour que cela n’arrive pas. Il y avait eu cet iceberg fatal. Tout comme l’équipage du Titanic, le FBI savait que des icebergs flottaient autour de son enquête russe, non seulement il n’a pas réduit sa vitesse, mais en plus il a supprimé les rapports contradictoires. Malgré les nombreux conflits liés à l’application et au renouvellement des mandats FISA, les dirigeants du FBI, y compris [le numéro deux Andrew] McCabe, se sont lancés sans approfondir.

Livrant ses premières conclusions suite à la publication du rapport Horowitz, le sénateur républicain Lindsey Graham a dénoncé le fait que le FBI et le DOJ se sont comportés comme une véritable « entreprise criminelle » à l’égard de la campagne de Trump, ravivant « le bon vieux temps de J. Edgar Hoover » et de la chasse aux sorcières maccarthyste.

L’aveu de Nancy Pelosi

Comme dans le poème de Schiller, Les grues d’Ibycus, les coupables finissent par dévoiler leurs crimes malgré eux. Lors d’un événement couvert par CNN, la présidente démocrate de la Chambre Nancy Pelosi a admis que lorsqu’elle siégeait à la Commission du renseignement de la Chambre, elle s’était opposée à la destitution de Bush alors qu’elle savait parfaitement que la guerre d’Irak avait été lancée sur la base d’un mensonge. « Je savais qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak. Il n’y en avait tout simplement pas. (…) [Les agences de] renseignement n’ont pas pu nous le démontrer. Donc, je savais qu’il s’agissait d’une désinformation du public. Mais, cela dit, il n’y avait pas lieu, selon moi, à une destitution », a-t-elle déclaré.

Pelosi, qui s’opposait également, dans un premier temps, au lancement d’une procédure de destitution de Trump, a finalement changé d’avis. Le deux poids, deux mesures est frappant : alors qu’elle accuse aujourd’hui Trump de mettre en danger la sécurité nationale pour avoir exercé des pressions sur le gouvernement ukrainien pour obtenir une enquête sur son adversaire électoral, le Démocrate Joe Biden et son fils, Pelosi ne considérait pas comme un danger à la sécurité nationale le fait que le président Bush ait lancé une guerre en Irak sur la base d’un mensonge. Une guerre qui a causé 275 000 morts dans les combats, autant de blessés, un million de morts dus aux famines et maladies, et qui a plongé le pays dans le chaos et brisé la vie de dizaines de milliers de familles américaines !

Trump a dénoncé cette politique de « guerres sans fin », qui a coûté 7000 milliards de dollars, et c’est d’ailleurs en grande partie pour cela qu’il a été élu en 2016. Pelosi était d’accord sur ce point. En novembre 2017, elle avait affirmé que la destitution de Trump « n’est pas un terrain sur lequel nous devrions aller ». Elle avait ajouté que de nombreux démocrates, à la gauche du parti, lui en avait tenu rigueur de ne pas avoir voulu destituer le président Bush. « Qu’est-ce qui pourrait être pire que ça ? », avait-elle demandé, faisant référence à la guerre d’Irak et aux mensonges.

Au-delà du rapport Horowitz

Bien plus que le rapport de l’inspecteur général du DOJ, l’oligarchie anglo-américaine et ses supplétifs que sont devenus les Démocrates redoutent particulièrement l’enquête menée par le procureur très respecté John Durham sur l’ensemble de l’opération contre Trump, impliquant non seulement le FBI et le DOJ, mais également les services britanniques et les réseaux ultra-corrompus placés au pouvoir en Ukraine suite au coup d’État de février 2014. Rudy Giuliani, l’avocat de Donald Trump, revient justement d’un voyage à Kiev, où trois personnalités se disent prêtes à témoigner aux États-Unis mais auquel le Département d’État refuse des visas ! L’une d’entre elles est l’ancien procureur général Viktor Shokin, qui avait accusé Joe Biden de l’avoir fait virer pour mettre fin aux enquêtes sur la société gazière Burisma qui employait son fils Hunter Biden.

L’enjeu n’est donc pas simplement américain. De l’issue de cette lutte interne dépendra la paix mondiale. Car les milieux qui cherchent à se débarrasser de Trump sont déterminés à pousser les États-Unis dans une logique de guerre contre la Russie et la Chine.

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