Ce mardi, les émissaires de Trump, Steve Witkoff et Jared Kushner, sont reçus par Vladimir Poutine au Kremlin. Cette rencontre pourrait consolider une approche de solution à la crise ukrainienne, en abordant les causes profondes de cette guerre, comme les deux pays en étaient convenus le 15 août dernier lors du sommet entre Trump et Poutine à Anchorage, en Alaska.
S’il veut s’en tenir à cette approche (ce qui est hautement souhaitable), le président américain devra faire preuve de davantage de détermination qu’il n’en a montré jusqu’à présent pour résister aux tentatives de sabotage de Londres – y compris au sein de sa propre administration, où le secrétaire d’État Marco Rubio, VRP en chef du parti de la guerre, assume sans vergogne ce rôle.
À tout moment, en effet, Trump pourrait accorder son feu vert à une attaque américaine contre le Venezuela par voie terrestre et aérienne, franchissant ainsi le Rubicon d’une possible nouvelle guerre sans fin – précisément le contraire de ce pour quoi les Américains l’ont élu. Une nouvelle guerre dans laquelle Marco Rubio apparaît comme le principal moteur de cette politique néoconservatrice désastreuse au sein de l’administration.
Un Russiagate 2.0 pour torpiller la paix en Ukraine ?
« Plus nous nous rapprochons de la paix, plus les bellicistes se désespèrent », a commenté Kirill Dmitriev, le principal négociateur russe, au vu de la panique qui se répand parmi « la coalition des volontaires » emmenée par les Britanniques, qui préféreraient faire exploser le monde plutôt que de renoncer aux avantages géopolitiques que leur offre la diabolisation systématique de la Russie.
Face à la perspective d’un accord de paix durable, « le niveau de panique en Europe est un bon indicateur », a déclaré la présidente de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche dans son webcast hebdomadaire du 26 novembre, « (...) alors que la réalité sur le champ de bataille impose la nécessité d’en finir avec cette guerre. »
Après une courte période de désarroi, les représentants de la Coalition des volontaires ont rencontré le 23 novembre à Genève Marco Rubio et Andrii Yermak, le chef de cabinet de Zelensky (qu’un scandale de corruption a forcé entretemps à démissionner), pour tenter de garder un certain contrôle sur l’issue de la guerre.
Bloomberg a publié un article présenté comme la transcription d’un appel téléphonique fuité entre l’envoyé présidentiel américain Steve Witkoff et l’assistant du Kremlin Youri Ouchakov, le 14 octobre, dans lequel ils discutent tous deux d’un possible plan de paix en 20 points et de la manière d’y faire adhérer le président américain.
De façon prévisible et coordonnée, les médias atlantistes ont immédiatement rebondi en affirmant que cette prétendue fuite prouve bien que la Russie manipule les négociations et que Witkoff est un agent russe – une opération « Russiagate 2.0 », en quelque sorte.
Les réponses russes à cet article font écho aux propos du ministre des Affaires étrangères Sergey Lavrov, quelques jours plus tôt, sur la fuite du plan lui-même : « Ceux qui orchestrent ce remue-ménage ne cachent pas leur volonté de saper les efforts [de paix] de Trump et aimeraient modifier son plan à leur convenance. »
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré quant à lui : « Les appels en faveur du renvoi de Witkoff visent avant tout à saboter les efforts en cours pour une solution de paix. Bien sûr, beaucoup de gens ne reculeront devant rien pour tenter de perturber ce processus. »
Enterrer le complexe militaro-financier
Dans son livre War Is a Racket, publié en 1935, le général de division américain Smedley Butler écrit :
Ce que Butler a vécu de l’intérieur, c’est l’usurpation du système financier mondial, associée à la puissance militaire, pour servir les besoins d’un système de pillage financier et colonial – ce que le président américain Eisenhower avait appelé le « complexe militaro-industriel » et qu’il conviendrait de rebaptiser « complexe militaro-financier », compte tenu du fait que le capital financier vampirise le capital industriel.
Helga Zepp-LaRouche nous explique comment cela fonctionne aujourd’hui :
Dans son rapport trimestriel publié en novembre, la Réserve fédérale de New York admet à demi-mot cette réalité, en soulignant que la dette totale des ménages américains a atteint un record de 18 600 milliards de dollars au troisième trimestre 2025, tandis que les retards de paiement sur les soldes de cartes de crédit (prêts automobiles, étudiants et hypothèques, également à un niveau record) augmentent à un rythme alarmant. La population américaine est littéralement en train d’être dévorée par une machine de guerre financière prête à exploser.
Comment en sortir ? C’est justement dans les périodes de grande tension comme celle-ci, alors que le monde est au bord d’une guerre nucléaire, qu’un vaste changement de paradigme est possible. « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve », disait le philosophe. C’est parce que le système s’effondre, parce que la majorité des peuples du monde ne sont plus disposés à subir un empire basé sur le pillage et l’exploitation de l’homme, que des solutions peuvent émerger, telle que la mise en faillite organisée du système financier international, selon les critères d’une nouvelle loi Glass-Steagall – une étape cruciale pour remettre le système bancaire au service des intérêts légitimes de l’humanité.


