Un article posté sur le site d’information militaire ukrainien Defense Express Media and Consulting Company annonce la couleur : si Kiev considérait jusqu’ici la coopération avec Palantir, la société leader en IA du milliardaire américain Peter Thiel, comme extrêmement utile, notamment pour identifier les cibles russes, cette coopération « nécessite aujourd’hui une réévaluation beaucoup plus prudente ».
L’audit suisse
Ces inquiétudes trouvent leur origine dans un audit réalisé en 2024 par l’état-major général des Forces armées suisses. Si cet audit a confirmé les capacités techniques hors pair du système, il a également mis brutalement en lumière le risque suprême que des données sensibles soient accessibles aux agences de renseignement et au gouvernement américain. La question centrale qui se pose pour tous les clients de Palantir est celle de la souveraineté des données.
L’audit suisse notait également que, Palantir opérant sous juridiction américaine, la Suisse ne pouvait garantir pleinement le contrôle des données militaires sensibles ni exclure un éventuel accès en vertu du droit étranger. En conséquence, vue l’ensemble de ces éléments, l’armée suisse a suspendu sa coopération avec cette entreprise.
Un article publié le 22 décembre 2025 par le site Swiss Info (SWI) rappelle que Palantir coopère en Suisse avec la maison d’édition Ringier (ex Crédit Suisse), l’assureur Swiss Re et le géant pharmaceutique Novartis. Mais depuis l’audit de l’armée suisse, l’idée d’installer son siège dans la confédération helvétique est révolue.
Ukraine
Côté ukrainien, la même question de souveraineté se pose. Tout en sachant que la CIA avait généreusement financé Palantir, note l’article de Defense Express, il existait un consensus
Cette hypothèse, affirme Defense Express,
Dans ces circonstances, il pourrait s’avérer nécessaire de réévaluer avec la plus grande attention l’utilisation des logiciels Palantir, ainsi que du matériel sur lequel ils sont déployés. Ceci est d’autant plus pertinent que ses solutions ne se limitent plus au secteur de la défense. Par exemple, il y a environ un an, il a été annoncé que les technologies Palantir seraient utilisées dans des opérations de déminage et dans le secteur de l’éducation.
A noter que l’Ukraine n’est pas la seule confrontée à ce dilemme. Depuis 2022, Palantir a signé de nombreux accords avec des gouvernements européens. Son implication dans des projets liés à la sécurité et à la défense a été signalée en France, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne et en Pologne.
La France
Le 15 décembre, la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI) a renouvelé pour trois ans son contrat avec Palantir.
Alex Karp, cofondateur et PDG de l’entreprise, a déclaré :
On peut cependant se poser des questions. Un article sur le site de France Info précise qu’en France, la collaboration de Palantir avec la DGSI « interroge sur les risques de voir des données sensibles exploitées par une puissance américaine de plus en plus hostile ».
« Milliardaire libertarien et prophète de l’Apocalypse, ce dernier est un très proche de la galaxie Trump, et notamment du vice-président JD Vance, dont il est le mentor et le parrain », écrit pour sa part Le Télégramme de Brest dans son article intitulé « Palantir, géant de la tech américain, un allié encombrant du renseignement français ».
France Info rappelle que Palantir
Parler de l’efficacité de l’IA de Palantir pour identifier et éradiquer de façon surgicale les terroristes du Hamas à Gaza est une plaisanterie de très mauvais goût. Israël dispose des systèmes les plus performants de Palantir et Peter Thiel voit en Israël un rempart contre l’islamisme radical. Les bombardements et l’invasion israélienne de Gaza ont causé la mort (direct et indirect) d’environ 680 000 personnes. Le nombre de morts directs s’élève à environ 70 000 personnes dont 80 % de civils et 27 % d’enfants.
Soulignons également que le rapport de l’AIEA du 31 mai 2015 alléguant (faussement) une percée imminente par l’Iran dans la fabrication d’une bombe atomique, a été élaboré sur la base d’informations obtenues par le programme Mosaic de Palantir.
Palantir a fourni les logiciels
La firme de Peter Thiel, poursuit France Info
Un livre-enquête, Les espions du président (Albin Michel, 2025) raconte que la France a de bonnes raisons de vouloir s’affranchir de Palantir, du fait qu’avec Trump à la Maison-Blanche, l’Amérique n’est plus considérée comme un allié fiable, selon son auteur, le journaliste Pierre Gastineau.
Officiellement, Palantir prétend que chacun reste maître de ses propres données gérées en silo.
N’empêche qu’en 2018, les autorités françaises avaient, elles aussi, pris conscience de la nécessité de s’affranchir de cette dépendance américaine. Mais depuis, plus de nouvelles de l’alternative française, jusqu’à une déclaration en commission en 2021. « Depuis 2018, nous voulons disposer d’un outil souverain produit par des industriels français ou éventuellement européens. Ce chantier est en cours », indique Laurent Nuñez. L’industriel 100 % français, ChapsVision, y travaille. Selon le média Intelligence Online, la migration ne se fera pas avant 2027, quasiment dix ans après l’annonce d’un changement de prestataire...
Droits de l’homme
Enfin, à part la perte de souveraineté, se pose une autre question, celle de la violation des droits humains. Plusieurs ONG, y compris Amnesty International, accusent Palantir d’avoir recours à des pratiques illégales, comme la surveillance de masse et l’atteinte aux libertés individuelles.
Des enquêtes du New York Times et du site spécialisé Wired ont pointé du doigt des projets confidentiels de fichage de citoyens américains et d’immigrés clandestins. L’entreprise a toujours nié avoir eu ce genre de projets.
La police fédérale de l’immigration (ICE), qui fait parler d’elle par les ratonnades brutales qu’elle organise pour chasser les migrants des Etats-Unis, a signé un contrat de 30 millions de dollars avec Palantir pour développer une plateforme de suivi des expulsions ou des dépassements de visa d’immigrés clandestins. Selon Amnesty, l’un des outils de Palantir



