Lettre de 30 députés démocrates à Biden : négocions une paix avec la Russie !

mercredi 26 octobre 2022

Chronique stratégique du 26 octobre 2022 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Lundi 24 octobre, 30 députés du Congrès américain, faisant partie de l’aile « progressiste » du Parti démocrate, ont publiquement appelé le président Joe Biden à rompre avec la stratégie d’escalade militaire et à engager des négociations de paix avec la Russie.

Lundi après-midi, la Maison-Blanche a eu la surprise de découvrir la lettre ouverte publiée à l’intention du Président américain par 30 membres du Caucus progressiste des démocrates à la Chambre des représentants, à l’initiative de sa présidente, la députée Pramila Jayapal, de l’État de Washington. Comme s’étonne le Washington Post, la lettre demande à Joe Biden « de changer sa stratégie vis-à-vis de la guerre en Ukraine et d’engager des négociations directes avec la Russie. C’est bien la première fois que des membres de premier plan de son propre parti le poussent à changer son approche de l’Ukraine ».

Compte tenu des destructions créées par cette guerre pour l’Ukraine et le monde, ainsi que du risque d’escalade catastrophique, nous pensons qu’il est dans l’intérêt de l’Ukraine, des États-Unis et du monde d’éviter un conflit prolongé, écrivent les députés. Pour cette raison, nous vous demandons instamment de coupler le soutien militaire et économique que les États-Unis ont apporté à l’Ukraine à une poussée diplomatique proactive, en redoublant d’efforts pour rechercher un cadre réaliste pour un cessez-le-feu.

Les députés soulignent que « l’alternative à la diplomatie est une guerre prolongée, avec ses certitudes et ses risques catastrophiques et inconnus », citant notamment des pénuries alimentaires mondiales et une inflation échappant à tout contrôle.

La Maison-Blanche a réagi rapidement, par le biais du porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby, assurant que l’administration prenait note de leurs préoccupations, tout en répétant la « ligne » de l’Otan selon laquelle « il a appartient à M. Zelensky de déterminer — parce que c’est son pays – comment et quand la sortie de la guerre devra être négociée ».

Hier, suite à une pression médiatique insoutenable, Pramila Jayapal a annoncé le retrait de la lettre. Toutefois, il ne faut pas s’y tromper : ces événements reflètent davantage la fragilité de la position de l’administration Biden et de l’establishment de l’Otan que leur solidité.

Le Parti démocrate secoué par l’Institut Schiller

La publication de cette lettre s’inscrit dans un contexte qui va bien au-delà des enjeux politiques américains tels qu’ils sont habituellement rapportés, à quelques jours des élections de « midterm ». Depuis plusieurs mois, le mouvement LaRouche mène une campagne énergique, aux États-Unis aussi bien qu’au niveau international, contre la menace croissante de guerre nucléaire découlant de la politique de « démembrement de la Russie » de l’OTAN (envisagée ouvertement au Congrès US).

Au cours des dernières semaines, les bureaux des députés et des sénateurs à Washington ont reçu de nombreux appels de la part de citoyens américains demandant que leurs assistants rencontrent les représentants de l’Institut Schiller au sujet de la menace de guerre nucléaire, ce qui a donné lieu à plus d’une douzaine de rencontres au Capitole, toutes prises très au sérieux.

De plus, plusieurs membres new-yorkais du sous-groupe du Caucus progressiste appelé « The Squad » (« L’escouade »), dont font partie la plupart des signataires de la lettre, ont fait l’objet d’interventions très efficaces lors de leurs réunions d’électeurs, par des militants de la campagne de Diane Sare pour le Sénat américain à New York.

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En particulier, l’intervention percutante de Kynan Thistlethwaite et de José Vega dans un meeting d’Alexandria Ocasio-Cortez (surnommée « AOC ») — coqueluche médiatique de la gauche démocrate et l’une des 30 signataires de la lettre — a trouvé un énorme écho dans les réseaux sociaux et dans les médias.

D’autant que cette intervention s’est combinée à celle de l’ancienne députée démocrate Tulsi Gabbard, qui a claqué la porte du Parti démocrate, en dénonçant le bellicisme de ceux qui en ont pris le contrôle et mettant en garde contre le danger de guerre nucléaire (lire notre chronique du 20 octobre). Ce qui n’a pas manqué de provoquer une véritable secousse électrique parmi les « progressistes », sans doute gênés aux entournures par le soutien militaire accordé par le Congrès aux nazis de Kiev et par la fuite en avant de l’Otan vers une troisième guerre mondiale…

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Bien qu’aucun grand parti (y compris celui de Trump toujours en embuscade) n’annonce vouloir ouvrir le débat à ce sujet, la population américaine dans son ensemble supporte de moins en moins le fait que des dizaines de milliards de dollars et des systèmes d’armes soient envoyés en Ukraine, alors que l’inflation et la récession économique mettent le pays à genoux — ce qui explique l’impact médiatique du départ de Tulsi Gabbard et de l’intervention des larouchistes auprès de AOC.

Un chantier énorme s’ouvre désormais, celui visant à écarter le complexe militaro-financier du pouvoir et de ramener les États-Unis, par sa participation à un nouvel ordre économique et financier, à la reconstruction de l’économie physique réelle et surtout, la sienne.

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