Tulsi Gabbard claque la porte du Parti démocrate américain

jeudi 20 octobre 2022

Chronique stratégique du 20 octobre 2022 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

L’ancienne candidate à l’investiture démocrate Tulsi Gabbard a annoncé le 11 octobre son départ du Parti démocrate, suivant ainsi la même voie que le mouvement de LaRouche quelques années auparavant, lorsqu’il avait décidé de se désolidariser de la politique va-t-en-guerre et antisociale de l’administration Obama.

Ex-militaire opposée aux guerres perpétuelles, l’ancienne députée démocrate d’Hawaï Tulsi Gabbard, a publié sur son compte Twitter une courte déclaration résumant les raisons pour lesquelles elle quitte son parti :

Je ne peux plus rester dans le Parti démocrate d’aujourd’hui qui est maintenant sous le contrôle total d’une cabale élitiste de bellicistes qui détournent l’attention avec une politique sociétale lâche, nous divisent en racialisant chaque question et en attisant le racisme anti-blanc, (…) et, surtout, qui nous entraînent toujours plus près de la guerre nucléaire. Je crois en un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Malheureusement, le parti démocrate actuel n’y croit plus. Au contraire, il représente un gouvernement de, par, et pour l’élite puissante. Je demande à mes collègues démocrates indépendants et pleins de bon sens de se joindre à moi pour quitter le parti démocrate. Si vous ne pouvez plus supporter la direction que les idéologues du parti démocrate dits ‘réveillés’ (« woke ») font prendre à notre pays, je vous invite à me rejoindre.

Danger imminent de guerre nucléaire

Dans les jours qui ont suivi, Tulsi Gabbard a su utiliser la vague d’attention politique générée par son annonce pour tirer la sonnette d’alarme sur le danger imminent d’une guerre nucléaire avec la Russie. Selon elle, cette menace n’a pas été agitée en premier par Vladimir Poutine, mais par les États-Unis et certaines nations européennes de l’Otan qui utilisent l’armée et le peuple ukrainiens comme des pions en vue d’aboutir à un changement de régime en Russie, a-t-elle expliqué lors de son apparition dans l’émission Joe Rogan Experience, qui compte près de 4 millions de vues sur YouTube. « Le complexe militaro-industriel est heureux d’envoyer toutes ces armes à l’Ukraine, mais, a-t-elle demandé, si nous votons pour envoyer ces milliards de dollars à l’Ukraine, esr-ce que cela renforce ou affaiblit notre sécurité nationale ? »

« Ce que nous voyons maintenant est essentiellement une guerre par procuration, a-t-elle poursuivi. Les États-Unis s’engagent dans une guerre par procuration avec la Russie en utilisant l’Ukraine essentiellement comme leur armée ». Les dirigeants américains qui font pression pour prolonger la guerre en Ukraine nous ont « mis dans la position la plus dangereuse que le peuple américain et le monde n’aient jamais connue, dans la mesure où une guerre nucléaire pourrait éclater en une semaine ».

Pour Tulsi Gabbard, il faut rejeter l’idée qu’on puisse mener une guerre nucléaire limitée, une illusion que nourrissent notamment certains stratèges au Pentagone et à la Maison-Blanche : « Qu’il s’agisse d’armes nucléaires tactiques ou stratégiques, peu importe, il n’y a aucun moyen de gagner cela. Cela déclencherait une guerre nucléaire, la troisième guerre mondiale, et le résultat serait la destruction du monde tel que nous le connaissons. (...) Les gens doivent savoir que c’est la réalité à laquelle nous sommes confrontés. Nos dirigeants nous ont poussés et conduits au bord de la guerre nucléaire. Ils ont leurs propres bunkers et moyens de se protéger. Il n’y a pas d’abri pour le peuple américain ».

Atlantistes sur le qui-vive

On peut aisément imaginer que les cercles du renseignement anglo-américain n’ont pas été très amusés par l’attention publique accordée à l’avertissement de Tulsi Gabbard au peuple américain sur le danger de guerre nucléaire et sur l’élite politique américaine et le complexe militaro-industriel qui en sont responsables.

Le journal libéral londonien The Independent s’est empressé de publier le 17 octobre un article « exclusif » affirmant que « les liens de Tulsi Gabbard avec une secte secrète peuvent expliquer son parcours politique déroutant ».

L’article, signé par le correspondant Bevan Hurley, est du même acabit que les tonnes de calomnies déversées sur Lyndon LaRouche en son temps. Hurley la qualifie de « coqueluche des propagandistes russes et de l’extrême droite américaine », qui prétend que « son éducation dans une excroissance du mouvement Hare Krishna avec une dévotion stricte à un gourou secret éclaire son penchant apparent pour Vladimir Poutine ». Excusez du peu et bonjour le respect envers une personne de confession hindoue.

Louise Mensch, membre des services secrets britanniques et ancienne députée conservatrice au Parlement britannique, est entrée dans la danse, déclarant dans un tweet que la patriote américaine Gabbard est « un traître déclaré et un atout russe. Vous êtes une honte pour l’uniforme. Vous êtes indigne d’être un soldat. Vous êtes indigne d’être un Américain. Bon débarras ».

Précisons que Mensch a gagné ses galons de « grand reporter » grâce à une campagne où elle avait tenté de discréditer Edward Snowden et le journal The Guardian pour lui avoir offert une tribune ; elle s’est ensuite faite connaître pour son rôle précoce, en 2016, dans la diffusion des mensonges grotesques selon lesquels Donald Trump était le toutou du Kremlin ; et elle se spécialise maintenant dans des opérations contre quiconque ne soutient pas à 100 % la guerre à mort de l’Ukraine contre la Russie, arguant, comme elle l’a tweeté il y a quelques jours, que « c’est le devoir des gens civilisés d’être russophobes en ce moment ».

Le mouvement de LaRouche secoue aussi le Parti démocrate

Deux membres du mouvement de LaRouche sont intervenus lors d’un meeting de la député démocrate Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), le 12 octobre.

Au diapason des déclarations de Tulsi Gabbard, deux membres du mouvement LaRouche à New York, Kynan Thistlethwaite et José Vega, ont fait une intervention percutante lors de la réunion publique de la député démocrate Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), le 12 octobre. En plein milieu de la réunion, Thistlethwaite s’est levée et a dénoncé AOC pour avoir menti et de s’être fait la marionnette de l’establishment, alors même que nous marchons au bord de la guerre nucléaire — tout en finançant et en soutenant les nazis en Ukraine, via le Congrès américain. Puis José Vega a pris le relais, pour déclarer qu’il l’avait soutenue au départ dans l’espoir qu’elle se battrait pour les habitants de New York, jusqu’à ce qu’il constate qu’elle avait trahi cet engagement. Tous deux ont pris Gabbard comme contre-exemple à la trahison d’AOC et du Parti démocrate.

L’intervention de Thistlethwaite et de Véga dans le meeting d’AOC devenant rapidement virale (7,5 millions de vues sur Twitter, dont Véga a été radié), Jesse Waters de Fox News a reçu par la suite Tulsi Gabbard dans son émission en heure de grande écoute en ouvrant la discussion par la diffusion de la vidéo de l’intervention.

 J’espère que tout le monde a prêté attention à ce que ces deux jeunes hommes disaient, à la douleur et à l’angoisse, à la peur et à l’inquiétude qu’ils exprimaient à leur représentant au Congrès, a déclaré Gabbard. Le fait qu’elle ait été si dédaigneuse à leur égard révèle un problème plus important à Washington. L’une des raisons pour lesquelles j’ai quitté le parti démocrate d’aujourd’hui est qu’il est devenu le parti des faucons de guerre.

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