Réunion Chine-USA : entre la paix et la géopolitique, il faut choisir !

lundi 15 mars 2021

Chronique stratégique du 15 mars 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Jeudi 18 mars aura lieu à Anchorage (Alaska) la première réunion de haut niveau entre Washington et Beijing, dans le contexte des fortes tensions dans les relations sino-américaines, entretenues par l’administration Biden, et en particulier le très atlantiste secrétaire d’Etat Anthony Blinken, et par l’Otan, qui a besoin d’une « menace chinoise » pour justifier son existence.

Deux mois après l’investiture de Joe Biden à la Maison-Blanche, la première rencontre de haut niveau entre les équipes diplomatiques américaine et chinoise va avoir lieu à Anchorage, en Alaska, ce jeudi. Le secrétaire d’Etat Anthony Blinken, qui a qualifié la semaine dernière la compétition avec Beijing de « plus grand défi géopolitique du XXIe siècle », rencontrera Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, et surtout Yang Jiechi, le directeur du bureau de la Commission centrale des affaires étrangères.

Dans un « en-même-tempisme » à la sauce américaine, la diplomatie américaine prend une initiative censée désamorcer les tensions avec la Chine – cohérent avec le discours de Biden fin février à la conférence de Munich sur la sécurité, où il avait juré ne pas vouloir d’un nouveau conflit Est-Ouest — tout en consolidant le front régional antichinois.

En effet, le président américain a tenu vendredi son premier sommet multilatéral, virtuel, avec le « Quad », l’alliance informelle (de dialogue quadrilatéral) entre les Etats-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie, créée dans les années 2000 pour contrer l’émergence de la Chine et relancée par l’administration Trump. L’inventeur de ce concept, Kurt Campbell, est d’ailleurs de retour dans l’administration. Biden a lancé à cette occasion une initiative commune pour accélérer la production de vaccins contre la Covid-19 en Asie du Sud-Est, dans une tentative à peine cachée de contrer la Chine. Gonflé tout de même, de la part d’un pays qui a manifesté un égoïsme sans vergogne en gardant pour lui des stocks énormes du vaccin AstraZeneca, refusant de le partager avec les pays dans le besoin alors même que son utilisation n’a pas encore été validée aux Etats-Unis !

A ce sujet, le quotidien chinois Global Times fait remarquer à juste titre :

Outre cette hypocrisie, Washington dénigre les efforts déployés par la Chine pour partager ses vaccins avec les pays en développement et mobilise son mécanisme d’opinion pour accuser la Chine de se livrer à une ‘diplomatie du vaccin’ délibérée, alors même que le programme de vaccination de la Chine a sauvé de nombreux pays et groupes de personnes vulnérables face à la maladie.

Si les quatre dirigeants américain, indien, japonais et australien n’ont pas ciblé explicitement la Chine, le verbiage diplomatique sur la « sécurité maritime » et le maintien d’une région indo-pacifique « libre et ouverte » était de mise. « Nous renouvelons notre engagement à faire en sorte que notre région soit gouvernée par la loi internationale, fasse régner les valeurs universelles et soit libre de toute coercition », a déclaré Joe Biden, qui vient de violer aussi bien la Charte des Nations unies que la Constitution américaine en bombardant la Syrie.

A lire aussi

Frappes US en Syrie : une violation du droit international de mauvais augure

Dans la même veine, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, lors de son discours le 11 mars devant le Council on Foreign Relations, a déclaré : « La montée en puissance de la Chine (…) pose des défis pour notre sécurité et notre mode de vie. C’est pourquoi nous devons approfondir nos partenariats avec des pays comme l’Australie et le Japon ». Le secrétaire américain à la défense Lloyd Austin, a déclaré quant à lui que, face à l’effort de la Chine pour moderniser ses forces armées, les Etats-Unis allaient augmenter leur budget consacré à la Défense (sachant que le budget annuel de défense de la Chine pour 2020 était de 178 milliards de dollars, contre 934 milliards de dollars pour les États-Unis…).

Dans une lettre ouverte à Jens Stoltenberg, plusieurs anciens haut gradés de l’Armée française, regroupés au sein du Cercle de Réflexion Interarmées et emmenés par le général Grégoire Diamantidis, affirment qu’il faut « stopper le train fou [de l’Otan] avant qu’il ne soit trop tard ». Obligée selon eux de justifier son existence, l’Organisation atlantiste entretient et instrumentalise l’image d’ennemi créée pour la Russie et la Chine, « de façon à ‘mettre au pas’ les alliés européens derrière les États-Unis, en vue de la lutte qui s’annonce avec la Chine pour l’hégémonie mondiale ».

L’Otan, qui avait perdue sa raison d’être après l’effondrement de l’Union soviétique, transforme ainsi l’outil militaire de cette alliance en « un instrument politique, incontournable, de gestion de vastes coalitions internationales, au profit d’une véritable gouvernance planétaire, allant même jusqu’à passer outre les décisions de l’ONU et écrasant les souverainetés nationales ! »

Visioconférence de l’Institut Schiller les 20 et 21 mars (Cliquez sur l’image pour avoir le programme et vous inscrire)

Les 20 et 21 mars, l’Institut Schiller tiendra une visio-conférence internationale sur le thème « Deux mois après l’investiture de Biden, le monde à la croisée des chemins ». Des personnalités de Russie, de Chine, d’Afrique, d’Europe et des Amériques échangeront sur les moyens de résoudre cette crise stratégique, de sortir les Etats-Unis du « piège de Thucydide » (quand une puissance déclinante cherche le conflit avec une puissance émergente), de faire que les pays européens cessent de se comporter en vassaux, et de poser les bases d’un nouveau système de relations internationales de « paix par le développement » (merci de vous inscrire en cliquant sur l’image ci-contre).

Vous venez de lire notre chronique stratégique « Le monde en devenir ». ABONNEZ-VOUS ICI pour la recevoir sans limitation. Vous aurez également accès à TOUS les dossiers de ce site (plus de 400 !)...