Hong-Kong, Moscou, États-Unis… Le chaos comme arme de gestion de crise

mardi 6 août 2019

Chronique stratégique du 6 août 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

De Hong-Kong, Moscou à El Paso et Dayton aux États-Unis, la logique de déstabilisation et de chaos s’est intensifiée au cours du week-end. Sans que des liens directs existent nécessairement entre ces événements, ils participent tous à créer un climat de violence politique et de pessimisme culturel, les deux armes principales de l’oligarchie financière pour maintenir son système.

Cette dynamique s’inscrit en opposition directe avec la nouvelle culture de progrès et l’esprit de coopération, notamment autour de l’atome, du spatial, et des Nouvelles Routes de la soie, qui émergent en divers endroits du monde, comme nous l’avons rapporté dans notre chronique du 1er août.

Déstabilisations

Les tensions continuent entre les États-Unis et la Chine. Trump a annoncé vendredi son intention de frapper d’une taxe de 10% les 300 milliards de dollars d’importations chinoises dès le 1er septembre, provoquant de fortes secousses sur les marchés boursiers. Secousses amplifiées par la riposte de la Chine, qui a laissé sa devise se déprécier et passer la barre symbolique de 7 yuans pour un dollar, une première depuis la crise financière de 2008.

Pendant ce temps, les manifestations se sont poursuivies samedi à Hong-Kong. Comme l’ont rapporté plusieurs médias, certains manifestants ont décroché un drapeau chinois de son mât, avant de le brûler et de le jeter à l’eau. Peu après, un protestataire de 38 ans nommé Paladin Cheng est apparu, vêtu de noir de la tête aux pieds avec une visière noire et un masque, arborant un drapeau pour l’indépendance de Hong-Kong (Lire Hong-Kong : Une révolution de couleur britannique).

Le fait que les émeutes de Hong-Kong sont alimentées de l’extérieur est un secret de polichinelle. En juillet, les plus faucons de l’administration Trump, le secrétaire d’État Mike Pompeo, le vice-président Mike Pence et le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, avaient tous trois rencontré sur place les dirigeants de l’opposition.

Comme le rapporte l’agence de presse chinoise Xinhua, parmi les milliers de manifestants pro-gouvernement qui défilaient en parallèle samedi sur l’autre rive de Victoria Harbour, on pouvait lire sur les banderoles des messages tel que « Cessez de vous ingérer dans les affaires de Hong-Kong et de causer le chaos », ou « Les forces étrangères n’ont pas le droit d’interférer ». De son côté, Alexei Ostrovsky, le directeur adjoint de l’Institut des Études sur l’extrême orient de l’Académie des Sciences russe, a souligné dans la Nezavisimaya Gazetta que « les États-Unis souhaitent affaiblir la Chine dans le contexte de la guerre commerciale qu’ils lui livrent ».

À Moscou, 600 personnes ont été arrêtées samedi alors qu’elles prenaient part à une marche interdite en protestation contre le fait que plusieurs candidats de l’opposition ont été disqualifiés des élections locales. Bien entendu, les médias occidentaux s’en donnent à cœur joie, soulignant au passage la chute de Vladimir Poutine dans les sondages, en raison de l’impopularité de sa réforme des retraites (réforme des retraites qui ne dérange pas ces mêmes médias lorsqu’il s’agit de la mettre en œuvre chez nous, comme celle que prépare le gouvernement Macron-Philippe…).

Pessimisme culturel

Les États-Unis ont quant à eux été frappés consécutivement par deux nouvelles tueries, samedi dans un centre commercial d’El Paso, au Texas (22 mort et 24 blessés), et dimanche matin devant un bar très fréquenté de Dayton, dans l’Ohio (9 morts et 12 blessés). Avant de passer à l’acte, le tueur d’El Paso, un jeune de 21 ans, écologiste radical et suprémaciste blanc, a publié un manifeste dans lequel il justifie son massacre par « l’invasion du Texas par les hispaniques ». L’opposition démocrate, en pleine frénésie électorale et à court d’idées, a bien entendu saisi l’occasion pour accuser Donald Trump de souffler sur les braises du racisme.

Toutefois, le problème est bien plus profond. Les massacres d’El Paso et de Dayton portent à 250 le nombre de tueries de masse (plus de quatre victimes) pour l’année 2019 – soit plus d’une par jour ! – portant à 530 personnes tuées et 2050 blessées.

Lors d’une conférence de presse hier à la Maison-Blanche, le président américain a non seulement condamné le suprémacisme blanc, mais il a également évoqué la question des armes à feu et la nécessité de les réguler, et mis le doigt sur ce qui est à nos yeux le problème fondamental : le pessimisme causé par le déclin culturel de la société occidentale.

Nous devons en finir avec la glorification de la violence dans notre société, a-t-il dit. Cela inclut les jeux vidéo épouvantables et sordides qui sont devenus monnaie courante. Les jeunes en difficulté ont trop facilement accès à une culture faisant l’apologie de la violence. Nous devons faire cesser ce phénomène, ou du moins le réduire substantiellement, et ce dès maintenant. Le changement culturel sera difficile, mais chacun d’entre nous peut choisir de bâtir une culture qui célèbre la valeur et la dignité inhérentes à chaque vie humaine. C’est ce que nous devons faire.

La logique de déstabilisation internationale et le pessimisme culturel, y compris le rejet du progrès scientifique et industriel induit par les mouvements écologistes tels que Extinction Rebellion et Deep Green Resistance, accompagnent la désintégration du système financier de la City de Londres et de Wall Street. Cela représente pour l’oligarchie financière le moyen de « gérer » la crise en détournant l’attention des populations et en répandant le doute et la confusion sur la création humaine.

Nous vivons vraiment dans un âge sombre, a commenté notre amie Helga Zepp-LaRouche, la présidente internationale de l’Institut Schiller, en réaction aux événements d’El Paso et de Dayton. Nous sommes en plein effondrement de la société, avec des cultes du suicide, des tueries de masse, l’addiction aux drogues, des enfants mobilisés par des fascistes verts qui appellent à une dépopulation globale, etc. La société a perdu tout sens de direction et de vision. Les gens détestent les autres et se détestent eux-mêmes. On les prépare à tuer et à se tuer eux-mêmes.

Ce pessimisme ne pourra être vaincu qu’en amenant les nations du monde à s’unir – à commencer par un cœur de nations constitué par les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Inde – autour d’une vision d’un développement en commun, qui permette de sortir de cette logique de confrontation géopolitique, et de nous libérer de la dictature financière et de l’idée fausse qu’elle entretient réduisant notre planète à un système clos.

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