Armes chimiques : Macron encore prêt à frapper la Syrie, aux côtés des États-Unis et du Royaume Uni

mardi 28 août 2018, par Christine Bierre

Le destroyer USS The Sullivans

Le 21 août, les ambassades des États-Unis, du Royaume Uni et de France auprès de l’ONU ont publié une déclaration conjointe menaçant la Syrie de nouvelles frappes si elle venait à utiliser des armes chimiques au cours de son offensive pour reprendre la ville d’Idleb. Dernier bastion de rebelles dans les territoires reconquis par le gouvernement syrien, les Occidentaux accusent Bachar al-Assad de vouloir utiliser des armes chimiques pour en finir au plus vite.

« Notre position sur l’utilisation par le régime des armes chimiques reste inchangée », dit leur communiqué : « comme nous l’avons démontré, nous répondrons de façon appropriée à toute utilisation d’armes chimiques par le régime syrien ».

Lors de son intervention devant les ambassadeurs de France, le 27 août, Emmanuel Macron a évoqué lui aussi « une nouvelle tragédie » en préparation en Syrie. Il a aussi profité de cette conférence pour faire un énième revirement sur Bachar al-Assad, notant que s’il restait à la présidence de la Syrie, ce serait une « erreur funeste ».

La réalité est que les Occidentaux n’ont jamais reconnu leur défaite sur le terrain, et tentent par tous les moyens de retarder la victoire de Assad, de sauver quelques uns de leurs djihadistes sur place et d’obtenir des concessions du gouvernement syrien pour la période de transition.

La Russie révèle les détails d’une opération britannique en préparation sous « faux drapeau »

De son côté, la Russie a immédiatement dénoncé une nouvelle provocation des djihadistes pouvant avoir lieu très rapidement, afin de justifier les frappes occidentales.

Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères a répondu « qu’afin de promouvoir leur agenda destructeur dont le but est de discréditer le président de la République arabe syrienne (...) nombre d’Etats occidentaux et moyen-orientaux ne se gênent pas pour fabriquer des provocations inhumaines, comme l’attaque chimique menée par les terroristes dans la Ghouta orientale sous les ordres de leurs sponsors occidentaux ».

Le ministère de la Défense russe affirme disposer d’informations extrêmement précises concernant une utilisation éventuelle d’armes chimiques dans la région d’Idleb en Syrie. Non pas par le gouvernement syrien, mais par des djihadistes !

Selon le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense : « Pour mener une soi-disant ‘attaque chimique’ dans la ville de Jisr al-Choghour, la ville du gouvernorat d’Idleb, des militants du groupe Hayat Tahrir al-Cham (l’« Organisation de Libération du Levant »), affiliée avec le Front al-Nusra (filiale du groupe terroriste Al-Qaida, ndt.), ont fourni huit bidons de chlore dans un village à une jetée de Jisr al-Choghour ».

« Cette provocation », a-t-il dit, « avec la participation active des Forces spéciales britanniques, servira de prétexte aux Etats-Unis, au Royaume Uni et à la France pour frapper à nouveau le gouvernement syrien et les infrastructures économiques du pays ».

Konachenkov a précisé que le groupe de militants (djihadistes) avait reçu une formation par la société Olive Group (voir encadré), une entité militaire privée (c’est-à-dire mercenaire), sur l’usage des produits toxiques. « Les militants sont formés dans l’art d’apparaître comme des secouristes intervenant après une attaque chimique », à l’image des fameux faux secouristes, les « Casques blancs ».

D’après Konachenkov, les déclarations infondées de hauts responsables américains, anglais et français mettant en garde le gouvernement syrien contre tout emploi d’armes chimiques fournissent la preuve indirecte que les Etats-Unis et leurs alliés préparent un nouvel « acte d’agression contre la Syrie ».

Vers un affrontement russo-américain en Méditerranée ?

Américains et Russes amassent actuellement leurs forces en Méditerranée en vue de cet assaut qui mettra fin à la guerre, dans une des situations sans doute les plus graves depuis la fin de la guerre froide.

Le 25 août, le Général Konachenkov a évoqué l’entrée en Méditerranée d’un destroyer américain équipé de 28 missiles de croisière Tomahawk qui donne la possibilité aux États-Unis de frapper n’importe quel point du territoire syrien.

Le fait que les États-Unis continuent de renforcer en mer Méditerranée la présence de leurs destroyers porteurs de missiles de croisière tend à démontrer qu’une nouvelle provocation, avec une prétendue utilisation d’armes chimiques, est en gestation dans la province syrienne d’Idleb, a déclaré lundi le porte-parole de la Défense russe Igor Konachenkov.

Selon le Ministère de la défense russe le destroyer The Sullivans de l’US Navy avec 56 missiles de croisière à son bord est arrivé récemment dans le golfe Persique, alors qu’un bombardier stratégique ?-1 ? de l’US Air Force doté de 24 missiles de croisière air-sol AGM-158 JASSM a été positionné sur la base aérienne Al-Udeid au Qatar.

Aujourd’hui, c’est la Russie qui a annoncé le déploiement en Méditerranée de son plus puissant groupe naval pour venir en appui à l’offensive de l’armée syrienne à Idleb. Il s’agit d’un un véritable bouclier de défense de la Syrie se composant de 10 navires transportant les très performants missiles de croisière Kalibr, et deux sous-marins, ainsi que des navires de la flotte du Nord, de la mer Baltique, de la mer Noire, et de la flottille de la mer Caspienne. D’autres seraient en approche.

Face à cette ignoble escalade, et alors que la possibilité de la paix et de la reconstruction de la Syrie sont à portée de main, mobilisons-nous pour que la France retrouve enfin son indépendance stratégique.

The Olive Group

Quelques mercenaires anglais et américains.

L’entreprise Olive Group emploie pas moins de 5000 mercenaires. Cette société privée est un fleuron du complexe militaro-financier anglo-américain dont l’emprise n’a cessé de grandir depuis le jour où George W. Bush a choisi Dick Cheney comme vice-président.

En 2016, le quotidien britannique The Guardian a qualifié Olive comme une des plus grandes sociétés de mercenaires anglais, juste derrière G4S, la plus importante.

Un article en date du 10 août 2017 sur le blog « War is Boring » (WIB), rapporte que Olive est aux mains d’une société holding du nom de Constellis. Parmi ses dirigeants plusieurs néo-conservateurs membres du Projet pour un nouveau siècle américain, notamment l’ancien ministre de la Justice de GW Bush John Ashcroft.

Constellis possède également les sociétés mercenaires Canopy et Academi (ex-Blackwater), fondées par l’ex béret vert américain Erik Prince. Prince, après avoir démissionné de sa société, s’est installé à Abou Dhabi où se situe le QG d’Olive.

WIB rapporte que Olive a raflé une série de contrats du gouvernement irakien jusqu’au moment où Olive a été soupçonnée de n’être qu’une énième incarnation de Blackwater. « Blackwater est retourné travailler au Moyen-Orient via deux sociétés : Olive Group et Reflex Responses qui travaillent depuis Abou Dhabi et mènent des opérations stratégiques dans la région » accuse Nabil Shaddad, un citoyen américain d’origine Libanaise et ancien employé d’Olive Group.

De son coté, Prince est réapparu récemment à Washington. Il milite pour le retrait des troupes de l’US Army. En échange, c’est lui qui reprend le marché ! Ainsi, dans les faits, ce ne seront plus des soldats de l’armée américaine qui mourront dans des guerres absurdes à l’étranger. Juste des citoyens privés, notamment des chômeurs américains devenus mercenaires pour rembourser leurs dettes…

En 2007, notre dossier de mise en garde contre les mercenaires sans frontières, « chiens de guerre de la mondialisation financière » du monde.