Russiagate : éléments d’enquête sur une imposture

jeudi 24 août 2017

Par Cédric Gougeon, militant S&P

Souvenez-vous : en plein milieu de la campagne présidentielle américaine, des milliers de mails d’Hillary Clinton sont publiés par Wikileaks. L’on y découvre comment le clan Clinton a usé des combines les plus sales pour éliminer le candidat Bernie Sanders de la course [1]. Le scandale est tel qu’il aboutira notamment à la démission de la dirigeante du parti démocrate, Wassermann Schultz.

Mais très vite, l’attention du grand public est détournée vers un scandale tout aussi spectaculaire : la main de Poutine serait derrière le piratage de ces messages pour nuire à Clinton, et Trump est quant à lui accusé de collusion avec le Kremlin. Autrement dit, un acte grave d’intrusion dans les élections américaines, que l’ancien vice-président Dick Cheney n’a pas hésité à comparer à un « acte de guerre » le 27 mars dernier.

Pour réellement comprendre ce qu’il se passe aux États-Unis aujourd’hui, il faut reconnaître que pour la première fois depuis Franklin Roosevelt, les intérêts héritiers de Wall-Street et la City font face à un président qu’ils ne contrôlent pas et qui n’émane pas de leur tissu idéologique impérial. Les mêmes cercles qui ont provoqué les guerres asymétriques menant aux changements de régime à l’étranger (Irak, Libye, Syrie, Ukraine), sont aujourd’hui lancés dans une vaste chasse aux sorcières anti-russe à travers les médias, le Congrès et ses commissions d’enquête, les services secrets. Le but ? Chasser Trump du pouvoir... certains parlant même de l’assassiner.

Quant au rôle perfide des services secrets anglais dans cette manœuvre, il n’a rien d’étonnant : en se rapprochant de la Russie et la Chine, Trump menace directement le partenariat privilégié entre Britanniques et Américains, celui-là même qui a permis aux intérêts de la City et de Wall-Street d’utiliser la puissance américaine pour dominer le monde depuis la fin de la seconde guerre mondiale (voir à ce sujet l’article de Will Wertz) [2]

Que l’on trouve Trump répugnant ou pas n’est donc pas la question. S’il est écarté du pouvoir sur la base de cette accusation, cela ouvrirait grand les portes aux utopistes néo-conservateurs et leurs alliés britanniques, préparés à un conflit final contre la Russie et la Chine.

Qui veut VRAIMENT la peau de Donald Trump ?

Dans cette affaire de piratage informatique, il y a comme une odeur de cadavre dans le placard. L’ancien directeur du FBI James Comey, récemment révoqué par Donald Trump, était convoqué par une commission d’enquête du Congrès à témoigner et éclaircir le litige. Lors de cette session, il révèle que la DNC (Direction du Parti Démocrate) avait refusé de lui fournir l’accès à ses serveurs et que de son côté, il ne lui avait « pas traversé l’esprit » d’utiliser son autorité en tant que directeur du FBI pour en imposer tout de même l’inspection par des agents fédéraux compétents.

C’est donc à une société privée que James Comey donna le feu vert pour mener l’enquête. Et pas n’importe laquelle ! Il s’agit ni plus ni moins de Crowdstrike, la même entreprise de sécurité informatique que la DNC a mandaté pour protéger ses réseaux numériques ! Autant donner à un loup le costume de l’agneau... En effet, cette entité proche de Clinton, était déjà en charge de la sécurité numérique du DNC pendant la campagne présidentielle. C’est donc la même qui a échoué (!) à empêcher la fuite des courriels révélés par Wikileaks. Parfaitement conscients de cette collusion, les dirigeants du FBI et de la CIA James Comey et John Brennan lui ont malgré tout donné carte blanche pour mener cette enquête très sensible, qui touche directement aux relations diplomatiques entre deux puissances nucléaires.

Le rapport de Crowdstrike fera ainsi référence d’autorité dans le mémo [3] que ces agences publieront peu après en incriminant sans nuances l’ingérence russe dans les élections américaines : le présumé pirate du net Guccifer 2.0 aurait laissé des empreintes en langage russe sur son passage, menant aux conclusions catégoriques maintenant bien connues : « les Russes l’ont fait » , « Poutine est le coupable » « Poutine et Trump ont truqué les élections » ... le storytelling qui sera rabâché encore et encore dans les médias de masse est lancé.

Il n’y a jamais eu de piratage !

Le 24 Juillet dernier, un groupe de vétérans du renseignement américain (VIPS) a envoyé un mémo [4] au président Trump soutenant par des preuves techniques et scientifiques que les courriels de la DNC n’avaient pas été piratés, mais dérobés depuis l’intérieur du système informatique de la DNC : autrement dit, le voleur de courriels se trouvait physiquement dans les locaux de la DNC. Ce mémo déjà relayé à l’échelle internationale est très complet et explosif, exposant tout le trucage derrière le storytelling « c’est les Russes ».

Parmi les auteurs, William Binney un ancien directeur technique de la NSA et Skip Folden, ancien spécialiste de la technique en programmation numérique chez IBM. Ils s’appuient sur le travail mené par quatre autres spécialistes en informatique indépendants, dont un dénommé Adam Carter.

A la manière d’un enquêteur de police, celui-ci a soigneusement décortiqué les données sur lesquelles Crowdstrike et le FBI s’appuient pour incriminer la Russie : les métadonnées (« empreintes » complètes d’un document) des fichiers d’e-mails postés par Guccifer 2.0 sur son propre site internet (les métadonnées des documents originels n’étant pas disponibles sur Wikileaks, qui protège ainsi ses sources).

En regardant méticuleusement ces métadonnées laissées au grand jour, Adam Carter et un dénommé Forensicator ont pu déterminer que si 1,98 Go de données avaient été copiées à une vitesse de 22,6 Mo/s, soit en 87 secondes, l’hypothèse du piratage était caduque. [5]

En effet, ce flux de données par seconde n’est pas réalisable pour une intrusion sur un serveur depuis internet, même avec les meilleures capacités physiques existantes. Pour ce type de piratage, la vitesse maximale d’extraction que l’on peut atteindre est 8 à 10 fois plus faible que les 22,6 Mo/s retrouvés sur les métadonnées de Guccifer 2.0, qui, elles, ressemblent étrangement à une extraction de données depuis un serveur vers une carte mémoire de type USB-2.

Les données de Guccifer 2.0 proviendraient d’une personne munie d’une clé USB depuis l’intérieur de l’équipe informatique du DNC !

Et les empreintes Russes ?

Le storytelling de Crowdstrike voudrait qu’un pirate informatique russe inattentif ait ouvert les documents dans un logiciel en signalétique russe, pour ensuite les enregistrer à nouveau, laissant par inadvertance ses propres empreintes.

La subtilité d’Adam Carter l’amène à regarder un autre aspect des métadonnées des fichiers postés par le prétendu hacker Guccifer 2.0, où il découvre que la quasi totalité du contenu des documents avait subit des modifications après leur extraction, toutes les 30 secondes environ, en utilisant un logiciel qui introduisait une signalétique russe avant d’être à nouveau enregistrées [6].

Un modus operandi peu commun pour un pirate expérimenté, ressemblant plutôt à quelqu’un qui chercherait délibérément à laisser ses empreintes sur la victime...

En bref, les documents n’ayant pu être piratés, la seule explication valable est que les documents ont subit un copier-coller à l’aide d’un algorithme spécial, pour créer délibérément une fausse apparence de piratage russe.

Plus étrange encore, les documents postés par le rebelle Guccifer 2.0 sur son site n’apportent aucun scoop sur la DNC, ces informations ayant été déjà relayées dans des leaks précédentes contrairement aux courriels dévoilés par Wikileaks. Le premier document du pirate était d’ailleurs la liste des arguments utilisé par la DNC contre Trump... [7]

Cette hypothèse a gagné en crédibilité lorsque Julian Assange lançait un nouveau pavé dans la mare le 31 mars 2017 en dévoilant que la CIA utilisait depuis 2016 des outils de subversion nommés Marble Framework, qui ressemblent furieusement à des simulations de hacking par des tiers. [8]

Cette technique qui a mobilisé quelques millions de dollars permet, lors d’un piratage informatique, de brouiller les données du malware implanté sur une victime, puis d’analyser et modifier le code source de ce malware, sans oublier de laisser des empreintes en langue étrangère pour couvrir son identité. Il est détaillé que la CIA a précisément choisit les langues suivantes : l’arabe, le chinois, le russe, le coréen ou le farsi (langue iranienne).

Crowdstrike

Maintenant, regardons de plus près la société Crowdstrike qui se présente comme l’une des meilleures agences de protection contre les attaques les plus sophistiquées de logiciels malveillants. CrowdStrike est géré par un émigré russe ouvertement anti-Poutine, Dimitri Alperovitch et George Kurtz, un vétéran de la sécurité informatique au FBI. CrowdStrike a plusieurs contrats de sécurité avec des agences de renseignement américaines et étrangères gérant des données très sensibles.

Peu de temps après les fuites des courriels de la DNC, Alperovitch a prétendu que le même équipement de piratage utilisé contre la la DNC avait également été utilisé par les russes pour pirater divers systèmes d’orientation des missiles du gouvernement ukrainien, avant de se rétracter, l’analyse ayant été instantanément réfutée par presque toute la communauté internationale spécialisée dans les cyberattaques, et même... le ministère de la défense ukrainien [9].

Incompétence ou malhonnêteté ? Menons l’enquête :

  • Dimitri Alperovitch, ami proche d’Hillary Clinton, est aussi un membre actif de l’Atlantic Council (Conseil de l’atlantique), think-tank dont la philosophie n’est qu’une expression plus sournoise du néoconservatisme va-t-en-guerre. Le groupe de pensée affiche ouvertement son obsession pour les renversements de régimes, et défend une vieille ambition de l’empire britannique : atrophier l’influence dans le monde de la Russie et de la Chine (ce que le géopoliticien britannique Halford Mackinder appelait le « Heartland ») [10].
  • En 2013, Henry Kissinger a décerné en tant que membre honoraire le prix distingué du leadership international de l’Atlantic Council à Hillary Clinton. Ce prix lui est attribué en l’honneur des actions menées en tant que secrétaire d’État, quelques temps après qu’elle ait organisé le renversement du régime de Kadhafi en 2009, comme ses courriels fuités par Wikileaks le révèlent [11].
  • Lors d’une conférence en 2014, le même Conseil de l’Atlantique a accueilli chaleureusement l’ancien Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, l’homme de main de Washington mis en place après qu’une violente opération de milices armées ait renversé le Président Viktor Ianoukovitch en Ukraine [12].
  • Invitée en 2013 par le Conseil de l’Atlantique pour présenter son plan de « renaissance transatlantique », l’ancienne secrétaire d’Etat pour l’Europe et l’Eurasie Victoria Nuland révéla que la modique somme de 5 milliards de dollars avait été mobilisée par les services américains depuis 20 ans afin d’ « appuyer » la volonté du peuple ukrainien. Un échange téléphonique enregistré et fuité la piégea en train d’ordonner les noms des personnes qui feraient l’affaire pour composer le nouveau gouvernement : Arseni Iatseniouk, Vitali Klitschko et le néo-nazi Oleh Tyahnybok [13]...
  • Parmi les donateurs les plus généreux du think-tank, on retrouve l’OTAN, ainsi que la vieille banque anglaise HSBC créée pour organiser en masse le commerce d’opium au XIXe siècle, le ministère du Royaume Uni pour les affaires étrangères et le Commonwealth, l’Open Society Institute du milliardaire George Soros et son proche ami ukrainien, l’oligarque milliardaire Viktor Pinchuk, qui a fondé sa fortune sur les privatisations sauvages de l’économie ukrainienne. Les fondations de George Soros et la Fondation Victor Pintchouk ont étroitement collaboré pour financer de nombreuses ONG en Ukraine et ailleurs, ainsi que l’organe de presse russophobe CMC basé à Kiev (Centre Médiatique des Crises), qui ont très largement contribué à faire ressurgir le sentiment anti-russe en Ukraine de l’Est, et à donner patte blanche aux milices ouvertement nazie Svoboda et Secteur Droit, cruciales dans le violent coup d’État de la place Maïdan.
    Aux Etats-Unis cependant, George Soros finance en grande partie les mouvements d’extrême gauche au travers de fondations menant des « actions de charité », et milite généreusement pour la légalisation de la drogue. Le 3 avril 2017, le mouvement antifasciste était déployée à Berkeley où un soutien local de Donald Trump devait prendre la parole. Avant que le cortège Antifa ne lance les hostilités, club de golf à la main, on les aperçoit cagoulés répétant en chœur « George Soros where’s my money ? » (« Où est mon fric ? ») [14].

L’histoire ne dit pas s’ il s’agissait de sarcasmes, mais les faits prouvent que la fondation de bienfaisance TIDES attribué au spéculateur capitaliste avait remis un chèque de 50 000 dollars au groupe Alliance Pour une Justice Globale, formation qui héberge le principal site internet de rencontre des mouvances d’extrême gauche refusefascism.org, l’organisateur de la manifestation [15].

C’est le même George Soros qui avouait en 1998 lors d’une interview sur CBS n’avoir ressenti aucune culpabilité à avoir participé aux confiscations des biens des Juifs en Hongrie pendant la 2e Guerre Mondiale, alors âgé de 14 ans : « J’avais compris que si je ne l’avais pas fait, quelqu’un d’autre l’aurait fait à ma place. C’est à cette période que j’ai forgé ma personnalité »...

Sous le haut-patronage du think-tank néo-conservateur CFR (Council on Foreign Relations), l’Atlantic Council cher à Dimitri Alperovitch est l’une des arrière-cours idéologiques des révolutions de couleur brutales, acceptant des fonds en échange de prises de positions politiques suivant l’adage des empires « diviser pour mieux régner », incluant toute action de désinformation et de propagande contre des personnalités anti-establishment...

La spécialisation en attaques informatiques est sans doute la dernière carte jouée par ce système anglo-américain boiteux, surtout maintenant que la Russie a interdit la National Endowment for Democracy sur son sol (NED), fondation du gouvernement américain qui a soutenu les mouvements protestataires dans les révolutions de couleurs des dernières décennies.

Faisant délibérément abstraction des révélations sur les techniques d’usurpation d’identité des hackers de la CIA, l’anti-poutine Dimitri Alperovitch continue d’être cité abondamment comme une source fiable, dans une complaisance médiatique totale des deux côtés de l’Atlantique.

Mais récemment, l’éditorialiste de CNN John Bonifield vidait son sac devant la caméra cachée d’un stagiaire infiltré : « Même si la Russie essayait de s’ingérer dans nos élections, nous avons nous-même tenté de le faire chez eux, et notre CIA fout la merde tout le temps, partout nous essayons de manipuler les gouvernements ».

La caméra dissimulée captura le célèbre présentateur de CNN Anthony Van Jones, encore plus catégorique : « L’histoire sur la Russie, c’est un « big nothing burger » [ « un vaste montage »] » [16].

Guerre ou paix

La guerre est donc bien déclarée, mais pas par la Russie. Malgré son boycott dans les médias, un grand nombre de citoyens américains se sont mobilisés pour faire connaître le mémo des VIPS que nos amis du comité d’action politique de Lyndon Larouche ont fait circuler dès le premier jour en lançant une mobilisation générale, qui remporte déjà un très grand succès.

Plusieurs agences de presse nationales comme The Nation et BloombergNews ont même fini par briser le silence médiatique, démasquant l’imposture la plus sinistre depuis les prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein, tandis que les médias de l’establishment changent de sujet en se focalisant sur l’affrontement ridicule entre mouvances extrémistes.

Enrayer la tentative de coup d’État en cours contre le président Trump n’est pas qu’une question américaine mais bien une question de guerre ou de paix mondiale, tant le danger de conflit nucléaire entre les grandes puissances est présent, et ce plus que jamais.

En France, nous nous efforçons de faire connaître les véritables enjeux auxquels sont confrontés les Américains et le monde, au delà de l’enfumage des « Trump- » et « Poutine bashing » relayés par nos médias.

C’est à dire, la fin du modèle impérial britannique sur lequel s’est imposé le monde de la City et de Wall Street, aujourd’hui cerné par l’inéluctable effondrement financier à venir, et l’optimisme bâtisseur des pays émergents qui nous invitent à rejoindre l’alternative des Nouvelles routes de la Soie.

Chronologie sommaire :

  • 16 Juin 2015 : Donald Trump annonce officiellement sa candidature aux élections présidentielles américaines et se présente aux primaires des Républicains.
  • Fin 2015 : Le sous-directeur du FBI Andrew McCabe se rapproche de l’ancien agent du MI6 Christopher Steele qui construit un dossier compromettant sur Trump et ses liens avec la Russie pour le compte la société privée de renseignement américaine Fusion-GPS, pro-Clinton [17] Plusieurs sources officielles ont confirmé que la femme de McCabe a reçu des fonds d’un ami proche de Hillary Clinton en 2015. [18].
  • 12 juin 2016 : Julian Assange déclare sur la chaîne anglaise ITV’s Peston qu’il est en possession de nouveaux courriels compromettants sur Hillary Clinton et qu’il prépare leur publication [19].
  • 14 juin 2016 : Crowdstrike, la société chargée de la sécurité informatique de la direction du parti démocrate (DNC), publie un rapport décrivant des intrusions de hackers russes sur les serveurs du parti, ce qui a constitué l’épine dorsale des allégations de collusion russe dans les élections [20].
  • 15 juin 2016 : Guccifer 2.0 apparaît sur la scène et revendique le piratage des serveurs de la DNC. Il dit avoir remis les documents hackés à Wikileaks [21].
  • 10 Juillet 2016 : Seth Conrad Rich, un directeur de projet informatique du DNC, est assassiné dans la rue à Washington D.C.
  • 22 juillet 2016 : Wikileaks commence la publication de 44 000 courriels du DNC d’une période allant de janvier 2015 au 25 mai 2016 et dément avoir été fourni par le hacker Guccifer 2.0. [22]
  • 9 août 2016 : Wikileaks offre officiellement 20 000 $ pour toute information notoire sur le meurtre de Seth Rich [23] (voir remarque).
  • 8 novembre 2016 : Donald Trump remporte les élections présidentielles américaines. Malgré les critiques du système de vote des grands électeurs qui lui donna l’avantage, il réalise le meilleur score en nombre de voix jamais obtenu par un candidat républicain à la présidence des États-Unis.
  • 17 Novembre 2016 : Le directeur du Renseignement Intérieur James Clapper annonce sa démission, déclarant que l’affaire de l’ingérence russe sur les élections américaines est pire que le Watergate. Il avouera plus tard qu’il n’existait aucune preuve de liens compromettants entre Trump et la Russie [24].
  • Début Janvier 2017 : Avant de quitter ses fonctions le 20 janvier, Obama met en route un programme secret concocté par le directeur de la CIA John Brennan qui autorise le déploiement d’ « implants » dans les réseaux informatiques russes - des bombes numériques supposées être déclenchées dans une cyber-attaque en représailles de piratages attribués à la Russie [25].
  • 6 Janvier 2017 : Les agences de renseignement éditent un rapport public, soutenant la thèse de l’ingérence russe dans les élections de 2016 et citant abondamment Crowdstrike et ses allégations d’empreintes russes sans apporter de preuves vérifiables ni de nouveaux éléments. Mais le storytelling colle parfaitement avec l’hystérie médiatique déjà en place, qui s’en empare avec frénésie [26].
  • 11 Janvier 2017 : Le blog américain Buzzfeed publie le dossier de l’ancien agent du MI6 Christopher Steele décrivant Donald Trump comme un agent du Kremlin. Le « pirate » informatique que Steele mentionne comme l’une des personnes clés dans le dossier, Aleksej Gubarev, accuse Steele d’avoir publié des informations non confirmées en échange de promesses de salaire d’une tierce personne [27]. Plus tard, Christopher Steele admet que son papier ne contenait aucune information vérifiée, mais à travers les directeurs du FBI McCabe et Comey, il aurait été utilisé avant sa publication pour justifier la mise sous surveillance de Donald Trump et de son équipe de campagne par le président Obama, au travers d’une modification récente de la loi FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act) [28].
  • 13 Janvier 2017 : L’ancien ambassadeur britannique à Moscou Sir Andrew Wood, proche de l’agent Steele du MI6, révèle avoir joué un rôle central dans le dossier sur les liens présumés entre Donald Trump et la Russie en attirant l’attention des agences de renseignement américaines. Sir Wood aurait été consulté par le sénateur John McCain, lors d’une conférence à Halifax quelques jours après les élections américaines. Connu pour son soutien au coup d’Etat des néo-nazis en Ukraine, John McCain aurait ensuite obtenu le dossier à partir de ses propres sources, pour le remettre au directeur du FBI James Comey début décembre 2016 [29].
  • 17 Janvier 2017 : Plus de 20 vétérans du renseignement militaire américains membres du VIPS (Veteran Intelligence Professionals for Sanity), demandent au président Obama de publier des éléments de preuve concluantes soutenant les allégations accusant la Russie d’avoir aidé la campagne de Trump - ou d’admettre que les preuves sont insuffisantes [30].
  • 30 mars 2017 : Evelyn Farkas, membre de l’Atlantic Council, ancienne sous-Secrétaire Adjointe à la Défense pour la région Russie/Ukraine/Eurasie confirme par inadvertance qu’Obama était briefé quotidiennement par la NSA et le FBI sur Trump et son entourage lors de la campagne présidentielle [31].
  • 31 Mars 2017 : Des fichiers publiés sur le Vault 7 de Wikileaks révèlent les techniques d’usurpation d’identité très avancées utilisées par la CIA permettant d’imputer le piratage de leurs agents à des tiers étrangers. Le programme connu sous le nom de Marble Framework a été conçu par le Groupe de développement de l’ingénierie de la CIA. Ce groupe faisait partie de la vaste Direction de l’innovation numérique de la CIA, une industrie en croissance créée par John Brennan en 2015. Les fichiers confirment l’utilisation pratique de cette technique durant l’année 2016 [32].
  • 23 Mai 2017 : Le « Public Theatre » commence une tournée aux Etats-Unis de la pièce de Shakespeare Jules César personnifiant Donald Trump en César et Ivanka Trump en sa femme. La scène du meurtre par Brutus évoque clairement l’assassinat de Trump. Les représentations très médiatisées ont conduit à de nombreuses interpellations par des sympathisants de Trump indignés [33].
  • 30 Mai 2017 : Dans ce qui ressemble à un appel au meurtre, l’actrice Kathy Griffin crée le scandale en publiant une vidéo dans laquelle elle se met en scène, la tête décapitée et ensanglantée de Donald Trump dans la main [34].
  • 14 Juin 2017 : Le Sénat américain approuve à la quasi unanimité de nouvelles sanctions contre la Russie, considérées comme des représailles aux allégations d’ingérences russes dans les élections présidentielles.
  • 17 juin 2017 : Lors du festival de musique Glastonbury en Angleterre, l’acteur américain Johnny Depp déclare devant une foule de quelques milliers de personnes : « C’est juste une question, je n’insinue rien ... Quand était-ce, la dernière fois qu’un acteur a assassiné un président ? » se référant à l’acteur sympathisant des confédérés John Wilkes Booth, qui a assassiné le président Abraham Lincoln en 1865 [35].
  • 24 Juillet 2017 : Appuyé par les enquêtes d’experts en informatique indépendants et un ancien directeur technique de la NSA, le groupe de vétérans du renseignement américain VIPS publie un mémo démontrant par des outils scientifiquement vérifiables que les documents publiés par Guccifer 2.0 le 5 juillet 2017 ne pouvaient pas provenir d’un piratage. Ils en concluent que l’auteur des fuites émanait de l’intérieur du DNC [36].

Remarque :

N’oublions pas que si Guccifer 2.0 n’est pas la personne qui a remis les données du DNC à Wikileaks, une autre personne manque au Puzzle. Kim Dotcom [37], Julian Assange [38] et le journaliste renommé Seymour Hersh (qui dit s’appuyer sur des sources internes du FBI [39]) ont tous affirmé avoir des éléments prouvant qu’un certain Seth Rich, partisan de Bernie Sanders, aurait été l’auteur des fuites. Seth Rich, 27 ans, était directeur du bureau de collecte des données des électeurs. Une de ses tâches au DNC était l’élaboration d’une application informatique pour aider les électeurs à localiser les bureaux de vote. Le 10 Juillet 2017, il est assassiné de deux balles dans le dos près de son domicile.

L’enquête qui devait logiquement être soumise à la police fédérale de Washington D.C. fut remise à des autorités supérieures qui conclurent à une tentative de vol qui aurait mal tourné, tandis qu’aucun objet n’a été dérobé. Des étudiants en médecine légale à Washington D.C. spécialisés en psychologie du crime ont étudié le cas. Ils ont indiqué qu’aucune douille de balle n’avait été retrouvé sur la scène du crime, signe caractéristique d’un tueur à gage [40]. Aujourd’hui, quiconque mentionnant Seth Rich comme l’auteur possible des fuites se voit qualifié de colporteur de thèses d’extrême-droite et de conspirationnisme.