Le 29 septembre, la Maison Blanche a rendu public un programme en 20 points pour un cessez-le-feu à Gaza et au-delà, dont Donald Trump venait de convenir avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou lors d’une réunion quelques heures plus tôt. Loin de créer un climat d’apaisement, le président américain a lancé un ultimatum au Hamas, lui laissant quatre jours pour accepter le plan de paix pour Gaza, sous peine d’en subir les conséquences.
La paix dans la balance
Flanqué de Benjamin Netanyahou, Trump a déclaré le 29 septembre à la Maison Blanche, après avoir annoncé son « Plan global pour mettre fin au conflit de Gaza » : « Si le Hamas rejette le plan, Israël finira le travail ». On a connu des médiations diplomatiques plus habiles.
Pendant ce temps, non seulement les Forces de défense israéliennes continuent à semer la destruction et la dévastation à Gaza, mais elles ont également intensifié leurs attaques contre les Palestiniens en Cisjordanie.
Dans les premières 24 heures ayant suivi la publication du plan américano-israélien, de nombreux pays ont apporté leur soutien au plan de paix. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, vient d’ailleurs de déclarer aujourd’hui même : « La Russie soutient et accueille toujours toutes les mesures prises par Trump pour éviter la tragédie qui se déroule actuellement », tandis que le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Guo Jiakun, affirmait pour sa part : « La Chine salue et soutient tous les efforts visant à apaiser les tensions entre la Palestine et Israël. (…) Elle préconise le respect du principe selon lequel la Palestine doit être gouvernée par les Palestiniens », dans le cadre d’une solution à deux États.
Ce qu’il faut, cependant, c’est une intervention active pour provoquer une réelle rupture avec le passé et un basculement vers une nouvelle dynamique pour la Palestine et Israël, afin de faire cesser le génocide et de commencer à reconstruire pour un avenir commun dans la région. Les principes et les mesures concrètes en ce sens sont énoncés dans le « Plan Oasis », l’approche proposée de longue date par Lyndon LaRouche et son organisation internationale. Ce plan circule largement aux Nations unies et dans les cercles internationaux par l’intermédiaire de l’Institut Schiller et de la Coalition internationale pour la paix.
Droit du plus fort
En réalité, le déchaînement meurtrier d’Israël est l’expression de la volonté des dirigeants occidentaux et des prétendues élites d’imposer le « droit du plus fort » (might makes right) dans tous les domaines. La ruée vers le réarmement militaire a atteint le stade de la folie aux États-Unis et au Canada, comme dans les pays d’Europe et de l’OTAN mondiale.
Le 30 septembre, le président Trump et le secrétaire à la Défense Pete Hegseth ont tenu des discours sur la nouvelle « éthique de la guerre » dans l’armée américaine et ont annoncé des plans d’expansion militaire. Face à un parterre de 800 généraux et d’amiraux américains, réunis sur la base des Marines de Quantico, près de Washington, Trump a annoncé que le budget militaire américain atteindrait le millier de milliards de dollars l’année prochaine. Il a timidement évoqué la prochaine génération d’avion de chasse à construire, qui sera probablement nommé F-47 (d’après la 47e présidence de Trump). De plus, il a annoncé de nouvelles mesures pour combattre « l’ennemi intérieur », prévoyant de créer une « force de réaction rapide en cas de troubles civils intérieurs ».
Comme le confie l’intellectuel trumpiste Curtis Yarvin au site Le Grand Continent : « Après la pandémie, le monde était mûr : le moment était venu pour la monarchie. Nous avions besoin d’un monarque. » Yarvin, intellectuel organique de la contre-révolution trumpiste, est un ingénieur informatique et blogueur, devenu célèbre en 2017 quand Politico l’a cité comme référence de Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump et toujours agitateur d’extrême droite. Yarvin se présente comme néoréactionnaire (ou NRX) et ses idées ont été reprises par le philosophe et professeur britannique Nick Land sous le nom de « Lumières sombres », un antilibéralisme politique qui considère que liberté et démocratie sont incompatibles. Peter Thiel a contribué au financement de son entreprise et considère Yarvin comme un « historien intéressant ». Le vice-président J.D. Vance, autre poulain de Thiel, le cite avec approbation.
Répression
Le 24 août 2025, Donald Trump avait signé l’ordre exécutif le plus dangereux de sa présidence : la création d’une « force de réaction rapide » de la Garde nationale spécialement entraînée pour « mater les perturbations civiles ». Pas de déploiement ponctuel — une force permanente, équipée, formée, prête à être déployée « rapidement à l’échelle nationale » sur simple ordre présidentiel. L’aboutissement d’un rêve trumpien : sa propre armée personnelle pour « régler » l’Amérique démocrate récalcitrante.
L’ordre exécutif de Trump de 14 pages transforme la Garde nationale en garde prétorienne présidentielle, exploitant savamment le Title 32 du « code américain » — cette disposition qui permet l’usage domestique de la Garde nationale sans violer formellement la loi Posse Comitatus de 1878 qui « interdit à l’armée américaine de mener des opérations de police civile sur le territoire américain » : 1) en cas d’invasion ou de rébellion (ce qui n’est pas le cas) et 2) lorsque la mission est financée et sous contrôle des États. Cet article, explique ABC News, a par exemple permis à Donald Trump de demander aux gouverneurs d’États républicains d’envoyer les soldats de leur propre garde nationale à Washington.
Janessa Goldbeck, directrice du Vet Voice Foundation, décode cette manœuvre juridique :
Hegseth a quant à lui évoqué le durcissement des normes militaires et annoncé qu’il se prononcerait en octobre sur l’innovation militaire et très bientôt sur le rôle militaire des États-Unis dans l’hémisphère occidental.
L’UE cache sa faillite en battant les tambours de guerre
En Europe, la réunion du Conseil de l’Union européenne s’est tenue le 1er octobre, à Copenhague, réunissant les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des 27 pays membres de l’UE, pour discuter du renforcement de l’aide à l’Ukraine et de la défense de l’Europe contre une éventuelle attaque de la Russie. Au lieu d’essayer de résoudre le conflit ukrainien, c’est le 19e paquet de sanctions contre la Russie et ses partenaires commerciaux qui a occupé les esprits. Accueillis le lendemain par la Communauté politique européenne, les représentants de 47 pays étaient invités à s’entretenir sur des points similaires, notamment l’intensification des conflits et le réarmement.
Depuis plusieurs semaines, l’hystérie monte en Europe à propos des incursions présumées de drones russes dans l’espace aérien de pays membres de l’OTAN. Aucune preuve n’ayant été fournie sur l’origine de ces engins ni sur l’identité de ceux qui les auraient lancés, pas plus que sur les dégâts infligés, on peut supposer à bon droit que l’objectif principal de ces informations est de préparer psychologiquement les populations européennes à l’épreuve et à la guerre.
Après les incidents signalés au-dessus de la Pologne et de l’Estonie impliquant des drones non armés, le Danemark a temporairement fermé certains de ses aéroports la semaine dernière pour cause de drones détectés à proximité. Or, tout en admettant que les autorités n’avaient aucune indication de leur origine, la Première ministre danoise a cru bon d’ajouter que la Russie constitue la principale menace à la sécurité européenne.
De leur côté, les dirigeants russes ont déclaré que d’éventuelles incursions de leur part n’étaient ni intentionnelles ni de portée conséquente, et que ce genre d’incident impliquant des avions ou des drones de l’OTAN dans l’espace aérien russe n’avait rien d’inhabituel.
Quoi qu’il en soit, l’effort de réarmement est soutenu à fond par la Commission européenne, dont la politique ne se distingue pratiquement plus de celle de l’OTAN. Ainsi, les ministres de la Défense de l’UE ont convenu, le 26 septembre, d’ériger un « mur de drones » le long des frontières avec la Russie et l’Ukraine, afin de détecter et d’intercepter tout ce qui violerait l’espace aérien de l’UE. Le projet devrait être à l’ordre du jour du sommet informel réunissant les dirigeants de l’UE le 1er octobre à Copenhague.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, fait campagne depuis plusieurs semaines pour ce « mur anti-drones », en collaboration avec les pays baltes. Elle a d’ailleurs annoncé qu’un budget de six milliards d’euros était prévu pour une « alliance anti-drones » avec l’Ukraine. Mais ce n’est pas tout. Dans une interview accordée la semaine dernière à CNN, elle s’est aventurée à dire que « l’option d’abattre un avion de chasse qui envahit notre espace aérien est sur la table ».
Quant au secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, à qui un journaliste de Fox News demandait s’il pensait que les pays de l’OTAN devraient abattre les drones et les avions russes qui violent leur espace aérien, comme l’a suggéré le président Trump, il répondit qu’il était tout à fait d’accord avec Donald Trump, en ajoutant toutefois « si nécessaire ».
Côté britannique, le plus ancien groupe de réflexion de Sa Majesté, le Royal United Services Institute (RUSI), a publié le 19 septembre un article du stratège Nathaniel England, appelant les pays de l’OTAN qui seraient volontaires à mettre en place une zone d’exclusion aérienne sur les deux tiers de l’Ukraine, afin d’intercepter et d’abattre tout appareil militaire ou drone russe qui pénétrerait dans cette zone. Autrement dit, la voie la plus sûre vers la troisième guerre mondiale...


