21 septembre 2025 (EIRNS) — Le 19 septembre, le RUSI a publié un article de Nathaniel England intitulé « Le moment de l’Europe : une stratégie de sanctuaire pour l’Ukraine » , qui appelle la Coalition des Volontaires à imposer rapidement une zone d’exclusion aérienne sur les deux tiers de l’Ukraine, capable d’intercepter des avions militaires et des drones russes. Ce déploiement ira de pair avec à un renforcement des forces militaires à la frontière biélorusse.
L’auteur appelle à ce que cela soit fait maintenant, avant que les présidents Donald Trump et Vladimir Poutine ne parviennent à négocier une solution pacifique !« L’Europe , dit-il, ne peut pas se permettre d’attendre que des pourparlers de paix soient menés ailleurs. » Londres et Paris, dit-il, doivent prendre l’initiative pour toute l’Europe.
Cette politique britannique représente, on ne peut plus clairement, une tentative de sabotage des efforts russes et américains pour mettre fin à la guerre. Elle pourrait conduire directement à une confrontation nucléaire entre l’OTAN et la Russie.
« Le premier élément, selon England, doit être une zone d’exclusion aérienne (NFZ) au-dessus du centre et de l’ouest de l’Ukraine. La zone protégée proposée ici s’étendrait de la triple frontière (Biélorussie-Russie-Ukraine) au sud-est, jusqu’à Pavlohrad ; puis au sud-ouest via Kryvyi Rih jusqu’à Mykolaïv, à l’ouest à Dobroslav, et de là au sud, via Odessa, jusqu’à la frontière de l’espace aérien roumain sur la mer Noire. Cela permettrait de protéger le cœur de l’Ukraine. »
Jetez un coup d’œil à la carte : elle montre que la NFZ s’étendrait sur la Moldavie, où des événements très controversés se déroulent actuellement, et diviserait la mer Noire, face à la Crimée.
Le deuxième élément, affirme Londres, « est une présence défensive terrestre à la frontière entre l’Ukraine et la Biélorussie. Un déploiement multinational modeste le long de ce flanc serait loin des lignes de front et strictement défensif [sic]. Son objectif serait d’empêcher Moscou d’ouvrir un nouvel axe d’attaque... ». Cette action « signalerait que toute nouvelle attaque depuis la Biélorussie impliquerait automatiquement les États européens et augmenterait le coût de l’escalade pour Moscou ».
England insiste pour que cette initiative soit mise en œuvre rapidement. La coalition des volontaires « doit l’établir en Ukraine avant que les conditions de la paix ne soient décidées ; attendre après risquerait de la rendre inutile ». Cela doit donc être fait avant que le président russe Vladimir Poutine et le président américain Donald Trump ne parviennent à un accord de paix qui réponde aux intérêts réels de toutes les nations concernées en matière de sécurité.
Dans ce contexte, on pourrait considérer que l’affirmation du gouvernement polonais selon laquelle, le 9 septembre, quelque 19 à 23 drones russes ont survolé la Pologne, et celle du gouvernement estonien selon laquelle, le 19 septembre, trois avions militaires russes ont violé l’espace aérien de l’Estonie, membre de l’OTAN, pendant 12 minutes – deux affirmations démenties par le gouvernement russe – sont des provocations préméditées et sans fondement visant à pousser les nations à adopter une zone d’exclusion aérienne et le plan du RUSI. Cet institut n’est pas à sa première tentative de provoquer l’enveniment de la situation. Dès le début de ce conflit, Le 22 mai 2022, Malcom Chalmers appelait les forces de l’OTAN à utiliser cette guerre pour provoquer une montée du conflit jusqu’au nucléaire, pensant pouvoir ainsi forcer la capitulation du Président Poutine. Il appelait cela « une crise de missiles à la Cuba sous steroides ».
Une action aussi précipitée serait plus que dangereuse. Le gouvernement russe a indiqué à de nombreuses reprises que toute troupe étrangère combattant sur le sol ukrainien ou déployée pour établir une zone d’exclusion aérienne serait, comme l’a déclaré le président Poutine le 5 septembre, « une cible légitime à détruire ».
Rappelons que le Royaume-Uni a été aux avant postes dans toutes les provocations qui ont fait évoluer ce conflit en Ukraine vers une guerre majeure en Europe, ayant le potentiel de se muer en un conflit nucléaire entre l’OTAN et la Russie. En avril 2022, lorsque Ukrainiens et Russes s’étaient mis d’accord pour mettre fin à la guerre, c’est Boris Johnson, alors Premier ministre britannique, qui avait fait le déplacement à Kiev, pour le convaincre de poursuivre la guerre, lui promettant l’aide militaire occidentale pour pouvoir l’emporter.
La France doit, au contraire, aujourd’hui adopter aujourd’hui une position gaullienne : la création d’une nouvelle architecture de sécurité et de paix en Europe qui assure un futur économique à une Ukraine qui pourrait devenir membre de l’UE, mais aussi la sécurité à la Russie, en démilitarisant l’Ukraine et en lui interdisant de devenir membre de l’OTAN. On ne peut pas prétendre, comme le fait l’OTAN, que la Russie n’a pas été provoquée à la guerre, l’OTAN qui une dizaine d’années après la fin du communisme, se retrouve quasiment aux portes de la Russie, après avoir fait adhérer la plupart des anciens pays de l’Est à l’OTAN, en violation de la promesse faite par les Etats-Unis à Mikhael Gorbatchev, que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est.



