Par Karel Vereycken
Article paru dans Nouvelle Solidarité de septembre 2024 mais d’une grande actualité vu l’impunité accordé par les Etats-Unis à la politique génocidaire du gouvernement Netanyahou. Membre de Conseil de sécurité, un véto américain bloque toute avancée décisive. La résolution 377 permettrai de contourner l’obstacle.
Prenant connaissance de l’initiative du politologue malaisien Chandra Muzaffar, fin juillet (2024), Helga Zepp-LaRouche, fondatrice de l’Institut Schiller et initiatrice de la Coalition internationale pour la paix, lui a apporté son soutien total. De quoi s’agit-il ?
Chandra Muzaffar, professeur de relations internationales, est un islamologue réformateur, un défenseur infatigable des droits de l’homme et un militant pour la paix. Directeur du Centre pour le dialogue des civilisations à l’université de Malaya, à Kuala Lumpur, il préside le Mouvement international pour un monde juste (JUST), une ONG qui vise à sensibiliser le public aux fondements moraux et intellectuels de la justice mondiale.
Il vient d’adresser une lettre à l’ensemble des chefs d’Etats des pays membres de l’ONU, les appelant à prendre des mesures d’urgence pour sortir le conflit israélo-palestinien de l’impasse :
« Nous sommes profondément préoccupés par la catastrophe en cours à Gaza et en Palestine. Malgré les nombreux appels lancés par des personnalités du monde entier à Israël pour qu’il accepte un cessez-le-feu immédiat et l’acheminement vers Gaza de produits de première nécessité (eau, électricité, nourriture, carburant et médicaments), le gouvernement israélien reste sourd à toute proposition visant à mettre fin au massacre gratuit de civils, en particulier d’enfants et de femmes, qui constituent la majorité des personnes tuées (…)
« Puisqu’il ne semble pas possible de contraindre le gouvernement israélien, nous espérons désormais que l’Assemblée générale des Nations unies et la résolution 377 pourront être mises à contribution. Comme vous le savez, l’AGNU peut être invitée à agir si le Conseil de sécurité de l’ONU ne parvient pas à surmonter un conflit prolongé. Une session spéciale de l’AG peut être convoquée et se prononcer sur la catastrophe à Gaza, et en Palestine plus généralement.
« C’est notre espoir et en particulier celui de l’ONG World Beyond War, à l’origine de cette campagne, que votre gouvernement soutiendra cette initiative. Elle donnera un rôle primordial à l’AGNU pour mettre fin au génocide à Gaza.
« La résolution 377 peut non seulement imposer un embargo sur les livraisons d’armes à Israël et au Hamas, mais aussi désarmer les deux parties en conflit et envoyer un nombre conséquent de casques bleus non armés à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Ils veilleront à ce qu’il n’y ait pas d’affrontement armé dans toutes les régions de Palestine et même en Israël, jusqu’à ce qu’une conférence réunissant toutes les parties impliquées directement ou indirectement dans le conflit, aboutisse à un accord sur le rétablissement de la totalité des droits des Palestiniens, la création d’un État où tous les citoyens seraient égaux, indépendamment de leur religion ou de leur appartenance ethnique, et où le droit au retour de tous les réfugiés palestiniens serait reconnu et mis en œuvre. (…) Compte tenu de votre engagement en faveur de la paix, JUST est convaincu que vous ferez aboutir la résolution 377 lors de la prochaine session de l’Assemblée générale, et que vous aiderez le pays des trois religions à jouir à nouveau de la tranquillité et de l’harmonie. »
Qu’est-ce que la résolution 377
La résolution 377 (V) — Uniting for peace — est adoptée par l’Assemblée générale le 3 novembre 1950. Préparée par le secrétaire d’État américain Dean Acheson — résolution Acheson —, elle trouve son origine dans la guerre de Corée et attribue à l’Assemblée générale des responsabilités auparavant exercées par le seul Conseil de sécurité.
Le 25 juin, devant l’attaque nord-coréenne, le Conseil de sécurité demande la cessation immédiate des hostilités et le retrait des troupes de Pyongyang (résolution 82). L’Union soviétique pratique alors la politique de la chaise vide en raison de son désaccord sur la représentation chinoise au sein de l’ONU.
Adoptées dans les mêmes conditions, les résolutions 83 (27 juin) et 84 (7 juillet) autorisent l’emploi de la force et la création d’un commandement unifié sous l’autorité des États-Unis.
C’est le retour de l’Union soviétique au sein du Conseil (1er août) qui conduit les États-Unis à solliciter l’Assemblée générale. La résolution Acheson est adoptée le 3 novembre par 52 voix contre 5 et 2 absentions. Votent contre : l’Union des Républiques socialistes soviétiques, la République socialiste soviétique de Biélorussie, la République socialiste soviétique d’Ukraine, la Pologne et la Tchécoslovaquie.
Résolution 377 stipule que, « dans tout cas où paraît exister une menace contre la paix, une rupture de la paix ou un acte d’agression et où, du fait que l’unanimité n’a pas pu se réaliser parmi ses membres permanents, le Conseil de sécurité manque à s’acquitter de sa responsabilité principale dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, l’Assemblée générale examinera immédiatement la question afin de faire aux membres les recommandations appropriées sur les mesures collectives à prendre (…) pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales. »


