
Source : Académie de Géopolitique de Paris
Merci Ali Rastbeen, et merci à tous qui sont ici parce que nous devons ensemble aider à relever un défi qui est fondamental pour l’humanité.
La Paix ne consiste pas seulement à rejeter la guerre. Elle exige un projet d’accord, pour réunir les conditions d’un pouvoir, ou plutôt d’une puissance de vivre en commun. C’est à partir de cette conviction humaine, qui fut celle des auteurs du traité de Westphalie en Europe en 1648, que peut apparaitre une solution. Une solution difficile, mais réelle, non seulement au conflit israélo-palestinien, mais pour éviter l’embrasement de toute l’Asie du Sud-Ouest.
C’est sur cela que se fonde le Plan Oasis, que propose notre coalition internationale pour la Paix et notre Institut Schiller.
C’est une organisation de développement et de croissance mutuels, un projet de développement économique basé sur trois facteurs interdépendants, essentiels dans cette région du monde : l’eau, l’énergie, l’alimentation.
Pas de belles paroles, mais l’eau, l’énergie et l’alimentation ! Ce n’est pas mettre entre parenthèses les conditions politiques pour y parvenir, mais de créer les conditions économiques, l’environnement, pour pouvoir parvenir à une solution politique. Ce devrait être le plan de l’Europe, et tout d’abord de la France.
L’oasis n’est pas seulement un lieu où l’on passe, mais, lorsque les oasis se multiplient, des sources qui réunissent les caravanes. C’est l’économiste américain Lyndon LaRouche qui conçut ce projet à partir de l’année 1975, à la suite d’entretiens avec les dirigeants du parti Baas irakien et syrien, et de la tendance anticoloniale du parti travailliste israélien représentée alors par Abba Eban. J’ai moi-même rencontré à plusieurs reprises Maxime Ghilan qui animait à Paris la publication Israël et Palestine condamnant les excès coloniaux israéliens, et interlocuteur de Yasser Arafat et de ses amis.
Je vais ici décrire ce plan, socle d’un développement, d’une sécurité mutuelle qui doit bénéficier donc à toute la région, comme l’était d’ailleurs l’intention du plan des cinq mers de Bachar el-Assad. Je tenais à vous montrer que ce n’est pas un projet chimérique, venant de nulle part, mais le fruit d’un dialogue entre adversaires à la recherche d’un bien commun.
Après en avoir décrit les fondements, je vous montrerai les divers essais qui l’ont précédé, et comment les trois guerres fomentées par les oligarchies extérieures à la région – la guerre de Suez en 1956, la guerre des Six Jours en 1967, la guerre du Kippour en 1973 – toutes ces guerres ont été des opérations lancées pour saboter les plans de paix par le développement mutuel, et ensuite bien entendu vient l’assassinat de Yitzhak Rabin, la répression par Israël des intifada et l’ascension au pouvoir de Benyamin Netanyahou, son alliance avec les colons israéliens de Cisjordanie et les racistes Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir, qui ont organisé le génocide de Gaza et les crimes des occupants en Cisjordanie.
Le Plan Oasis a pour fondement la réparation de ces crimes, des offenses infligées à l’autre, et la mise en œuvre de grands travaux pour le bénéfice mutuel, amorçant et étendant une dynamique. Il prévoit donc : eau, énergie et alimentation.
EAU : c’est l’abandon par Israël de son contrôle exclusif des ressources en eau, au profit d’un accord de partage équitable des ressources entre tous les pays de la région ; c’est l’installation immédiate d’une usine de dessalement flottante, sous-marine ou offshore sur la côte de Gaza.
Actuellement il y en a une, et vous savez qu’actuellement en coupant l’électricité à Gaza, Israël condamne Gaza à ne pas avoir d’eau potable ; c’est la réalisation d’un système d’adduction d’eau, de galeries d’eau Méditerranée-Mer Morte, et Mer Morte-Mer Rouge, composé de tunnels, de pipelines, de stations de pompage et d’énergie hydro-électrique.
C’est aussi l’ENERGIE. Avant d’être dessalée, l’eau de mer arrivant à la Mer Morte chutera dans un puits de 400 mètres – vous savez, la Mer Morte est 400 mètres en-dessous – donc l’eau arrive par un pipeline dans un réservoir. Au fond de ce réservoir, un puits permet de faire chuter l’eau de 400 mètres et grâce à des turbines et donc de générer de l’énergie hydroélectrique.
Ensuite, après un dessalement, l’eau douce ira en Jordanie, en Palestine, en Israël. La saumure servira à sauver la Mer Morte, et ça c’est essentiel, il faut sauver cette étendue d’eau dans cette région. Une partie d’eau transitant par le système d’adduction Méditerranée-Mer Morte pourrait être dessalée à Beer-Shev’a, capitale du Néguev, dont la population, grâce aux nouvelles réserves d’eau douce, pourraient doubler.
Ensuite, c’est l’alimentation, la vie et les transports. De nouvelles villes, des corridors de développement devront être organisés autour du nouveau système d’adduction d’eau. C’est la maîtrise de l’eau dans des corridors de développement, pour des êtres humains, pour des industries, pour des services.
Cette maîtrise de l’eau, c’est la récupération des eaux de surface et des eaux de pluie, c’est l’irrigation au goutte-à-goutte, c’est aussi le dessalement bien entendu, et cela entrainera un développement rapide de l’agriculture. Israël aujourd’hui a des eaux supérieures à ses besoins : elle doit les partager.
La fin de la politique de colonisation en Cisjordanie : les colons devront être incités fiscalement, ou par des méthodes nécessairement plus directes, à se réorienter vers le Néguev, où ils pourront occuper, en bonne entente avec les bédouins, des Palestiniens et d’autres, des emplois productifs et faire fleurir le désert. Il y a de la place pour tous dans la région.
Enfin, c’est la reconstruction et le développement économique de la bande de Gaza, y compris l’aéroport international Yasser Arafat, qui a été inauguré en 1998, détruit au bulldozer par les Israéliens en 2002, et qui devra être reconstruit, et un grand port maritime, desservant un hinterland équipé d’infrastructures de transport, industriel et agricole.
Alors, est-ce idéaliste ? Est-ce impossible ? D’abord, il n’y a pas d’autres choix que celui d’un accord gagnant-gagnant, pour les peuples, si l’on veut réellement parvenir à la Paix. Seule une dynamique de développement mutuel permet d’échapper à une dynamique de guerre.
C’est la méthode du Plan Oasis. Disons-le franchement, elle a des caractéristiques propres à cette région du monde, mais pour assurer son succès durable elle doit se situer dans le contexte d’une architecture internationale de Paix et de sécurité mutuelles, par-delà cette région. La seule guerre qui mérite d’être gagnée, est la guerre au désert.
Aujourd’hui, le système gagnant-gagnant des BRICS, de l’Organisation de Coopération de Shanghai, appuyé par ce qui devient la majorité mondiale, dessine l’assise de cette nouvelle architecture de Paix à une échelle qui est, elle, globale.
Restent deux conditions politiques adjointes au Plan Oasis. Reconnaître immédiatement l’État palestinien, par tous, pour qu’il puisse y avoir deux interlocuteurs officiels. L’accord d’Oslo a échoué parce qu’il ne l’a pas prévu dès le départ.
Faire libérer Marwan Barghouti, qui est reconnu comme le leader qui est capable de rassembler toutes les tendances palestiniennes, et un engagement pour chaque partie à œuvrer au bénéfice de l’autre, sans y voir un ennemi existentiel, comme l’a voulu Carl Schmitt, non seulement à l’échelle de l’Europe, mais aussi à l’échelle du Moyen-Orient, comme il avait été rappelé la dernière fois. Alors, encore une fois, utopie ? Non, c’est le résultat de la mise en œuvre d’effets multiples.
Alors, je voulais vous montrer d’abord rapidement le relief. Vous avez la première image du relief de la région. On peut voir qu’il y a le lac de Tibériade – 200 mètres en-dessous du niveau de la mer –, la Mer Morte – 420 mètres en-dessous du niveau de la mer – et les côtes.
La salinité de la Mer Morte c’est 27 %, la salinité en Méditerranée 2 à 4 %. Donc on peut créer les conditions où on revivifie l’intérieur : on a des ressources en eau et on développe la région. C’est un axe qui serait d’abord Méditerranée-Mer Morte, et Mer-Morte-Mer Rouge. C’est un défi énorme en raison de ce relief, mais aussi une occasion à saisir pour toute la région.
Ensuite l’inégalité de ressources en eau dans la région. Donc on voit là qu’il y a des régions favorisées – c’est la Turquie par exemple – et vous voyez la Jordanie qui est au bout, et la Palestine aussi, qui ont des ressources extrêmement limitées. Alors qu’en Israël et dans les colonies, 47 % des terres sont irriguées aujourd’hui, c’est seulement 6 % dans les terres palestiniennes.
Ensuite, les efforts qui ont été faits pour résoudre la question. Il y a d’abord le plan Johnston-Eisenhower, dès 1953. On voulait entreprendre un développement entre Israéliens et Palestiniens, en prenant les ressources en eau de la vallée du Jourdain, irrigation, hydroélectricité. Israël et la Ligue Arabe n’ont pas soutenu cet accord parce qu’il y avait des blessures de la colonisation israélienne qui n’étaient pas encore fermées.
Et puis il y a eu l’expédition franco-anglo-israélienne de Suez en 1956, qui a été due à l’eau. On dit que c’est Nasser qui voulait nationaliser le Canal de Suez, ce n’est pas tout à fait comme cela que ça s’est passé.
C’est d’abord John Foster Dulles et Allan Dulles qui ont voulu empêcher qu’on bâtisse le barrage d’Assouan. Nasser a dit : si c’est comme ça, je nationalise le Canal de Suez. Et à ce moment-là il y a eu l’expédition anglo-franco-israélienne, qui a été arrêtée par les États-Unis, à l’époque d’Eisenhower, et évidemment à l’époque en URSS Malenkov et je crois aussi Kaganovitch, qui ont arrêté cela. Donc la guerre a laissé des traces, et la confiance déjà très fragile, totalement, disparait.
Il y a ensuite la guerre des Six Jours, 1967, il y a la guerre du Kippour, 1973. Et malgré cela, il y a en 1975 un plan d’ingénieurs allemands qui s’appellent Herbert Wendt et Wieland Kelm, c’est la suivante, pour tracer une route d’eau Méditerranée-Mer Morte.
Prise de haut en mer avec un canal de 7 km, puis une galerie hydraulique de 55 km à travers le relief, on arrive à un lac de retenue de 3 km, et après il y a une chute de 400 mètres vers la Mer Morte, et on crée de l’hydroélectricité à partir de là. C’est de cette manière qu’on pourra en même temps sauver la Mer Morte. Ça ne marche pas, parce qu’évidemment ça a été fait de façon unilatérale par Israël, et de toute façon un projet élaboré de cette façon ne peut pas être accepté.
Le 16 décembre 1981, l’Assemblée générale des Nations Unies exige qu’Israël cesse l’exécution du canal reliant la Mer Méditerranée à la Mer Morte, et prie le Conseil de sécurité d’empêcher ce projet d’exister. C’est donc bien en raison du conflit entre les deux parties, fomenté de l’extérieur, et parce que le projet unilatéral est contraire au droit international, qu’il est alors arrêté.
Le projet d’aqueduc Mer Morte-Mer Rouge, également envisagé, est bloqué pour la même raison. Les projets unilatéraux sont condamnés à l’échec.
Viennent alors les accords d’Oslo. Ils comprennent une annexe 3 dont on parle peu, prévoyant une coopération économique israélo-palestinienne basée sur l’eau et l’électricité, avec un comité permanent de coopération économique. C’est la raison pour laquelle il fut approuvé par l’Organisation pour la Libération de la Palestine, et en particulier par Marwan Barghouti, évidemment, mais il ne fut jamais mis en œuvre, il fut saboté.
Le 4 novembre 1995 c’est l’assassinat d’Yitzhak Rabin. Malgré les efforts de Shimon Peres et de Yasser Arafat et du roi de Jordanie, il ne reste de cela que le canal le long du Jourdain qui est pour alimenter la Jordanie en eau, et qui est sur le territoire jordanien.
Netanyahou l’emporte : il est Premier ministre d’Israël de 1996 à 1999, puis de 2009 à 2021, puis maintenant à partir de 2022. Il faut bien voir qui est Benyamin Netanyahou. Son père, Bension Netanyahou était le principal collaborateur et secrétaire personnel de Vladimir Z. Jabotinski, qui est – soyons poli – un néo-fasciste. Donc c’est de là que date le projet, qui est encore activé, du fameux canal Ben Gourion, jusqu’à maintenant, le génocide de Gaza et évidemment c’est le tournant politique d’Israël.
Voilà le Plan Oasis pour renverser cela. Vous voyez, vous avez une vision – je n’ai pas le temps de m’étendre mais nous avons ici tous les éléments sur le Plan Oasis – avec des projets qu’on peut voir figurer sur cette image.
Finissons par une note d’espoir. La seule option alternative au Plan Oasis c’est la guerre, la guerre permanente au Moyen-Orient. Donc il est un repère indispensable, sûr, économique, il doit être imposé par une volonté de Paix, donc une volonté qui doit venir de l’intérieur, une volonté de Paix intérieure, mais aussi de l’extérieur, elle doit être imposée par les États-Unis en particulier, le levier de la Russie et de la Chine, de la Turquie et de l’Iran devant jouer un rôle. Alors, rappelons que le gouvernement chinois est parvenu à apaiser les relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite, c’est un même type de défi mais bien plus profond que l’on doit relever ici. Ce que montre ce gouvernement chinois c’est que le monde peut changer si la manière de penser change, si l’obsession de domination géopolitique est remplacée par des projets gagnants-gagnants. Il ne s’agit pas d’un humanisme béat, mais d’une nécessité.
Aujourd’hui, il y a le plan du Caire. Au Caire se sont réunis dans un sommet extraordinaire les pays arabes – c’est la Ligue Arabe – qui ont dénoncé à l’unisson les tentatives odieuses de déplacer le peuple palestinien et ont adopté le plan élaboré par l’Égypte pour la reconstruction de Gaza en cinq ans.
- La première phase, c’est le déblaiement des débris, déminage.
- Deuxième phase, c’est la fourniture de logements temporaires à 1,5 million de personnes sur ces sites pendant la politique de réparation. Et la deuxième phase c’est la reconstruction, qui doit s’étaler jusqu’en 2030, il est prévu de rebâtir les routes, les réseaux, les services publics, et d’en venir à l’idée de ce développement mutuel qui était dans l’annexe 3 des accords d’Oslo, et qui a toujours été sabotée.
Donc c’est un premier pas, mais il reste le fondement à établir : l’eau, l’énergie et l’alimentation, que l’on trouve dans ce Plan Oasis, mais pas encore dans ce plan de l’Égypte. Il y a des gens en France qui y travaillent – évidemment avec un biais pro-israélien.
Il y a Ofer Bronchtein qui est le chargé de mission d’Emmanuel Macron pour le rapprochement israélo-palestinien, et lui il dit qu’il faut penser en termes de générations, et surtout pas d’élections, surtout en Israël. Et évidemment, ayant ce biais il a une vision pessimiste d’u dialogue qui, dit-il, prendra des générations. Moi je ne suis pas d’accord avec cela, je dis qu’il faut faire beaucoup plus vite.
Enfin, à ceux qui répètent « ils ne pourront jamais se mettre d’accord », ou « trop de crimes ont été commis », je peux vous dire que l’ancienne ministre des Affaires étrangères d’Afrique du Sud – c’est en fait la ministre des Relations internationales et de la Coopération, et elle a été plusieurs fois ministre aussi – Naledi Pandor, elle a endossé le Plan Oasis que je viens de vous présenter. Elle souligne que l’approche de Nelson Mandela, qui a évité un bain de sang en Afrique du Sud en établissant la Commission de la vérité et de la réconciliation, serait une approche à explorer pour le Moyen-Orient.
Alors j’en viens au sujet que l’on discute toujours : deux États ? Un État ? Aujourd’hui, deux États car un État palestinien doit avoir tout de suite sa place pour que les négociations aient un sens, qu’elles puissent être entamées. Le Plan Oasis est consubstantiel donc avec une reconnaissance immédiate du droit des Palestiniens à un État. Demain, sans doute, un seul État, car il y a les dimensions trop limitées d’un territoire, et Gaza et la Cisjordanie ne peuvent restées géographiquement séparées. Un seul État, donc, dans l’esprit du Divan de Daniel Barenboin et d’Edward Saïd, composant un orchestre politique qui puisse réaliser par la dynamique de son jeu, une harmonie de ce qui sont encore des dissonances.
Vous constaterez que j’ai peu parlé de l’Union européenne : ce n’est pas une nation, elle n’a pas joué le rôle qu’elle aurait dû jouer sur le terrain. Elle a donné de l’argent, mais elle n’a pas donné les moyens, physiques, humains, d’établir la Paix. Aujourd’hui, je dois dire : la France non plus. Donc j’espère que ce Plan Oasis pourra être, pour elle, l’inspirateur, pour qu’elle contribue à établir un esprit de souveraineté nationale qui puisse conjuguer le patriotisme et le service de l’humanité.
Réponse à une question :
Il ne faut jamais attendre une solution de ceux qui sont la cause du problème. Il y a quelque chose qui s’appelle la communauté internationale. Victor Hugo l’aurait nommée une « bande de malfaiteurs », une « mafia » (rires). Ce sont des puissances européennes occidentales qui sont tombées sous la coupe d’intérêts financiers, et la « grande lessiveuse » d’argent sale du monde, je veux dire la City de Londres.
Ça ne date pas d’aujourd’hui ! Leurs ennemis, c’est l’État-Nation. Leur ennemi actuel, Gamal Abdel Nasser et l’Égypte, et l’Autorité palestinienne, si elle était une véritable autorité palestinienne, c’est-à-dire si elle représentait l’intérêt du peuple palestinien.
Alors, ça ne date pas d’aujourd’hui, ça date de bien avant le pétrole, ça date de 1840 lors d’une conférence à Londres sur comment on pourrait contenir ce qu’il se passe. Pourquoi ? Parce que Méhémet Ali et son fils, Ibrahim Pacha, étaient en train de fonder une société qui était une « Grande Syrie », comme on l’appelait à l’époque. Avec qui ? Avec des révolutionnaires français immigrés, qui étaient très compétents techniquement, et des révolutionnaires d’autres pays européens. Et ils se formaient un embryon d’État-Nation. Il fallait le détruire… !
À Londres, on dit : « comment ? Chiites contre sunnites, ça va, mais il faut ajouter quelque chose : les Juifs au milieu, et comme ça on les tiendra, diviser pour régner ». Et ça, c’est vraiment ce qui a été la base de ce qu’on appelle aujourd’hui un système basé sur des règles, « rules-based order », qui est à la fois financier dans sa conception, et impérialiste dans son idéologie.
Alors, l’Union européenne par rapport à cela. Moi je dirais simplement une chose : elle a fondé une école diplomatique européenne à Bruges, où on enseigne à des diplomates « européens », et pas à des diplomates d’États-Nations, et cette salle où ils se réunissent s’appelle « Madeleine Albright » ! [1] Comme ça, affiché… Voilà, tout est dit, je n’en dirais pas plus sur l’Union européenne.
Je termine par une note d’espoir : je pense qu’aujourd’hui, la Palestine peut être ce qui sera un point de rassemblement de ce qu’est un changement et une transformation dans le monde. Je veux dire, ce qui apparaît, dans cette majorité mondiale, l’Organisation de la Coopération de Shanghai, les BRICS, tous les gens qui exigent le droit à l’autodétermination et aussi le droit au développement économique. Alors, je vois réapparaître, avec bonheur, autour de ces gens-là – mais j’espère qu’en France ça arrivera –, la poussée de ce que De Gaulle appelait « la Détente », « l’Entente », la « Coopération » pour l’Avenir.