L’eau, arme de guerre : Palestiniens et otages israéliens condamnés à mourir de soif ?

mardi 18 mars 2025, par Karel Vereycken

L’usine de dessalement d’eau gérée par l’UNICEF à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza
COGAT

Le 9 mars, Israël a annoncé qu’il débranchait la seule ligne électrique alimentant une usine de dessalement d’eau de mer dans la bande de Gaza afin de faire pression sur le groupe terroriste Hamas, alors que les pourparlers sur la libération des otages semblent dans l’impasse.

L’Arabie saoudite, le Qatar et la Jordanie ont condamné cette décision, appelant la communauté internationale à intervenir en ce sens.

Le jour même, à la veille d’un nouveau cycle de négociations sur le cessez-le-feu à Doha, le ministre israélien de l’Energie, Eli Cohen, a déclaré sur les réseaux sociaux qu’il avait « coupé immédiatement l’électricité à la bande de Gaza », ajoutant : « Assez parlé, il est temps d’agir ! »

Gaza subit des coupures d’électricité depuis le 11 octobre 2023, à la suite de la décision du ministre de l’Energie de l’époque, Israël Katz, de couper l’approvisionnement électrique par l’intermédiaire de la Israeli Electric Corporation, qui est payée par l’Autorité palestinienne. Cette décision a contraint la seule centrale électrique de Gaza à fermer.

Rappelons que le 14 novembre 2024, l’usine de dessalement de la partie sud de Gaza avait été la seule installation de la bande à être reconnectée au réseau électrique israélien. Aujourd’hui, cette décision réduira de 85 % sa capacité de production d’eau potable, qui passera de 18 000 mètres cubes par jour à seulement 3000. L’usine dépend désormais entièrement de quelques générateurs d’électricité et de panneaux solaires.

En temps normal, l’usine dessert plus de 600 000 habitants de Gaza par l’intermédiaire de camions-citernes ou des réseaux des gouvernorats de Deir el-Balah et Khan Younis, respectivement dans le centre et le sud de la bande de Gaza. Il s’agit de l’une des trois installations de traitement de l’eau de mer de la bande de Gaza qui, avant la guerre, couvrait environ 15 % des besoins en eau de ses plus de 2 millions d’habitants.

Plan Oasis

Cette situation démontre qu’il est urgent d’adopter la stratégie de paix du « Plan Oasis » de Lyndon LaRouche. Une usine de dessalement flottante, comme celles utilisées en Australie, pourrait rapidement faire face à l’urgence immédiate.

Permettre à un État palestinien de disposer de ses ressources en hydrocarbures off-shore pour alimenter ses propres usines de dessalement doit être au centre de tout plan de reconstruction de Gaza.

Dans un communiqué de presse, Erika Guevara Rosas, directrice principale de la recherche, du plaidoyer, de la politique et des campagnes d’Amnesty International, a fermement condamné les décisions d’Israël :

Ces actions inhumaines et illégales montrent clairement qu’Israël poursuit sa politique consistant à imposer délibérément aux Palestiniens de Gaza des conditions de vie visant à les détruire physiquement - un acte interdit par la Convention sur le génocide (...) Israël ne doit pas être autorisé à utiliser l’eau comme arme de guerre. Le carburant, la nourriture, les abris et autres fournitures essentielles à la survie de la population civile sont une question de vie ou de mort, et non un moyen de pression dans les négociations. Les autorités israéliennes doivent rétablir immédiatement et intégralement l’approvisionnement en électricité de Gaza - et pas seulement de l’usine de dessalement - et permettre aux civils d’accéder librement aux biens et services essentiels. En tant que puissance occupante, Israël a l’obligation légale, en vertu du droit international humanitaire, d’assurer, dans toute la mesure des moyens dont il dispose, l’approvisionnement en nourriture, en médicaments et autres fournitures essentielles à la survie des civils à Gaza.