Surfant sur un puissant élan au sein de la population américaine, en faveur de la sortie des guerres impérialistes atlantistes, Trump mène une politique orientée vers la résolution du conflit en Ukraine, renversant en cela tout le narratif antirusse dont les milieux de l’OTAN abreuvent les populations des deux côtés de l’Atlantique depuis près de deux décennies. Cependant, son impulsion libertaire et certaines influences néfastes le poussent à des décisions contradictoires, en particulier dans les domaines économique et commercial.
Rebondissements
Les événements entourant le conflit en Ukraine se sont accélérés, prenant des allures de feuilleton à rebondissements. Suite à l’altercation entre Trump et Zelensky à la Maison-Blanche, le président américain a suspendu la livraison de toute aide militaire américaine à l’Ukraine.
Cette décision est intervenue alors qu’à Londres, où il se trouvait le 2 mars, Zelensky, tel une Greta Thunberg se comportant en gamine capricieuse et renfrognée, déclarait, suite à la réunion d’une « coalition de volontaires » organisée par le Royaume-Uni, que l’Ukraine pouvait toujours compter sur le soutien des États-Unis et qu’il en ferait bon usage en prolongeant la guerre qui dévaste son pays depuis trois ans. La paix avec la Russie est « très, très loin », a-t-il martelé.
« C’est la pire déclaration que Zelensky aurait pu faire, et l’Amérique ne le tolérera pas très longtemps ! » a tonné Trump, furieux.
« C’est ce que je disais, ce type ne veut pas qu’il y ait la paix tant qu’il a le soutien de l’Amérique, a poursuivi le président américain. L’Europe, lors de la réunion qu’elle a eue avec Zelensky, a déclaré catégoriquement qu’elle ne pouvait pas faire le travail sans les États-Unis – ce n’est probablement pas la meilleure déclaration à faire en tant que démonstration de force contre la Russie. À quoi pensent-ils ? »
Le 4 mars, moins de 24 heures après la suspension de l’aide militaire américaine, et juste avant que le président Trump ne s’adresse au Congrès, Zelensky a subitement changé son fusil d’épaule, proclamant sur son compte X que
personne ne veut d’une guerre sans fin. L’Ukraine est prête à s’asseoir à la table des négociations dès que possible pour instaurer une paix durable plus proche. (…) Mon équipe et moi sommes prêts à travailler sous le leadership fort du président Trump pour obtenir une paix durable.
Sortir de la nouvelle guerre froide
Parallèlement, les responsables américains s’activent pour mettre fin à la situation périlleuse opposant l’OTAN et la Russie en Ukraine : le conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz, a souligné dans un entretien sur CNN l’absurdité de vouloir débattre de la nature des garanties de sécurité accordées à l’Ukraine tant que Russes et Ukrainiens ne se seront pas assis autour d’une même table.
Le New York Times rapporte que le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a ordonné l’arrêt des cyber-opérations contre la Russie. Cette décision, selon le Times, fait partie d’un effort plus large visant à amener le président russe Vladimir Poutine à la table des négociations sur l’Ukraine et à ouvrir la voie à une nouvelle relation avec les États-Unis.
Une question se pose pourtant : malgré le dégel des relations entre la Russie et les États-Unis, ces deux pays peuvent-ils à eux seuls trouver une issue pacifique ?
« Le régime de Kiev et Zelensky lui-même ne veulent pas la paix », estime le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Ils veulent que la guerre continue. Donc, dans cette situation, bien sûr, les efforts de Washington et la volonté de Moscou à eux seuls ne seront évidemment pas suffisants.
D’autant qu’en coulisses, comme sur la scène médiatique, une alliance franco-anglaise, avec l’appui des pays Baltes, s’est constituée en faveur du prolongement de la guerre contre la Russie. Face à cette alliance dont le pouvoir de nuisance est plus médiatique qu’effectif sur le terrain, la clé est sans doute entre les mains du reste du monde et des initiatives qui pourront être prises par différents acteurs de la scène internationale pour faire enfin pencher la balance du côté de la fin du conflit.
Égarements économiques et commerciaux
Cependant, aussi utiles soient-elles, les bonnes intuitions de Trump à l’égard de l’Ukraine ne se répercutent manifestement pas sur l’économie.
A travers une série de décrets, le président américain a augmenté les tarifs douaniers sur les importations en provenance du Canada, du Mexique et de la Chine. De plus, sous prétexte que l’absence d’inspection sur ce type de colis avait permis l’introduction de fentanyl et d’autres substances nocives, il a supprimé le régime des aides minimis pour les passages frontaliers vers les États-Unis, qui exemptait de droits de douane les importations de biens d’une valeur inférieure à 800 $. La Chine, également visée par cette mesure, a déclaré à plusieurs reprises que le fentanyl n’était qu’un prétexte pour les États-Unis.
Par ailleurs, le 2 mars, l’administration américaine a annoncé la création d’une réserve stratégique de cryptomonnaies composée de bitcoins et d’autres cryptomonnaies de premier plan, comme l’a affirmé le tsar de l’IA et de la crypto de la Maison-Blanche, David Sacks.
L’idée que l’implication du gouvernement dans les cryptomonnaies puisse renforcer la valeur du dollar est absurde. Le problème est que ceux (notamment dans l’entourage de Trump) qui possèdent le type d’« actifs » que le gouvernement prévoit d’acheter, espèrent gagner gros dans l’opération.
« Je ferai des États-Unis la capitale mondiale de la cryptomonnaie. Nous rendons à l’Amérique sa grandeur ! s’est enthousiasmé le président américain sur son réseau Truth Social, faisant allusion à diverses cryptomonnaies. Et, évidemment, le BTC et l’ETH, en tant qu’autres cryptomonnaies précieuses, seront le cœur de la réserve. J’aime aussi le Bitcoin et l’Ethereum ! »
Le 3 mars, l’annonce a fait grimper les prix du bitcoin d’environ 10 %, un gain qui s’est totalement volatilisé le soir-même...
Trump tirera-t-il les leçons des déboires du président argentin Javier Milei, dont le système de cryptomonnaies, dont il était un important acteur, a explosé à la mi-février, déclenchant un scandale international ?
Reconstruire l’économie physique ne se fera certainement pas en gaspillant ainsi les ressources du gouvernement dans l’absurdité crypto, mais en investissant dans la reconstruction des infrastructures publiques et dans la productivité de la nation ! Une économie en croissance, en termes d’expansion et de progrès technologiques, fournira la base d’une monnaie forte et un moyen d’assurer le service d’une dette fédérale en pleine flambée.
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