Covid-19 : un institut de réflexion pakistanais s’inquiète des failles de l’approche américaine et occidentale

samedi 28 août 2021

Le jeudi 26 août, un webinaire organisé sous les auspices de l’Institut pour la paix et les affaires contemporaines de l’Institute of Peace and Contemporary Affairs & Recovery (IPCA) d’Islamabad (Pakistan), a réuni des experts de la santé publique et des relations internationales pour faire le point sur la réaction américaine face à la pandémie de Covid-19.

Disponible en anglais sur la page Facebook de l’IPCA.

Le sénateur pakistanais Nisar Memon.

Au cours de cet événement organisé à l’initiative du sénateur pakistanais Nisar Memon, avec pour modérateur l’ancien colonel de l’armée pakistanaise Sultan Mahmood Hali, la plupart des intervenants ont déploré l’attitude égoïste et de courte vue des Etats-Unis, tout en constatant la grande réactivité de la Chine et sa volonté d’aider d’autres pays à faire face aux défis posés par la pandémie.

Le Pakistan, qui dépend encore fortement des aides américaines, s’étonne doublement. Pourquoi les Etats-Unis tardent-ils tant pour aider leurs alliés les plus fidèles ? Et pourquoi se lancent-ils dans des campagnes de plus en plus agressives envers la Chine, alors que c’est de Beijing qu’arrive la majeure partie de l’aide médicale garantissant la survie du pays ?

Comme l’a précisé le Dr Shafei Moiz Hali, professeur adjoint à la National Defense University (Ecole de guerre) d’Islamabad :

Ce qu’il faut retenir ici, c’est qu’en cette période désastreuse de la pandémie de COVID-19, la Chine est apparue comme le principal pays bienveillant, fournissant une aide médicale au monde en développement. (Les vaccins) chinois Sinopharm et Sinovac, ainsi que le Sputnik V russe, sont les piliers de nombreux pays en développement en Asie, en Amérique latine et en Afrique. Alors qu’aucun État européen ne répondait à l’appel urgent de l’Italie pour de l’équipement médical et du matériel de protection, la Chine s’est engagée à envoyer 1000 ventilateurs, deux millions de masques, 100 000 respirateurs, 20 000 combinaisons de protection et 50 000 kits de test. Elle a également envoyé des équipes médicales et 250 000 masques en Iran, ainsi que des fournitures en Serbie, dont le président a qualifié la solidarité européenne de ‘conte de fées’ et affirme que ‘le seul pays qui peut nous aider est la Chine’. Jack Ma, cofondateur d’Alibaba, a promis d’envoyer de grandes quantités de kits de dépistage et de masques aux États-Unis, ainsi que 20 000 kits de dépistage et 100 000 masques à chacun des 54 pays d’Afrique.

Au niveau du bilan de la pandémie, Karel Vereycken, vice-président de Solidarité & Progrès, a commencé par rappeler des statistiques qui interpellent :

Depuis son apparition fin 2019, le virus Sars-Cov-2 a infecté 212,5 millions de personnes et a coûté la vie à 4,4 millions de personnes dans le monde. D’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au 26 août 2021, depuis l’apparition de la pandémie, la Chine a enregistré 122 809 cas confirmés et seulement 5678 décès pour une population totale de 1,4 milliard d’habitants.

De leur côté, les États-Unis comptent 37,96 millions de contaminations et déplorent 626 457 décès pour une population de 330 millions de personnes. En d’autres termes, avec une population plus de 4 fois plus importante, la Chine déplore 110 fois moins de décès que les États-Unis... »

Ces différences statistiques sont si énormes que l’Occident reste totalement incrédule quant à la sincérité et à la réalité des méthodes et des réalisations de la Chine. Et puisque ce succès face à la pandémie ne peut être vrai, l’Occident invente des histoires pour expliquer la ‘réalité’ telle qu’il voudrait qu’elle soit : la Chine a falsifié ses statistiques ! Certains avancent même, sans la moindre preuve, l’hypothèse que ‘là-bas’, il s’agirait d’un ‘variant moins mortel’... »

La véritable différence entre l’Occident et la Chine, a poursuivi Vereycken, ce sont des différences de méthode, de priorités et de philosophie. Alors que la Chine a démontré à plusieurs reprises l’efficacité de sa méthode ‘zéro Covid’, l’Occident nie ses résultats et la qualifie de ‘communiste’, ‘d’autocratique’ et de ‘totalitaire’. Pire encore qu’une diversion, est venue l’accusation grotesque selon laquelle la Chine aurait ’créé de toutes pièces’ le virus dans un laboratoire et devrait maintenant en payer le prix ! (Transcription complète ci-dessous.)

Dr Tayyab Saeed Akhter, responsable de la santé publique au Pakistan.

Le Dr Taayeb Saeed Akhter, un gastro-entérologue très impliqué dans la digitalisation du système de santé pakistanais, a ensuite retracé le développement du COVID au Pakistan, précisant le nombre de vaccins reçus par le Pakistan et leur provenance.

Il s’agissait en grande majorité de vaccins en provenance de Chine et ceux-ci sont arrivés un mois avant ceux de tout autre pays.

A son tour, le Dr Amanullah Khan, un consultant en santé publique et développement qui a coordonné les mesures du COVID en Arabie saoudite, a souligné que les vaccins chinois ont facilité des campagnes de vaccination dans plus de 40 pays, le pays ayant pour objectif de produire près de cinq milliards de doses en 2021. Du 1er mars au 31 mai, la Chine a exporté du matériel de protection vers 200 pays et régions, dont plus de 70,6 milliards de masques, 340 millions de combinaisons de protection, 115 millions de paires de lunettes de protection, 96 700 ventilateurs, 225 millions de kits de test et 40,29 millions de thermomètres infrarouges. Tout cela avait été rendu possible grâce à une connectivité qui avait vu le jour à partir de 2013 dans le cadre de l’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la soie.

L’ambassadrice Naela Chohan, artiste et diplomate chevronnée qui maîtrise sept langues et a occupé de hautes responsabilités, a mis en évidence comment toute la société chinoise, du sommet jusqu’au simple citoyen, s’est mise « sur la même longueur d’onde » pour relever le défi.

La diplomate pakistanaise Naela Chohan.

La Chine a fait face à la pandémie de manière remarquable, grâce à un effort coordonné de tous les ministères chinois. Ils ont travaillé avec pour devise d’aider la population. Contrairement à beaucoup de pays occidentaux, la Chine a honoré régulièrement ses morts. Chaque individu a été responsabilisé dans une entreprise collective.

Bien que le progrès économique de la Chine ait été ralenti de 1,1 %, les Chinois étaient conscients du fait qu’il s’agissait d’une situation temporaire et que les fondamentaux de la Chine, positifs à long terme et de haute qualité, restaient inchangés. La « psyché sociale », le système politique et économique de la Chine les ont tous aidés, mais ils doivent être vus à travers leur propre prisme plutôt qu’à travers les yeux de l’Occident.

Du côté américain, elle a regretté la politisation à outrance de l’épidémie pendant les élections. Le droit accordé à chaque Etat de suivre ou non les recommandations de l’État fédéral n’a pas beaucoup aidé. Mme Chohan a également fustigé l’obsession américaine sur les « libertés individuelles (...) Au nom de la liberté individuelle, certains refusent de se faire vacciner. Très bien, mais se rendent-ils compte que leur liberté engendre la fin de la liberté pour les autres ? »

Le colonel (cr) Sultan Mahmood Hali.

Le journaliste et colonel (cr) Sultan Mahmood Hali, a souligné la différence flagrante dans la lutte contre la pandémie. De nombreux politiciens américains et leurs partisans considèrent le port de masques comme une conspiration communiste visant à les opprimer, et beaucoup refusent de se faire vacciner ou de porter des masques. En Chine, non seulement le système socialiste aux caractéristiques chinoises s’est avéré beaucoup plus efficace et efficient, mais le peuple lui-même conserve un sens de rationalité et d’humanité commune. Les Chinois font confiance à leur gouvernement et se plient volontiers aux mesures de confinement et aux mesures de base comme le port de masques dans l’espace public.

Pour sa part, le Dr Salman Qureshi, qui a contribué à la réponse sanitaire du Royaume-Uni, a souligné la fragilité des systèmes de santé dans le monde. On croyait que les systèmes de santé américain et anglais étaient solides… Alors qu’en réalité, c’était un mensonge total. Combien d’épidémies faudra-t-il encore avant qu’on ne prenne les mesures permettant de prévenir un désastre qu’on aurait parfaitement pu éviter ? Espérons que cette fois-ci, le monde entende le réveil sonner !

Le sénateur Memon espère que les dommages économiques provoqués par la pandémie inciteront les Occidentaux à changer d’approche :

Une perte totale de 11000 milliards de dollars a été signalée dans le monde en 2020, dont 3200 milliards pour les États-Unis ; les États-Unis ont donc été touchés non seulement en termes de pertes de vies humaines, mais aussi sur le plan économique. La Chine n’a déclaré qu’une perte de 382 milliards de dollars. L’Inde a déclaré une perte de 98 milliards et le Pakistan une perte totale de 18 milliards de dollars. Les pertes mondiales en 2025 sont estimées à 28000 milliards de dollars. Les pertes humaines et économiques devraient réveiller les dirigeants internationaux.

Selon William Jones, responsable Chine à la rédaction de l’hebdomadaire américain Executive Intelligence Review :

Le plus problématique est le fait que la pandémie, au lieu d’unir le monde dans une grande offensive pour vaincre le virus, est devenue le sujet d’un jeu géopolitique très insidieux visant à saper l’influence croissante de la Chine. Avec pour résultat une nette augmentation du nombre d’infections et de décès dus au COVID. En effet, la géopolitique a été un facteur déterminant dans les réactions des gouvernements à la pandémie depuis que les premiers cas ont été identifiés à Wuhan. Si nous voulons sortir de cette crise en meilleure position pour faire face à la prochaine pandémie, et il y en aura une, nous devons laisser la géopolitique derrière nous et trouver un terrain d’entente pour que l’humanité puisse réagir comme un seul homme. »

Vereycken a exposé l’évolution de l’économie mondiale et la croissance des bulles financières, contre lesquelles l’économiste américain Lyndon LaRouche avait mis en garde depuis le 15 août 1971.

L’emprise croissante de la sphère financière sur l’économie a entraîné la destruction des valeurs culturelles.

Et lorsque l’épidémie est arrivée, l’Europe et les États-Unis ont décidé que, pour garder les frontières ouvertes et préserver le libre-échange, il fallait apprendre à ‘vivre avec le virus’. En conséquence, les demi-mesures inefficaces et le ‘Stop and Go’ sont devenus la règle, prétendument pour ‘garantir l’équilibre’ entre la santé des personnes et celle de l’économie. (…) Les gouvernements ont davantage écouté des cabinets de consultants privés se basant sur des simulations informatiques aveugles, que les scientifiques et les médecins proches des citoyens. Le ‘zéro Covid’ ne peut pas fonctionner chez nous ! ont-ils objecté. Au lieu de mobiliser toute la population autour d’un Etat stratège, attendons que le marché s’en occupe !

De son côté, Jones a passé en revue les réactions erratiques de l’administration Trump, qui a cherché à utiliser le virus comme une arme géopolitique contre la Chine, en le qualifiant de « virus chinois » et en accusant d’office l’Institut de virologie de Wuhan d’être à l’origine de la pandémie. Ces accusations sont encore entretenues par le rapport ambigu que viennent de produire les services de renseignement américains pour l’administration Biden.

Tous les intervenants se sont accordés à dire que les Chinois avaient fait un travail remarquable pour faire face à la pandémie et qu’il fallait en tirer les leçons.

Le webinaire, organisé par zoom et transmis en direct sur Facebook, fut suivi par un large public du Pakistan, d’Arabie saoudite, des États-Unis et du Royaume-Uni. Le lendemain, PTV World, la chaîne d’information et d’actualité en anglais diffusée 24 heures sur 24, a relaté l’évènement et présenté les différents intervenants. Le 30 août, le journal pakistanais The News a également couvert l’événement.

L’échec américain et occidental face à la Covid-19

Intervention de Karel Vereycken, vice-président de Solidarité & Progrès et rédacteur du mensuel français Nouvelle Solidarité, lors du webinaire du 26 août 2021 de l’Institute of Peace and Contemporary Affairs & Recovery (IPCA) d’Islamabad (Pakistan).

Karel Vereycken, vice-président de Solidarité & Progrès.

Avant d’aborder cette question, nous devons reconnaître l’extraordinaire succès de la Chine face à la pandémie de Covid-19 sur son territoire.

A la fin de 2019 et dans les premiers jours de 2020, les médecins chinois ont alerté le monde de l’apparition de la pandémie. Le 31 décembre 2019, la délégation de l’OMS en Chine a relayé un communiqué de presse de la Commission municipale de la santé de Wuhan, mettant en garde contre des cas de « pneumonie virale ». Très rapidement, le 2 janvier 2020, l’OMS informe tous les partenaires du Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie (GOARN), c’est-à-dire les principales agences de santé publique du monde, les laboratoires, les agences partenaires des Nations unies, les organisations internationales et les ONG. Le virus est rapidement décrit, séquencé et toutes les informations sont partagées dans le monde entier avec les scientifiques et les développeurs potentiels de vaccins.

Depuis son apparition fin 2019, le virus Sars-Cov-2 a infecté 212,5 millions de personnes et a coûté la vie à 4,4 millions de personnes dans le monde.

D’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en date du 26 août 2021, depuis l’apparition de la pandémie, la Chine a enregistré 122 809 cas confirmés et seulement 5678 décès pour une population totale de 1,4 milliard d’habitants. De leur côté, les États-Unis comptent 37,96 millions de contaminations et déplorent 626 457 décès pour une population de 330 millions de personnes. En d’autres termes, avec une population plus de 4 fois plus importante, la Chine déplore 110 fois moins de décès que les États-Unis...  

Dans l’UE, qui compte 450 millions d’habitants et dispose d’un système de santé de haut niveau, nous avons enregistré jusqu’à présent 35,8 millions de cas et 748 358 décès, soit 131 fois plus qu’en Chine... dont la population est plus de trois fois supérieure à celle de l’UE...

Profil des courbes du Covid-19 en Chine en date du 28 août 2021 (Source : OMS). Constat cruel : avec sa politique de Zéro Covid, le nombre de cas confirmés (122000) en Chine dépasse d’assez peu le nombre de décès enregistrés en France (113000), dont les dirigeants refusent cette politique...

Le 14 janvier 2021, après avoir mis en œuvre pendant un an sa politique de Zéro Covid, le pays enregistrait un premier décès après huit mois... (Source : Le Monde)

Et ces derniers jours, après une flambée de trois semaines du variant delta, huit fois plus contagieux que le variant historique, la Chine a déclaré le 23 août qu’à part un très petit nombre de cas importés, le nombre de cas locaux était retombé à zéro. (Source : Les Echos)

Ces différences statistiques sont si énormes que l’Occident reste totalement incrédule quant à la sincérité et à la réalité des méthodes et des réalisations de la Chine. [1]

Et puisque ce succès face à la pandémie ne peut être vrai, l’Occident invente des histoires pour expliquer la ‘réalité’ telle qu’il voudrait qu’elle soit : la Chine a falsifié ses statistiques ! [2] Certains avancent même, sans la moindre preuve, l’hypothèse que ‘là-bas’, il s’agirait d’un ‘variant moins mortel’...

Zero Covid contre Vivre avec le virus

Or, la vraie différence entre l’Occident et la Chine, ce sont des différences de méthode, de priorités et de philosophie. Alors que la Chine a démontré à plusieurs reprises l’efficacité de sa méthode « zéro Covid », l’Occident nie ses résultats et la qualifie de « communiste », « d’autocratique » et de « totalitaire ».

Pire encore qu’une diversion, est venue l’accusation grotesque selon laquelle la Chine aurait ‘créé de toutes pièces’ le virus dans un laboratoire de Wuhan et devrait maintenant en payer le prix !

L’approche « zéro Covid » met les personnes et la santé collective au premier plan et surtout au-dessus du profit.

Bien sûr, la Chine, qui a déjà lutté en 2002 contre l’épidémie de SRAS (Sars-COV-1), était psychologiquement beaucoup plus réactive que l’Occident.

Lorsqu’une épidémie s’y déclare, les frontières sont bouclées et les activités impliquant un contact interpersonnel temporairement suspendues, y compris les transports publics et les écoles.

A Wuhan, en quelques semaines, deux grands hôpitaux sont construits en un temps record, renforçant la confiance de la population dans le fait que son gouvernement s’occupe d’elle. Armées des technologies de pointe comme la 5G et la télémédecine, les autorités, mais aussi l’Armée, les collectivités et les comités locaux de citoyens participent tous à la mobilisation :

  • tests et dépistages ciblés immédiats et à grande échelle ;
  • traçage et recherche rapide des cas contacts [3] ;
  • isolement strict. A noter qu’en Chine, les patients contagieux présentant des symptômes légers ou aucun symptôme (asymptomatiques) ne sont PAS renvoyés chez eux, mais isolés dans des hôtels ou des centres de loisirs. D’autres s’isolent chez eux et se font livrer leur nourriture par des comités de quartiers dont les membres les informent et surveillent leur état de santé, notamment leur température.

Grâce à cela, la Chine a pu casser les chaînes de transmission de l’épidémie, avant même l’arrivée d’une vaccination fortement souhaitable pour réduire la mortalité en cas d’infection grave. [4]

En Occident, les milieux financiers qui dominent l’économie ont eu très peur. Pas du tout des décès causés par l’épidémie, mais du retour potentiel de politiques dirigistes et étatiques qui pourraient abolir leur dictature culturelle et leurs privilèges...

Comme l’avait averti l’économiste américain Lyndon LaRouche (1922-2019), depuis le 15 août 1971, les banques et les faux monnayeurs ont de plus en plus pris le contrôle de la valeur des monnaies, des taux d’intérêt, des politiques budgétaires, fiscales et finalement économiques et sociales, toutes orientées vers des investissements à court terme dans des bulles spéculatives, au détriment de la production physique et de la vie humaine.

En raison de ces politiques à courte vue, la production de masques faciaux et de la plupart des principes actifs des médicaments, y compris des vaccins, s’est retrouvée depuis longtemps délocalisée en Inde et en Asie. Ainsi, le système de santé américain et européen a été saigné à blanc. Je peux vous le dire : en France, les unités de soins intensifs (USI) étaient déjà débordées, bien avant la Covid-19 !

Pour laver le cerveau des populations et leur faire accepter leur propre destruction, les valeurs de fraternité et d’amour du prochain ont été de plus en plus remplacées par une idéologie libertarienne odieuse et égoïste. Bien que beaucoup tentent d’y résister, le culte de la liberté personnelle, consistant à faire ce que l’on veut de son propre corps plutôt que de consacrer son existence à travailler pour la liberté de l’autre, est devenu la matrice culturelle dominante.

Et lorsque l’épidémie est arrivée, l’Europe et les États-Unis ont décidé que, pour garder les frontières ouvertes et préserver le libre-échange, il fallait apprendre à « vivre avec le virus ».

En conséquence, les demi-mesures inefficaces et le Stop and Go sont devenus la règle, prétendument pour « garantir l’équilibre » entre la santé des personnes et celle de l’économie. On a géré les flux de virus et de personnes comme du bétail. Les gouvernements ont davantage écouté des cabinets de consultants privés se basant sur des simulations informatiques aveugles, que les scientifiques et les médecins proches des citoyens. Le « zéro Covid » ne peut pas fonctionner chez nous ! ont-ils objecté. [5]

Au lieu de mobiliser toute la population autour d’un Etat stratège, attendons que le marché s’en occupe !

Dans le même temps, la pandémie s’étend et risque de générer des variantes de plus en plus mortelles. Aujourd’hui, ceux qui ont nié la gravité de l’épidémie et ceux qui ont choisi de « vivre avec le virus » (ou qui y ont été contraints à cause du poids de leur « économie informelle ») sont les plus mal lotis, y compris sur le plan économique. [6]

Mais au lieu de remettre en question ses propres échecs, l’Occident accuse la Chine. Or, par son exemple, la Chine est, de fait, en position de leader sur le plan moral, alors que les gouvernements des Etats-Unis et de l’UE ont été doublement handicapés : par leurs propres idéologies libertariennes et libre-échangistes et par leur manque d’investissements dans la recherche, la production et le travail qualifié.

C’est ce qu’il faut comprendre lorsqu’on nous chante que le SRAS-Cov-2 est un « virus chinois » ! Pour l’oligarchie financière anglo-américaine de Londres et de Wall Street, cette pandémie était un « cygne noir » : il pouvait signifier la fin de leurs privilèges et ramener au pouvoir ce que le président américain Abraham Lincoln appelait en son temps « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

Cette pandémie n’est pas un problème spécifique à l’Occident ou à la Chine, mais à l’humanité. L’eau potable, une alimentation adéquate, des infrastructures, des diagnostics, des vaccins et des traitements médicaux doivent être fournis à tous, et pas seulement aux 10 pays les plus riches qui ont mis la main sur 75 % des doses de vaccins.

Par conséquent, je conseille à l’Occident et surtout aux Etats-Unis de ne pas attendre une épidémie encore plus grave pour mettre fin à leur rivalité violente avec la Chine, et de coopérer avec le monde entier pour faire de la santé mondiale une réalité pour tous, y compris pour eux-mêmes.

Merci pour votre attention.


[1Bien entendu, il existe des différences nationales. En Chine, seulement 1,8 % de la population a plus de 80 ans, alors qu’en France, par exemple, cette proportion est de 6,2 %. Cependant, en Chine, seulement 6 % des personnes souffrent d’obésité, contre plus de 25 % en France. Mais ce n’est pas tout. Les États-Unis et l’UE sont riches, tandis que la Chine, bien qu’ayant sorti de l’extrême pauvreté 800 millions de ses citoyens, reste relativement pauvre.

[2Coronavirus : a-t-on raison de douter du nombre de morts annoncé par la Chine ? France Info, 3 avril 2020.

[3« C’est vrai que ces politiques de suivi des traces digitales en Asie ne seraient pas conformes avec le règlement général sur la protection des données en Europe (RGPD), analyse en France Antoine Flahault. Les autorités peuvent accéder à vos relevés de cartes de crédit pour savoir si vous avez déjeuné au restaurant. Et je parle ici de régimes démocratiques [Taïwan, Corée du Sud, etc.]. Mais ces entorses liées à un contexte exceptionnel et qui ne concernent que les personnes suspectes d’être infectées par le virus sont-elles plus liberticides que l’assignation à résidence de toute la population lors des alternances entre couvre-feu et confinement ? » (Le Figaro, 18 fév. 2021)

[4La Corée du Sud, pays non communiste, a adopté de la même manière sa propre version du zéro Covid. À ce jour, 26 août 2021, avec 51 millions d’habitants, elle compte 243 257 cas confirmés et 2 257 décès, tandis que la France compte 6,67 millions de cas confirmés et 113 665 décès pour 66 millions d’habitants.

[5En France, plusieurs personnalités ont tenté de convaincre Macron d’adopter une politique de Zéro Covid. Parmi eux, le Dr Philippe Klein de Wuhan ainsi que plusieurs anciens haut responsables de la santé publique (William Dab, Antoine Flahault https://www.aefinfo.fr/depeche/644576-la-france-et-l-europe-devraient-adopter-une-strategie-zero-covid-antoine-flahault-epidemiologiste). Une pétition en faveur d’une telle politique (https://www.liberation.fr/idees-et-debats/zero-covid-pour-une-strategie-sanitaire-delimination-du-coronavirus-20210217_HO7BNEVGQVAMJHPCACTCO6QGBI/) fut publiée le 21 avril 2020 dans le quotidien Libération. Parmi les premiers signataires, Axel Kahn Président de la Ligue contre le cancer ; Bruno Andreotti, physicien ; Cécile Birks, angliciste ; Yann Bugeaud, mathématicien ; Bruno Canard, virologue ; Gérard Chaouat, immunologiste ; Christiane Denys, zoologiste ; Natalie Depraz, philosophe ; Pascale Dubus, historienne de l’art ; Jose-Maria Fullana, physicien ; Laurence Giavarini, littérature française ; Sophie Gizard, archéologue ; André Gounot, historien ; Jacques Haiech, biologiste ; Caroline Ibos, sociologue ; Stefaniya Kamenova, écologue ; Pascal Maillard, littérature française ; François Marchal, anthropologie biologique ; Pérola Milman, physicienne ; Pierre-Yves Modicom, germaniste ; Francoise Muscatelli, biologiste ; Laurent Perrin, généticien ; Elisabeth Piotelat, informaticienne ; Sabrina Speich, géophysicienne ; Martin Tiano, chimiste ; Constance Valentin, physicienne ; Anaïs Wion, historienne.

[6« Au total, les pays zéro Covid ont gagné 10 points de PIB par rapport à l’Europe », reconnaissent même Patrick Artus et Philippe Agion, dans une tribune (https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/02/24/philippe-aghion-et-patrick-artus-la-strategie-zero-covid-a-montre-sa-superiorite-sur-les-plans-sanitaire-et-economique_6071007_3232.html) parue dans Le Monde.