Le Prince Charles derrière la deuxième guerre du Haut-Karabakh ?

mercredi 25 novembre 2020, par Karel Vereycken

Richard Moore, le nouveau patron du MI-6, un ami du Prince Charles.

Tous les écologistes l’adorent. Le Prince Charles, héritier du trône britannique, n’est-il pas le champion toutes catégories de la révolution verte, le pourfendeur des gaz à effet de serre, l’éternel défenseur de la petite fleur des champs et des océans menacés par le plastique ?

Dans ce rôle, son altesse a multiplié ses apparitions, à la COP21 en 2015, en recevant la petite Greta Thunberg ou encore en annonçant, lors d’une visioconférence en juin 2020 The Great Reset (la grande réinitialisation) de l’économie mondiale imaginée par le Forum Économique Mondial de Davos.

D’ailleurs, Mary Jane Malleret, qui préside son cabinet privé, n’est autre que l’épouse de Thierry Malleret, co-auteur avec Klaus Schwab du livre Covid-19, The Great Reset (Juillet 2020), thème qui sera à l’honneur du prochain forum de Davos en janvier 2021.

L’engagement sans réserve de Charles pour l’environnement est supposé nous convaincre de son amour infini pour l’humanité. La réalité est ailleurs. Comme le révèle cet article paru le 17 novembre 2020 dans le Courrier International, le Prince Charles, avec l’appui de son ami Richard Moore, nouveau patron du MI-6 depuis juillet 2020 (voir photo), est au cœur des déstabilisations du Sud-Caucase. Sauver la nature ? Non, chasser la Russie de la zone dans la pure tradition géopolitique du Great Game de l’Empire britannique d’antan !

Selon la presse russe et arménienne, le Royaume-Uni serait en train de relancer le Grand Jeu – cette rivalité coloniale avec la Russie en Eurasie qui a marqué le XIXe siècle.

« La Grande-Bretagne recommence le Grand Jeu », titre le site russe d’analyse stratégique Fond Strateguitcheskoï Koultoury (FSK). Dans la presse russe et arménienne, un nom est évoqué de plus en plus souvent : celui de Richard Moore, 57 ans, patron du MI6 (Military Intelligence section 6, le service des renseignements extérieurs britanniques) depuis juillet 2020. Diplômé d’Oxford, diplomate chevronné, ancien ambassadeur de la reine en Turquie (2014-2017), ami de trente ans du président turc Recep Tayyip Erdogan, polyglotte parlant couramment le turc, et antirusse comme il se doit, Moore est « un personnage tout ce qu’il y a de plus sérieux », écrit FSK.

Et il pourrait bien être le véritable artisan et le principal bénéficiaire potentiel de l’élan expansionniste turc, à en croire les analyses.

« Des signes sinistres de panturquisme renaissent dans la politique de la ‘nouvelle’ Turquie d’Erdogan, dont les ambitions géopolitiques semblent soutenues par les adeptes et les héritiers du colonialisme britannique », confirme le journal arménien Noev Kovcheg. Et de rappeler que, dès la nomination de Moore à la tête de MI6, de nombreux experts russes « auguraient une déstabilisation sur le pourtour des frontières » de la Russie.

Londres a voté contre la résolution sur le cessez-le-feu à l’ONU

Le journal arménien Zham insiste sur la nécessité de révéler au grand jour « le sens réel de l’activité de toutes ces organisations financées par Londres en Arménie ». Le titre rappelle que le Royaume-Uni a été le seul pays du Conseil de sécurité des Nations unies à bloquer, le 5 novembre, une résolution sur le cessez-le-feu dans le Haut-Karabakh.

Le Royaume-Uni est « parmi les instigateurs de la deuxième guerre dans le Karabakh », estime, quant à elle, l’orientaliste russe Karina Guévorguian dans les pages du journal arménien Novostink. D’ailleurs, alors que les hostilités entre l’Azerbaïdjan et le Haut-Karabakh ont été déclenchées le 27 septembre par Bakou, le Parlement britannique adoptait en octobre une résolution condamnant « l’acte d’agression de l’Arménie », se réjouissait alors le site azerbaïdjanais Media.

Le Karabakh, prorusse depuis deux siècles, brouille depuis lors les cartes des Britanniques : c’est à partir de la libération du Karabakh du joug perse (la région était alors un khanat perse, royaume dirigé par un khan) et sa prise dans le giron impérial russe en 1805 que « la Russie a pu étendre son pouvoir sur tout le Caucase, puis sur le Turkestan [ancien nom de l’Asie centrale actuelle] », entravant ainsi l’expansion coloniale britannique en Asie, rappelle l’experte. « La Turquie néo-osmanienne et néopanturquiste pourrait bien être considérée par Londres comme une plateforme pour déstabiliser le Caucase du Sud et évincer la Russie », renchérit l’analyste.

La Turquie, un « bélier » de Londres pour avancer ses pions

« Il paraîtrait que Londres a fait de la Turquie un ‘bélier’ pour avancer ses pions, et Erdogan est tout à fait satisfait que la Grande-Bretagne soutienne son projet », explique FSK.

L’ancien Premier ministre arménien Grant Bagratian, interrogé par FSK, ne mâche pas ses mots :

Ce qui se passe autour du Haut-Karabakh est une opération des services spéciaux britanniques et de Richard Moore, ami personnel du prince Charles.

Mais le prince Charles a un autre bon ami : le président de l’Arménie, Armen Sarkissian, citoyen britannique. Bien que son rôle soit honorifique (l’Arménie est une république parlementaire depuis 2018), Sarkissian, investi en avril 2018, « a été le premier signe annonciateur de la révolution [‘de couleur’, financée par les structures du milliardaire américain George Soros] ».

Lire la suite de l’article sur le site du Courrier International.