Mike Pompeo à Londres, en Leporello de l’Empire britannique

jeudi 23 juillet 2020

Chronique stratégique du 23 juillet 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Quelques jours avant la fermeture du Consulat chinois de Houston, ordonné ce mercredi par le Département d’État américain, le secrétaire d’État Mike Pompeo a effectué une visite officielle à Londres, où il a rencontré tout ce qui se fait de plus anti-chinois et… de plus anti-Trump.

Pompeo rencontre le gratin sinophobe

Ce mercredi 22 juillet, le Département d’État américain a franchi une nouvelle étape dans l’escalade des tensions contre la Chine, en ordonnant la fermeture du Consulat chinois de Houston, sur le prétexte de « protéger la propriété intellectuelle américaine ». Cette initiative vient sans nulle doute de Mike Pompeo, que le journaliste Patrick Lawrence décrit comme l’un de ces « illuminés de ‘la fin des temps’ qui fantasment à l’idée d’un conflit ouvert avec la Chine ».

Quelques jours plus tôt, Pompeo était à Londres, où il a fait un certain nombre de rencontres très instructives pour comprendre le jeu qu’il joue au sein de l’administration Trump. Il s’est notamment entretenu avec son homologue britannique Dominic Raab, qu’il a gratifié d’un « Well done ! » pour la décision du Royaume-Uni de bannir la 5G de Huawei. La veille, Raab a annoncé devant la Chambre des Communes que son gouvernement allait suspendre « immédiatement et définitivement » le traité d’extradition avec Hong-Kong, et imposer un embargo sur les exportations d’équipements anti-émeutes pour protester contre la nouvelle loi de sécurité de Beijing.

Le Premier ministre Boris Johnson est actuellement l’objet de fortes pressions pour s’engager dans une politique anti-chinoise, auxquelles il résiste peu ou prou. Bien qu’il ait cédé sur la question de Huawei, il a déclaré en effet qu’il ne se laisserait pas entraîner « dans une position ultra-sinophobe sur tous les sujets ».

Pompeo a également rencontré l’activiste hongkongais Nathan Law, le chouchou des faiseurs de démocratie du National Endowment for Democracy et de la CIA, exilé depuis quelques jours en Grande-Bretagne, ainsi que Chris Patten, le dernier gouverneur de la presqu’île, qui s’est fait le chantre de la révolution de couleur dans l’ancienne colonie britannique.

Dans l’antre du Russiagate

Enfin, last but not least, Mike Pompeo a rencontré une vingtaine de députés sinophobes au sein du think tank néoconservateur britannique, la Henry Jackson Society (HJS) ; à l’issu de l’événement, la HJS s’est félicitée, dans un message publié sur son compte Twitter, d’avoir accueilli le secrétaire d’État américain et les députés, pour leur permettre « d’explorer une réponse stratégique à la Chine ».

Autrement dit, le secrétaire d’État américain est intervenu dans une conférence organisée par le principal groupe d’influence londonien spécialisé dans la guerre et surtout dans la fabrication de propagande de guerre mensongère, contre la Russie et la Chine. En effet, le cofondateur de la HJS n’est autre que Sir Richard Dearlove, l’ancien chef du MI-6. Dearlove et son agent Christopher Steele se trouvent au cœur du montage politico-médiatique du Russiagate contre Trump, véritable tentative de coup d’État contre un président qui met en péril la « relation spéciale » unissant Londres et Washington. Un véritable crime de lèse-majesté, quand on sait que cette relation, depuis plus d’un demi-siècle, a offert aux élites britanniques de nombreux privilèges pour contrôler la finance, le renseignement et le complexe militaro-industriel.

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Lors de son discours à la HJS, Pompeo, qui n’a pas l’habitude de faire dans la demi-mesure, a accusé le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, d’avoir été « acheté » par la Chine, affirmant que son élection se serait soldée par « des morts britanniques ». En d’autres termes, l’OMS et la Chine sont responsables des 45 000 morts du Covid en Grande-Bretagne…

De Kissinger à Pompeo, les Leporellos de l’Empire

Dans le même temps, le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, a participé à une visio-conférence organisée par l’International Institute of Strategic Studies, où il a prononcé un discours sur l’Indo-Pacifique aux accents également très anti-chinois. Attribuant à la Chine toute la responsabilité des récentes tensions à la frontière indochinoise, et en particulier à Ladakh, Esper a accusé le Parti communiste chinois de pratiquer « une violation systématique des règles » internationales. Tout en se disant heureux de voir New Delhi et Beijing amorcer une désescalade, Esper a défendu la coopération entre les États-Unis et l’Inde comme « l’une des plus importantes relations de défense du XXIe siècle ».

Il faut préciser que la « stratégie indo-pacifique » est déployée par les forces atlantistes de Londres et de Washington dans une manœuvre typique du « Divide and rule » de l’Empire britannique, dans le but de contrer l’expansion de l’Initiative de la Ceinture et la Route (ICR) — les Nouvelles Routes de la soie — portée par la Chine.

Le comportement de Mike Pompeo et de Mark Esper est réminiscent du rôle d’Henry Kissinger, qui avait affirmé son attachement à l’Empire britannique par-dessus celui qu’il portait à son propre pays. Lors d’un discours prononcé le 10 mai 1982 à Chatham House, le Royal Institute for International Affairs, une annexe du Foreign Office, il avait en effet déclaré avoir tenu le gouvernement britannique mieux informé sur ses politiques que son propre gouvernement, à l’époque où il était secrétaire d’État.

A l’image de Kissinger, Pompeo et Esper sont les « Leporello » de l’Empire britannique ; plutôt qu’une perspective américaine, ils représentent une mentalité transnationale pernicieuse associée à une stratégie et une politique étrangère au service d’une oligarchie apatride.

C’est cet ennemi que nous devons combattre, en commençant par faire ce qu’il craint le plus : le mettre sous les projecteurs. La conférence de presse de l’Institut Schiller du 23 juillet vise précisément cet objectif, en permettant à l’ancien directeur technique et lanceur d’alerte William Binney de réfuter définitivement le « Russiagate » et d’en révéler ses véritables origines.

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