Les élections américaines, facteur aggravant de la crise mondiale

mercredi 8 juillet 2020

Chronique stratégique du 8 juillet 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Lors de la fête nationale américaine, commémorant la déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776 vis-à-vis de l’Empire britannique, Donald Trump a tenté de déjouer les intrigues de la caste de Washington, en remémorant l’héritage américain anti-esclavagiste, tout en tombant une fois de plus dans le piège impérialiste contre la Chine.

Dans la situation actuelle d’extrême instabilité, les élections américaines jouent plus que jamais un rôle d’accélérateur, pour l’instant dans le sens du pire. Donald Trump, pris dans le piège qu’il s’est lui-même dressé en faisant le choix de nier la gravité de la crise épidémique, est lancé dans une véritable fuite en avant pour sa réélection ; et, confronté à une persistance de la Covid-19 qui le place face à son incompétence, il est plus que jamais tenté de faire de la Chine le bouc émissaire, pour le plus grand plaisir de la faction impérialiste anglo-américaine.

L’épidémie hors de contrôle

Les nouveaux cas de contamination de Covid sont en très forte hausse aux États-Unis depuis plusieurs semaines, tellement qu’il n’est désormais plus possible d’arguer que cette augmentation serait causée par un plus grand nombre de tests, comme beaucoup l’ont fait, y compris Trump. Avec 60 000 infections le 7 juillet, la terrible prédiction des 100 000 cas possible par jour du Dr Fauci semble en voie de se réaliser.

La situation est hors de contrôle. Dans 32 des 50 États américains, l’épidémie est repartie à la hausse. Les États ayant déconfiné le plus tôt, comme l’Arizona, le Texas et la Floride, sont les plus durement frappés. En Arizona, un récent rapport sur les tests effectués montre que 24 % sont positifs. « La situation se détériore et va continuer dans ce sens au moins dans les deux à trois prochaines semaines », a déclaré le Dr Joe Gerald, professeur de santé publique à l’Université de l’Arizona.

Au Texas, les autorités des comtés Starr et Hidalgo, dans la vallée du Rio Grande , demandent aux gens de ne plus se rendre dans les hôpitaux, saturés. En Floride, 10 000 nouveaux cas ont été rapportés pour la seule journée de dimanche, portant à 200 000 le nombre total de contaminés dans l’État. Tout le monde reconnaît que le Texas et la Floride ont déconfiné trop tôt. Ce qui n’empêche pas Trump de poursuivre ses meetings de campagne, où la plupart des gens ne mettent pas de masque, et de préparer la Convention républicaine du mois d’août… en Floride.

Piège britannique

A l’occasion de la fête de l’Indépendance des États-Unis, le président américain a prononcé un grand discours au mont Rushmore, aux accents très patriotiques, destiné à contrer l’offensive lancée dans le contexte des manifestations contre le « racisme systémique » et les violences policières. Après avoir annoncé le déploiement de forces fédérales pour stopper les déboulonnages de statues par ce qu’il désigne lui-même comme un « nouveau fascisme d’extrême-gauche », Trump a surtout promis la création d’un « jardin national des Héros américains », prononçant un vibrant plaidoyer sur les grands dirigeants militaires, politiques, des droits civiques, en faisant référence au général Grant, aux Wright Brothers, à Alan Shepard, Louis Amstrong, Mohammed Ali ou encore Martin Luther King.

« Le Dr King estimait que la mission de justice attendait de nous que nous adhérions pleinement à nos idéaux fondateurs, a-t-il déclaré. (…) Il appelait ses concitoyens à ne jamais renier cet héritage, mais à vivre avec ». Trump a particulièrement insisté sur l’héritage de George Washington et d’Abraham Lincoln, rappelant le combat de ce dernier pour sauver l’Union et éradiquer le fléau de l’esclavage, notamment à travers le 13e Amendement de la Constitution.

Si Trump a prononcé là un discours propre à réunifier la population américaine, déjouant ainsi les intrigues de la caste des grands partis, il a tenu à la Maison-Blanche un autre discours tout à fait aligné sur les désidératas géopolitiques de celle-ci, en reprenant la rhétorique faisant de la Chine le bouc émissaire de la pandémie du coronavirus. « Le secret, les tromperies et la dissimulation de la Chine lui ont permis de se répandre dans le monde entier, 189 pays, et elle doit en être tenue pleinement responsable », a-t-il affirmé.

Comme pour rappeler que le « cerveau » de la géopolitique impérialiste est davantage britannique qu’américain, les Britanniques ont tenu à célébrer le jour de l’Indépendance américaine en tentant une fois de plus d’attirer leurs anciennes colonies dans ce piège anti-chinois. Ainsi, le Sunday Times, repris par The Sun, s’est fendu de nouvelles « révélations » sur le fait que la Chine aurait caché des informations cruciales sur l’existence d’un virus similaire au Covid-19 depuis 2013, le maintenant caché dans un laboratoire de Wuhan. Les preuves de cette affirmation étant à peu près aussi consistantes que celle du « Russiagate » ou de la récente affaire des Talibans payés par les Russes

C’est dans ce contexte qu’est réapparu Sir Richard Dearlove, ancien directeur des services secrets britanniques, personnage central de la fabrication des mensonges sur les armes de destruction massives irakiennes, le Russiagate, et enfin la propagande actuelle contre la Chine, notamment à travers la Henri Jackson Society (HJS) dont il est un des co-fondateurs. Interviewé sur Sky News, Dearlove a remis sur la table l’accusation qui veut que la Chine aurait fabriqué le Covid-19 au sein de l’Institut de virologie de Wuhan, au mépris des réfutations survenues depuis que la HJS a sorti cette thèse en avril.

A lire aussi

La Henry Jackson Society, l’astre noir de l’univers très britannique des néo-cons

La gestion désastreuse de la crise sanitaire, la campagne anti-chinoise et enfin les compromis avec la finance de Wall Street, constituent les principales vulnérabilités de Trump, d’autant plus dans le contexte des élections présidentielles. C’est pourquoi il est vital qu’un sommet entre les « grands » ait lieu avant, comme le proposent le président russe Vladimir Poutine et la présidente internationale de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche.

Vous venez de lire notre chronique stratégique « Le monde en devenir ». ABONNEZ-VOUS ICI pour la recevoir sans limitation. Vous aurez également accès à TOUS les dossiers de ce site (plus de 400 !)...