Quand Thatcher remplaçait l’ennemi soviétique par la « crise climatique »

vendredi 29 novembre 2019

Chronique stratégique du 29 novembre 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Un article paru le 22 novembre dans l’hebdomadaire britannique The Economist déterre le secret de polichinelle de la création du GIEC (Groupement intergouvernemental sur l’évolution du climat), à l’époque où il s’agissait pour les élites anglo-américaines de briser définitivement l’élan du progrès social et économique des Trente Glorieuses, et de soumettre le monde développé à la thérapie de choc ultra-libérale.

« Thatchérisme vert »

L’article paru dans The Economist, porte-voix des intérêts financiers de la City, révèle que la raison d’être de « la crise climatique » est avant tout politique, et qu’elle l’a été dès le départ. Intitulé « Climat, liberté et déni : ce que le ‘thatchérisme vert’ nous apprend aujourd’hui », l’article sort Margaret Thatcher de sa tombe afin de menacer les défenseurs du « libre-échange » qui refusent de se jeter les yeux fermés dans les bras de la dictature verte mondiale que l’Empire financier tente désespérément d’installer au nom de l’urgence climatique (Lire à ce sujet notre article « Greta Thunberg, Extinction Rébellion - La finance verte au secours des marchés »).

The Economist rappelle que Thatcher fut « la première dirigeante politique à alerter le monde contre le danger du changement climatique, et à proposer une stratégie pour y remédier ». Le timing des deux discours qu’elle prononça à ce sujet, à la Royal Society le 27 septembre 1988 et devant les Nations unies le 8 novembre 1989, c’est-à-dire au moment où s’effondrait l’URSS, n’était pas une simple coïncidence : « Elle considérait le changement climatique comme la menace qui allait succéder au socialisme et à l’anéantissement nucléaire ». Les « dangers politiques conventionnels » allant en s’estompant, il fallait à tout prix y substituer une nouvelle menace angoissante, en dressant « la perspective des dommages irrémédiables sur l’atmosphère, les océans et la Terre elle-même ».

« Le système du libre-échange peut offrir des solutions parfaitement valables pour l’adaptation au changement climatique, davantage, bien souvent, que les autres systèmes idéologiques, à condition qu’il y ait la volonté politique d’encourager à cela, écrit The Economist. Ce qui sera difficile à accepter pour les climato-sceptiques, peut-être, surtout en ces temps de nationalisme, c’est la perte potentielle de souveraineté qu’impliquent les objectifs fixés par l’accord de Paris et les autres accords internationaux sur le climat ». Et quel modèle l’hebdomadaire britannique prend-il pour la « coopération internationale » qui permettra de résoudre le problème ? L’Otan, les « Five Eyes » (le partage du renseignement entre la Grande-Bretagne, le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et l’Australie) et le FMI, qui « ont aidé à vaincre le communisme ».

« C’est l’essence du ‘thatchérisme vert’, conclut The Economist ; quand la Dame de fer passait du rouge au vert – Oubliez le marteau, embrassez la faucille. Le thatchérisme vert est aussi pertinent aujourd’hui que l’était le thatchérisme guerrier de la Guerre froide dans les années 1980. Peut-être même plus ».

Du rouge au vert

Rappelons en effet que, quelques années avant la création du GIEC, la Première ministre britannique avait brisé les reins de « l’ennemi intérieur », autrement dit le syndicalisme, lors de la longue grève des mineurs de 1984-1985. Elle mena pour cela une véritable guerre psychologique par médias interposés, afin de faire passer les grévistes pour une minorité de privilégiés prenant en otage le pays auprès de l’opinion publique, ce qui lui permis de justifier une répression féroce. Ainsi, elle a non seulement écrasé la lutte syndicale, mais elle a mis à terre l’industrie minière britannique, avec plus de 80 % des mines fermées entre 1979 et 1990.

De ce point de vue, il est tout à fait cohérent de voir la Dame de fer devenue Dame de vert désigner la « révolution industrielle », dont le charbon est la fois le cœur et le symbole, comme responsable de l’horreur climatique (fonte accélérée des glaciers, hausse du niveau des mers…).

Le GIEC installa ses locaux en 1989 à Bracknell (à l’Ouest de Londres) au sein du Met Office – le service national britannique de météorologie, qui était passé sous contrôle militaire lors de la guerre de Malouines d’avril-mai 1982. Fut également créé le Hadley Center, qui allait devenir central au GIEC pour la collecte de données et la modélisation prédictive du climat. Le Hadley Center se lia avec la Climatic Research Unit (CRU) de l’université de East Anglia, une petite unité académique, qui a été mise en cause en novembre 2009 dans le « climategate » — où le piratage et la divulgation de centaines de courriels, échangés entre les scientifiques du CRU, a révélé comment ces derniers se sont arrangés pour « corriger » les courbes des températures afin de favoriser la thèse du réchauffement climatique anthropique.

Notons que le CRU compte parmi ses sponsors la British petroleum, la Royal Society, le WWF, l’Otan, Greenpeace, ou encore la Commission européenne…

« Sous l’amour de la nature, la haine de l’homme »

Heureusement, de partout dans le monde, de nombreuses voix discordantes se font entendre. Comme nous l’avons rapporté, 500 scientifiques ont interpellé l’ONU en septembre pour dénoncer le catastrophisme climatique et réfuté même l’idée qu’il y ait une prétendue « crise climatique ».

Et, preuve que même une partie des élites bien-pensantes commence à s’inquiéter des dérives quasi-intégristes de la nouvelle religion du climat, le magazine Marianne a publié dans son numéro du 15 novembre un article, intitulé « Quatre milliards d’années mouvementées », relativisant la notion de « catastrophe ». « La planète n’a pas attendu l’arrivée des humains pour subir les variations climatiques », rappelle Yves Daudu.

Et, en marge de l’article, un encart touche le point sensible : « Comme dans tous les moments d’inquiétude, la vindicte contre un bouc émissaire tout trouvé bat son plein. Quelques trente ans après les sanglots de l’homme blanc, certains voudraient faire sangloter l’homme tout court. Il semblerait urgent de le faire tomber de son piédestal pour le mettre sur la sellette. L’humain est mis en accusation au nom d’une nature prétendument immuable et harmonieuse, parée de toutes les vertus. ’Sous l’amour de la nature, la haine de l’homme’, remarquait il y a déjà trente ans le philosophe Marcel Gauchet ».

Entre un libéralisme financier qui dégrade l’être humain à l’état d’animal consommateur, cherchant le plaisir et fuyant la douleur, et un écologisme qui en fait un parasite pour la nature, le point commun est la négation de la qualité créatrice de l’homme ; cette qualité qui, si elle est cultivée et développée à travers la culture et l’éducation, nous rend capable de résoudre les problèmes apparemment insolubles – comme la hausse démographique dans un monde où la ressource utilisée est limitée – et à passer à des niveaux supérieurs d’organisation industrielle, économique et sociale.

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