Les ultra-verts annoncent un « automne plus chaud » que le climat

mardi 30 juillet 2019

Chronique stratégique du 30 juillet 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le groupe « Extinction Rebellion » (XR), lancé en octobre 2018 depuis le Royaume-Uni par des membres de l’Institut Royal des Affaires Internationales (RIIA, ou Chatham House), c’est-à-dire le principal groupe de réflexion du Foreign Office et temple suprême de la géopolitique anglo-américaine, annonce sa volonté d’être au cœur de la première phase d’une action appelée à devenir de plus en plus violente, contre tout ce qui représente la civilisation industrielle, au nom de « l’urgence climatique ».
Statue de Jean-Sébastien Bach à Leipzig. Sur le masque, le signe XR, le X reprenant le graphisme d’un sablier comme symbole de l’urgence climatique.
XR Deutschland

Au petit matin du 22 juillet, les habitants de Leipzig, en Saxe allemande, ont découvert que la célèbre statue de Jean-Sébastien Bach à la Thomaskirchhof, celle de Felix Mendelssohn à la Thomaskirche et celle du grand poète Goethe sur le Naschmarket avaient toutes trois été grimées, avec des masques et des tags, par des activistes d’« Extinction Rebellion » (XR). Ce groupe se fait connaître depuis quelques mois, notamment dans le cadre du mouvement « Youth for climate », ou encore « Fridays for future », qui embarque chaque vendredi une partie de la jeunesse dans des grèves scolaires « pour le climat ».

Assurant qu’il ne s’agissait que d’une simple « action artistique », les membres de ce groupe ont exigé que la ville de Leipzig proclame immédiatement un état d’urgence climatique. « Nous voulons attirer l’attention sur le fait que tout ce que ces statues sont censées nous rappeler, et ce pour quoi ces personnes ont œuvré, est en jeu en raison de la catastrophe climatique », ont-ils expliqué sur Instagram.

D’autres actions sont prévues pour l’automne prochain, notamment le 7 octobre à Berlin, où de nombreux militants de toute l’Allemagne et de l’Europe de l’Est devraient se rendre, ainsi que d’autres évènements de partout en Europe, annonçant un automne très chaud.

Sabotage vert

Si XR appelle officiellement à la non-violence, elle vient à la suite du manifeste de « Deep Green Resistance » (DGR), écrit en 2018 par l’écrivain américain Derrick Jensen, Keith Lierre et Aric Mbay. Mouvement radical pratiquant l’ « action directe » dès 2011, DGR rejette explicitement tout concept de « civilisation » – par nature « écocidaire » – et prône le retour à un état primitif de vie sociale, avec une population humaine réduite au niveau où elle était il y a des dizaines de milliers d’années.

« La civilisation, d’autant plus la civilisation industrielle, n’est pas et ne sera jamais soutenable, peut-on lire dans le manifeste. Notre mode de vie – la civilisation industrielle – est fondé sur une violence étendue et permanente. Il a besoin de cette violence et s’effondrerait sans ». Selon eux, face à la violence de cette civilisation industrielle, la contre-violence se justifie. DGR appelle donc ouvertement à des actions de sabotage contre tout ce qui est lié à la civilisation humaine, c’est-à-dire les infrastructures, l’industrie et l’agriculture.

Sur son site, DGR annonce le début de la « Guerre Ecologique Décisive » dont le but, dans la phase IV, est « de démanteler autant que possible l’infrastructure industrielle basée sur les combustibles fossiles » :

La Guerre Écologique Décisive (GED) est la stratégie d’un mouvement qui a trop longtemps été sur la défensive. C’est le cri de guerre de personnes qui refusent de perdre une bataille de plus, le dernier ressort d’un mouvement isolé, coopté, et las de ne jamais voir la fin des batailles légales et blocus.

L’information dans la stratégie GED est un dérivé de stratégies militaires, et tactiques manuelles, d’analyse des mouvements de résistances historiques, d’insurrection, et de libération nationale. Les principes planifiés dans ces pages sont acceptés à travers le monde comme les principes solides d’une guerre asymétrique, ou un des camps est plus puissant que l’autre. Si aucun combat n’a jamais été asymétrique, celui-ci l’est.

Les stratégies et tactiques expliquées dans la GED sont enseignées à des officiers militaires dans des lieux tel que la Military Academy à West Point pour une simple raison : elles sont extrêmement efficaces.

En France, DGR s’organise autour d’un certain Nicolas Casaux, du collectif Le Partage. Sa page Facebook compte plus de 28 000 abonnés et se greffe de manière opportuniste à quelques luttes existantes (dont paradoxalement, les Gilets jaunes).

Rejetant explicitement le principe de la non-violence de Martin Luther King et de Gandhi, décrit comme un « mythe » destiné à tromper les gens, DGR préconise pour atteindre ses objectifs une stratégie en plusieurs étapes, allant de la formation et l’entraînement des recrues au passage à l’acte à grande échelle, à travers des « actions militantes directes » de blocage, de perturbation et de sabotage contre des infrastructures industrielles.

Autant c’est une noble cause de défendre et promouvoir un développement harmonieux de l’homme et de la nature, autant il paraît plus qu’étrange de s’attaquer à des infrastructures dont dépent la vie de millions de personnes, surtout au moment où nos routes, voies ferrées, ponts, hôpitaux, écoles, etc, tombent littéralement en ruine, sous l’effet d’une austérité budgétaire induite par le même capitalisme financier que l’on prétend vouloir combattre !

Des écolos bien techno

Revenons maintenant au groupe Extinction Rebellion. Le 15 juillet, XR a organisé plusieurs manifestations dans cinq grandes villes britanniques, Londres, Cardiff, Leeds, Bristol et Glasgow, chacune sur un thème différent – augmentation du niveau des mers, inondations, incendies, mauvaises récoltes et phénomènes météorologiques extrêmes.

Le Guardian de Londres évoque deux activistes ayant participé à ces événements, et dont le profil, si l’on creuse un peu, ne correspond pas exactement au brave jeune écolo anti-système auquel on pourrait s’attendre. Le premier, Roc Sandford, 61 ans, est cité : « Je m’implique car j’ai des enfants et je ne veux pas qu’ils meurent de faim ou d’un effondrement social. Si vous considérez ce que disent les scientifiques, c’est ce qui vient ». Ce que ne rapporte pas le quotidien, c’est que Sandford est un millionnaire qui vit entre sa maison à Londres et celle sur une île des Hébrides, où il passe trois mois par an, « déconnecté ».

L’autre personnage est Alex Evans, 43 ans, le leader de XR à Leeds. De même, le Guardian ne mentionne pas le fait que Evans a travaillé en tant que consultant auprès de plusieurs organisations malthusiennes, dont l’International Sustainability Unit du Prince de Galles, ou encore le bureau du Secrétaire général des Nations unies – pour qui il a rédigé en 2011 le panel de haut niveau de l’ONU sur la durabilité globale. Evans a également été conseiller du Premier ministre travailliste de l’époque, Gordon Brown, ainsi que des ministres Hilary Benn et Valerie Amos.

Quelques jours auparavant, le 4 juillet, un débat se tenait au Chatham House — le think-tank par excellence de l’Empire britannique depuis 1920 — sur le thème « Action pour le climat : le moment pour la désobéissance civile ? » L’encart de présentation du débat expliquait : « En dépit d’une part croissante de la population de plus en plus consciente de l’urgence climatique, les scientifiques et activistes écologistes doivent se battre pour convaincre un plus large public, les politiques et les entreprises afin de pousser les mesures disruptives et ambitieuses nécessaires. (…) Au cours des derniers mois cependant, un nouveau sens d’urgence a été injecté dans le débat environnemental par des mouvements, notamment Extinction Rebellion à Londres, ainsi que le Youth for Climate au niveau international ».

Parmi les orateurs se trouvaient Farhana Yamin, membre de XR ainsi que du Département de l’Énergie, de l’Environnement et des Ressources du Chatham House.

Un bon coup de « greenwashing » pour renflouer le système financier ?

XR contient tous les ingrédients d’une vaste campagne de communication, organisée depuis les États-majors du complexe militaro-financier, afin de coopter toute une jeunesse confrontée à une société sans avenir. Nous avions déjà évoqué le fait que la jeune Greta Thunberg, qui a participé aux manifestations de XR, est un véritable produit marketing fabriqué par sa mère Marlena Ernman, la célèbre chanteuse suédoise, et par les membres de deux familles milliardaires suédoises, les Persson et les Rentzog, tous spécialistes de la finance « verte ».

L’écologiste allemande Luisa-Marie Neubauer, cheffe de file des Fridays for future en Allemagne, a également joué un rôle fondamental dans la promotion de Greta. Neubauer est membre de la fondation « One » de Bill et Melissa Gates, où l’on trouve des personnalités très connues comme Bono et surtout George Soros. Le milliardaire est célèbre pour avoir mené des opérations spéculatives contre les monnaies de plusieurs pays, dont la Livre Sterling anglaise ou la Lire italienne, et pour avoir organisé des « révolutions de couleur » dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, par le biais de sa fondation « Open Society », dans l’objectif de placer des gouvernements servant docilement la cause néolibérale occidentale.

À la veille du krach financier, tandis que les banques centrales américaines et européennes lancent un nouveau round de « morphine monétaire », le « greenwashing » est une double aubaine pour l’oligarchie financière  : d’une part en raison de la manne financière considérable que cela représente, et d’autre part car elle lui permet de détourner l’attention d’une population de plus en plus révoltée, partout en Occident, contre les effets destructeurs du renflouement bancaire et de l’austérité sociale.

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