Italie, élections américaines de mi-mandat : l’heure de vérité s’annonce

vendredi 26 octobre 2018

Des deux côtés de l’Atlantique, en Europe et aux États-Unis, la cocotte minute monte en température. Et les prochaines échéances de novembre, avec entre autres les élections de mi-mandat américaines, le 6 novembre, et l’ultimatum imposé par Bruxelles à l’Italie pour son budget, à la mi-novembre, seront sans doute des facteurs décisifs, pour le meilleur ou pour le pire.

Grève de masse

En France, la colère populaire est à fleur de peau. Et c’est la goutte de diesel qui pourrait faire déborder le vase, avec l’augmentation des prix à la pompe, dans le contexte du double scandale « Cum Cum » et « CumEx » où, alors que les autorités regardaient ailleurs, plus de 55 milliards d’euros ont été extorqués aux contribuables d’une douzaine de pays européens (dont 17 milliards aux Français), par ailleurs sommés de sabrer, au nom de l’orthodoxie budgétaire, leurs dépenses dans la santé, l’éducation, la culture et la recherche. Et pour ajouter à l’indécence, ce rapport du Crédit Suisse montrant que la France a vu apparaître 259 000 millionnaires supplémentaires entre mi-2017 et mi-2018, ce qui représente la deuxième progression la plus forte dans le monde, après les États-Unis !

De l’autre côté de l’Atlantique, un véritable climat de guerre civile est sciemment provoqué par l’équipe Obama/Clinton/Soros. Prise de panique, celle-ci sent que le résultat des élections du 6 novembre risque une nouvelle fois de lui échapper. Ainsi, tout ce qui pourra déstabiliser l’électorat pro-Trump est bon, quitte à faire dans le sensationnel, comme dans l’affaire des colis piégés. Et ceux qui, parmi les Démocrates qui accusent le président américain d’avoir suscité ces actes à travers ses discours, sont les mêmes qui appellent explicitement leurs partisans à « harceler » chaque membre de l’administration Trump « où qu’il soit », c’est-à-dire à son domicile, dans un restaurant ou dans les transports. Le New York Times est même allé jusqu’à publier une courte fiction où Trump se fait assassiner par un tireur à gage russe aidé par le Secret service.

De même, la « caravane » des 7000 migrants, qui défraye la chronique ces derniers jours, partis du Honduras et du Guatemala en direction de la frontière américaine, apparaît de plus en plus comme une vulgaire mise en scène parrainée par le milliardaire George Soros, dans le but de pousser Trump à prendre des mesures qui l’affaibliraient, à la veille des élections. En effet, l’Open Society Foundation de Soros finance trois des quatre groupes constituant le CARA pro bono project, principal soutien de Pueblo Sin Fronteras (Peuples sans frontières – PSF), l’ONG qui a organisé la marche. Les présidents hondurien et guatémaltèque, qui dénoncent une opération de déstabilisation visant leurs pays et la campagne américaine, ont même créé un fonds pour permettre aux marcheurs de revenir chez eux en toute sécurité, et le président mexicain López Obrador leur offre des emplois.

Cependant, malgré toutes ces tentatives, la ferveur populaire pour Trump ne semble pas diminuer, bien au contraire. Le 22 octobre au Texas, 100 000 personnes ont tenté d’assister à son meeting, obligeant les organisateurs à mettre en place des écrans géants sur les parkings. Un véritable esprit de sursaut et de résistance – l’esprit de « grève de masse » dont parlait Rosa Luxemburg – vis-à-vis de la dictature de la mondialisation financière, et des ravages sociaux et économiques qu’elle cause partout, gagne une part grandissante de la population américaine, de même qu’en Europe, comme on l’a vu avec le Brexit et, plus récemment, les élections en Italie. Reste à voir si Trump sera à la hauteur. Au lieu d’accuser la Chine et le reste du monde d’être à l’origine du déclin industriel et économique américain, c’est d’une refonte complète du système financier (nouveau Glass-Stegall, Nouveau Bretton Woods et jubilé des dettes) que le monde, y compris les États-Unis, ont besoin. Car la baisse du Nasdaq a tout à voir avec l’explosion d’une bulle spéculative et rien avec l’émergence de la Chine.

Italie, détonateur potentiel

La nouvelle situation politique chez notre voisin transalpin, avec la coalition Ligue-M5S (Mouvement 5 étoiles) et le bras de fer qu’elle a engagé avec Bruxelles, annonce que pour la zone euro, l’heure de vérité approche.

En effet, jusqu’ici, c’est uniquement la soumission volontaire des gouvernements européens au diktat austéritaire de Bruxelles qui a permis de maintenir sous perfusion le véritable trou noir spéculatif que sont devenues nos grandes « banques casino ». Et cet affreux gouvernement de « barbares » populistes risque de tout faire capoter !

Mardi 23 octobre, la Commission européenne a rejeté le projet de budget 2019 du gouvernement de la coalition, lui donnant un ultimatum de trois semaines pour le retoquer et le ramener dans les clous (du cercueil) de Maastricht, sans quoi elle engagera des procédures pour violation pouvant donner lieu à des sanctions allant de 0,2 à 0,5 % du PIB italien. Ce rejet du budget est une première dans l’histoire de l’UE, qui plus est vis-à-vis de l’un de ses membre-fondateur. Cela reflète bien sûr le dogmatisme des technocrates de Bruxelles, mais surtout une véritable panique à l’idée que l’Italie puisse inspirer d’autres pays de l’UE, notamment le Portugal, la Grèce et demain l’Espagne, à la suivre sur cette voie.

Les dirigeants de la Ligue et du M5S ont immédiatement fait savoir que le gouvernement ne fera pas machine arrière. « Nous sommes conscients d’avoir choisi une approche budgétaire allant à l’encontre des règles du pacte de stabilité et de croissance, a déclaré Giovanni Tria, le ministre des Finances. Cette décision fut difficile mais nécessaire, au regard du report persistant du retour des niveaux de croissance pré-crise, et des conditions dramatiques des couches les plus défavorisées de la société ».

Les marchés financiers sont aux abois. Vendredi dernier, l’agence de notation Moody’s a dégradé la note de l’Italie, plaçant sa dette au rang de « bonds poubelle », et on s’attend ce vendredi à ce que l’agence Standards & Poor’s fasse de même. Les taux d’intérêts sur les bons à dix ans italiens continuent de flamber, de même que le spread (écart entre les taux italiens et les taux allemands, les plus bas de la zone euro), qui atteint aujourd’hui 320 points. S’il dépassait les 400 points, l’Italie basculerait dans une grave crise financière, entraînant avec elle l’ensemble du système (lire la déclaration de Jacques Cheminade du 26/01 : Italia farà da sé – vers un Pont terrestre mondial).

Novembre, souffle le vent du changement

En plus des élections américaines et de l’échéance de mi-novembre pour l’Italie, d’autres événements potentiellement décisifs auront lieu au cours du mois de novembre :

  • du 5 au 10 novembre se tiendra à Shanghai la première Exposition internationale des importations de la Chine (CIIE), avec la participation d’environ 130 pays et régions, plus de 2800 entreprises et 300 000 visiteurs, et mettant de l’avant les technologies de pointe. Le format de cette bourse est inédit : il ne s’agit pas de faire acheter des produits chinois mais d’acheter toutes les productions étrangères dont la Chine a besoin. La France y est cruellement absente alors que le Royaume Uni et l’Allemagne y sont en première loge pour placer leurs produits. Alors qu’il suffisait de traverser la route de la soie…
  • Le 11 novembre, une trentaine de chefs d’État seront réunis à Paris pour les commémorations du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, et il est prévu que les présidents Trump et Poutine se rencontrent une nouvelle fois à cette occasion. A nous de les aider à parler d’un Nouveau Bretton Woods, seul socle possible pour fonder la paix de demain et de renouer un vrai dialogue sur le désarmement nucléaire (traités INF et START).
  • Enfin, le 30 novembre, le G20 se déroulera à Buenos Aires, en Argentine, avec la participation de Trump, Poutine, Xi Jinping et le Premier ministre indien Modi. Une rencontre devrait également avoir lieu en marge du sommet entre Xi et Trump. Là aussi, c’est à nous de faire en sorte que Trump retrouve un esprit de coopération mutuelle et prenne ses distances des « China hawks » (faucons anti-chinois) qui ont le vent en poupe à Washington.

Faute du changement de cap pour lequel nous nous battons depuis longtemps, le monde risque d’avancer comme un somnambule vers un conflit entre d’un coté les États-Unis et de l’autre la Russie et la Chine. Vos efforts pour diffuser nos informations sont donc essentiels.