Massacre de Floride : le FBI regardait ailleurs

mercredi 21 février 2018

Voici la vérité toute crue sur laquelle Trump n’a pas tort d’insister : si le FBI avait suivi les nombreux indices montrant que Nikolas Cruz s’apprêtait à commettre ces meurtres dans le lycée de Parkland, plutôt que de gaspiller des moyens considérables pour tenter en vain de prouver que la Russie a manipulé les élections américaines de 2016, dix-sept vies auraient pu être épargnées.

Alors que, comme d’habitude, les médias américains et européens insistent sur l’unique question des armes, dont l’accès mériterait sans doute un encadrement renforcé, les événements survenus mercredi dernier en Floride ont braqué les projecteurs sur l’incompétence manifeste du FBI, dont la réputation est déjà fortement éreinté par l’affaire du Russiagate.

En effet, non pas un mais deux individus avaient prévenu l’agence fédérale des intentions de Nikolas Cruz ; et si cela ne suffisait pas, ce dernier a même exhibé son arsenal d’armes à feu dans un groupe Instagram, écrivant : « je pense que je vais tuer des gens ». Le gouverneur de Floride Rick Scott, estimant que le cafouillage du FBI est « inacceptable », a appelé à la démission du directeur du FBI Christopher Wray. La célèbre présentatrice de Fox News Jeanine Pirro, ancienne juge et procureur, a quant à elle affirmé que toute la direction du FBI devait être limogée.

La déroute chez l’ennemi

À l’aune du fiasco du FBI dans le massacre de Floride, l’Attorney général (équivalent du ministre de la Justice), Jeff Sessions, a immédiatement ordonné l’ouverture d’une enquête sur le FBI et sur le Département de la Justice (DOJ). « Il est désormais clair », a-t-il déclaré, « que des signaux alarmants étaient là et que le FBI les a manqué. Nous en voyons les conséquences tragiques ».

Sessions a également annoncé que le DOJ allait ouvrir une enquête sur l’usage fait par des responsables du FBI du « dossier Steele », rédigé par l’ « ex » agent du MI-6 britannique Christopher Steele, et financé par Hillary Clinton et la direction du Parti démocrate, afin d’obtenir auprès de la cour fédérale des mandats de mise sous écoute de l’équipe de campagne de Trump.

Le député Devin Nunes, qui préside la Commission du renseignement de la Chambre à Washington, a annoncé la clôture de l’enquête sur la « collusion » entre Trump et la Russie, dans un entretien avec la journaliste Sharyl Attkission. « Nous n’avons pu trouver aucune preuve de collusion entre la campagne de Trump et les Russes », a-t-il déclaré. Puis il a adressé une lettre à plusieurs anciens et actuels responsables des services de renseignement, du DOJ et du Département d’État, leur posant une série de dix questions à propos du dossier Steele, auxquelles tous doivent répondre avant le 2 mars.

Face à ces développements, l’annonce faite en grandes pompes par le procureur spécial Robert Mueller de l’inculpation de treize citoyens russes, accusés de « complot en vue de tromper les États-Unis », apparaît comme rien d’autre qu’une manœuvre de diversion. Robert Mueller n’est pas sans ignorer qu’il n’existe aucune loi d’extradition entre les États-Unis et la Russie, et qu’aucune poursuite judiciaire ne pourra donner suite à cette inculpation. De plus, aucun lien n’a pu être établi entre ces treize Russes et des citoyens américains : l’enquête sur la « collusion » reste donc une page blanche, comme l’a admis le procureur général adjoint Rod Rosenstein lui-même.

Sur sa page Facebook, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a tourné en ridicule cette ultime caprice de Robert Mueller : « Treize individus interférant dans l’élection américaine ? Treize individus versus des agences de sécurité dont les budgets se comptent en milliards de dollars ? Versus le renseignement, le contre-espionnage et leurs énormes moyens numériques ? N’est-ce pas absurde ? Et bien, c’est pourtant la réalité de la politique américaine, de nos jours ».

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov a de nouveau affirmé sa compréhension du fait que la volonté du président Trump d’améliorer les relations avec la Russie est cadenassé par la situation intérieure des États-Unis : « Il est clair que les Démocrates ne parviennent pas à se remettre de cette défaite [aux présidentielles de 2016], qui les a pris complètement par surprise, et qu’ils font tout leur possible pour empoisonner la vie du président Trump et le Parti républicain. (…) Mais ils n’y parviennent pas comme ils l’espéraient », a-t-il déclaré.

La paille dans l’œil du voisin...

Dans un entretien paru le 16 février dans Le Figaro Magazine, Vladimir Fédorovski, auteur d’Au cœur du Kremlin, souligne avec force la réalité de l’énorme poutre bouchant l’œil des Occidentaux. L’écrivain russe rappelle qu’un beau jour de 1996, une équipe de « communication » américaine avait débarqué à Moscou en vue de la réélection de Boris Eltsine. « Quand on détaille les agissements de ce commando à l’époque », dit-il, « les actuelles simagrées à propos de l’ingérence russe dans l’élection de Donald Trump ont de quoi faire sourire. Via ses missi dominici, la CIA avait investi le territoire politique russe. Sans elle, Eltsine, champion des galipettes dans la neige et des flagellations dans l’épaisse vapeur des bains russes du Kremlin, aurait été balayé par le suffrage populaire. Il a terminé sa carrière en 2000, bouffi et rongé par l’alcool, avec 1 % d’opinion favorable, imbibé au point d’être surnommé, entre autres qualificatifs, ‘M. Absent’, après avoir conforté un système oligarchique corrompu dans lequel 5 % de la population se partageaient le gâteau, quand 50 % des Russes frôlaient le seuil de pauvreté ».