Le Russiagate devient le FBI-gate

lundi 29 janvier 2018

Un gouffre béant se creuse entre le scandale qui fait sensation dans la presse américaine, impliquant le FBI à son plus haut niveau, et les médias français et européens qui restent silencieux à ce sujet et persistent dans leur mode anti-Trump. À leurs yeux, Robert Mueller, le procureur spécial menant « l’enquête russe », demeure le « moine soldat », le chevalier blanc livrant un combat héroïque pour libérer le monde de ce fou, raciste, agent russe et misogyne de Donald Trump.

Pourtant, il ne s’agit pas là d’une petite magouille politicienne à la « Baron noir », mais sans doute du plus grand scandale depuis le Watergate, et même depuis le sabotage de l’enquête sur l’assassinat du président John F. Kennedy par Allen Dulles au sein de la Commission Warren. Le FBI – depuis Edgar Hoover la police fédérale judiciaire la plus prestigieuse du monde –, en lien avec le Department of Justice (DOJ), la direction du Parti démocrate, les réseaux Obama-Clinton et des services secrets étrangers – en l’occurrence britanniques – sont accusés d’avoir fabriqué de toutes pièces le Russiagate, d’abord dans l’objectif de faire gagner Hillary Clinton, puis de provoquer la chute de la présidence Trump.

Ce qu’à dit l’homme politique américain Lyndon LaRouche et que nous avons dit ici depuis des mois se trouve désormais au cœur des enquêtes du Congrès américain, et de plus en plus déballé sur la place publique. D’ailleurs, il y a quelques semaines le Comité d’action politique de Lyndon LaRouche a réuni dans une même conférence l’ancien analyste de la CIA Ray McGovern et l’ancien directeur technique de la NSA William Binney, deux lanceurs d’alerte, pour évoquer la dérive d’une partie du Renseignement américain, et le fait que le Russiagate se transforme en FBI-gate.

Une « société secrète » au cœur du FBI

La semaine dernière, toute l’attention médiatique outre-Atlantique s’est focalisée sur les fameux messages entre l’agent du FBI Peter Strzok et sa maîtresse Lisa Page, avocate du FBI. Strzok, en tant que numéro 2 de la division du contre-espionnage, est celui qui a dirigé au sein du FBI l’enquête contre Trump, avant d’intégrer l’équipe de Robert Mueller, en juin 2017, de même que Lisa Page.

Strzok et Page ont ensuite été écartés de l’équipe Mueller, après que plusieurs échanges de textos aient été révélés, dans lesquels ils exprimaient trop explicitement leurs sentiments anti-Trump. En effet, dans l’un de ces messages, daté du 15 août 2016, Strzok écrivait : « Même si j’aimerais croire aux remarques que tu as lancées dans le bureau d’Andy [McCabe, chef de la division du contre-espionnage], selon lesquelles il est impossible qu’il [Trump] soit élu, je crains que nous ne puissions pas prendre ce risque. C’est comme prendre une police d’assurance pour le cas improbable où tu mourrais avant l’âge de 40 ans ».

Le député républicain Trey Gowdy, qui dirige le Comité de surveillance parlementaire et de réforme gouvernementale de la Chambre, a révélé le 22 janvier sur Fox News que « le lendemain de l’élection, c’est-à-dire au lendemain de ce qu’ils ne voulaient surtout pas voir arriver, il y a eu un échange entre [Strzok et Page], disant : ’ce sera peut-être la première réunion de la société secrète’. Alors, évidemment, j’aimerais savoir : de quelle ’société secrète’ parlent-ils ? »

Dans un autre message, dévoilé la semaine dernière, et datant de mai 2017, c’est-à-dire au moment où Mueller vient de leur proposer de rejoindre son équipe, Strzok dit à Page : « Nous savons tous deux qu’il n’y a aucune chance. Si je pensais qu’il y en avait une, je me lancerais sans réfléchir. J’hésite en partie parce que mon instinct me dit qu’il n’y a rien de significatif contre lui ». Donc, ceux qui ont été impliqués en première ligne dans cette affaire du Russiagate contre le président Trump savaient que le dossier était vide et qu’il le resterait.

Les suspicions ont été d’autant plus alimentées en raison des 50 000 messages manquant entre Strzok et Page, correspondant à la période allant de décembre 2016 à mai 2017, le FBI prétendant les avoir malencontreusement « perdus ». Puis, coup de théâtre, l’inspecteur général du DOJ Michael Horrowitz a annoncé jeudi que les messages avaient été retrouvés, et qu’ils étaient désormais à la disposition des élus du Congrès.

L’autre patate chaude est le mémorandum de quatre pages, rédigé par Devin Nunes, le président de la Commission du renseignement de la Chambre, à partir des documents que le FBI et le DOJ ont finalement consenti à lui fournir, après des mois de bataille. Le document, qui n’est pour l’instant accessible qu’aux élus du Congrès, a provoqué des ondes de choc à Washington, après que des élus l’aient consulté et aient immédiatement demandé à les rendre accessible au public. Le 20 janvier, alors que 65 élus demandaient déjà la publication complète du mémo, le député Dave Joyce expliquait que le processus de déclassification pourrait prendre 19 jours ouvrés.

Et les regards se tournent vers Londres...

La bataille fait également rage au Sénat. Le sénateur républicain Chuck Grassley, qui préside la Commission judiciaire du Sénat, vient d’adresser une lettre au directeur actuel du FBI, Christopher Wray, lui posant onze questions sur les échanges de textos entre Strzok et Page. Grassley et le sénateur Lindsay Graham ont également envoyé une lettre à plusieurs dirigeants du Parti démocrate de l’ère Obama, leur demandant de fournir à la Commission judiciaire du Sénat tous les documents relatifs à la société Fusion GPS et à Christopher Steele, auteurs du dossier d’accusation contre Trump, l’une des pièces maîtresse du Russiagate et dont on sait maintenant que le Parti démocrate et la campagne d’Hillary Clinton l’ont financé. Grassley a également envoyé un mémorandum classifié au DOJ et au FBI concernant le « dossier Steele », que le sénateur est impatient de rendre public.

Chuck Grassley a par ailleurs réitéré sa demande pour que le DOJ ouvre une enquête criminelle sur Christopher Steele, le soit disant « ex » agent du service secret britannique MI6. Comme nous l’avons affirmé, preuves à l’appui, les services britanniques sont impliqués depuis le début dans l’ensemble de cette affaire contre Trump. Jamais le Congrès américain n’a été si proche d’ouvrir cette porte conduisant vers les dessous de la « relation spéciale » avec la Grande-Bretagne, qui depuis la mort de Franklin Roosevelt et en particulier l’assassinat de Kennedy, correspond à une véritable tentative de subversion des États-Unis.

Afin de mesurer la peur bleue éprouvée par une partie l’establishment britannique à l’idée de perdre la main sur l’ordre géopolitique mondial, et de voir l’administration Trump poser les bases d’une détente et d’une coopération avec la Russie et la Chine (car c’est bien là le véritable enjeu), il suffit de considérer le récent pétage de plombs du ministre de la Défense Gavin Williamson. Dans un entretien avec le Telegraph, Williamson, qui est décoré Commandeur de l’ordre de l’Empire britannique, s’est lancé dans une diatribe digne des Monty Pythons (comme l’a fait remarquer Vladimir Poutine), vociférant que les Russes étaient obsédés par l’idée de « causer le plus de dommages possibles à la Grande-Bretagne », de « s’attaquer à son économie, de détruire ses infrastructures, de causer des milliers et des milliers de morts, et de créer un chaos total dans le pays ».

On pourrait rire du grotesque si nous n’étions pas dans une situation de guerre froide très chaude. En effet, les États-Unis et la Russie étant dans une stratégie de « lancement sur alerte », la moindre alerte ne laisse à chaque partie qu’une poignée de minutes pour prendre la décision d’appuyer sur le bouton. Nous sommes passés à deux doigts de cela le 13 janvier dernier, avec la fausse alerte nucléaire à Hawaï.

La défaite de la machination du Russiagate représente donc un enjeu de paix mondiale, car elle libérerait le champ pour une entente entre les États-Unis, la Russie et la Chine.