L’esprit des Nouvelles Routes de la soie gagne le monde #8

mercredi 24 janvier 2018

Sans sursaut décisif, la zone transatlantique continuera de s’enfoncer chaque jour davantage dans la désintégration sociale et économique. Ce que la plupart des citoyens français et européens ignorent, c’est que plus de 70 pays se sont joints à la Chine et aux BRICS, et que les Nouvelles Routes de la soie se construisent concrètement et répandent partout un puissant optimisme pour le futur. D’après le dirigeant de la Banque de Chine, Chen Siqing, d’ici cinq ans l’initiative de la ceinture et la route (« Belt and road initiative », ou BRI), contribuera à 46 % de la croissance mondiale. Avec le récent voyage de Macron en Chine, la France vient de faire un premier pas très important dans cette direction (voir notre édition du 11 janvier).

S&P est mobilisé pour faire connaître cette réalité aux Français et pour engager l’Europe et les États-Unis aux côtés de ces pays.

Afrique – Chine

Les préparations vont bon train pour le Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC), qui aura lieu en septembre 2018 à Beijing, avec l’intention affichée d’élever le Forum au rang de « sommet ». Le FOCAC réuni 52 nations africaines, la Chine et l’Union africaine, et il a lieu tous les trois ans, alternativement à Beijing et dans une capitale du continent africain.

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi vient d’effectuer un voyage dans quatre pays africains, dont l’Angola et le Rwanda, ce dernier s’apprêtant à prendre la tête de l’Organisation pour l’Union africaine (OUA). « L’objectif du sommet sera de mettre [la BRI] au diapason des stratégies de développement des pays africains, ce qui stimulera l’industrialisation et la modernisation, et portera à un nouveau niveau le partenariat stratégique global entre la Chine et l’Afrique », a déclaré Wang Yi, d’après l’agence chinoise Xinhua.

Lors de la conférence de presse clôturant la visite du ministre chinois en Angola, un journaliste occidental l’a questionné sur les prétendues « conditions politiques » imposées par la Chine aux pays africains s’endettant auprès d’elle, comme l’Angola, dont la dette de 40 milliards de dollars est en grande partie détenue par la Chine. Question que l’on aimerait plus souvent entendre poser aux dirigeants du FMI à propos des « conditionnalités » (le triptyque libéralisation-privatisation-austérité budgétaire) imposées aux pays débiteurs du Fonds.

« Une telle prétention, pleine d’arrière-pensées, est une fausse accusation », a répondu Wang Yi. « Le financement de la Chine répond aux exigences de l’Afrique en matière de son propre développement. Tout pays a un énorme besoin de capitaux dans la phase primaire de son décollage économique et de son industrialisation, et l’Afrique ne fait pas exception ». De plus, la Chine n’impose pas de conditions politiques. « Tout comme les pays africains, la Chine a gardé le souvenir amer d’un passé où, sous le contrôle d’intérêts étrangers, elle était injustement traitée, voire exploitée et opprimée », a rappelé le ministre. « Par conséquent, lorsqu’elle apportera son aide à l’Afrique et s’engagera dans une coopération avec elle, la Chine ne répétera pas ce que les pays occidentaux ont fait et n’imposera jamais ses propres vues aux autres ».

Amérique du Sud – Caraïbes – Chine

De l’autre côté de l’Atlantique vient de se dérouler le Forum de la Communauté des pays d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), à Santiago du Chili, sur le thème « Œuvrer pour plus de développement, d’innovation et de coopération pour nos populations : un destin commun – la ceinture et la route ». Sous la direction du « quartet » (Salvador, Haïti, Equateur, République dominicaine), le Forum a réuni les ministres des Affaires étrangères des 33 pays de la CELAC, ainsi que le ministre chinois Wang Yi.

Le Président Xi Jinping, dans un message adressé au Forum, a encouragé tous les pays d’Amérique latine et des Caraïbes à participer activement à la BRI et à « tracer la voie pour une coopération transpacifique » reliant plus étroitement la Chine à la région. Comme dans le passé, lorsque les ancêtres du peuple chinois et des peuples latino-américains et caribéens « ont surmonté de grandes difficultés pour de vastes océans, ouvrant ainsi la Route de la soie maritime à travers le Pacifique », aujourd’hui les deux parties peuvent travailler ensemble par le biais de la plate-forme que constitue la BRI, a expliqué le Président chinois.

Lors de son discours, Wang Yi a souligné le fait que « la forte volonté de coopération de l’Amérique latine et des Caraïbes est due au fait que ces nations aspirent à réaliser le rêve de vitalité pour leur peuple », et a proposé que les 33 nations de la CELAC établissent une « inter-connectivité maritime et territoriale, permettant le développement et une plus grande prospérité » par le biais de l’innovation dans les transports, les infrastructures, et la production d’énergie, l’énergie, etc ».

La présidente du Chili Michelle Bachelet a insisté sur l’importance du « grand pas réalisé par la Chine » avec la BRI. « Le travail que nous accomplissons ici pour l’intégration latino-américaine, par exemple avec les corridors bi-océaniques, peut être directement relié à cette Nouvelle Route de la soie. (...) Il s’agit d’initiatives destinées à nous faire gagner notre indépendance dans notre quête d’un avenir meilleur pour notre région ».

Selon le journal El Economista America, outre la déclaration finale de Santiago, et un plan d’action triennal, le sommet a également publié une déclaration spécifique sur l’Initiative de la ceinture et la route.