SNCF : les territoires abandonnés refusent d’être déconnectés !

samedi 4 février 2017, par Karel Vereycken

Le 1er février 2017, l’Association De l’Ombre à la Lumière est monté à Paris pour défendre l’accès au ferroviaire.
France 3 Auvergne / Pascal Franco

Le 1er février, élus et responsables économiques de 26 communes de l’Allier, du Puy-de-Dôme, du Cher et de la Creuse, membres de l’association « De l’ombre à la lumière », se sont rendus en car à Paris, à l’Assemblée Nationale et au Ministère des Transports, pour défendre les lignes ferroviaires des territoires abandonnés. Objectif phare : la modernisation par la SNCF de la ligne Montluçon/Paris qui n’est toujours pas électrifiée. La mobilisation a été relayé à Montluçon par une cinquantaine de commerçants qui ont baissé leurs rideaux et fermé leur magasin, en signe de solidarité.

« Aujourd’hui, on est dans l’urgence ! » lance Christophe Guerreiro, président du groupe. En premier lieu, il s’agit de réagir contre la disparition des lignes ferroviaires dans ces régions enclavées et d’exiger la modernisation du réseau, notamment l’électrification des voies. Précisions tout de suite que la non-électrification de la ligne SNCF a pour effet un temps de trajet beaucoup trop long, ce qui décourage le voyageur et l’implantation d’entreprises. Le résultat de cet état de fait est la prochaine fermeture des gares, à cause d’un manque de rentabilité…

« Ne pourrions-nous pas, au contraire, parier sur l’avenir et renforcer l’offre afin d’aller vers la rentabilité ? Multipliez les offres, plus de trains, améliorez leur vitesse et les gens prendront le train », précise l’association sur sa page Facebook.

En réalité, c’est la dette en partie illégitime de 44 milliards d’euros de la SNCF qui conduit cette dernière à abandonner sa mission de service public, celle d’offrir des services de qualité à l’ensemble des territoires. Avec comme résultat, des suppressions de trains suivies de suppressions de lignes.

En effet, si 12 nouveaux trains régionaux doivent desservir Nevers, Moulins, Clermont, Vic-le-Comte, Gannat, Brioude et Vichy, ce n’est pas le cas de Guéret, Saint-Amand-Montrond et Montluçon - la deuxième plus grande ville d’Auvergne ! Alors que cette ville connaît déjà une crise économique considérable, la priver de dessertes ferroviaires modernes et performantes apparaît comme une double peine.

Il faut savoir qu’après que, dans un premier temps, une ligne de bus soit venue « remplacer » la ligne ferroviaire desservant Guéret, dans un deuxième temps, faute de rentabilité, la ligne de bus fut supprimée à son tour !

Au-delà du transport local, il s’agit également de connecter avec des trains rapides les grandes villes la région Centre avec Lyon, Bordeaux, Nantes et Paris.

Au ministère des transports, « on nous a confirmé que du matériel bi-mode (électrique et diesel) serait mis à disposition de la ligne Montluçon-Bourges en 2019, mais ça on l’avait déjà lu dans La Montagne, s’agace Christophe Guerreiro. Nous ce qu’on demande, c’est l’électrification. On nous a répondu que ce serait l’affaire du prochain gouvernement. »

De l’ombre à la lumière a bien raison lorsqu’elle demande qu’on porte secours à une région en danger. « Le rééquilibrage de notre développement économique passe par l’électrification de nos lignes ferroviaires, un vrai projet d’aménagement du territoire permettant de générer de la croissance et des emplois ».

Nos décideurs devraient tout faire pour que notre territoire ne devienne un désert et un champ de ruine économique, donnant à chaque région les mêmes chances et les moyens nécessaires à leur développement. Notre position géographique, en plein Centre France, devrait être un nœud central des voies de communication. Mais quel avenir pouvez-vous prédire à une ville de notre importance (Montluçon), seconde ville d’Auvergne sans desserte ferroviaire normalement moderne et attractive ?

Solidarité & Progrès comprend la colère des élus et des régions victimes d’un désengagement croissant de l’État.

Pour y faire face, S&P propose :

  1. La requalification immédiate en dette d’État (comme l’a fait l’Allemagne), voire l’annulation partielle, de la dette historique du système ferroviaire de 44,1 Mrds € et des intérêts d’1,5 à 2 Mrds par an, permettant à la SNCF de jouer de nouveau pleinement son rôle de service public ;
  2. Une politique de crédit productif public, que le candidat présidentiel Jacques Cheminade est le seul à défendre, permettant de débloquer les moyens financiers permettant d’investir à long terme et à faible coût dans les grands projets d’infrastructures ;
  3. La création d’un ministre délégué à la connectivité en charge de mettre en place, de façon transversale, un vrai « nouveau plan Freycinet », c’est-à-dire un plan d’ensemble permettant de dynamiser les transports maritimes, fluviaux et ferroviaires ;
  4. La production de trains à hydrogène. Peu de Français le savent : outre-Rhin, avec le soutien de l’Etat allemand, Alstom a obtenu un contrat pour la production du Coradia Lint, un train équipé d’une motorisation par pile à combustible, alimentée par de l’hydrogène, et n’émettant que de la vapeur et de l’eau condensée. D’une autonomie de 600 km, il roulera à 140 km/h. Vous l’avez compris : alors que vous passerez vos journées en « bus Macron », nos voisins allemands profiteront d’une nouvelle génération de trains à zéro émission et à faible niveau de bruit. Une telle commande publique permettrait de remplir les carnets de commande d’Alstom en France. Et puisqu’avec cette technologie on passe directement du fuel à l’hydrogène, plus besoin d’électrifier les lignes...
  5. La réouverture du dossier de l’aérotrain, un mode de transport rapide et bien moins onéreux que le rail classique. La campagne de Jacques Cheminade s’était penchée en 2012 sur la création d’une grande boucle reliant précisément une grande partie des territoires abandonnés.