Les yeux du monde sont rivés sur le fragile accord de paix qui vient d’être conclu à Charm el-Cheikh, en Égypte, en présence du président Donald Trump et du président égyptien al-Sissi, mettant fin à l’impitoyable guerre qui fait rage depuis plus de deux ans à Gaza. Un grand soupir de soulagement a accueilli l’entrée en vigueur de la première phase de l’accord, le 13 octobre, avec les premières libérations d’otage israéliens et palestiniens.
Il reste maintenant à bâtir une paix à long terme, qui devra absolument passer par l’éviction des criminels de guerre du gouvernement israélien et surtout par un plan de développement économique mutuel pour l’ensemble de la région, tel que le « Plan Oasis ».
Premiers pas
Le 13 octobre, le Hamas a libéré les vingt derniers otages israéliens, rendant également à leurs familles les corps des quatre otages décédés. Dans le même temps, Israël a libéré 2000 prisonniers palestiniens, dont certains n’avaient pas été vus depuis des décennies, sous les cris de joie d’une foule en liesse.
Selon les Nations unies, l’aide humanitaire afflue désormais de nouveau à Gaza (gaz de cuisine, denrées de première nécessité, tentes pour les familles déplacées et fournitures médicales) pour la première fois depuis le mois de mars. Dans le même temps, l’ONU s’apprête à prendre en charge les livraisons de nourriture et d’autres produits à Gaza. L’information circule selon laquelle 170 000 tonnes de fournitures seraient en attente d’être livrées dès qu’Israël aura levé les contraintes douanières.
La Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), la fameuse agence de distribution de nourriture responsable de la mort de centaines de Palestiniens affamés, a été temporairement fermée. Le porte-parole de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), Jonathan Fowler, a déclaré que l’organisation disposait dans ses entrepôts de trois mois de nourriture pour toute la population de Gaza, pourvu que l’UNRWA soit autorisé à assumer sa mission.
Parmi les 2000 Palestiniens libérés, 250 avaient été condamnés à de longues peines ou à la réclusion à perpétuité. 154 d’entre eux ont été exilés en Égypte aussitôt après leur libération. Plus de 1700 avaient été capturés à Gaza au cours des deux années de guerre israélienne.
Par contre, plusieurs dirigeants de premier plan n’ont pas été libérés, notamment Marwan Barghouti, un chef militaire populaire du Fatah, considéré comme le seul capable d’assumer une gouvernance compétente pour le peuple palestinien, Ahmad Sa’adat, chef du Front populaire de libération de la Palestine, et des membres importants du Hamas, Hassan Salama, Abdullah Barghouti (aucun lien de parenté avec le précédent), Ibrahim Hamed et Abbas al-Sayed.
Doux-amer
En dépit de tout cela, on ne peut ignorer le discours problématique du président américain Donald Trump à la Knesset israélienne, tout gonflé de son adulation pour la milliardaire israélo-américaine Miriam Adelson, ni le sourire hypocrite du Premier ministre Benjamin Netanyahou, qui mériterait la prison plutôt que des louanges, pas plus que les rapports faisant état d’incendies criminels généralisés dans la bande de Gaza, déclenchés par des soldats de Tsahal déterminés à ne laisser que terre brûlée derrière eux – ils ont notamment incendié l’un des derniers centres de traitement des déchets de Gaza, privant ainsi toute la ville de Gaza d’une infrastructure vitale, après deux ans de guerre génocidaire.
C’est donc bien un sentiment doux-amer qui accompagne la mise en place de ce cessez-le-feu : certes les meurtres et les destructions ont cessé, mais leurs auteurs échappent à leurs responsabilités, la justice n’ayant pas été rendue, et les discussions sur un État palestinien en restent au stade du vœu pieux.
Un changement fondamental s’impose pour transformer ce bref mais précieux moment en une paix réellement durable, non seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour Israël et l’ensemble de la région.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le groupe de dirigeants qui entoure aujourd’hui Trump et Netanyahou (surtout si Tony Blair est appelé à y jouer un rôle) est tout à fait inadéquat.
Il faudra donc adopter une approche radicalement différente si l’on veut éviter un retour à l’effusion de sang et la reprise du même cycle de violence.
Avraham Burg : il faut un « renouveau du judaïsme humaniste »
De ce point de vue, les mots de l’ancien président de la Knesset, Avraham Burg, tirés d’un article daté du 12 octobre,sont significatifs :
Avraham Burg condamne les politiques de vengeance, de suprématie raciale et de fondamentalisme religieux qui se sont peu à peu emparées d’Israël, et appelle à les remplacer par les meilleures traditions du judaïsme, car
Il appelle donc au renouveau du judaïsme humaniste. Concrètement, sur le terrain, il propose la création d’un « Fonds juif mondial pour la reconstruction de Gaza », ainsi que d’autres actions pour aider les Palestiniens et ouvrir la voie à une coexistence pacifique entre les deux peuples. Ce ne sont pas de simples « gestes politiques », écrit-il, mais « le seul moyen de survivre spirituellement ».
Le sentiment de Burg, ancien membre dirigeant du gouvernement israélien, met en lumière le potentiel qui existe pour ce changement transcendantal.
Dans ce contexte, le Plan Oasis de l’Institut Schiller pour l’Asie du Sud-Ouest devient plus important que jamais, car il porte en lui la capacité de changer radicalement les paramètres des négociations actuelles, en posant les exigences physiques nécessaires pour la prospérité de tous et en redéfinissant l’environnement dans lequel la paix à long terme pourra s’épanouir.
Intervention de Jacques Cheminade sur le plan Oasis :
Intervention de Karel Vereycken sur le même thème :



