700 musiciens soutiennent la Majorité mondiale et la Palestine

mercredi 10 septembre 2025, par Karel Vereycken Tribune Libre

Michael Barenboim.

Dans une déclaration rare, plus de 700 musiciens français et internationaux condamnent « le soutien des puissances occidentales à la politique génocidaire de l’État d’Israël, qui bafoue le droit international et ses institutions en toute impunité ». Ils appellent la communauté musicale « classique » à clarifier sa position sur le génocide en cours à Gaza.

Si dès le début des offensives, Michael Barenboim [1], en digne héritier de son père, condamnait la guerre menée par Israël à Gaza et créait un collectif destiné à récolter des fonds pour les Palestiniens, peu d’artistes classiques avaient pour l’instant pris la parole publiquement sur le sujet. Des actions isolées ont néanmoins eu lieu ces derniers mois, notamment au Festival de Salzbourg ou encore au Royal Opera House de Londres, où l’événement a provoqué une véritable crise au sein de la maison.

Cette fois, la revendication est collective : plus de 700 musiciens et musiciennes viennent de signer une tribune relayiée par Mediapart dans laquelle ils appellent le milieu du classique à « clarifier ses positions au sujet du génocide en cours à Gaza ».

Une prise de parole exceptionnelle, revendiquée notamment par le pianiste Adam Laloum, le violoncelliste Bruno Philippe, le trompettiste Romain Leleu, le baryton-basse Vincent Le Texier, la mezzo-soprano Lucile Richardot, la soprano Julie Roset, le ténor Reinoud Van Mechelen, les clavecinistes Jean Rondeau, Bertrand Cuiller et Violaine Cochard, les violistes Lucile Boulanger, François Joubert-Caillet et Salomé Gasselin, le chef d’orchestre et gambiste Jordi Savall et, bien sûr, le violoniste allemand Michael Barenboim.

La déclaration affirme que les artistes et leurs institutions ont « la responsabilité de faire entendre un positionnement sans équivoque face aux politiques impérialistes occidentales mortifères dont les conséquences accablent les peuples de la majorité mondiale, et en particulier le peuple palestinien ».

La communauté de la musique classique « doit savoir d’où elle parle et veiller à ne pas se rendre complice par son silence ou son inaction. »

« La musique classique, dans son ensemble, entretient un lien indéniable avec l’histoire des États européens. Il nous semble essentiel que cette tradition ne soit pas confondue avec une certaine forme de conservatisme qui se traduirait par une récupération et une appropriation de ces musiques du passé par un camp politique affilié à la domination — qu’elle soit géopolitique, sociale ou sociétale. Il est également important que les actrices et acteurs de ce milieu puissent affirmer leurs convictions politiques sans tabou, et surtout sans ressentir de pressions les poussant au silence, de peur d’être boycottés par les institutions dominantes ou de fragiliser un statut déjà précaire, notamment pour les jeunes musiciens. »

Voici leurs revendications :

  • Un cessez-le-feu immédiat à Gaza et dans toute la région, ainsi que la levée de tout blocus humanitaire.
  • La reconnaissance de l’État palestinien par l’ensemble des États membres de l’Union européenne, ainsi que la mise en œuvre d’une solution fondée sur un État binational.
  • L’arrêt immédiat des agissements complices de l’Union européenne, notamment :
    — la rupture de l’accord d’association entre l’UE et Israël ;
    — l’arrêt immédiat des ventes et livraisons d’armes par l’UE ;
    — la mise en place de sanctions économiques contre Israël ;
    — le respect et l’application du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Voici un lien vers le texte complet et la liste des signataires. Si vous êtes musicien, vous pouvez encore y ajouter votre signature.


[1Le violiniste allemand Michael Barenboim est professeur à l’Académie Barenboim-Said, cofondée par son père Daniel Barenboim et le célèbre intellectuel américano-palestinien Edward Saïd. Michael Barenboim joue également au sein du Western-Eastern Divan Orchestra, un orchestre composé de musiciens israéliens, égyptiens, iraniens, libanais, jordaniens et palestiniens.