Chroniques stratégiques

La décision du président Trump d’entamer le retrait des troupes américaines de Syrie et d’Afghanistan, annoncée le 19 décembre contre l’avis de plusieurs membres de l’administration – dont le secrétaire à la Défense, le général James Mattis, qui a démissionné le lendemain – marque un changement stratégique majeur.

La nouvelle année commence avec une double mauvaise (ou bonne, tout dépend du point de vue) surprise pour les États-Unis : mercredi dernier, la Russie a réussi les premiers tests de missiles hypersoniques, et dans quelques jours, la Chine réalisera, sauf catastrophe, une première historique en déposant le rover Chang’e 4 sur la face cachée de la Lune.

Le président Xi Jinping insiste fréquemment sur le fait que les Nouvelles Routes de la soie ne sont pas une performance en solo de la Chine, mais plutôt un orchestre symphonique.

La bourse américaine, qui caracole dans les couches stratosphériques de l’atmosphère financière, s’est sans doute trop approchée du soleil, et elle commence sa redescente dans le monde réel. Seulement, l’atterrissage risque d’être rude.

L’enjeu des 90 jours de négociations entre les États-Unis et la Chine en vue d’obtenir un accord commercial dépasse de loin les relations entre ces deux pays.

Partout s’exprime, par des formes différentes, un rejet du paradigme « néolibéral ». Le consensus de Washington ne fait plus consensus du tout, n’ayant pas été capable d’offrir autre chose que décadence économique, désintégration sociale et chaos politique, avec la double peine de favoriser un endettement endémique.

Il n’aura pas fallu longtemps pour que la machine se mettent en branle. Dimanche, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré qu’une enquête était ouverte par le secrétaire général de la défense nationale, sur des soupçons d’activité sur Twitter ayant cherché à manipuler les Gilets jaunes.

À travers leur mobilisation, non seulement les Gilets jaunes ont propulsé la majorité invisible sur la scène, mais ils font progressivement fait apparaître les murs de la prison dans laquelle nous nous trouvons.

Comme chaque année, la banque d’investissement danoise Saxo Bank a publié en ce début de mois de décembre ses prévisions pour l’année à venir. Cela mérite de s’y attarder un instant, d’autant qu’elles laissent filtrer, en partie, ce que pense tout bas une bonne partie des élites « mondialisées » qui sent sous ses pieds trembler l’ensemble de l’édifice, prêt à tout moment de s’écrouler.

À la demande du président russe, le RIC s’est réuni en marge du G20. La dernière rencontre de ce trio de nations, dans un format conçu par feu le premier ministre russe Primakov sous le nom de « triangle stratégique » qui réuni les pays les plus peuplés et les plus vastes du monde, remonte à douze ans, et avait précédé les BRICS.