Trump en Asie : vers une coïncidence des opposés ?

mardi 4 novembre 2025

Le monde a sans doute gagné un nouveau sursis, la semaine dernière, grâce à la combinaison des réunions tenues par le président américain Donald Trump en Asie. Outre ses entretiens fructueux avec les dirigeants de Corée du Sud et du Japon, sa rencontre la plus significative fut celle du 30 octobre avec le président chinois Xi Jinping à Busan, en Chine.

Coopération économique

A l’issue de cette entrevue, le ministère chinois des Affaires étrangères a publié un communiqué rapportant le sentiment et les intentions du dirigeant chinois :

« Sous notre direction conjointe, a noté le président Xi, les relations sino-américaines sont restées stables dans l’ensemble. La Chine et les États-Unis devraient être des partenaires et des amis. C’est ce que l’histoire nous a enseigné et ce dont la réalité a besoin. Compte tenu de nos différentes conditions nationales, nous ne sommes pas toujours d’accord et il est normal que les deux principales économies du monde connaissent des frictions de temps en temps. (…) Face aux vents, aux remous et aux défis, nous devons garder le bon cap, naviguer dans un univers complexe et assurer la navigation régulière, vers l’avant, du navire géant des relations sino-américaines. Je suis prêt à continuer à travailler avec vous pour construire une base solide pour les relations sino-américaines et créer une atmosphère saine pour le développement des deux pays. »

Du côté américain, la National Public Radio américaine rapporte :

« Dans l’avion qui le ramenait à Washington, Trump a déclaré aux journalistes qui l’accompagnaient que s’il devait évaluer la rencontre avec Xi sur une échelle de zéro à 10, 10 étant la meilleure note, il dirait que la réunion vaut 12. »

Dans son précédent message publié sur X, Trump a déclaré, entre autres, que

« la Chine a également accepté de commencer le processus d’achat d’énergie américaine. En fait, une transaction à très grande échelle peut avoir lieu concernant l’achat de pétrole et de gaz du grand État de l’Alaska ».

Pour l’instant, rien n’indique que cela soit lié aux discussions américano-russes du 15 août concernant le projet de tunnel sous le détroit de Béring.

Il s’agit là d’un vaste ensemble de projets infrastructurels : trains, tunnels, matériaux de construction nouveaux et transformés, technologies de la communication, énergie/électricité, y compris la construction de centrales nucléaires avancées du type indiqué par les récentes percées russes, permettant de réduire la taille des centrales électriques.

Cet ensemble définit le complexe technologique qui est la condition préalable à la réalisation du tunnel sous le détroit de Béring et de ses extensions nécessaires. Il est fort probable que, suite à la rencontre Xi-Trump, le président russe Vladimir Poutine en ait été informé.

Contradiction

Cependant, quasiment au même moment, sans doute en réaction au succès des essais russes sur le système de lancement de son missile de croisière expérimental Burevestnik à propulsion nucléaire, et d’une percée similaire avec son missile sous-marin Poséidon, Trump a publié cette déclaration :

« Les États-Unis ont plus d’armes nucléaires que tout autre pays. Cela a été accompli, avec mise à jour complète et rénovation des armes existantes, au cours de mon premier mandat. Je n’ai pas aimé le faire, à cause de l’énorme pouvoir destructeur que cela représente, mais je n’avais pas le choix ! La Russie est deuxième, et la Chine loin derrière, mais elle nous aura rattrapés d’ici cinq ans. En raison des programmes d’essais menés par d’autres pays, j’ai demandé au ministère de la Guerre de commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d’égalité. Ce processus va commencer immédiatement. »

La réalité est pourtant bien différente et Trump a confondu « arme propulsée par un mini-moteur nucléaire » et « nouvelle arme atomique ». Aucun pays, à l’exception de la Corée du Nord, le 3 septembre 2017, n’a testé d’arme nucléaire depuis 1998, il y a plus d’une génération.

Ainsi, les explications ultérieures de Trump pour justifier ses propos ont davantage contribué à aggraver les choses plutôt qu’à les clarifier. Ses déclarations pour le moins aberrantes trahissent la présence d’autres forces en jeu, souvent d’origine britannique, redoublant soudain d’efforts pour tenter de faire dérailler les pourparlers entre la Chine, la Russie et les États-Unis. Les conséquences sont également visibles dans la politique impériale, digne d’un Teddy Roosevelt, vis-à-vis de l’Amérique centrale et du Sud, des Caraïbes et de l’Afrique.

Aussi, si l’on veut comprendre cette contradiction et se frayer un chemin pour sortir du maelström, il faut considérer les choses d’un point de vue supérieur à celui de Trump. Seule cette perspective nous permettra d’appliquer l’idée de la « coïncidence des contraires » récemment évoquée par le Pape Léon XIV.

Un profond malentendu sur l’identité des USA

De ce point de vue, considérons un autre événement survenu la semaine dernière à Washington : la réintégration par le Service des parcs nationaux, dans Judicial Square, de la statue du général sudiste Albert Pike, fondateur du Ku Klux Klan suprémaciste.

Cette statue avait fini par être déboulonnée en 2020 lors du mouvement « Black lives matter ». En 1992, alors qu’il était candidat indépendant à la présidence américaine, l’économiste Lyndon LaRouche (1922-2019) avait écrit à ce propos :

« Remontons à l’époque de l’homme que représente cette statue : le général Albert Pike. Pour comprendre pourquoi les États-Unis sont dans un tel pétrin aujourd’hui – pourquoi nous avons non seulement ces problèmes au sein de notre nation, mais aussi dans nos relations avec le monde en général ; pourquoi les gens à Washington semblent incapables d’identifier le problème ou de proposer des solutions efficaces ; pourquoi Clinton et Perot, ainsi que Bush [tous trois candidats à l’élection présidentielle], n’ont pas la moindre compréhension de ce qu’est notre problème – nous devons revenir à l’époque de la guerre civile, celle de l’homme incarné par cette statue, le général Albert Pike : raciste, traître et sataniste dégénéré. »
« Le fait que cette statue se trouve à Washington, D.C., entretenue aux frais de l’État sur un terrain public non loin de la Cour suprême, à côté du bâtiment du ministère du Travail, reflète une corruption et une ignorance omniprésentes au sein de notre gouvernement, qui sont responsables de la persistance de nos problèmes actuels. »

Effectivement, la réhabilitation de la statue d’un individu qui s’est non seulement violemment opposé à la Constitution des États-Unis dans le conflit le plus sanglant de l’histoire américaine, mais qui a fondé le KKK, témoigne d’un profond malentendu sur l’identité même des États-Unis et la nature de leur Constitution.

Coïncidence des opposés

En 1984, dans une vidéo consacrée à l’éducation, LaRouche expliquait :

« Bien que peu d’entre nous en soient conscients aujourd’hui, c’est au cours de la Renaissance dorée en Italie que la civilisation de l’Europe occidentale a développé pour la première fois les nouvelles conceptions qui allaient conduire à l’émergence outre-Atlantique de la République constitutionnelle américaine. Deux hommes de l’Italie du XVe siècle se distinguent de tous les autres : le premier est le cardinal Nicolas de Cues (allemand de naissance) et le second est le plus grand de ses successeurs immédiats, Léonard de Vinci. »

« Nous sommes redevables à Cues pour bien d’autres choses, ajoutait LaRouche. Par exemple, c’est lui qui a défini la doctrine du droit international régissant la forme moderne de la république souveraine de l’État-nation ».

La réflexion approfondie du pape Léon XIV sur Nicolas de Cues, dans son homélie du jubilé, le 25 octobre, permet d’accéder à l’histoire inconnue de la véritable origine des États-Unis, ayant sa source dans la Renaissance italienne et non dans la Royal African Society de John Locke. En effet, les idées de Nicolas de Cues permettent d’adopter la perspective conceptuelle nécessaire pour mener le système présidentiel américain, à travers le projet du détroit de Béring et le Plan Oasis pour l’Asie du Sud-Ouest, vers une nouvelle architecture internationale de sécurité et de développement.

C’est ainsi que nous pourrons nous assurer que les essais nucléaires prévus dans un avenir immédiat soient associés au développement pacifique de réacteurs à fission miniatures et à une collaboration avancée sur la fusion thermonucléaire, dans le cadre d’une communauté de principes régies par « la coïncidence des contraires ».