Pourquoi M. Moatti est-il allergique à Lyndon LaRouche ?

mercredi 30 janvier 2013

Communiqué de Solidarité et Progrès

Clichy, le 28 janvier 2013 – Il est des allergies chroniques dues à des causes physiques et d’autres à des raisons politiques. Celles de M. Alexandre Moatti envers « Lyndon LaRouche, inspirateur du candidat Jacques Cheminade à la dernière élection présidentielle française », relève manifestement du second ordre. Le Monde lui fait largement écho, consacrant à l’ouvrage de M. Moatti, Alterscience. Postures, dogmes, idéologies, quatre articles de son supplément scientifique du 19 janvier, qui, tous sans exception, mettent en cause Lyndon LaRouche. Attitude révélatrice mais éthiquement paradoxale pour un journal dont la « position », exprimée le 10 avril 2012, a été de « ne pas interroger Jacques Cheminade depuis l’officialisation de sa candidature ». A l’ostracisme du silence succède donc une salve de DCA par personne apparemment interposée.

M. Moatti a par ailleurs organisé plusieurs séminaires contre les conceptions de Lyndon LaRouche (dont le dernier a eu lieu le 20 novembre 2012, en présence d’une dizaine de personnes) et a tiré à boulets rouges sur la campagne présidentielle de Jacques Cheminade, le 31 mars 2012.

Pourquoi un tel acharnement prétendument thérapeutique ? La démarche et les attaques de M. Moatti permettent de nous éclairer.

Dans son ouvrage, dont Le Monde rapporte fidèlement l’esprit, M. Moatti procède à un amalgame entre diverses formes de superstitions ridicules ou dangereuses qui se sont exprimées dans l’histoire des sciences, comme les élucubrations de Jean-Paul Marat, Hans Hörbiger ou Emile Picard, et les travaux de ceux qui se battent pour assurer qu’une vraie science explore au-delà du connu et se mette au service de tous. Sous le parapluie commode de « l’alterscience », il englobe ceux qui remettent en cause les théories scientifiques dominantes, refusant de considérer que le propre de la science est de remettre en question. Ainsi Albert Einstein ou Max Planck, pour ne citer que deux personnalités que le « scientiste » autoproclamé qu’est M. Moatti dit admirer, ont été des « originaux » fondant leur démarche non sur la déduction ou l’induction, mais sur une imagination maîtrisée pour découvrir de nouveaux principes physiques remettant en cause les dogmes stériles dominants.

La défense du pré carré des scientifiques occupant le cercle de raison des diplômes, des honneurs et des cabinets ministériels est donc une première cause de la construction de l’édifice qu’occupe M. Moatti.

La seconde est plus grave encore. Reprenant le jugement de M. Moatti, le journaliste du Monde David Larousserie reproche à Lyndon LaRouche de « refuser l’idée de ressources finies ». Le « scientiste » se fait donc ici logiquement malthusien : pour lui, le monde est composé de ressources finies que les êtres humains ne doivent pas gâcher. Il exclut ainsi que les découvertes scientifiques, appliquées sous forme de technologies nouvelles et plus productives, permettent de transformer en ressources ce qui auparavant n’en était pas. Cette activité de l’esprit est le propre de l’homme et ce qui le différencie de l’animal. M. Moatti ne le prend pas en compte et prétend que Lyndon LaRouche, en rejetant l’abstraction mathématique, est un « technofasciste ». On peut retourner à M. Moatti son compliment car s’il considère que tout est ressource finie, l’esprit humain l’est également, ce qui constitue le fondement conceptuel du pessimisme « fasciste ». En effet, si l’esprit humain ne peut constamment étendre le champ des ressources, il faut en réserver l’usage à certains et réduire la « consommation destructrice » du plus grand nombre. Le cercle de raison d’une science mathématiquement figée n’est ainsi que le reflet du pouvoir d’une oligarchie politique, s’érigeant de fait ou de droit en race des seigneurs.

En outre, puisqu’il faut être précis, constatons que Lyndon LaRouche a toujours dit que les mathématiques sont nécessaires pour formaliser la découverte, mais ne peuvent en être la source. Apparemment, M. Moatti, tout historien des sciences qu’il soit, n’a pas pris connaissance de la thèse de doctorat de Bernhard Riemann qui, en 1854, conclut en disant que le domaine de la création humaine n’est plus celui des mathématiques pures, mais des sciences physiques.

M. Moatti serait-il donc un chercheur de bonne foi en désaccord sur un point fondamental ? La preuve du contraire est donnée par deux de ses assertions.

La première concerne la réalité politique tangible. Selon le Monde, interprétant M. Moatti, M. LaRouche a été, outre Jacques Cheminade, « inspirateur de candidats républicains aux Etats-Unis, tel Newt Gingrich en 2012 ». L’affirmation est tellement blessante et fantaisiste, ce personnage étant aux antipodes des positions politiques que défend M. LaRouche, qu’on ne peut que constater ici une malveillance digne d’une vitupération de Jean-Paul Marat. De plus, M. LaRouche se trouve accusé de reprendre « les mêmes arguments que des savants nazis allemands quelques dizaines d’années plus tôt ». Ici toutes les bornes se trouvent dépassées, puisque M. LaRouche combat l’idéologie néfaste de ces soi-disant savants et défend au contraire, dans de multiples écrits disponibles, la démarche de Einstein, Planck et Kepler. Dans son livre, M. Moatti prétend en outre que « le complot juif mondial est le fonds de commerce de LaRouche ». Autant affirmer n’importe quoi pour discréditer l’ennemi ; M. LaRouche est au contraire un grand admirateur de Moïse Mendelssohn, dont ses amis en France et aux Etats-Unis ont fait republier le Phédon, et il a défendu les plans de Shimon Peres et de Yitzhak Rabbin, ainsi que le pacte de Genève de Yossi Beilin et d’Abbed Rabbo, pour une paix par le développement économique mutuel au Moyen-Orient.

Il est vrai que M. Moatti ne lit probablement pas ce dont il parle. Car il se réfère au magazine Fusion comme source active, alors qu’il n’existe plus depuis sept ans. Ce qui, pour un homme se prétendant au courant de l’actualité, fait déborder le vase… d’un acharnement qui n’a rien de scientifique ni même de scientiste.

Solidarité et Progrès continuera pour sa part à militer pour le réel progrès scientifique, tant dans les domaines de la recherche fondamentale que de la recherche appliquée et de l’innovation, et pour que les moyens financiers nécessaires y soient consacrés, plutôt qu’au renflouement de banques devenues casinos et qui assurent parfois les fins de mois de la presse écrite.

Quant à M. Moatti, nous considérons que ses conceptions sont vieilles comme le monde, ou Le Monde, c’est-à-dire appartiennent à l’univers mental de l’oligarchie dont nous sommes, il est vrai, les pires ennemis. Sur cela au moins, l’oligarchie et nous-mêmes nous accordons. Chacun est responsable des conséquences des positions qu’il aura prises, non dans l’abstraction mathématique, mais dans la chair et les os de la réalité.

Concluons en constatant que l’unité SPHère de l’université Paris-Diderot, dans laquelle M. Moatti est chercheur associé, a organisé les 19, 20 et 21 novembre 2012 un colloque international intitulé « Sélection, tri et triage en médecine : logique, pratiques et valeurs ». Il ne faut peut-être pas s’en étonner car si l’on applique la méthode logico-déductive propre aux écrits de M. Moatti, considérer que les ressources sont limitées conduit à promouvoir le triage des soins médicaux. Il n’y en aurait pas assez pour tous. C’est ainsi, en tous cas, que commença le régime nazi, par l’euthanasie à l’encontre des handicapés.