A l’université d’automne du M’PEP, vers un nouveau CNR ?

dimanche 11 novembre 2012

Une partie des membres du Conseil national de la Résistance (C.N.R) réunis le 10 septembre 1944. De gauche à droite, Robert Chambeiron, Pierre Meunier, Auguste Gillot, Joseph Laniel, Henri Ribière, Jacques Lecompte-Boinet, Gaston Tessier, Pierre Villon, Georges Bidault, André Mutter, Louis Saillant, Pascal Copreau, Paul Bastid, Daniel Mayer, Jean-Pierre Lévy et Jacques Debû-Bridel. En médaillon : Jean Moulin, le chef emblématique du CNR mort en 1943.
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Par les militants S&P Rhône-Alpes

C’est avec chaleur et sympathie que les militants S&P ont été reçus à l’université d’automne du M’PEP (Mouvement politique d’éducation populaire) pour trois jours de conférence à Aix-en-Provence, du 1er au 3 novembre. Sur le thème « Restaurer la souveraineté nationale pour construire un nouvel internationalisme – Vers un socialisme du XXIe siècle », les débats, clairement inscrits dans une idéologie de gauche antilibérale opposée au rouleau compresseur européen, ont été l’occasion pour nous d’introduire l’idée de la séparation des banques et du crédit productif public.

En général, les conférences auxquelles nous avons assisté manquaient d’une dimension politique rigoureuse, que dénotait l’absence d’une vision claire d’avenir à moyen et long terme. Ainsi, si le « cheval de bataille » immédiat du M’PEP – sortir de l’euro, sortir de l’UE, sortir de l’OTAN – est clairement défini, le développement d’alternatives politiques qui suivraient cette phase de remise à plat des bases du système actuel est manifestement absent… Jacques Nikonoff, le président du M’PEP, en est d’ailleurs parfaitement conscient : « Nous n’avons pas encore de vision cohérente de l’avenir. » Mais ces manquements sont compréhensibles, le M’PEP est un mouvement jeune. Né d’une scission d’avec le groupe ATTAC, il n’existe que depuis 2008. L’on peut néanmoins présager une évolution positive du parti, car l’état d’esprit de la centaine de personnes réunies pendant ces quelques jours témoignait d’une réelle volonté de se former pour mieux comprendre le système actuel, et de réfléchir aux moyens d’action pour intervenir au mieux sur la société.

Mais rien n’est encore totalement déterminé et le M’PEP, selon nous, pourrait se trouver face à deux types d’écueil. Le premier serait que le mouvement cantonne son action au commentaire analytique du monde, sans perspectives politiques réellement efficientes. Comme l’a bien résumé un cadre du mouvement : « C’est un problème de voir que lorsqu’il s’agit de discuter d’idées, il y a du monde, mais lorsqu’il s’agit de passer à l’action, ce monde s’échappe dans un autre monde. » Le deuxième écueil, bien plus dangereux, nous est apparu lors du meeting de clôture de l’université. Nous craignons que le M’PEP, à vouloir créer à tout prix l’union, ne perde son caractère désintéressé et bienveillant.

Sur le thème « un nouveau Conseil national de la Résistance (CNR) est-il possible et nécessaire ? », ce meeting, véritable point d’orgue de l’université, rassemblait autour d’un même pupitre six intervenants : Jacky Omer, du Front syndical de classe, Jean-Luc Pujo, des Clubs penser la France, Georges Gastaud, du Pôle de renaissance communiste en France, Jacques Nikonoff, du M’PEP, et François Asselineau, de l’Union populaire républicaine. Tous unis contre l’ordre néo-libéral mondial (l’OTAN, l’UE, l’euro), l’ambition du CNR serait, par le rassemblement de différents partis, de provoquer un choc dans la sphère politique française. Si le ton général était à l’ouverture et à la recherche de ce qu’il y a de meilleur en chacun, le style a clairement dévié lorsque François Asselineau a pris la parole. Agressif, son discours, qui se déclinait autour du champ lexical de la fermeture et de la négation, eut pour conséquence d’exalter les passions (les applaudissements bruyants et les ovations intempestives de ses militants éparpillés dans la salle ont largement contribué à ce sentiment), plutôt que de poser les principes positifs d’une possible union future. François Asselineau tire à vue sur tout ce qui bouge dans le camp politique, y compris sur Jacques Cheminade qu’il ne s’est jamais donné la peine de rencontrer. Mais que propose-t-il au juste ? Personne ne le sait.

Que penser dès lors de la décision du M’PEP de l’inviter à son meeting de clôture ?

La question reste en suspens. D’ailleurs, rien n’est encore arrêté quant à une future union avec l’UPR. Jacques Nikonoff l’a bien réaffirmé : le CNR est dans une phase exploratoire, il s’agit d’identifier au plus vite les points de convergence et de divergence de chacun pour pouvoir poser au Congrès, prévu en janvier 2013, les fondations définitives du CNR.

Nous espérons sincèrement que le souci de rassembler le spectre le plus large possible de la population française ne se fasse pas au péril de l’esprit positif qui se dégageait du reste de l’université d’automne du mouvement.

Et c’est d’ailleurs armés de cet espoir que nous avons distribué à toutes les personnes présentes un exemplaire de l’Appel au Glass-Steagall, et nombreuses sont celles qui souhaitent garder le contact. Il nous revient donc de faire en sorte que le M’PEP, en plus de poursuivre sa bataille politique, s’approprie l’urgente nécessité de la séparation des banques et du crédit productif public, mais surtout que, pour le nouveau CNR, il reste fidèle à son ouverture d’esprit exigeante.