Brèves

Italie : inspirés par LaRouche, les chauffeurs de taxi font plier Monti

jeudi 12 janvier 2012

12 janvier 2012 (Nouvelle Solidarité) — Un cas classique de David contre Goliath qui pourrait s’avérer fatal pour le président du Conseil italien Mario Monti, comme le notait le Financial Times du 29 décembre.

Le quotidien de la City reconnaissait ainsi la défaite humiliante infligée au Premier ministre Monti par le dirigeant du syndicat des chauffeurs de taxi de Toscane, Claudio Giudici, 35 ans et membre de Movisol, le mouvement de Lyndon LaRouche en Italie. Le FT écrit que « l’homme qui a mis Microsoft à genoux [Monti] n’a pas réussi à vaincre les chauffeurs de taxi du pays ».

Dans son plan d’austérité, Monti prévoit la libéralisation totale de secteurs relativement protégés, dont les taxis, les pharmacies, les stations d’essence, les bureaux de notaires, etc..

Lorsque la nouvelle filtre, Giudici lance un vaste mouvement de protestation des taxis et une grève nationale. Le lendemain, lors d’une rencontre avec les responsables syndicaux, Monti est obligé de faire marche arrière.

Cependant, sous la pression de Bruxelles et de Londres, il revient à la charge. Mais le syndicat des chauffeurs de taxi élargit sa bataille à de toutes les couches de la population, dépassant de loin les professions ciblées par les mesures.

Pour commencer, dans un tract, le syndicat affirme que « l’économie italienne n’a pas à détricoter les régulations à coup de libéralisations et de cadeaux aux banquiers, elle a plutôt besoin de remettre en place des règles à même de lier les mains de la finance, qui aujourd’hui dominent tout et tout le monde et empêchent le développement réel de l’économie physique ! »

Giudici fait également parvenir une lettre de réponse au Financial Times, qui fait des remous. Elle a été mentionnée dans un article du 3 janvier de son correspondant à Rome, Guy Dinmore, intitulé « De puissants lobbies mettent un frein aux réformes de Monti ». « Claudio Giudici, président de la branche toscane d’Uritaxi, le syndicat national des chauffeurs de taxi, a défendu son refus de la libéralisation, la présentant comme un ’effort passionné de la part de forces engagées dans une véritable résistance démocratique à la transformation de l’Italie d’une République en Etat oligarchique’.

« Dans une déclaration envoyée par courriel, M. Giudici dit que les chauffeurs de taxi, les pharmaciens, les marchands de journaux et les commerçants sont des citoyens avec des droits électoraux, qui s’opposent à la ’sélection du Premier ministre par une série de forces nationales et internationales (…) avec un scénario néo-libéral ayant pour objectif de mettre le pays (…) dans les mains de l’oligarchie financière. »

Le jour suivant, la lettre de Giudici était publiée, mais avec une coupe minime mais décisive. Giudici avait écrit que les forces oligarchiques « dominent l’Italie depuis 1992 (l’année des fameux accords du Britannia) ». C’est une référence aux accords, bien connus à Rome et à Londres, passés à bord du yacht royal britannique Britannia, le 2 juin 1992, entre banquiers de la City de Londres et hommes d’affaires, financiers et hauts fonctionnaires italiens anglophiles.

Le participant le plus célèbre de cette réunion était l’actuel président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi. Et le programme aujourd’hui appliqué en Italie a été décrit comme le Britannia 2 par de nombreux commentateurs.

Cependant, l’intérêt de Londres pour les chauffeurs de taxi italiens a incité le Corriere della Sera à interviewer Giudici le 7 janvier, ce qui lui a permis de relater la censure au sujet du Britannia.