
Pour la première fois depuis 2022, les commémorations célébrant la journée de l’Elbe, qui avaient été interdites par l’Armée américaine, ont pu avoir lieu le 25 avril, à l’occasion du 80e anniversaire de la rencontre entre les soldats américains et soviétiques. Un signe très fort de l’apaisement et de la normalisation des relations en cours entre les deux grandes puissances nucléaires, en dépit de toute la bile déversée par les médias atlantistes.
« Le symbolisme de la cérémonie de ce jour est très important, car il ouvre la voie au retour à la normale et au bon sens dans les relations russo-américaines », a souligné à cette occasion Alexander Darchiev, l’ambassadeur de Russie à Washington. Le même jour, à Moscou, l’ambassadrice des États-Unis en Russie, Lynn Tracy, a, quant à elle, déposé une gerbe sur la tombe du soldat inconnu.
Le 25 avril 1945, il y a 80 ans, les forces américaines et russes se rencontraient sur l’Elbe à Torgau, en Allemagne. L’Est rejoignait l’Ouest, brisant les lignes nazies après des années de guerre brutale. Sur le lieu de la rencontre, une plaque en laiton indique :
En avril 2020, lors du 75e anniversaire de cette rencontre sur l’Elbe, les présidents américain et russe Donald Trump et Vladimir Poutine avaient publié une déclaration commune dans laquelle ils affirmaient :
La rencontre de l’Elbe, et « l’esprit » qui en est né, constituent l’un de ces exemples dans l’histoire de l’humanité où des choses jusque-là considérées comme impossibles finissent par se produire – lorsque des individus, même imparfaits, sont inspirés par la possibilité de créer quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes.
Witkoff à Moscou : la « diplomatie de la navette » à l’œuvre
C’est dans le contexte de cet anniversaire que Steve Witkoff, l’envoyé spécial du président américain Donald Trump, a rencontré vendredi le président russe Vladimir Poutine au Kremlin. A cette réunion de trois heures assistait également Kirill Dmitriev, le PDG du Fonds russe d’investissement direct, un fonds souverain de 10 milliards de dollars créé par le gouvernement russe pour co-investir dans l’économie russe.
Ainsi que l’a expliqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d’une interview accordée le jour même à la télévision publique, une longue réunion directe, dans le cadre de la diplomatie de la navette, est un format de négociation plus efficace que de simples conversations téléphoniques. « Il s’agit certainement d’une diplomatie de la navette [lorsque le dialogue se fait via un intermédiaire, Ndlr] à l’initiative des États-Unis », a-t-il déclaré.
Cette approche diplomatique permet en effet de prendre le temps de clarifier tous les détails, et d’éviter les malentendus ou les mauvaises interprétations. « La communication avec Witkoff prend beaucoup de temps ; c’est plusieurs heures à chaque fois. C’est une bonne occasion de faire connaître notre position aux États-Unis », ajouta Peskov.
A l’issue des entretiens, Witkoff a déclaré qu’une opportunité se présentait de se trouver « au bord de quelque chose qui sera très important pour le monde », précisant que ce processus allait au-delà des « cinq territoires » du Donbass et pourrait impliquer des garanties de sécurité et l’abandon des projets d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.
Pour sa part, Donald Trump a déclaré vendredi soir sur son réseau social : « Une bonne journée de pourparlers et de réunions avec la Russie et l’Ukraine. Ils sont très proches d’un accord, et les deux parties devraient maintenant se rencontrer, à des niveaux très élevés, pour ‘en finir’. »
Cette rencontre à Moscou, ainsi que la troisième série de négociations entre les représentants américains et iraniens, intervenue le lendemain, représentent des étapes cruciales pour s’éloigner du conflit géopolitique et parvenir à résoudre pacifiquement les différends internationaux.
Désigner l’ennemi commun
La situation reste toutefois tumultueuse. Les troglodytes du système de la City et de Wall Street ne sont pas pressés de céder le contrôle des affaires mondiales, comme en témoigne l’embrasement du conflit dans la région frontalière indo-pakistanaise du Cachemire, où se manifeste de façon à peine cachée la main britannique, comme en témoigne l’empressement du groupe de réflexion impérial Chatham House à affirmer que ces événements risquent de « relancer les hostilités entre l’Inde et le Pakistan ».
Dans une déclaration explosive, le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, a pointé du doigt l’implication des Britanniques, aux côtés de leurs supplétifs américains, dans la manipulation des réseaux terroristes qui viennent de commettre l’attentat.
Rappelons que quelques semaines avant l’attentat contre Charlie Hebdo, en 2015, Jacques Cheminade avait dénoncé clairement le rôle historique des Britanniques dans le terrorisme international, dans un discours prononcé à l’Assemblée nationale, dans le cadre d’un colloque de l’Académie de Géopolitique de Paris.
Particulièrement significatif, les Russes ont eux-mêmes dénoncé à plusieurs reprises l’implication de Londres dans l’attisement du conflit entre les États-Unis et la Russie, notamment en Ukraine.
Comme nous l’avons souligné dans notre chronique du 25 avril, le service de renseignement extérieur russe (SVR) a récemment publié un document rappelant que, depuis la naissance des États-Unis, les relations russo-américaines ont été empreintes d’amitié et de respect, et que les deux nations ont fait face ensemble à leur ennemi commun, désigné sous le nom d’« eurofascisme », dont l’Empire britannique a toujours été un enthousiaste promoteur, depuis les fascistes mussoliniens et les nazis hitlériens jusqu’aux néo-bandéristes actuellement au pouvoir à Kiev.
Il est essentiel que la normalisation des relations russo-américaines s’accompagne d’une identification claire de cet ennemi commun, afin que le voile soit enfin levé sur la cause profonde des conflits internationaux qui ensanglantent notre époque.