Tandis que l’administration Trump prend ses fonctions à Washington, une partie des élites au sein de la communauté du renseignement américain, ne cache pas ses craintes à l’idée de voir s’établir aux postes clés (Renseignement national, CIA, FBI) des personnalités ne sortant pas du sérail.
D’autant plus que Donald Trump, à la veille de son investiture, a réaffirmé son intention de dévoiler les documents classifiés de la CIA sur l’implication de l’agence dans les assassinats politiques des années 1960.
Le 19 janvier, alors qu’il faisait un discours devant 20 000 de ses partisans dans la capitale américaine, le nouveau président a déclaré :
Comme première étape vers le rétablissement de la transparence et de la responsabilité envers le gouvernement, nous inverserons également la tendance à surclassifier [secret défense] des documents gouvernementaux. Dans les prochains jours, nous allons rendre publics les documents relatifs au président John F. Kennedy, à son frère Robert F. Kennedy et au Dr Martin Luther King Jr., ainsi que d’autres sujets de grand intérêt public. Tout sera publié.
Comme le souligne l’agence de presse Reuters, Trump avait fait une promesse similaire au cours de son mandat de 2017 à 2021, mais à l’époque, cédant à la pression de la CIA et du FBI, il n’avait finalement publié qu’une partie des documents sur l’assassinat de JFK, en gardant une grande partie sous scellé, invoquant des problèmes de sécurité nationale.
Rappelons également que le président Trump était alors paralysé par le « Russiagate », cette accusation montée de toutes pièces par des milieux du renseignement britannique et américain, avec la complicité au moins passive du directeur de la CIA qu’il avait lui-même nommé, Mike Pompeo, comme nous l’avions montré à l’époque sur ce site.
Aujourd’hui, cette affaire, qui a culminé en 2020 avec la tentative de destitution de Donald Trump, a été complètement discréditée. De plus, réélu haut la main, il dispose désormais d’une grande marge de manœuvre pour faire ce qu’il veut.
Ouvrir la boîte de Pandore
Au dire de Robert F. Kennedy Jr. (le fils de Robert et neveu de JFK), dont Trump veut faire son ministre de la Santé, la CIA a été impliquée dans la mort de son oncle, allégation qualifiée par l’agence de « sans fondement ». Il pense également que son père a été tué par plusieurs hommes armés, contrairement à la thèse officielle du tireur solitaire.
Rappelons que le 13 juillet de l’année dernière, à Butler (Pennsylvanie), le nouveau président avait été la cible d’une tentative d’assassinat qui reste encore largement inexpliquée. Tout comme Trump et Robert Kennedy Jr, de nombreux Américains, de toute origine, croyance ou classe sociale, pensent que les agences de renseignement de leur pays sont impliquées dans des assassinats de personnalités publiques, aux États-Unis et dans le monde.
La déclassification des documents évoqués par Trump démontrerait facilement si cette conviction est justifiée ou non. La seule « menace pour la sécurité » n’est pas qu’on révèle les noms des criminels, mais qu’on les laisse perpétrer leurs crimes, y compris les assassinats, à l’insu du peuple américain.
Dans un article publié le 17 janvier dans le magazine Foreign Affairs, Peter Schroeder, ancien analyste de la CIA et principal officier adjoint du renseignement national pour la Russie et l’Eurasie au Conseil national de sécurité (2018-2022), se plaint que la nouvelle administration Trump menace de « perturber » la communauté du renseignement américain (IC). Ce qui, selon lui, « saperait la sécurité nationale », c’est-à-dire la poursuite de la politique de guerre permanente.
Schroeder explique que la communauté du renseignement est « mal à l’aise » avec les nominations de Tulsi Gabbard, Kash Patel et John Radcliffe, respectivement à la direction du Renseignement national, du FBI et de la CIA. « Trump pourrait lancer une attaque tous azimuts contre ce qu’il a appelé ‘l’État profond’ : ostensiblement un groupe secret de fonctionnaires gouvernementaux collaborant pour entraver le programme présidentiel, y compris des officiers espionnant illégalement les Américains et divulguant des informations aux médias », écrit-il.
Une nouvelle architecture mondiale de paix et de sécurité
Bien entendu, ce que les élites anglo-américaines redoutent par-dessus tout, c’est que Trump remette en cause « l’ordre mondial fondé sur des règles », consistant à maintenir un état de guerre permanent dans le monde, afin d’assurer la survie de leurs intérêts financiers crapuleux.
Après la crise des missiles de Cuba, en 1962, lorsque John Kennedy avait affiché son intention, dans son discours d’ouverture de l’Université américaine, le 10 juin 1963, de faire de la paix « la fin rationnelle nécessaire des hommes rationnels », les agences de renseignement y avaient vu une menace existentielle.
Trop d’entre nous pensent que c’est impossible, avait déclaré JFK. Trop de gens pensent que c’est irréel. Mais c’est une croyance dangereuse et défaitiste. Cela conduit à la conclusion que la guerre est inévitable, que l’humanité est condamnée, que nous sommes contrôlés par des forces sur lesquelles nous n’avons aucune prise. (…) Nous n’avons pas besoin d’accepter ce point de vue. Nos problèmes sont créés par l’homme, ils peuvent donc être résolus par l’homme.
Disons-le clairement : la véritable raison de l’assassinat de JFK fut sa volonté de mettre en œuvre une politique de paix dans le monde. Comme l’a déclaré le 18 janvier l’ancien membre du Congrès Dennis Kucinich,
il est clair que nous avons besoin d’une nouvelle architecture de sécurité mondiale, qui refléterait l’intérêt de chaque parti – et non une approche unipolaire. Et le grand enjeu est de sortir les États-Unis de la perspective de la guerre froide, qui nous a enfermés dans l’appréhension d’un conflit nucléaire, ce qui peut parfois devenir une prophétie auto-réalisatrice, surtout si, comme dans l’administration Biden, vous lancez des missiles à longue portée sur la Russie. Telle doit être la voie empruntée par les États-Unis à ce stade, peu importe ce que pensent les agences de renseignement traitresses.
Dans les « Dix principes pour une nouvelle architecture internationale de sécurité et de développement », publiés par l’Institut Schiller d’Helga Zepp-LaRouche, sont exposées les différentes étapes pour bâtir cette paix, à travers des projets de développement économique, tels que le « Plan Oasis » pour la paix au Proche-Orient, le projet « Nuclear NAWAPA XXI » (North American Water And Power Alliance) pour reconstruire l’économie physique des États-Unis, et le projet international de « Nouvelle Route de la soie comme Pont terrestre mondial ».
Nous allons tout faire pour que cette perspective soit adoptée en tant que politique étrangère de l’administration Trump. En révélant au peuple américain la vérité sur le « gouvernement secret » qui a empêché les présidents américains – en les assassinant au besoin – de travailler avec des nations comme la Russie, la Chine, les pays des BRICS et les nations du Sud, non pas pour les dominer mais pour mettre fin au colonialisme, il sera alors possible d’apporter le changement de mentalité que John F. Kennedy, Robert Kennedy et Martin Luther King voulaient voir en Amérique et dans le monde.