Suite au lancement par l’Ukraine, le 19 novembre, de missiles ATACMS fournis et pilotés par les États-Unis contre des cibles en Russie, Moscou a déployé une arme entièrement nouvelle contre l’Ukraine – le système de missiles balistiques hypersoniques à portée intermédiaire Orechnik, qu’aucun pays de la planète, pas même parmi les tout-puissants pays de l’OTAN, n’a le pouvoir d’intercepter.
En quelques jours, l’histoire s’est accélérée :
- le 17 novembre, le président « canard boiteux » Joe Biden (ou plutôt ceux qui le pilotent) a autorisé le lancement depuis l’Ukraine de missiles à longue portée pour frapper en territoire russe ;
- deux jours plus tard, les Ukrainiens, épaulés par les spécialistes américains, ont effectivement tiré des missiles ATACMS sur une cible militaire dans la région russe de Briansk ;
- le 21 novembre, ils ont renouvelé leurs attaques, cette fois avec des missiles Storm Shadow britanniques et HIMARS américains, attaques réitérées une fois de plus cette semaine ;
- le 21 novembre toujours, la Russie a répliqué en dévoilant sa nouvelle arme : le missile balistique hypersonique Orechnik (« noisetier »), à portée intermédiaire, qui a frappé l’usine Pivdenmash de Dnipro, d’où sortent notamment les missiles de croisière Neptune.
Ainsi, en seulement quatre jours, le monde est entré dans une phase où les deux principales puissances nucléaires se font directement face, alors que les dirigeants occidentaux, qui croyaient pouvoir forcer la Russie à capituler, réalisent que cette dernière a bel et bien une longueur d’avance grâce à cette nouvelle arme se déplaçant à la vitesse de Mach 10, qui la rend capable de frapper en quelques minutes les principaux sites stratégiques de l’OTAN sans que celle-ci ait les moyens de les intercepter.
Un missile qui change la donne
Comme l’ont bien fait comprendre les dirigeants russes, le déploiement des missiles Orechnik, dont les Américains ont été informé 30 minutes auparavant, était destiné à transmettre un message clair aux Occidentaux : dès lors que des missiles à portée intermédiaire pilotés par les forces de l’OTAN ont été tirés depuis l’Ukraine contre la Russie, le conflit régional prend un caractère mondial.
Le cas échéant et par mesure de représailles, nous choisirons des cibles à frapper par des systèmes tels que Orechnik sur le territoire ukrainien, tout en prévenant à l’avance les civils et les citoyens des pays amis résidant dans ces zones de quitter les zones dangereuses, a déclaré Vladimir Poutine dans une annonce solennelle à la télévision russe, suite au déploiement des missiles Orechnik. Nous le ferons pour des raisons humanitaires, ouvertement et publiquement, sans craindre de contre-attaques de la part de l’ennemi, qui recevra lui aussi ces informations. Pourquoi sans crainte ? Parce qu’il n’y a aujourd’hui aucun moyen de contrer de telles armes. Les missiles attaquent des cibles à une vitesse de Mach 10, soit 2,5 à 3 kilomètres par seconde. Les systèmes de défense aérienne actuellement disponibles dans le monde et les systèmes de défense antimissile installés par les Américains en Europe ne peuvent pas intercepter de tels missiles. C’est impossible.
Effectivement, aucun système de défense existant ne peut intercepter ce nouveau missile russe à portée intermédiaire, ainsi que l’a déclaré Ted Postol, professeur émérite au MIT, le 25 novembre à l’agence TASS, contredisant les affirmations illusoires selon lesquelles les systèmes de défense antimissile existants, y compris Aegis, Aegis Ashore, THAAD, Patriot et Iron Dome, pourraient contrer l’Orechnik.
Non, absolument pas, a-t-il affirmé. Il n’y a rien de disponible qui puisse contrer ce système et offrir une défense significative contre lui. (...) Il s’agit d’un système très avancé (…) utilisant une technologie très avancée, a-t-il ajouté. C’est comme comparer l’une des premières voitures à vapeur à une voiture moderne, et se dire : ‘ Eh bien, les deux sont identiques. Ce sont deux voitures’. C’est vrai, dans un certain sens, mais du point de vue technologique, c’est une comparaison totalement ridicule.
Postol a également affirmé que les systèmes Aegis, THAAD, Patriot et Dôme de fer « sont fondamentalement défectueux dans leur concept, de sorte qu’ils ne peuvent même pas se défendre contre un missile balistique standard, sans parler de quelque chose d’aussi sophistiqué que ce système Orechnik ».
C’est ainsi que, alors que les « stratèges » anglo-américains pensaient forcer la Russie à capituler face à la menace d’un échange nucléaire avec l’Occident, Poutine a opéré une « manœuvre de flanquement » en développant une capacité non nucléaire imparable pour dissuader l’avancée de l’OTAN.
Réactions en Occident
Les réactions de l’Occident à la décision russe ont été diverses. Les « Dr Folamour », qui pensaient pouvoir « saigner » la Russie, se montrent incapables d’admettre que ce grand pays a désormais une longueur d’avance, et continuent d’affirmer que Poutine est le seul responsable de l’escalade actuelle.
D’autres, cependant, ont parfaitement saisi le danger. L’ancien inspecteur en désarmement de l’ONU, Scott Ritter, s’exprimant lors d’une réunion de la Coalition internationale pour la paix le 22 novembre, a mis en garde :
Poutine vient de nous avertir qu’il a un système de missiles conventionnel conçu pour devancer tout ce que l’OTAN prévoit de faire à la Russie. (…) En dévoilant l’existence de ce missile et en montrant sa volonté de l’utiliser, Poutine a littéralement donné à l’Occident deux options : capituler ou la guerre nucléaire. Nous devons donc trouver une troisième option.
Une source militaire française anonyme confirme au journal Le Monde que si les systèmes de défense aérienne occidentaux sont capables de détecter le lancement d’un missile balistique russe à portée intermédiaire, « il est peu probable qu’ils soient en mesure de neutraliser cette menace ».
Malheureusement, le gouvernement français semble déterminé à garder le nez dans le guidon. Dimanche, lors d’une interview avec la BBC, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré que Paris « ne fixe pas et n’exprime pas de lignes rouges » sur son soutien à Kiev, et que des frappes à longue portée sur le sol russe pourraient être menées par l’Ukraine « dans une logique d’autodéfense ».
Interrogé par Laura Kuenssberg, de la BBC, pour savoir si ce « pas de lignes rouges » signifiait que Paris pouvait envoyer des troupes françaises combattre aux côtés des Ukrainiens, Barrot a déclaré qu’il « n’écartait aucune option ».
Mobiliser pour éviter la guerre nucléaire
Réagissant à la décision de Joe Biden d’autoriser le tir de missiles à longue portée contre la Russie, la députée du Texas Keith Self a adressé une lettre au président américain dans laquelle elle déclare :
Étant donné que vos actions récentes semblent pousser le monde plus près du bord de la guerre nucléaire, je demande par la présente un briefing classifié, avant le lundi 25 novembre, concernant tous les détails de l’accord de votre administration sur les règles d’engagement stipulées par l’Ukraine en ce qui concerne les ATACMS à longue portée.
L’intervention de Keith Self rejoint celles du député Thomas Massie et du sénateur Josh Hawley, qui ont fini par réaliser que le franchissement par les États-Unis de la ligne rouge de la guerre avec la Russie met en lumière le danger nucléaire qui plane sur le monde depuis plusieurs mois. Espérons que ce petit chœur d’opposants trouve un écho grandissant au sein de la population américaine.
En France, avec plusieurs mouvements souverainistes, Solidarité & progrès a signé une lettre ouverte à Emmanuel Macron, président de la République, l’exhortant à s’opposer à toute opération militaire offensive impliquant l’utilisation d’armes à longue portée contre la Russie, et à promouvoir un cessez-le-feu et « une conférence internationale pour la paix, impliquant les grandes puissances, mais aussi des pays non alignés, afin de poser les bases d’une désescalade durable ».
Nous vous invitons à soutenir cette initiative, en y apposant votre signature, et en participant à notre mobilisation visant à saturer le cabinet de l’Élysée d’appels téléphoniques et de messages.
Retenez ces dates !
Conférence de l’Institut Schiller, les 7 et 8 décembre de 14h à 22h environ (heure de Paris).
Pour plus d’informations sur le programme et pour s’inscrire, rendez-vous sur https://www.institutschiller.org/Apres-les-elections-americaines-s-organiser-pour-une-Nouvelle-architecture-de
Une traduction simultanée en allemand, anglais, espagnol et français sera disponible sur Zoom pour ceux qui s’inscrivent (participation sans frais).
A VOIR :
L’éclairage de Jacques Cheminade : États-Unis vs Russie, une simulation de troisième guerre mondiale. Et après ?