60 ans après l’assassinat de JFK : le monde en quête d’un vrai président américain

jeudi 23 novembre 2023

Chronique stratégique du 23 novembre 2023

En ce 22 novembre, le monde célèbre le 60e anniversaire du dernier président des États-Unis à avoir fait preuve de courage en tant que président, John F. Kennedy. En 1962, tandis que les partisans de la ligne dure au sein de sa propre administration se pressaient à lancer une invasion militaire de Cuba « pour défendre l’Amérique », après que l’Union soviétique y avait placé des missiles balistiques – missiles qui, à l’insu des Américains à l’époque, étaient armés d’ogives nucléaires – il y avait mis un terme, sauvant le monde d’une guerre nucléaire, peut-être au prix de sa propre vie.

« Examinons notre attitude à l’égard de la paix elle-même », avait déclaré le président Kennedy le 10 juin 1963, dans un discours entendu dans le monde entier, mais presque ignoré par les médias américains. « Trop nombreux sont ceux qui pensent que la paix est irréelle. Mais c’est une croyance dangereuse et défaitiste. Elle conduit à la conclusion que la guerre est inévitable, que l’humanité est condamnée, que nous sommes sous l’emprise de forces que nous ne pouvons pas contrôler. Nous ne devons pas accepter ce point de vue. Nos problèmes sont le fait de l’homme - il peut donc les résoudre. Et l’homme pouvant être aussi grand qu’il le souhaite, aucun problème de la destinée humaine ne le dépasse. »

Aucun des présidents qui lui ont succédé à la Maison Blanche n’avait son courage ; et les États-Unis ont mené guerre après guerre, livré des armes de partout, conduisant plusieurs parties du monde au désastre, jusqu’à la guerre actuelle de l’OTAN contre la Russie et le massacre croissant des Palestiniens de Gaza par Israël. Cette guerre à Gaza peut « faire une pause » de quelques jours pour l’échange de prisonniers et l’aide humanitaire, mais ce n’est pas suffisant, comme le dit Diane Sare, candidate du Mouvement LaRouche au Sénat américain à New York : « Elle doit cesser. Il doit y avoir une paix avec le développement économique de la région et de ses habitants, de tous ses habitants ».

La pression exercée sur le gouvernement israélien Netanyahou pour une simple « pause » n’est pas seulement le résultat du peuple israélien, mais aussi de la forte pression exercée sur le président américain Joe Biden par les électeurs de son propre Parti démocrate, résultant des événements intolérables à Gaza ; et la pression des Américains qui manifestent contre la guerre pour la première fois depuis des décennies. Cela est catalysé par le travail constant des participants de la Coalition internationale pour la paix et de l’Institut Schiller d’Helga Zepp-LaRouche.

Une dynamique irrésistible en faveur de la paix s’est forgée, sous l’impulsion des BRICS, combinée à l’initiative de la Chine pour une conférence de paix internationale précédée d’un cessez-le-feu, à la coopération internationale pour acheminer l’aide et prendre des mesures pour empêcher l’extension régionale du conflit, ainsi qu’aux mesures diplomatiques prises pour tenter de débloquer le Conseil de sécurité de l’ONU.

Le Sommet Xi-Biden atténue un peu les tensions

Le 15 novembre, la rencontre de quatre heures entre le président américain Joe Biden et le président chinois Xi Jinping, qui a eu lieu à San Francisco en marge de la conférence annuelle de la Coopération économique Asie-Pacifique, a permis de rétablir à différents niveaux les lignes de communication entre les deux pays, qui avaient été interrompues, sinon rompues, ces dernières années.

Le sommet fut précédé d’une série de réunions de haut niveau entre ministres des deux camps, portant sur le commerce, les finances, la politique étrangère et la politique climatique. Le président Xi avait également reçu à différentes reprises des représentants de l’industrie américaine, désireux d’accroître leurs investissements sur le marché chinois, ainsi que le gouverneur de Californie, Gavin Newsom.

Les deux dirigeants se sont mis d’accord pour coopérer au niveau de la lutte contre les stupéfiants, la Chine s’efforçant de restreindre l’exportation des précurseurs servant à produire le fentanyl. Ils ont également convenu de rétablir leurs relations militaires, rompues depuis la visite provocatrice de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à Taïwan. Ces deux mesures constituaient des exigences majeures pour Washington.

Par ailleurs, les deux parties entendent accroître les échanges entre les peuples, notamment via des programmes pour étudiants, des voyages touristiques et des échanges entre groupes et institutions.

Dans son discours d’ouverture, Xi Jinping a évoqué une différence fondamentale dans la perception des relations. Alors que les États-Unis considèrent la Chine comme leur principal « rival » ou « concurrent », la Chine aimerait avoir des relations « amicales ». Il estime que « la concurrence entre grands pays » ne permettra pas de « résoudre les problèmes auxquels sont confrontés la Chine et les États-Unis ou le monde en général. (...) La planète Terre est assez grande pour permettre aux deux pays de réussir, et le succès d’un pays représente une opportunité pour l’autre. »

Il est trop tôt pour savoir dans quelle mesure les États-Unis répondront aux revendications exprimées par les Chinois, notamment en ce qui concerne la levée de certaines restrictions au commerce et à l’exportation de semi-conducteurs, essentiels pour une grande partie de la production technologique chinoise. Par ailleurs, Joe Biden a tenu à rassurer son homologue chinois que Washington ne soutient pas l’indépendance de Taïwan. Sur ce point, la vente future d’armes américaines à Taïwan montrera la solidité de cet engagement.

Somme toute, le sommet de San Francisco représente une sorte de « dégel » dans les relations bilatérales. L’accueil chaleureux que le président Xi a reçu à San Francisco de la part de la population américaine d’origine asiatique a contribué à contrecarrer l’impopulaire image d’« autocrate » véhiculée par les médias occidentaux. Et lors d’un dîner avec les PDG de très grandes entreprises américaines, ceux-ci l’ont ovationné à plusieurs reprises. Xi lui-même a insisté à de nombreuses reprises sur l’importance qu’il accorde au renforcement des relations entre les peuples.

Le parti démocrate américain en plein dilemme

À moins de deux mois du premier scrutin des primaires présidentielles, qui marque le début officiel de la campagne présidentielle de 2024, les nouvelles ne sont pas bonnes pour les démocrates. Les sondages montrent que le président Biden talonne Donald Trump, le probable candidat républicain en dépit des quatre procès à venir intentés à son encontre. Les responsables du parti doivent reconnaître que la majorité des personnes interrogées désapprouve le bilan de Joe Biden et que la majorité des démocrates souhaitent qu’il ne se présente pas.

En gros, selon les sondages, la cote de popularité de Joe Biden n’affiche plus que 40 %, contre 57 % qui le désapprouvent. Son soutien parmi les Arabo-Américains, dont 59 % lui avaient accordé leur voix en 2020, a chuté à 17 %, tandis que Trump progresse parmi deux groupes traditionnellement démocrates, les Hispaniques et les Afro-Américains.

Les bureaucrates du Parti démocrate affirment qu’il est trop tôt pour paniquer, estimant que Biden dispose encore de deux grands avantages : l’économie se porte bien et il est plus fiable que Trump en matière de politique étrangère. Mais ils oublient deux choses : premièrement, la plupart des Américains ont été durement touchés par l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, et plus des deux tiers estiment que l’économie va dans la mauvaise direction. Deuxièmement, la politique étrangère de Biden, reflétée dans son soutien à la guerre de l’OTAN contre la Russie, son encouragement à l’offensive impitoyable de Netanyahou contre les civils palestiniens et les menaces qu’il profère contre l’Iran et la Chine, est de moins en moins populaire.

Le soutien à la guerre en Ukraine a chuté à cause de l’échec de la contre-offensive et des accusations de corruption au sein de l’équipe de Zelenski. Selon de récents sondages, 56 % des sondés s’opposent à un « soutien total » à Netanyahou. Alors que les manifestations contre les guerres se multiplient chaque semaine au niveau international, sauver la réélection de Joe Biden pourrait s’avérer une mission impossible.


Dimanche 26 novembre à 17h : 

Ne manquez pas la conférence de l’Institut Schiller, intitulée « En finir avec les crimes de guerre ! Du développement économique, pas de suicide collectif ! ». Mme Helga Zepp-LaRouche, fondatrice et présidente internationale de l’Institut Schiller et Ray McGovern, ancien analyste de la CIA et cofondateur de Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS), membres de la Coalition internationale pour la paix (IPC), feront le point sur le danger de guerre actuel et présenteront une alternative à la course folle vers un affrontement nucléaire.

Après leurs présentations, le film (en anglais) « 8:15 Hiroshima : From Father to Daughter », réalisé par J.R. Heffelfinger, sera projeté.

Sur inscription à l’adresse suivante : https://us02web.zoom.us/webinar/register/WN_-cewMKlSTxShksD801jo_Q#/registration