Grèce, Danemark, Allemagne, France : des élus ripostent face aux « listes noires » ukrainiennes

mercredi 28 septembre 2022

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Pour situer le sujet

La mort brutale, le 30 août 2022 dans la banlieue de Moscou, de Daria Douguine, journaliste et fille de l’écrivain russe Alexandre Douguine, permettra, espérons-le, de faire toute la lumière sur des pratiques criminelles soigneusement passées sous silence par les médias occidentaux.

Si nous ne partageons d’aucune façon les conceptions identitaires et géopolitiques des Douguine, il n’en reste pas moins que son nom, désormais estampillé de la mention « liquidée », figurait parmi ceux de milliers de journalistes, de commentateurs et de personnalités politiques ciblés comme des « traîtres », des « criminels » et des « terroristes de l’information », dont la mort précoce ne peut qu’être souhaitable, sur la « liste noire » présentée sur le site de la plateforme collaborative ukrainienne Myrotvorets (« Pacificateur »).

Parmi les nombreuses cibles de cette liste de gens « à abattre », outre plusieurs prêtres et 327 enfants et mineurs, des journalistes et des hommes politiques de premier plan, d’Ukraine mais aussi d’ailleurs.

Pour n’en citer que quelques-uns, l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger, des députés du Parti communiste grec, l’ancien chancelier allemand Gerhard Schroeder, l’acteur français Gérard Depardieu, l’ancien inspecteur américain en armement de l’ONU Scott Ritter, l’ancien candidat à l’élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon ou encore le co-fondateur du groupe rock Pink Floyd, Roger Waters.

Dernièrement, ce fut le tour de la présidente et fondatrice de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, présentée comme « un monstre », et de son porte-parole Harley Schlanger, et plus récemment encore, depuis son « coup de gueule » sur BFM, de Ségolène Royal, pour avoir accusé le président ukrainien de recourir à la désinformation pour torpiller les négociations de paix…

Déjà, le 16 juin, la chaîne de télévision ukrainienne TSN (contrôlée par le groupe médiatique 1+1, dont le principal actionnaire est l’oligarque ukrainien Igor Kolomoisky, connu pour sa générosité envers les brigades Azov et d’autres volontaires) avait diffusé une courte vidéo, sur fond de musique lugubre, présentant Helga Zepp-LaRouche et l’Institut Schiller comme des propagandistes du Kremlin.

Un mois après, le 15 juillet, le très officiel Centre de lutte contre la désinformation (CCD), qui dépend du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien et profite à ce titre de financements officiels américains, présentait à son tour une liste de quelque 70 personnalités étrangères qualifiées de « terroristes de l’information », dans la plupart des cas pour le simple fait de plaider en faveur d’une solution diplomatique qui, personne ne l’ignore, passe par un dialogue avec « l’ennemi » !

Ce qu’il faut souligner à propos de cette liste du CCD, c’est que les 30 premiers noms arrivant en tête sont essentiellement ceux de personnes ayant pris la parole, durant l’année 2022, lors de conférences internet organisées par l’Institut Schiller que préside Mme LaRouche, et dont l’influence ne cesse de grandir.

Pour alimenter cet environnement d’intimidation et de menaces, la chaîne Youtube Underdog Ukraine vient de lancer une nouvelle série de clips présentant les « visages de la propagande russe », ciblant elle aussi spécifiquement, à part Amnesty International (pour son rapport accusant Kiev de crimes de guerre en utilisant les populations comme bouclier humain), Mme LaRouche et son porte-parole Harley Schlanger. Signalons au passage que la page Youtube de VolunteerInfoN, qui met en ligne les vidéos d’Underdog Ukraine et qui est gérée par la Mir & Co Foundation (organisation fondée en août 2014 grâce à une subvention du milliardaire américain George Soros), se charge de collecter des fonds pour équiper en munitions et en équipements les unités de volontaires ukrainiens.

Le 7 septembre, une conférence internet de l’Institut Schiller a réuni plusieurs journalistes pour dénoncer le procédé des listes noires (voir vidéo en bas de cette page).

Si l’existence de telles listes et d’appels à la haine de ce type est parfaitement illégale et a de quoi nous choquer, les enquêtes permettent d’affirmer que tous les gouvernements et grandes institutions occidentales (ONU, G7, UE, OSCE, etc.) en sont parfaitement au courant.

La seule question qui reste est donc de savoir combien de voix encore devront être réduites au silence par la terreur, l’intimidation, les « suicides » et les assassinats, avant que ces listes et leurs commanditaires ne soient arrêtés et traduits en justice ?

En attendant, au-delà des divisions nationales et partisanes, voici les premières réactions venant de parlementaires. A nous, à vous, d’interpeler vos élus pour qu’ils se fassent entendre !

Myrotvorets, en bref

En France, la journaliste indépendante et correspondante de guerre Anne-Laure Bonnel, qui, après avoir enseigné le journalisme pendant 15 ans à l’université Paris-Sorbonne, s’est vue privée de son emploi parce que ses opinions sur « le régime autocratique » de Poutine étaient jugées contraires aux principes de liberté auxquels tient l’institution, a publié une vidéo courte mais percutante, dénonçant Myrotvorets pour ce qu’il est : un site diffusant une « liste noire » appelant à la violence et la haine. Cette vidéo interpelle également d’autres grands journalistes français figurant sur la liste à réagir à ce qu’on leur fait.

Grèce, Danemark, Allemagne, France : des élus ripostent face aux « listes noires » ukrainiennes

Grèce : question écrite au Parlement européen

Le 5 mai 2022, en réponse au fait que Myrotvorets a stigmatisé trois cadres du Parti communiste grec (Giorgos Lamproulis, député et vice-président du Parlement grec, Sotiris Zarianopoulos, ancien député européen, et Giorgos Magganas), le député européen grec Kostas Papadakis (NI) a introduit une question écrite à l’intention de Josep Borrell, vice-président de la Commission européenne et Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité :

Question pour réponse écrite E-001760/2022
Article 138 du règlement

Le site web Myrotvorets.center publie des informations et des données personnelles (nom, adresse postale, adresse électronique, etc.) de personnes considérées par ses gestionnaires comme des « ennemis de l’Ukraine » et des « associés d’organisations terroristes ». Il fonctionne officiellement sous « l’égide » des ministères ukrainiens depuis août 2014. Des milliers de personnes ont été ciblées et les informations contenues sur le site sont utilisées par les autorités judiciaires ukrainiennes dans le but d’engager des poursuites contre les personnes concernées.

Parmi les personnes figurant sur la « liste noire » du site, figurent trois responsables du Parti communiste grec : Sotirios Zarianopoulos, ancien député européen, Giorgios Lamproulis, député et vice-président du Parlement grec, et Giorgos Magganas, tous classés persona non grata en Ukraine depuis 2015. Cette situation est particulièrement préoccupante à la lumière des attaques ultérieures contre de nombreuses personnes ciblées par le site web Myrotvorets. Une énorme part de responsabilité dans cette situation incombe ainsi aux gouvernements ukrainiens successifs qui, depuis 2014, ont fait usage de ces ressources et ont effectivement toléré les attaques.

Compte tenu de ce qui précède :
Le vice-président/haut responsable peut-il faire connaître sa position concernant le ciblage inacceptable de ces responsables du Parti communiste, dont l’un est un ancien député européen, et les tentatives dangereuses et fallacieuses de les lier à des « organisations terroristes » ?

Source : Parlement européen
https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2022-001760_EN.html

Danemark : un député interroge le ministre des Affaires étrangères

Le 1er août, la députée Marie Krarup (indépendante) a soumis des questions au ministre danois des Affaires étrangères, Jeppe Kofod, concernant la liste ukrainienne, afin qu’il y réponde lors d’une audition.

Question posée :
Le ministre peut-il faire un commentaire sur la liste ukrainienne des étrangers qui « promeuvent » le récit russe, en précisant que le ministre est invité à répondre à la question de savoir si, selon le gouvernement, cette liste est l’expression du respect de la liberté d’expression, de la démocratie et d’autres valeurs que le Danemark devrait, selon le ministre, promouvoir dans le monde ?

Le ministre pense-t-il que le Danemark puisse continuer à justifier son soutien à l’Ukraine par des armes et de l’argent, en alléguant qu’il contribue ainsi à soutenir les valeurs démocratiques à l’extérieur du pays ?

Source : Parlement danois
https://www.ft.dk/samling/20211/almdel/URU/samspm/U/index.htm

Allemagne : des députés et le groupe parlementaire Die Linke

Question parlementaire au gouvernement à propos de la Liste du Centre ukrainien de lutte contre la désinformation.
par Sevim Dagdelen, Andrej Hunko, Ina Latendorf, Zaklin Nastic, Sahra Wagenknecht et le groupe parlementaire Die Linke.

Le « Centre ukrainien de lutte contre la désinformation » (CCD) a publié le 14 juillet de cette année une liste de personnes qu’il accuse de diffuser des récits de propagande russe.
https://www.berliner-zeitung.de/politics-society/ukraine-sets-alice-blacklisted-li.251348)

La page du site a apparemment été mise hors ligne à la mi-août 2022, mais peut encore être consultée via les archives internet (sur Telegram).

Selon les auteurs des questions, cette liste ne constitue pas seulement une politique de désinformation en soi, car elle décrit à tort un certain nombre de personnes comme « pro-russes », mais elle représente également une menace pour les personnes figurant sur la liste, car il n’est pas exclu que des nationalistes ukrainiens puissent les attaquer en les considérant comme des « ennemis » de l’Ukraine.

La liste comprend plusieurs dizaines de personnes, principalement de pays étrangers occidentaux, dont plusieurs appartiennent au spectre politique de droite, comme l’extrémiste de droite française Marine Le Pen, ainsi que des représentants de l’Institut Schiller [Une caractérisation qui ne correspond en rien à la réelle philosophie de ce laboratoire d’idée transpartisan, Ndt.].

Toutefois, des personnes se situant politiquement à gauche, au centre-gauche ou à l’extrême droite, comme le président du groupe parlementaire du SPD au Bundestag allemand, Rolf Mützenich, la féministe Alice Schwarzer, l’ancien politicien américain Henry Kissinger ou le publiciste Glenn Greenwald figurent ou ont figuré sur la liste, parfois temporairement.
https://www.newsweek.com/tulsi-gabbard-rand-paul-placed-list-russian-propagandists-ukraine-1727831
https://tass.com/world/1457055

Le chef du groupe parlementaire SPD, Rolf Mützenich, est ainsi accusé d’avoir conseillé à l’Ukraine de conclure un cessez-le-feu. La féministe Alice Schwarzer figure sur la liste parce qu’elle a accusé le président ukrainien Volodymyr Zelensky de provoquer la Russie et parce qu’elle s’est prononcée contre les exportations d’armes vers l’Ukraine.

De son propre aveu, le politologue et publiciste Edward Luttwak figurait également sur la liste.

Dans le journal Welt, il a réagi à l’accusation en disant que l’allégation qui lui avait été attribuée (« Poutine avait été provoqué à déclencher une guerre contre l’Ukraine ») n’avait pas été étayée, qu’il n’avait jamais dit ni même pensé cela. Une autre allégation (selon laquelle il proposait des référendums dans les provinces de l’est de l’Ukraine) a été citée de manière grossièrement déformée, en omettant cette précision que les plébiscites ne devraient être organisés qu’avec le consentement préalable de Kyiv, après un cessez-le-feu complet, précédé de la renonciation par la Russie à toute autre revendication territoriale
https://www.welt.de/kultur/plus240214711/Selenskyjs-schwarze-Liste-Edward-Luttwak-about-Kiev-disinformation.html

Sur la liste, il est reproché à Glenn Greenwald d’avoir exigé que l’on ne provoque pas la Russie dans une guerre nucléaire et d’avoir également signalé la présence de biolabs dangereux ou non sécurisés en Ukraine https://www.newsweek.com/tulsi-gabbard-rand-paul-placed-list-russian-propagandists-ukraine-1727831).

Avec sa liste, le CCD poursuit l’objectif de qualifier de « pro-russes » tous ceux qui ne partagent pas entièrement le point de vue ukrainien. Le centre s’avère donc être un outil de la propagande ukrainienne.

Du point de vue des auteurs des questions (au parlement allemand), l’inscription de personnes étrangères sur la liste est associée à un danger pour leur vie et leur intégrité physique, car dans le contexte politique tendu de l’Ukraine, ils doivent s’attendre à des attaques violentes de la part de nationalistes ukrainiens ou d’extrémistes de droite.

C’est d’autant plus vrai que le premier directeur adjoint du centre a décrit ceux qui, selon lui, se livrent à la désinformation comme des « terroristes de l’information » qui devraient répondre de leur statut de criminels de guerre
https://cpd.gov.ua/events/3898/

Des menaces similaires concernant un tribunal pour crimes de guerre avaient également été proférées par l’ambassadeur encore en fonction, Andryj Melnyk, à l’encontre de politiciens du groupe parlementaire Die Linke.
www.berliner-zeitung.de/news/krieg-ukrainischer-botschafter-andrij-melnyk-sahra-wagenknecht-and-co-come-before-nuernberg-tribunal al-20-li.252760

Du point de vue des auteurs des questions, il est scandaleux que des membres allemands du Bundestag et des acteurs de la société civile allemande soient qualifiés de « terroristes » par des représentants d’un autre État, qui est aussi un ami de l’Allemagne, simplement parce qu’ils ont des opinions divergentes sur les causes ou les conséquences de l’attaque russe.

Par conséquent, les auteurs de la question ne comprennent pas que la ministre fédérale de l’Intérieur et des Affaires intérieures, Nancy Faeser, n’ait même pas abordé cette liste lors de sa récente visite en Ukraine, du moins en ce qui concerne les citoyens allemands qui y sont mentionnés.

(Cf. réponse du gouvernement fédéral à la question écrite 8/38 d’Andrej Hunko du 9 août et https://www.heise.de/tp/features/Germans-on-black-list-in-Ukraine-for-ministers-no-topic-at-Kiew-Besuch-7221702.html).

Le gouvernement allemand a seulement déclaré que l’ambassade d’Allemagne avait demandé à plusieurs reprises au gouvernement ukrainien de mettre fin à l’inscription publique de personnalités étrangères.

Le CCD a été créé en mars 2021 au sein du Conseil national pour la sécurité et la défense https://www.president.gov.ua/documents/1062021-37421

Selon le décret présidentiel, il sert, entre autres, à mettre en œuvre des mesures pour contrer les menaces, actuelles et projetées, pour la sécurité nationale et les intérêts nationaux de l’Ukraine dans la sphère de l’information
https://zakon.rada.gov.ua/laws/show/187/2021#text).

Dès la création du centre, les détracteurs du projet ont accusé le président ukrainien de ne pas en avoir envisagé le contrôle démocratique, mais d’avoir voulu que Volodymyr Zelensky décide lui-même de ce qui devait être considéré comme de la désinformation ou non.
https://www.deutschlandfunk.de/disinformation-in-the-ukraine-doubts-about-intentions-of-the-100.html)

Les interrogateurs partagent l’inquiétude que les activités du centre conduisent à de nouvelles restrictions de la liberté d’expression en Ukraine. Par exemple, le CCD a récemment qualifié le rapport de l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International, qui accusait l’armée ukrainienne de violations du droit international de la guerre, de « propagande russe », sans même faire référence à des accusations spécifiques
https://cpd.gov.ua/articles/czpd_analizuye-yak-za-dopomogoyu-zvitu-amnesty-international-rosiya-vypravdovuye-vchyneni-v-ukrayini-zlochyny-proty-lyudstva/

Nous demandons au gouvernement fédéral :

  1. Depuis quand le gouvernement fédéral a-t-il eu connaissance de la liste susmentionnée des personnes censées diffuser de la propagande russe, et quelles conclusions en a-t-il tirées ?
  2. Quelles raisons ont été déterminantes pour que le gouvernement fédéral demande au gouvernement ukrainien de mettre fin à l’établissement public de la liste des personnalités ?
  3. Quand le gouvernement fédéral est-il intervenu auprès de quelles autorités ukrainiennes pour obtenir la suppression de la liste ou des personnalités qui y figurent ?
  4. Pourquoi la ministre fédérale de l’Intérieur et de la Patrie, Nancy Faeser, n’a-t-elle pas abordé la question de la liste du CCD avec le gouvernement ukrainien lors de sa récente visite en Ukraine ?
  5. Quelles ont été les réactions respectives des autorités ukrainiennes aux tentatives de l’Allemagne à cet égard ?
  6. A la connaissance du gouvernement fédéral, pour quelle raison la liste n’est-elle plus accessible sur internet - du moins au moment de la soumission de cette question mineure [question parlementaire] ?
  7. Comment le gouvernement fédéral perçoit-il le fait que le directeur adjoint du CCD qualifie de « terroristes de l’information » les personnes qui, selon lui, se livrent à la désinformation et donc, au moins indirectement, les hommes politiques et acteurs de la société civile allemands figurant sur la liste, et quelles conclusions en tire-t-il ?
  8. Le gouvernement allemand estime-t-il que la désignation publique de « terroristes de l’information » ou de personnes diffusant des récits de propagande russe, mette en danger les personnes en question, et si oui, comment l’évalue-t-il ?
  9. Le gouvernement fédéral sait-il si le fait d’être nommé (même temporairement) sur la liste susmentionnée aurait des conséquences pratiques ou présenterait un risque accru pour la sécurité des personnes concernées en cas d’entrée en Ukraine, et si oui, quelles sont ces conséquences ?
  10. A la connaissance du gouvernement fédéral, combien de personnalités allemandes au total ont été nommées sur la liste (ne serait-ce que temporairement) et combien de membres du Bundestag en ont fait partie ?
  11. Le gouvernement fédéral ou, à sa connaissance, les autorités allemandes chargées de la sécurité, ont-ils informé tous les Allemands figurant sur la liste de leur inscription afin qu’ils puissent adapter leurs mesures de sécurité, leurs projets de voyage, etc. et, dans la négative, pourquoi ?
  12. A la connaissance du gouvernement fédéral, les autorités allemandes coopèrent-elles avec le CCD ukrainien ? Et si oui, quelle forme prend cette coopération, et quelles conclusions tire-t-elle de l’existence de la liste de personnes susmentionnée pour cela ?
  13. A la connaissance du gouvernement allemand, le centre a-t-il reçu dans le passé une forme quelconque de financement de la part des autorités allemandes, et si oui, en quoi consistait ce soutien, et quelles conclusions tire-t-il à cet égard de l’existence de la liste de personnes susmentionnée ? Le gouvernement fédéral peut-il exclure que des financements reçus par d’autres organismes publics de la part de l’Allemagne aient été transmis au Centre et, dans l’affirmative, par quels canaux exactement ?
  14. À la connaissance du gouvernement fédéral, le CCD a-t-il reçu ou recevra-t-il des fonds provenant d’organisations internationales dont l’Allemagne est membre (par exemple l’UE), ou des États-Unis et, dans l’affirmative, sous quelle forme ces fonds sont-ils utilisés ?
  15. À la connaissance du gouvernement fédéral, le centre coopère-t-il avec des organismes de l’Union européenne ou des autorités des États-Unis, et si oui, quelle forme prend cette coopération ?
  16. Est-il vrai que le CCD participe à un projet d’excellence de l’OTAN en matière de cyberdéfense coopérative, un « centre de cyberdéfense » accrédité par l’OTAN https://ccdcoe.org/about-us/), qui s’est tenu à Tallinn le 31 mai 2022, ou qu’il a assisté à la réunion précédente du comité directeur, et si tel est le cas, dans quelle mesure l’invitation adressée au centre ukrainien a-t-elle été coordonnée avec le gouvernement fédéral ? a) Les agences allemandes étaient-elles représentées à cette conférence ou à la réunion du Comité directeur, et si oui, lesquelles ? b) Les méthodes de travail et les procédures du centre ukrainien ont-elles également été discutées lors de cette réunion, et si oui, dans quelle mesure, et quelles conclusions le gouvernement fédéral en tire-t-il ?
  17. A la connaissance du gouvernement fédéral, l’OTAN soutient-elle le Centre ukrainien ou coopère-t-elle avec lui ? Si oui, sous quelle forme et quelles conclusions le gouvernement fédéral tire-t-il de l’existence de la liste de personnes susmentionnée pour la poursuite de leur coopération respective ?
  18. Le gouvernement fédéral peut-il exclure que des données personnelles, que les institutions de sécurité allemandes partagent avec les autorités de sécurité ukrainiennes, soient également transmises au CCD ou au Conseil national pour la sécurité et la défense en tant qu’autorité supérieure ? Dans l’affirmative, comment exactement, étant donné que, selon son règlement, le CCD reçoit, pour l’accomplissement de ses tâches, des données et d’autres informations « des autorités exécutives, des services de police et de renseignement, des bureaux de procureur, des organes d’autonomie locale, des entreprises, des institutions et des organisations » ? Dans la négative, quelles conclusions le gouvernement fédéral tire-t-il de l’existence de la liste de personnes susmentionnée pour l’échange de données avec l’Ukraine ?
  19. Le gouvernement allemand fait-il pression auprès des autorités ukrainiennes pour que non seulement la liste soit retirée définitivement du net, mais aussi pour que le Centre ou le Conseil national pour la sécurité et la défense présente des excuses explicites pour avoir nommé au moins les personnalités allemandes figurant sur la liste et signaler leur inscription comme une erreur, afin de réduire toute menace potentielle pour la sécurité posée par les nationalistes ukrainiens, et si oui, avec quel résultat ; si non, pourquoi ?
  20. À la connaissance du gouvernement fédéral, les activités du CCD ont-elles un impact négatif sur la liberté d’expression en Ukraine (par exemple, compte tenu du fait que le centre rejette le rapport d’Amnesty International, mentionné dans les remarques préliminaires de l’auteur de la question, comme étant de la propagande russe) ou compte tenu du fait que le centre a élaboré un « glossaire » avec des formulations explicites pour certains termes.

Par exemple, il a été dit l’année dernière qu’il ne fallait pas parler d’un « blocus ukrainien de la Crimée », mais d’une « suspension temporaire du commerce, de l’approvisionnement en électricité et en eau », et si oui, dans quelle mesure ?

Berlin, 8 septembre 2022

Amira Mohamed Ali, Dr. Dietmar Bartsch et groupe parlementaire Die Linke.

Source :
https://dserver.bundestag.de/btd/20/033/2003377.pdf

France : question écrite à l’Assemblée nationale

Le 13 septembre, la députée française Laurence Robert-Dehault (Rassemblement national, parti de Marine Le Pen), membre de la Commission des affaires étrangères, a déposé la question écrite suivante (N°1243) intitulée « Lutte contre la désinformation sur la guerre en Ukraine ».

Texte :

Mme Laurence Robert-Dehault interroge Mme la ministre de l’Europe et des affaires étrangères sur la liste noire publiée le 14 juillet 2022 par le gouvernement ukrainien, sur le site du « centre de lutte contre la désinformation au Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine » : https://cpd.gov.ua. Officiellement, son objectif est de détecter et de contrer la « propagande » et la « désinformation destructrice » et d’empêcher la « manipulation de l’opinion publique ». Ce site officiel recense les « orateurs qui promeuvent des récits conformes à la propagande russe », aussi bien des personnalités politiques que des intellectuels. Parmi eux, des Français et notamment des anciens candidats à l’élection présidentielle, dont Marine Le Pen. Les personnalités visées ne peuvent qu’être inquiètes d’être ainsi inscrites sur cette liste de délation, qui rappelle les listes publiées dans les années 30 et 40, et ce d’autant plus que l’Ukraine n’est pas une démocratie exemplaire, notamment en matière de sécurité des personnes. Elle lui demande donc de lui communiquer la réaction officielle du gouvernement français à la publication de cette liste et si celui-ci accepte ce procédé de délation, et de lui indiquer quelles actions le Gouvernement compte mettre en œuvre pour mettre fin à ces dénonciations.

Source :
https://questions.assemblee-nationale.fr/q16/16-1243QE.htm

Conférence de presse de l’EIR (vidéo en anglais)