L’UE priée de se soumettre à la dictature numérique des GAFAM

lundi 26 septembre 2022

Chronique stratégique du 26 septembre 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’oligarchie financière anglo-américaine essaye de profiter de la situation pour accélérer son agenda visant à faire sauter les dernières digues de souveraineté numérique européenne, afin d’imposer un système de contrôle social et mental piloté depuis Londres, Washington, Wall Street et la Silicon Valley. C’est ce que dénonce l’entrepreneur Alain Garnier dans une tribune publiée le 16 septembre dans le journal Le Monde.

Le 25 mars, à peine un mois après l’opération militaire russe en Ukraine, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président américain Joe Biden ont annoncé s’être mis d’accord pour permettre le transfert de données personnelles entre les deux continents. Les lecteurs de notre chronique stratégique avaient pu en être avertis aux premières loges.

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Cette annonce, passée relativement inaperçue, écrit dans Le Monde l’entrepreneur Alain Garnier, fondateur et PDG de Jamespot, une société informatique française, pourrait néanmoins ruiner des années d’efforts pour instaurer une souveraineté numérique européenne.

En réalité, écrit Garnier, « l’Europe, dépendante de puissances étrangères pour ses besoins énergétiques, se sent obligée de céder au chantage et de sacrifier ses données personnelles ». Comme chacun doit le savoir, le « minage » des données personnelles, c’est-à-dire le comportement de plusieurs milliards d’individus sur la planète surveillés sans leur consentement via les réseaux « sociaux » par les GAFAM — Google, Amazon, Facebook, Microsoft, etc —, représente le business le plus rentable sur terre depuis l’arrivée de l’Internet otanien et bien sûr un enjeu stratégique pour la volonté des « Five Eyes » (l’alliance des services de renseignement des États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Australie, le Canada et la Nouvelle Zélande) d’imposer un système de surveillance orwellien.

La question du transfert automatique de données personnelles entre l’Europe et les États-Unis n’a jamais réellement été éclaircie. Les règles négociées entre l’UE et le ministère américain du commerce entre 1998 et 2000, connues sous le nom de « Safe Harbor », l’autorisaient, considérant que les Américains offraient des garanties suffisantes pour la protection de la vie privée. Invalidé par un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) en 2015, cet accord a été remis en vigueur un an plus tard sous le nom de « Privacy Shield ». Mais dans un nouveau coup de tonnerre en 2020, ce dernier a été à son tour invalidé par la CJUE, car incompatible avec l’article 5 du Règlement général sur la protection des données (RGPD).

« Ces revirements successifs font écho à la politique américaine », écrit Garnier, « qui n’a cessé d’assouplir ses lois sur la surveillance des données personnelles depuis vingt ans. Chaque changement — Patriot Act en 2001, amendements au Foreign Intelligence Surveillance Act en 2008, Cloud Act en 2018 — a abouti à donner de plus en plus de pouvoirs aux instances juridiques et gouvernementales sur les données personnelles hébergées par les entreprises américaines, que leurs serveurs soient situés dans le pays ou ailleurs dans le monde. Une vision incompatible avec les règles européennes de protection des données ».

Garnier souligne le fait que l’Europe, sous la contrainte de l’urgence de trouver une alternative au gaz russe, l’Europe, et de sa dépendance vis-à-vis des puissances étrangères pour ses besoins énergétiques, « se sent ainsi obligée de céder au chantage et de sacrifier sa souveraineté numérique chèrement acquise sur l’autel de la paix sociale ». En effet, trois semaines seulement après le début du conflit en Ukraine, nos données personnelles étaient déjà menacées par une nouvelle traversée de l’Atlantique. « C’est un revers douloureux pour tous ceux qui pensent que les données ne représentent rien de moins que l’avenir économique de notre continent. Il met également en lumière l’aspect essentiel des données et du numérique aux yeux des Américains. Ce ‘deal’ est le seul explicitement demandé par le président américain, qui n’a pas manqué cette occasion d’enlever cette épine du pied des entreprises américaines ».

Ajoutons que la question de la souveraineté numérique, sur laquelle Solidarité & progrès se trouve en pointe depuis longtemps, ne pourra jamais être résolue sans établir un nouvel ordre économique justeun nouveau Bretton Woods – garantissant à chaque nation du monde la souveraineté monétaire et financière, et apportant à ces nations un cadre international pour des projets de développement économique mutuels. Car les oligarques qui lorgnent sur nos données numériques sont les mêmes qui pompent les milliards de milliards de dollars vers les bulles de capital fictif – au détriment de l’économie réelle – et qui poussent le monde vers la guerre.

Ce que Jacques Cheminade a dit et écrit sur le numérique

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