L’enjeu de la situation en Ukraine : arrêter le train fou de l’OTAN

lundi 21 février 2022


Mise à jour
Ce tract a été rédigé avant la déclaration de Vladimir Poutine reconnaissant l’indépendance du Donetsk et du Louhansk et l’intervention de l’armée russe. C’est l’incapacité des dirigeants occidentaux à faire appliquer les accords de Minsk 2 et à reconnaître la nécessité d’un système de stabilité et de sécurité pour toute la région qui a contribué à créer cette situation dramatique. Plus que jamais, un nouvel ordre économique de développement mutuel est la seule route conduisant à la paix dans l’intérêt de toutes les nations et de tous les peuples de notre continent européen et du monde.

Le déferlement de propagande contre la Russie et son intention présumée d’envahir l’Ukraine — comme une incantation démente à ce que cela se produise — doivent nous faire réfléchir. Selon un mécanisme désormais bien rodé, la presse expose le narratif censé devenir réalité, auquel chacun est prié de souscrire sans réserve, mais en oubliant cependant de préciser que les populations russophones d’Ukraine font l’objet de mesures discriminatoires de la part de leur propre gouvernement.

Nous savons pourtant ce qu’ont coûté les narratifs de l’OTAN et des USA en vies humaines, dévastations et destructions. Rien que pour l’Irak, il y a eu, en 1991, les « couveuses koweïtiennes » puis, en 2003, les « armes de destruction massive » de Saddam Hussein, mensonge asséné par Colin Powell lui-même, n’hésitant pas à présenter comme preuve un flacon contenant prétendument de l’anthrax.

Le résultat : changement de régime, guerre, une région à feu et à sang, des millions de réfugiés.
Faut-il rappeler l’incident du Tonkin, ayant entraîné la guerre du Vietnam et ses horreurs ?

Ces mensonges ont amené au déclenchement de guerres que rien ne justifiait, si ce n’est, pour ceux qui les ont provoquées, de garder leur pouvoir. En 2022, le pouvoir des médias semble être suffisamment fort pour s’affranchir de toute preuve ; la parole des services de renseignements doit être suffisante car, qui aurait l’audace de la mettre en question ?

Rappelons quelques faits connus :

  • très affaiblie lors de l’effondrement du bloc soviétique, la Russie a repris des forces, en dépit des sanctions qui lui sont imposées arbitrairement depuis 2014 ;
  • elle a engagé une coopération fructueuse avec la Chine, autre pays que les États-Unis désignent comme leur ennemi ;
  • elle est encerclée par les forces de l’OTAN ;
  • les troupes russes proches de la frontière sont sur leur territoire et y procèdent à des manœuvres qui ont été annoncées longtemps à l’avance ;
  • la Russie supporte depuis des années déjà la présence à ses portes de forces armées hostiles, situation en tous points similaire à celle qui avait violemment fait réagir (à juste titre) les Américains lors de la crise des missiles de Cuba, en 1962 ;
  • les promesses de non-expansion de l’OTAN vers l’est, faites lors de la chute du mur de Berlin et confirmées aujourd’hui par les négociateurs d’alors, ont été trahies ;
  • les tentatives de Vladimir Poutine en vue de nouer le dialogue avec les pays occidentaux à cette époque ont été rejetées, les unes après les autres, notamment la volonté explicite de la Russie de se rapprocher de l’OTAN.

Côté atlantiste :

  • les États-Unis sont menacés dans leur hégémonie mondiale sous l’impulsion de la croissance chinoise ;
  • ils se sont retirés unilatéralement de trois des principaux traités conclus lors de la guerre froide (ABM, INF et « ciel ouvert ») et l’OTAN envisage le recours à des armes nucléaires tactiques sur le théâtre européen , en rupture absolue avec la doctrine gaullienne jusqu’à présent respectée ;
  • les États-Unis ont revu leur doctrine de défense, plaçant la Chine et la Russie dans le camp des ennemis ;
  • le système financier City de Londres/Wall Street/Silicon Valley ne survit que grâce à une perfusion monétaire permanente, branchée sur l’économie de guerre américaine, à hauteur des 778 milliards de dollars de son budget de défense, rien que pour cette année (notamment pour entretenir les 750 bases militaires américaines) ;
  • les États-Unis ont adopté les méthodes dominatrices et l’idéologie de « feu » l’Empire britannique ;
  • la Grande-Bretagne est d’ailleurs le pays le plus va-t’en-guerre contre la Russie.

Dans cette configuration désastreuse, où un seuil de non-retour risque d’être franchi à tout moment, faisant courir le risque d’une annihilation nucléaire pure et simple, les Européens n’ont visiblement pas encore compris qu’ils seraient les premières victimes. Pas simplement victimes physiques, mais victimes du même monstrueux calcul géopolitique qui a déjà produit deux guerres mondiales : empêcher à tout prix l’union de l’Europe de l’Ouest et de l’Eurasie, afin que l’immense potentiel physique, économique et humain demeure inexploité, ou passe sous contrôle d’un empire financier aussi rapace qu’aveugle. Tant il est vrai, comme le disait Jean Jaurès, que « le capitalisme porte en lui la guerre, comme les nuées portent l’orage ».

Il est donc temps d’exiger une nouvelle architecture internationale de sécurité, de stopper le train fou de l’OTAN avant qu’il ne soit trop tard et d’entamer un véritable dialogue stratégique avec Moscou et Pékin, sans rompre avec Washington de notre fait, mais en retrouvant notre indépendance par le rejet du commandement intégré de l’Alliance. Mission impossible ? Non, si la France devient médiatrice, catalyseur et inspiratrice d’un nouvel ordre économique mondial de développement mutuel, brisant avec le système de mondialisation financière actuel qui recourt aux armes comme instrument de chantage et non de défense nationale. Pour cela, nous devons nous rendre crédibles, non pas en posture mais par la volonté politique d’actes exemplaires et en faisant nôtre les paroles prononcées par de Gaulle le 30 juin 1966 à Moscou, lorsqu’il appelait à mettre en œuvre « la détente, l’entente et la coopération ».