Face à la crise ukrainienne, l’Otanexit de la France est une urgence absolue

samedi 12 février 2022, par Tribune Libre

Vu son importance, nous reprenons ici une tribune publiée le 11 février 2022 par l’hebdomadaire Marianne. Dans ce texte, l’économiste allemand Peter Dittus et son collègue français Hervé Hannoun, tous deux anciens membres de la de la Banque des règlements internationaux, en qualité de secrétaire général et de directeur général adjoint, plaident pour une sortie de la France du commandement intégré de l’organisation du traité de l’Atlantique nord.

Rompant avec la politique de non-alignement suivie par de Gaulle, Giscard et Mitterrand pendant 43 ans, la France est redevenue membre du commandement militaire intégré de l’Otan en 2009, sans que les Français aient été consultés par référendum. La crise ukrainienne actuelle est le révélateur des graves périls auxquels la France s’expose en étant arrimée à une organisation de sécurité collective défensive placée sous le commandement des États-Unis et devenue expansionniste.

Depuis novembre 2021, les Français ont été, comme les autres peuples de l’Occident, soumis à une opération sans précédent de mise en condition conduite par les États-Unis et l’Otan sur le thème de « l’invasion russe imminente de l’Ukraine », qui pourrait rester dans l’histoire comme un épisode de désinformation se situant dans la lignée des renseignements fabriqués sur les armes de destruction massives de Saddam Hussein en 2003.

Quelle est la réalité ? Des millions d’Ukrainiens russophones dans les deux républiques populaires autoproclamées du Donbass vivent sous les tirs et bombardements sporadiques de l’armée ukrainienne contre les forces séparatistes. La concentration de troupes russes aux frontières de l’Ukraine vise à l’évidence à dissuader Kiev de tenter de récupérer par la force le contrôle direct des enclaves de Donetsk et Lougansk. La désinformation réussie par l’Otan sur l’Ukraine a consisté à présenter l’obligation morale que se donne Poutine de défendre ces populations russophones – que l’Ukraine veut priver progressivement du droit de parler leur langue – comme le prélude à l’annexion totale de l’Ukraine par la Russie.

Le mythe d’une « invasion russe imminente »

L’OTAN parvient à faire passer une concentration de troupes russes prêtes à venir secourir les Ukrainiens russophones du Donbass pour une « invasion russe imminente » de l’Ukraine tout entière, y compris Odessa, Kharkiv et Kiev. Une invasion folle qu’en réalité, la Russie exclut complètement… sauf si elle y était poussée par une éventuelle attaque ukrainienne préalable contre le Donbass.

La seule guerre que l’Otan semble en passe de gagner est celle de l’information. Nous montrons dans notre livre cette carte de propagande allemande saisissante dans l’hebdomadaire Bild du 4 décembre 2021 donnant un plan détaillé imaginaire de « l’invasion russe imminente ». Le rôle des propagandes est terrifiant, par la charge de haine que génèrent les mensonges des deux côtés. Côté Otan, le discours agressif et belliqueux du secrétaire général Jens Stoltenberg fait irrésistiblement penser à la fameuse inversion orwellienne : « la paix, c’est la guerre ».

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