Potentielle guerre Russie-USA : janvier pourrait être un point tournant

mardi 4 janvier 2022

Chronique stratégique du 4 janvier 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Tandis que la propagande médiatique se poursuit sur les prétendus plans d’invasion de l’Ukraine par la Russie, plusieurs réunions vont avoir lieu au sommet, au cours de la première quinzaine de janvier, entre la Russie, les Etats-Unis et les pays de l’OTAN. Une dernière occasion de faire taire les faucons de guerre et d’écarter définitivement le spectre d’un conflit entre les deux principales puissances nucléaires ?

Qui veut d’une guerre Russie-USA ?

Preuve que le risque de conflit nucléaire est dans tous les esprits (à défaut d’être débattu publiquement), les cinq pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies – Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France – ont publié le lundi 3 janvier une déclaration commune affirmant qu’ « une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée », reprenant la célèbre phrase de Gorbatchev et Reagan en 1986.

Cette avancée positive reste néanmoins en contradiction avec l’état d’esprit de personnes telles que l’amiral Richards, le dirigeant du US Strategic Command et le sénateur américain Roger Wicker, ainsi que de toute une partie du complexe militaro-financier anglo-américain, qui envisage de plus en plus ouvertement l’option d’une première frappe nucléaire contre la Russie.

De plus, les médias atlantistes continuent de saturer l’environnement avec les affirmations selon lesquelles la Russie aurait amassé des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne, en vue d’une invasion du pays en janvier. Sous pression, le président Joe Biden a fait savoir qu’en cas d’invasion, les options sur la table « infligeraient des coûts significatifs, immédiats et globaux à l’économie russe et à leur système financier ».

Et le soutien actif de Washington au régime de Kiev se poursuit de façon décomplexée. Le journaliste David Ignatus écrit dans le Washington Post que les Etats-Unis prévoient « de fournir des armes et autres soutiens à l’armée ukrainienne afin de résister aux forces russes (…) et aux forces rebelles si la Russie faisait tomber le gouvernement ukrainien et si une guerre de guérilla débutait ». Des armes qui ne manqueront pas de finir dans les mains des membres des bataillons néo-nazis, dont des centaines de membres et partisans ont défilé le 1er janvier en l’honneur du collaborateur nazi Stepan Bandera…

Au lieu de mettre fin à une guerre civile qui dure depuis huit ans dans le Donbass, Kiev s’apprête à résoudre ‘le problème du Donbass’ par la force, a réagi Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Malheureusement, les pays de l’OTAN soutiennent pleinement la croisade du gouvernement contre son propre peuple.

Janvier 2022 sera-t-il un point de résolution ?

En effet, sur le terrain, à l’exact opposé de « l’agression russe » vendue par les médias, la réalité est qu’une mobilisation massive des forces de l’OTAN se déroule aux portes de la Russie, dans un remake inversé de la crise des missiles de Cuba. Une expansion vers l’Est contraire aux promesses faites à la Russie après la chute de l’URSS, et dont la provocation ukrainienne constitue pour Moscou une ligne rouge claire.

Le 14 décembre dernier, l’ancien ambassadeur américain à Moscou Jack Matlock mettait lui-même en garde : « L’ingérence des États-Unis et de leurs alliés de l’OTAN dans la guerre civile ukrainienne a exacerbé la crise à l’intérieur de ce pays, sapé la possibilité de ramener les deux provinces les plus orientales sous le contrôle de Kiev, et elle a fait apparaître le spectre d’un possible conflit entre les puissances nucléaires. (…) La Russie est extrêmement sensible aux activités militaires étrangères à ses frontières, comme n’importe quel pays le serait, et comme les Etats-Unis l’ont toujours été. La Russie a prévenu à de nombreuses reprises qu’elle ne reculera devant rien pour empêcher l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ».

Comme nous l’avons rapporté dans notre livraison du 21 décembre, le président Poutine a répondu à cette série interminable de provocations en proposant le 17 décembre deux traités, prêts à être signés, visant à stopper l’expansion de l’OTAN en Europe de l’Est et les déploiements dans cette région d’armes nucléaires.

Bien que les médias occidentaux aient presque totalement occulté la proposition russe, sur le fond comme sur la forme, les deux traités sont sans aucun doute au cœur des discussions actuelles entre Poutine et Biden. Les deux présidents se sont parlés par visioconférence le 30 décembre ; ils doivent à nouveau s’entretenir dimanche prochain, à la veille des pourparlers du 10 janvier à Genève entre les États-Unis et la Russie, qui dureront deux jours, et se dérouleront sous la direction de la vice-secrétaire d’État américaine Wendy Sherman et de son homologue russe Sergueï Riabkov. Ces discussions seront suivies le 12 janvier d’une rencontre Russie-Otan, puis le 13 janvier d’une réunion dans le cadre de l’OSCE.

Comme l’a souligné Helga Zepp-LaRouche, la présidente de l’Institut Schiller, cet enchaînement de discussions au plus haut niveau est sans doute la dernière occasion de sortir par le haut de la crise stratégique. Le président Poutine et le ministre des affaires étrangères Lavrov ont clairement indiqué qu’ils n’accepteraient plus de se contenter de longs pourparlers qui seraient ensuite utilisés pour renforcer les systèmes d’armes le long de la frontière russe en Ukraine, dans les pays baltes et dans d’autres pays. Ils exigent désormais des garanties écrites, juridiquement contraignantes.

Je pense que chaque citoyen concerné, chaque patriote, chaque citoyen du monde devrait exiger la signature de ces traités, car une escalade risque de conduire à une guerre nucléaire, a précisé Mme Zepp-LaRouche lors de son émission hebdomadaire. Le chef du commandement stratégique américain, l’amiral Richards, avait déjà donné l’ordre au Pentagone, en février, de requalifier la probabilité d’une guerre nucléaire de peu probable à très probable. Naturellement, la situation entre les États-Unis et la Chine est tout aussi tendue. Par conséquent, nous devrions vraiment tout faire pour créer un environnement où le monde retrouve la raison. Nous avons besoin d’une toute nouvelle architecture de sécurité ; c’est-à-dire le type de solution qui était sur la table en 1990 et 1991, où l’option existait d’inclure la Russie dans l’OTAN, ou d’abandonner l’OTAN et de créer une toute nouvelle architecture de sécurité. Cela devrait être clairement sur la table pour l’année à venir, et pour être valable, cette architecture de sécurité doit également prendre en compte les intérêts de la Russie et de la Chine.

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